
Germain, 45 ans, quasi analphabète, vit sa petite vie tranquille entre ses potes de bistrot, sa copine Annette, le parc où il va compter les pigeons et le jardin potager qu’il a planté derrière sa caravane, elle-même installée au fond du jardin de sa mère, avec laquelle les rapports sont très conflictuels. Il n’a pas connu son père, sa mère s’est retrouvée enceinte de lui sans l’avoir voulu, et le lui a bien fait sentir depuis qu’il est petit, à l’école primaire son instituteur l’a vite pris en grippe, il n’a jamais été cultivé, il est resté » en friche « .
Un jour, au parc, il fait la connaissance de Margueritte, une très vieille dame, ancienne chercheuse en agronomie, qui a voyagé dans le monde entier et qui a passé sa vie à lire.
Elle vit seule, à présent, en maison de retraite. Et elle aussi, elle compte les pigeons.
Entre Germain et Margueritte va naître une vraie tendresse, une histoire d’amour » petit-filial « , et un véritable échange… Allociné, La tête en friche
Non, je ne vais pas me payer la tête de Depardieu. Je veux simplement parler de ce « petit film » bien grand que je viens de visionner. Plus tard, j’irai « voir » le livre…
Il y a de la douceur dans la vie, et de l’amour dans la douceur. La belle simplicité qui s’est perdue, le petit clin d’œil à manière de l’univers de Pagnol. Les mots ne sont puissants que quand ils transportent les émotions qui sont parfois enfermées en vous. Sans amour, tout le monde est un imbécile. C’est le rôle de Depardieu – dans ce film – d’être un imbécile, analphabète, « pas comme les autres ». Les « intellectuels » trouveront la recette un peu fanée. Comme si l’amour pouvait sauver le monde. Non. Il ne le sauve pas. Mais à chaque fois qu’il sauve quelqu’un, il sauve le monde. Nous ne sommes qu’une cellule complexe, mais Ô combien orgueilleuse, parfois, « sur cérébralisée », sardonique, rejetant les différences comme… infériorités.
Sans doute que la beauté de la vie réside en un petit coin ou tout à l’air d’une pièce de théâtre et que se jouent tous les drames du monde, mais en format « réel ». La « non richesse », les poireaux du potager, les tomates, les rires, les chamailles… Je pense que c’est suffisant pour nous humaniser et nous rendre meilleur… Ou encore : corriger les défauts de la vie. Car, en classe, notre protagoniste fait rire de lui. Pas intelligent…
J’ai l’impression de rater ce que j’écris. Simplement parce que les mots sont là pour décrire les entrailles et l’invisible. Et que parfois, comme dans le film, les dictionnaires ne suffisent pas. La vie, elle-même, est plus grande qu’un dictionnaire.
C’est le dilemme de la proximité fait mal, mais elle nous sculpte.
Et, parfois, elle surpasse sa propre mission en nous faisant découvrir ce que nous sommes réellement.
Dans un monde où on gratifie largement – parfois trop- ce tentant recours à l’esprit, dans un monde où chaque jour, maintenant, nous devons affronter la douleur du reste du monde. Dans ce monde où le reste du monde est à analyser, la « nouvelle », l’information, et le reste de la parade mondialiste est en train de tuer la vie réelle au « profit » d’une vie passée au sas de la mode : c’est le cerveau qui comprend, qui doit comprendre, qui doit agir.
Le village est une bougie.
Les grandes villes nous aveuglent.
Les grandes causes nous tuent.
Mais quoi donc nous fait vivre?
Nous vivons maintenant presque tous sous le diktat d’un dictionnaire. Celui de l’État VS citoyens, celui qui ne laisse guère de liberté à l’infini possibilité de faire une société « différente ». D’accepter avec amour la différence de chacun.
Écrire de la poésie, c’est échapper au pouvoir des mots néfastes. Que nous transmettent-ils? Sinon que la purulence du monde. De par les médias surchauffés, vendant leurs produits. Une nouvelle et une nouvelle en tricots… Les mots ne sont pas seulement écrits, ils sont « parlés ». Et nous écoutons! Mais nous nous nourrissons de la merde qui engendre la merde. Et d es dictateurs collets-montés qui nous bombardent de leurs formules.
Une formule mitraillée fait plus de dommages qu’une arme de poing. La propagande du 21e siècle risque de réduire à néant des milliers d’années « d’évolution ».
