Archives mensuelles : mai 2015

Aquarius (Let the Sunshine in)

On dira ce qu’on voudra, cette génération a été une sorte de souffle dans la sèche histoire du monde occidental.

Ce fut une période pendant laquelle j’ai voyagé ici et là sans sortir du pays. Des étés chauds dans une vieille Volkswagen, des rencontres étonnantes. Cette « folie » et sagesse en même temps a duré le temps d’une fleur… Je me souviens qu’en 75, vers la fin, en revenant d’un voyage à Ottawa, j’ai pris un auto-stoppeur du nom de Harrisson.  Le lendemain, nous partions vers le Maine visiter des « anciens » de San Francisco. Nous avons passé une semaine dans une vieille roulotte délabrée  qui avait servie de refuge temporaire en attendant la construction de la maison. Ces gens-là essayaient de mener la vie la plus simple possible dans un monde le plus compliqué … impossible.  Et leur habitat circulaire était déjà une lutte contre la laideur des constructions actuelles.

On a pour la plupart du temps mal interprété cette période de l’Histoire. La drogue rendait le « mouvement » peu crédible et digne d’intérêt durant la période de la guerre du Vietnam.

On voit ici  et là encore quelques résistants et quelques figures nouvelle de cette philosophie. Nouvelle, parce qu’elle est maintenant en lutte contre un système affolé.

Ce matin, en allant vers le site de récupération, j’en ai vu trois en train de discuter. On va y chercher là ce qu’on peut recycler et ne pas payer. Vivre des rebuts si riches des autres… Des métaux, du bois, de vieux meubles, de peintures, bref, de tout…

Excursion bien étrange car, tout près, se tenait une vente de voitures d’un garage en « pleine expansion ».

Ils étaient trois au centre de récupération et 3000 au garage…

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Sable (S)

Oui et nain

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Famille Ovitz

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Cependant au même moment, la famille est conduite en chambre à gaz. «Soudain, nous avons senti le gaz, raconte Perla au Guardian. Nous haletions lourdement, et certains d’entre nous se sont évanouis. Plusieurs minutes sont passées, peut-être des secondes, puis nous avons entendu une voix en colère venant de l’extérieur:  »Où est ma famille de nains? » Source 

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Quand j’étais enfants j’avais une tante naine avec qui acceptait de jouer avec moi.  Elle était aussi grande que moi. Ou aussi petite… Elle habitait une maison de campagne qui longeait une  voie ferrée. Elle menait un tout petit train de vie. À chaque fois que j’allais la visiter,   un pain de ménage,  bien chaud,  nous attendait. Elle riait tout le temps et  sniffait son tabac à priser. Le tabac à priser a disparu et la naine aussi.  C’était il y a longtemps. Au temps où personne ne coupait son gazon. L’alentours de la maison étaient en broussaille, avec de longues tiges qui dépassaient souvent  les fleurs, mais qui réussissaient à rendre tout ça beau en couleurs.  Au fond, dans les grandes herbes sèches qui dansaient dans le vent comme les gens dans les concerts rock, il y avaient de ces  petites fleurs humbles qui cachaient leurs robes.  Avec des parfums qu’on ne trouvait pas dans les bouteilles.   Si ça avait été de la musique, on aurait eu tout le nez rempli de notes de piano ou de violoncelle.  Le ciel était picoté d’insectes. Mais c’était beau parce que la tondeuse à gazon et les vendeurs de tapis vert n’étaient pas encore allés dans le coin vendre ce qu’on appela plus tard le gazon.   Quelques villageois  commencèrent à trouver  » la mauvaise herbe laide ». Un monsieur bien habillé les avait convaincus: : « Le  gazon, c’est l’avenir. On va vous débarrasser de vos pissenlits… » Mon grand-père avait le sens de l’humour à partir des yeux. On dirait que le nid du rire était là. Puis ça lui descendait dans le visage: il retroussait ses joues et répondait – avec quelques dents en moins- mais assez pour soutenir une pipe.

