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Archives quotidiennes : 25-avril-2014
Coureur de bois
André Lefebvre
Durant les 200 dernières années, on a raconté l’histoire des « Coureurs de bois » de différente façon. On les a considéré comme des « vauriens aventuriers immoraux », puis des « hors la loi » sans Foi ni loi, et ensuite, des « engagés dépravés sans aucune ambition et sans éducation ».
Comme il est facile de le remarquer dans les écrits historiques, tous ces « attributs » sont le résultat d’un jugement de la part des autorités laïques ou religieuses de l’époque. Par contre, en étudiant l’histoire, même superficiellement, on se rend compte rapidement que malgré ces opinions très négatives, les dites autorités ne se privent jamais de se servir des aptitudes spéciales qu’ils reconnaissent chez ces coureurs de bois, qu’ils évitent de trop mousser.
Par conséquent, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas dans leur « récits »; et ce qui ne semble pas fonctionner est que jamais l’histoire de ces curieux personnages n’a été abordée du côté de l’individu, celui de l’être humain. Voyons ce que cela peut donner.
Au départ la date de l’apparition des premiers coureurs de bois est facile à trouver; c’est la date où Champlain envoie Étienne Brulé vivre chez les Algonquins en 1611 pour qu’il devienne truchement (interprète).
Ceci établi, nous devons considérer le fait que, par la suite, les coureurs de bois ne partent jamais seuls pour faire la traite. Donc, trouvons la date des premiers contrats établis entre coureurs de bois.
Les premiers contrats officiels que j’ai pu trouver datent de 1714 :
Patron = Jacques Campot. Il engage Nicolas Bonin(Mtl), Louis Edeline (Mtl), Pierre Edeline, pour aller à Detroit
Patron = Claude Robillard; il engage Marien Huet(Boucherville), pour Detroit
Patrons : Paul Bouchard, François Bigras et Jean cotton dit Fleur d’épée, associés; ils engagent Pierre Sabourin (Mtl), pour Missilimakinac.
Patrons = Jean Verger dit Desjardin et Jean Baptiste Touin; ils engagent Louis Turpin, pour Détroit.
Nous savons, cependant, que le fort Pontchartrain du Détroit fut construit en 1701 par Antoine Laumet de Lamothe-Cadillac (Nous avons déjà vu que François Frigon était de l’expédition). Nous savons également que le premier fort à Michilimakinac fut le Fort Buade, construit en 1683 pour protéger la mission Saint-Ignace du père Marquette fondée en 1671.
On se rend tout de suite compte que les missionnaires sont déjà installés, depuis longtemps, assez loin sur le continent. Ils ne s’y sont évidemment pas rendus sans l’aide des « coureurs de bois ». Voyons, dans ce cas, les premiers missionnaires :
Ce sont des Récolets : Denis Jamet, Joseph Le Caron Jean Dolbeau et le frère Pacifique Duplessis. Ils arrivent à Québec en 1615.
Jean Dolbeau s’occupe d’évangéliser la rive nord du St-Laurent et réside à Tadoussac. Joseph Le Caron se charge de la région des grands lacs. Lors de son premier voyage, il est accompagné de douze « français » expérimentés dans les voyages en canots. On peut donc soupçonner que ce sont des truchements canayens pour la plupart. Denis Jamet demeure à Québec et s’occupe de la région entre Québec et Trois Rivières.
Pour leur survie, ils cultivent la terre. Ils sont les premiers à le faire, au Canada.
En 1627, le premier couvent et les aménagements sont complétés; les Récollets poursuivent leur œuvre missionnaire. Toutefois, deux ans plus tard, en 1629, les frères Kirke s’amènent devant Québec et la Nouvelle-France tombe aux mains des Anglais. Champlain capitule. Cet événement marque son retour en France avec les colons, les administrateurs et les Récollets. Seuls quelques « Français » demeurent; en fait ceux qui restent ici, sont les interprètes c’est-à-dire ces fameux truchements « coureurs de bois ». Plusieurs vont alors se réfugier chez les Amérindiens.
Mais ils ne sont pas les seuls. La veuve de Louis Hébert, maintenant épouse de Guillaume Hubou, décide de rester au Canada avec sa famille. D’autres familles font comme eux : Guillaume Couillard et sa femme Guillemette Hébert, Martin Abraham avec son épouse Marguerite Langlois, Nicolas Pivert et Marguerite Lesage, Pierre Desportes, Françoise Langlois et Adrien Duchesne avec sa femme. Comme on le voit, déjà en 1629, ces anciens français ont adopté définitivement la nationalité Canayenne et restent dans ce qu’ils considèrent maintenant leur pays. On ne peut me demander de voir ces personnes comme se définissant encore « Français »; et pourtant c’est exactement ce que l’on nous exige d’accepter.