Toute cette surabondance inutile d’information n’est qu’un assommoir à la Zola.
La télé est un crachat de serpents. Mais plusieurs ont la foi en cette information dite « fouillée ». Or, il s’avère qu’elle a 5 ans de retard sur celle du web.
L’Assommoir
L’Assommoir est un roman d’Émile Zola publié en 1876, septième volume de la série Les Rougon-Macquart. C’est un ouvrage totalement consacré au monde ouvrier et, selon Zola, « le premier roman sur le peuple, qui ne mente pas et qui ait l’odeur du peuple »1 L’écrivain y restitue la langue et les mœurs des ouvriers, tout en décrivant les ravages causés par la misère et l’alcoolisme. À sa parution, l’ouvrage suscite de vives polémiques car il est jugé trop cru. Mais c’est ce réalisme qui, cependant, provoque son succès, assurant à l’auteur fortune et célébrité. L’Assommoir
L’ouvrier mondialiste est aujourd’hui dans une nouvelle misère, en apparence dissemblable de celle de cet autre siècle.
La misère ne fait que changer de visage comme les USA changent de président tout en gardant une ligne directrice de « politique » impérialiste.
Les villages
J’avais commencé par parler d’amour, mais me voilà perdu…
Comme nous tous.
Nous sommes à un point de quasi non retour à la Vie, la vraie. Nous passons les villages au tordeur de la mondialisation, de l’économie, sans raison. Simplement par la vision du comptable.
Le personnage de Depardieu a appris à compter les pigeons, mais, par amour, il leur a donné un nom. C’est qu’il n’est pas dupe de l’importance du moindre détail de la vie. C’est l’idiot du village. En ce moment, les villages sont les idiots des villes. Perdus en campagne, sans théâtres, sans « culture »… Et pourtant, l’avenir appartient aux petites cellules sociales. Pour ceux de la génération qui va suivre, je crois que l’on verra tous les dégâts d’un monde rivé sur la superficialité beurrée par la propagande des … « propagandés ».
Chacun…
Chacun tire des leçons d’un film ou d’un livre. D’autres les rejettent. Ils en attendent un autre…
S’il en est une, dans ce film, – du moins pour ma part – c’est celle d’un monde où aimer n’a pas d’âge, où chacun a quelque chose à apprendre de l’autre, et qu’apprendre c’est simplement aimer. Et que les mots peuvent être salvateurs ou destructifs.
À force de tout intellectualiser, nous apprenons à détester. À force de nous individualiser, nous apprenons à nous tenir loin des autres. Et ce de toutes les manières, souvent bien inconsciemment, vu la mitraillette à savoirs qui ne nous livre qu’un seul message : « Voici comment comprendre le monde ».
L’art ne dicte pas la « compréhension du monde ».
Ni l’amour…
Il ouvre une porte. La porte des portes…
Dans ce monde de divisés égocentristes cultivés, si vous rencontrez quelqu’un que vous croyez aimer, laissez-le vous aimer.
Ceux qui aiment ont compris que la vie est infinie…
Si vous achetez du fini, vous êtes…finis.
Ça n’aurait guère d’intérêt ni de conséquences si vous étiez seul en ce monde, sûr que vous vous « êtes fait vous-même ».
Autofabriqué.
Sans nourriture sociale…
La mondialisation est une bombe à fragmentation.
Alors, pour résister, et de façon simple, quand vous rencontrez quelqu’un que vous aimez, saisissez-le ou saisissiez- la avec douceur, sans l’envahir, sans « forcer », sans vous en emparer, sans mettre l’amour en cage, sans mettre les mots et les phrases comme des pièges tendus, car si les livres et les films sont beaux, c’est parce qu’ils ne sont que les pigeons voyageur d’un individu à l’autre.
Depardieu nourrit les pigeons, la dame aussi, assise sur son banc, elle qui sait lire, lui qui sait écouter.
Mais à la fin on comprendra qu’on peut par amour inverser les rôles et s’entre-enrichir de manière à cultiver en nous le plus beau potager au monde :
L’âme humaine.
Gaëtan Pelletier
15 janvier 2013
Merci!

Marie-Sabine Roger
Romancière française
Née en 1957 à Bordeaux, Marie-Sabine Roger est d’abord institutrice avant de se consacrer à sa passion, l’écriture. Elle publie plus d’une vingtaine d’ouvrages dont Le Quatrième soupirail…
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Et à Jean Becker…