– Oui et « nain » … Quand on aura de l’argent…

– On peut vous étendre les paiements sur 12 mois…

– Et si on ne paie pas, vous allez nous remettre la mauvaise herbe.

***

Elle n’a pas eu de carrière, ma tante.  Elle est décédée sans CV. Elle est DCD. Elle est restée dans un recoin de la Vie. Pas de CV, mais pas triste. Au contraire: nous regardions ensemble  la télé avec des rires qui éclataient  comme du maïs soufflé.   Une émission de marionnettes: Panpan ou Pampam. Je ne savais pas écrire, mais je savais rire jusqu’à avoir des étoiles dans le regard .  Elle, elle  riait comme si le soleil avait fait son nid dans ses yeux.  Et moi je me disais – enfin, un peu plus tard -, qu’on trouve la vie drôle quand on est petit: il l y a quelqu’un qui te donne à manger… Et ce n’est pas l’État, c’est l’amour. Et quand quelqu’un de donne de l’amour, ce n’est certainement pas l’État…

C’est triste à dire, – je me répète -, elle n’a pas eu de carrière. À l’époque,  quand tu étais nain,  tu avais le choix de deux carrières: s’exhiber  dans un cirque ou être lutteur.

Nain lutteur

Tu ne pouvais  pas être mannequin  ou vendre des crèmes  dans les circulaires des pharmacies. Elle n’avait pas de grandes jambes qui n’avaient rien mangé. Elle avait des billots accourcis  qui la traînaient dans une démarche de pingouins. En fait, je ne savais pas qu’elle était naine. J’étais trop petit pour le savoir. Quand on est petit, on ne sait pas qu’on est petit. Il faut être grand pour le savoir.

Mais un jour, quelques années-jours plus tard, quand je suis entré dans la maison de grand-père, ma tante avait rétréci : sa tête n’était pas au niveau de ma tête. Je me demandais ce qu’il lui était arrivé. Il y a des jours comme ça où on est bête et stupide . Car, dans les faits, c’était moi qui avais pris une tête de trop: celle des adultes.

Oui, une tête d’adulte. Mais je ne l’ai pas gardé longtemps cette tête d’adulte. Ça m’avait appris à être sceptique concernant la grandeur des humains. Pas une grandeur physique, mais une grandeur qui cherche dans les autres des dieux. Ce n’est pas parce qu’il n’y en a pas ailleurs, au contraire, il y en a partout. Il faut apprendre à regarder avec de ces yeux qu’on ne voit pas, mais que quelques-uns voient. Je me suis mis à regarder en fermant les yeux. Puis, à force de regarder, bien des géants devinrent petits . Je grandissais en dedans comme tout le monde devrait faire. Mais ce n’est pas donné à tout le monde de grandir en dedans. Il y a trop d’acheteurs des devis de son être. Des plans préparés…  On a peur de se bâtir ou de se découvrir.  On a peur de ne pas être à la hauteur… On a peur du ridicule. On a peur d’être nain…

Quand on s’attarde un peu à ces gens  claqués , qui n’ont plus de pays, qui courent les mers en radeaux de sauvage pour aller quelque part pour vivre, simplement vivre, on voit bien qu’on a été des non-voyants  longtemps. Les grands des pays, c’est comme dans les écoles quand j’étais enfants: les grands tapaient sur les petits. Maintenant, les présidents, les PDG, les hypocrites à cravates tapent sur les petits. Et les petits pleurent. Les petits ont peur. Ils se taisent comme un silence qui attend un piano. La Terre est comme une école à rétrécir les enfants jusqu’aux géants, mais    pas très différents des « preachers » de ces sectes qui au nom d’un dieu manipulent les petites gens. Les nains servent souvent de marche d’escalier… Les ambitieux veulent toujours un autre étage.