Les coureurs de bois qui restent au pays sont : Étienne Brulé, Nicolas Marsolet, Thomas Godefroy, François Marguerie, Jacques Hertel, Gros-Jean et Jean Nicolet. Il faut ajouter le sieur Le Baillif, Pierre Raye, Froidemouche, Lecoq et un engagé dont on n’a pas le nom. C’est derniers sont calomniés par Champlain; mais on ne peut nier qu’ils sont devenus Canayens et ne ressentent plus aucun lien avec la France. C’est d’ailleurs exactement ce que semblera leur reprocher Champlain, lorsqu’il reviendra en 1633. Ce qui n’en font pas nécessairement, des non-dévoués à leur pays, le Canada.
Thomas Godefroy de Normanville (v 1610 @ 1652) s’enfonce dans les bois, chez les Amérindiens, durant l’occupation des Kirke (1629-1632). Puis il s’établit dans la région de Trois-Rivières où il sert de truchement. Il accompagne, entre autre, le père Buteux dans son voyage en Haute-Mauricie. En 1652 il sera fait prisonnier par les Iroquois qui l’amèneront et le tueront dans leur village. Son fils Jean Godefroy deviendra Seigneur d’un fief au sud du fleuve (Rivière Godefroy).
Le 19 août 1652 Thomas Godefroy se joint à une expédition menée par Duplessis Kerbodot contre les Iroquois. Il est fait prisonnier avec six autres compagnons, desquels il inscrit les noms sur un bouclier Iroquois laissé sur place : Martin Tessier, Jean Poisson, Jean Turcot, Lapalme, St-Germain et Chaillon. On ne les reverra jamais. Par contre, François Marguerie est, lui aussi, fait prisonnier en même temps. Il sera relâché plusieurs mois plus tard. Il servira son pays jusqu’à ce qu’il se noie, le 23 mai 1648, en face de Trois-Rivières, avec son ami Jean Amyot. Leur canot se renverse dans les grosses vagues du fleuve. Il tentait d’aller soigner un Iroquois de ses amis qui était très malade.
Jacques Hertel, après s’être réfugié chez les indiens, réapparait en 1663 et s’installe à Trois-Rivières. Il devient le premier seigneur de l’endroit. Il ira chercher l’aide des Hurons pour la survie des colons « Canayens ». Il décède en 1651.
Jean Nicolet arrive en 1618 et vit, à partir de 1620, chez les Algonquin et les Hurons jusqu’en 1624 où il est reconnu officiellement comme truchement par les autorités françaises. En 1629, il cherche refuge chez ses amis les Amérindiens où il prend épouse en 1630, croyant certainement que les Kirke avaient mis fin à la colonie française. En fait, il préfère, comme les autres, vivre à l’indienne. Il n’est donc plus Français, lui non plus, mais bien « Canayen ». Ils auront une fille appelée Madeleine Nicolet qui fera éventuellement deux mariages.
En 1633 Jean Nicolet revient à Québec avec sa bambine dont la mère est décédée. La fillette est confiée à Olivier le Tardif, truchement lui aussi, copropriétaire d’un fief avec Nicolet. Marie Rolet, veuve de Louis Hébert, prend la petite fille sous son aile.
En 1634, commence pour Jean Nicolet, sa vie d’explorateur. Pour lui, le but visé est d’arriver jusqu’en Chine. Ce n’est donc pas tellement surprenant qu’il se soit rendu jusqu’au Wisconsin. Il a l’habitude de porter une grande robe chinoise lorsqu’il se présente devant les Amérindiens en tirant de ses deux pistolets dans les airs. Ce qui lui donne une allure très impressionnante à leurs yeux. Il se noie à Sillery le 27 octobre 1642, dans le St-Laurent. Sa chaloupe s’étant retournée dans la tempête, il ne sait pas nager même si la moitié de sa vie s’est déroulée dans des canots d’écorces à sauter des rapides.
Nicolas Marsolet reçoit une seigneurie et sa lignée s’étend partout au Canada. Jean, son fils, appelé : de Bellechasse, devient plus tard lui aussi, seigneur du fief du même nom, aujourd’hui nommé Berthier.
Tous ces « coureurs de bois » laissent une descendance importante Canayenne qui perpétuera le désir de créer des liens avec les Amérindiens. Lorsque les guerres sont finalement terminées, Canayens et Amérindiens se côtoient chaque jour, dans tous les villages du Canada. La notion de « Nouvelle France » n’existe depuis longtemps, qu’exclusivement dans l’esprit des autorités civiles et ecclésiastiques. Le peuple, quant à lui, forme, très consciemment, une nouvelle nationalité dont le pays s’appelle le Canada et son peuple, les « Canayens ».
En 1640, la population stable du Canada compte environ 70 familles auxquelles on doit ajouter 29 Jésuites et 53 fonctionnaires. Ce sont ces dernières 82 personnes qui « écrivent » l’histoire du Canada de l’époque. Aucun d’eux n’est Canayens, comme le sont rapidement devenues les 70 premières familles et celles qui ont suivi. Historiquement, la nation « Canayenne » passe sous silence et continue toujours à être occultée par les auteurs de « notre » histoire.
Ces Canayens adoptent, individuellement, la liberté de vivre des « sauvages ». Un détail qui n’est jamais mentionné nulle part, et qui peut être expérimenté même de nos jours, aide grandement à attirer la jeunesse canayenne vers cette liberté, les grands espaces et leur découverte. Ceux qui ont déjà « sauté » des rapides en canot peuvent comprendre le plaisir, l’engouement et la fierté ressentie suite à une « descente » réussie. C’est une sensation extraordinaire, qui nous envahit lorsqu’on arrive finalement au « pied d’un rapide ». Ceci explique très bien la propension des jeunes canayens à s’aventurer dans la forêt en compagnie de leurs amis indiens.
Pierre Lefebvre, un autre truchement, reçoit, avec Nicolas Marsolet, le fief de Gentilly. Son fils Jacques Lefebvre recevra, quant à lui, la Seigneurie qui porte encore son nom : La Baie du Febvre.
Tous les autres Seigneurs des différentes seigneuries, s’adonnent, eux aussi, à la traite des fourrures; légalement ou non. Alors, dites-moi : Comment est-ce possible aujourd’hui de refuser que nos ancêtres soient en majorité, sinon en totalité, des « coureurs de bois »? Seule la mauvaise renommée calomniée par les autorités, qui pleuraient leur impuissance à contrôler ces héros canayens, peut l’expliquer. Mais la vérité est que ces hommes, qualifiés de « hors la loi », sont aussi honorables, sinon plus, que ces mêmes autorités de l’époque.
Ces autorités travaillent toutes pour la compagnie des cent associés; compagnie vouée exclusivement à la traite, mais qui affecte de vouloir coloniser. À un moment donné (1645), nos « Canayens » qui ne se privent pas de faire la traite eux aussi, forment la compagnie des Habitants. Cette dernière rafle presqu’aussitôt le tiers de la traite à la compagnie des cent associés. Celle-ci perd alors le monopole de la traite. C’est là la preuve que ce sont nos Canayens « coureurs de bois » qui contrôlent vraiment les liens entre les « sauvages » et les blancs. Cette preuve ne remonte à la surface qu’au moment de la création de cette Compagnie des Habitants; mais cette réalité existait depuis les débuts de la colonie et continua de durer jusqu’au-delà de la conquête.
Par leur courage et leur détermination, nos Canayens ouvriront l’Amérique du nord à un point tel qu’après les installations de La Verandrye, le gouverneur de Québec contrôle un empire aussi vaste que la Russie. L’expansion de cet empire prend son envol de la région de Trois Rivières, l’Île Dupas et de Batiscan. Très peu des frais sont déboursés par la royauté française. Tout le travail et les coûts sont investis par les Canayens. Par contre tout le résultat de ces efforts fut ensuite annulé par la cupidité de certains officiels, de sorte que l’importance de cet « empire » canayen ne fut considéré en France que comme « une étendue de quelques arpents de neige ».
Malgré ces faits indiscutables au sujet des Canayens, l’histoire du Canada nous rabat encore les oreilles des exploits extraordinaires de Français venus conquérir l’Amérique du nord. C’est tout à fait risible. Quant aux découvertes faites par les « explorateurs » anglais après la conquête, alors là, ça devient complètement tordant. Il n’est donc plus surprenant pour personne, que les canayens soient, depuis toujours, portés à rire et à s’amuser.
La réalité est que les Canayens, depuis les débuts, vivent de leur travail, de leur commerce et créent leur propre liens avec les Amérindiens. Ils sont les seuls à y avoir réussi vraiment; et cela, sans jamais toucher l’aide envoyée parcimonieusement par la France. Ces « fonds » français sont, pour la plus grande partie, escamotés vers les goussets des autorités françaises successives venu « faire un stage en Nouvelle France» pour « administrer » la colonie.
L’importance des « coureurs de bois » dans l’histoire de l’Amérique du nord ne fut pas occultée seulement par nos propres historiens; elle le fut encore plus par les historiens des USA.
Lorsque le gouvernement américain parvient finalement à surmonter sa peur et se décide de « coloniser » le territoire des Illinois qu’ils avaient acheté de Napoléon, ils se présentent dans les villages existants, habités par ceux qu’ils appellent les « French » ou les « Créoles ». Ce terme de « créole » est mal défini par eux. Il représente tout ce qui n’est pas Anglo-saxon ou Français (de France). Ils mentionnent parfois, mais rarement, que certains de ceux-ci sont originaires du Canada. La réalité est tout à fait différente. Tous ces « French » et tous ces « Créoles » sont originaires du Canada. Les Français se comptent sur les doigts d’une seule main. Ils rencontrent également quelques esclaves au sud, sur les plantations alors peu nombreuses. Ils trouvent également quelques esclaves affranchis parmi cette population de l’Ouest.
Par contre, malgré son désir évident, la culture « supérieure » États-Uniennes ne peut parvenir à cacher complètement le tableau culturel de ces « French » et « Créoles » canadiens. Voici ce qu’en dit un auteur de l’époque de 1800 :
« Les blancs habitant la région sont principalement d’origine française; on trouve très peu d’espagnols. Ces habitants forment des villages et cultivent une pièce de terre commune hors du village où chacun a délimité son lot. Ce regroupement des maisons fournissait une certaine sécurité dans ce pays sauvage.
Au niveau du caractère de ces gens, on doit se rappeler qu’ils sont essentiellement Français, mais avec beaucoup moins d’impatience, de nervosité et d’impulsion qu’on retrouve chez les Européens (donc, non pas Français mais plutôt Canayens). Ce sont des gens au caractère frugal, gaie et aimant s’amuser. De par la qualité du genre de vie facile qu’ils mènent, leurs manières et leur langage ont développé un certain degré de douceur et de gentillesse. Le mot « paisible » exprime très bien cette caractéristique. Chez eux, la mendicité est totalement absente. L’hospitalité se retrouve dans toutes les maisons car les tavernes et les auberges n’existent pas. Les codes de loi, les juges et les prisons ne sont pas nécessaires dans cette société où la simplicité de manière prévaut, et où chacun sait à quel point il peut compter sur son voisin. L’ambition personnelle n’y a aucune prise. Les écoles sont peu nombreuses et ont y enseigne la lecture, l’écriture et un peu de mathématiques. Ces gens n’ont aucune notion de la politique et se retrouve démunis comme des enfants devant elle. Ils sont tout autant remarquables par leur sociabilité et leur disposition pacifique que les natifs de France le sont du contraire.
Parmi leurs vertus, on peut souligner l’honnêteté, la rectitude dans leurs échanges, leur hospitalité envers les étrangers, leur amitié et leur affection envers les parents et les voisins. Chez eux, l’abandon de la famille par leurs femmes ou encore, la séduction et l’infidélité est extrêmement rare. Les femmes sont affectueuses et fidèles mais refusent d’être considérées comme personnages de second ordre dans leur ménage. Leurs conseils sont soupesés très sérieusement avant la prise de décision; à tel point que, habituellement, c’est elles qui décident. En opposition à ces qualités, on doit dire qu’ils sont démunis d’esprit élitiste, d’esprit d’entreprise et sont amorphes et non informés.
Ils sont Catholiques mais loin d’être bigots. Ils observent les fêtes religieuses auxquelles ils s’adonnent en faisant la fête avec enthousiasme et plaisir. Il n’y a pas de classe sociale parmi eux. Tous s’habillent de la même façon et fréquentent les mêmes endroits sans distinction entre eux. La plupart travaillent à la traite des fourrures et des marchandises venant de l’Est. On ne trouve pas, chez eux, de boutiques ou «magasin général » comme aux USA. On échange au niveau individuel. Il n’y existe pas de cordonniers ou de tailleurs d’habits puisque tout cela est fabriqué à la maison. Ils ont des charpentiers et des forgerons. D’autres travaillent aux mines de fer de la région. Ils font évidemment de l’agriculture. Plusieurs jeunes deviennent « boatmen », sous contrats, sur le Missouri et le Mississippi. Ils sont alors fiers de pouvoir dire avoir participé à ces « voyages ». D’ailleurs, ils ne sont surpassés par personne d’autre à ce genre d’emploi. Ils possèdent de grands troupeaux mais, curieusement, fabriquent leur beurre en fouettant la crème dans un bol ou en la brassant dans une bouteille.
Ils s’amusent en jouant aux cartes, au billard et en dansant. Ce dernier plaisir étant leur favori. Ces danses sont les cotillons, les « reels » et parfois les menuets. Leur langage est plus pur et plus agréable que ce que l’on entend en France. Ils ont adopté certains mots nouveaux et en ont gardé d’autres devenus désuets chez les Français d’Europe.
Physiquement ils sont bien formés et possèdent un port agréable; ce qui souligne chez eux, le bonheur et la sérénité. Leur habillement est très simple. Les hommes portent une veste de toile et une cape qu’ils peuvent ramener sur leur tête. Ils portent un mouchoir bleu noué sur la tête et des mocassins aux pieds. Ils attachent leurs longs cheveux en une queue qui pend dans le dos. Les femmes s’habillent également simplement; mais avec beaucoup plus de recherche et de goût que les hommes.
À la question de savoir si ces gens sont aujourd’hui, plus heureux sous le nouvel ordre des choses qu’ils ne l’étaient avant notre arrivée, je considère la question comme très difficile et j’hésiterais avant d’y répondre.»
On reconnait facilement dans cette description des habitants de l’Illinois appelé Louisiane, les « coureurs de bois » venus du fleuve St-Laurent durant le siècle précédant. Difficile d’y reconnaître les « hors la loi », les « immoraux » et les « libertins » qu’on nous a décrit dans l’histoire officielle du Canada. Par contre, on y retrouve assez bien les caractères attribués à nos « Canayens » du Canada décrits par les différents « visiteurs » qui ont parcouru la région du fleuve St-Laurent à l’époque de cette supposée « Nouvelle France » et même après 1759.
Finalement, le « coureur de bois » est un Canayen ordinaire, sympathique, accueillant, courageux, honnête, sociable, responsable, gaie, athlète résistant, chasseur à l’œil de lynx, aimant l’aventure et respectant les différences chez chacun des humains. Il est accueilli chez les amérindiens comme un frère dont il partage cette opinion. Il n’y a pas de différence entre les « coureurs de bois » de la Louisiane et ceux de la région de Trois Rivières, tout simplement parce qu’ils sont les mêmes citoyens Canayens qui se sont répandus à partir du St-Laurent, jusqu’aux Rocheuses à l’Ouest, jusqu’à la Baie d’Hudson au nord et jusqu’au au Mexique au sud.
Les voilà donc vos ancêtres; ces vrais fondateurs de l’Amérique du Nord actuel.
Malheureusement, l’intérêt financier, caractéristique égoïste anglo-saxonne qu’ils considèrent comme le summum de la civilisation, s’est imposé à partir des années 1790 au Canada et à partir de 1815 aux USA. Le résultat est ce que vous subissez aujourd’hui : vous ne connaissez pas vos voisins et au départ, avant même de les rencontrer, vous les considérez avec soupçon. Ce qui démontre chez vous une peur des autres individus, qui est, là aussi, une caractéristique anglo-saxonne qui pousse à attaquer avant d’être attaqué. Évidemment cela donne l’avantage de pouvoir s’approprier du bien d’autrui. Le génocide des Amérindiens américains est l’affirmation de cette « supériorité civilisatrice ». Elle est encore d’actualité puisque cet esprit d’intérêt financier n’a jamais été aussi puissant qu’actuellement et répandu mondialement.
Nous somme devenus beaucoup plus « anglo-saxons » que nous en avons conscience. Les liens familiaux sont à leur plus simple expression, l’entraide inconditionnelle est disparue et le respect de la différence n’est que parole vide de sens. Nous établissons notre sécurité individuelle en menaçant celle des autres autour de nous. Quelle énorme différence entre nous et nos ancêtres « coureurs de bois » renié par nous depuis si longtemps.
Amicalement
André Lefebvre