***

Ma tante est morte dans son lit. Toute seule. Comme une grande. Il n’y a pas eu de cérémonie . Pourtant, elle n’avait tué personne. Je dis ça parce que souvent les gens qui ont de près ou de loin tué bien des gens parce qu’ils étaient grands ont de grandes cérémonies. Avec des fleurs qui poussent sur les corbillards.  Tout le monde est habillé en noir et il pleut à noyer des larmes. On pourrait nager dans les yeux des autres, tellement il y a des tristesses.  De vraies piscines sur les joues …  Alors, pas besoin de se forcer pour pleurer… Un dieu de passage est parti. De temps en temps, dans l’Histoire, ces dieux de passage laissent tellement de cadavres derrière eux qu’il ne vaut pas la peine de s’attarder au leur. Mais bon! Les hommes courent des marathons pour attraper des petits dieux…

***

Ma tante avait une télé, mais  elle écoutait la messe à la radio. C’était comme un Om̐ de méditation.  Elle fermait les yeux en priant. Pas pour ne pas voir la radio, mais pour voir ce qu’elle pouvait trouver en elle. Elle égrenait son chapelet.  Chaque grain était comme une petite granule. Comme si elle avalait des pilules de lumière. Ça peut paraître imbécile! Des pilules de lumière! Comme une pharmacie dans ses mains. Une chambrette d’hôpital  pour l’âme!

***

Un jour, je l’ai vue  sortir et aller dans le champ derrière la maison. Elle avait un chapeau fleuri et marchait  à travers les mauvaises  herbes. C’était beau de la voir marcher. Des fleurs qui marchent!  C’est  rare sur cette Terre!  Le plus souvent, on les rase pour voir s’il n’y a pas de pétrole qui pousserait.

Ma tante ne parlait pas beaucoup.   Son visage était le message…

***

Un jour, alors que j’étais à la hauteur de ma tante, nous sommes allés cueillir de petites fraises des champs. C’était un 25 juin. Les champs étaient comme des  toiles de  Van Gogh:

Soleil du midi

on crevait de chaleur. Ma tante était à genoux et égrenait  les fraises. Quand elle en mangeait une, elle devenait les doigts tout rouges. Puis elle disait: tout est lié. Puis elle a dit une chose étrange: « Si on mange de la couleur, on mange peut-être toutes les couleurs… Et si on mange une fraise encore vivante, on doit bien manger du vivant. » Elle scrutait les petites fraises comme si c’étaient des soleils cachés sous les marguerites.  » C’est comme leur parapluie… » Je n’avais rien compris à l’époque .

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J’ai essayé pendant des jours et des jours  de me souvenir de son nom. Quand elle est décédée, il n’y avait pas d’internet…  Ça m’est revenu un jour, alors que je plantais un clou dans un morceau de bois. Il a jailli du sang. J’ai vu comme une fraise sortir de mon corps. Une bulle infime et douloureuse. Puis bing! Ma tante Yvette. 

***

Aujourd’hui les gens n’arrêtent pas de bouger.  Ils sniffent de la bougeotte.  Et quand ça ne bouge  pas assez vite, ils s’achètent  une auto. Parfois deux… Ça va  deux fois plus vite… Mais ceux qui ne veulent pas bouger parce qu’ils ne sont pas fait pour bouger, ils se font fouetter avec des lacets de fonctionnaires. Un fonctionnaire, maintenant, c’est comme un chef de galériens. Obligés de fouetter parce qu’au fond il est chef de rien. Sinon, le bateau serait à lui…

***

Les petites gens bâtissent le monde et les grands le détruisent. Ma tante ne porte pas le nom d’un pont ou d’un porte-avions. Selon les critères des Occidentaux,  elle n’aurait rien accompli. Qui donc peut demander aux fleurs d’accomplir quelque chose? Même le plus plissé des bourgeois ne demande rien aux fleurs. Il n’y comprend rien. Il dira qu’elles sont trop chères… Mais  chères à ne les acheter que pour les funérailles… Les grands ne vont pas cueillir de ces petites fraises des champs. Ils sont trop grands pour se pencher aussi bas. Mais ils savent être encore plus bas dans certains domaines…

Depuis des siècles et des siècles  les petits ont servi de nourriture aux géants qui finissent avec des noms d’autoroutes, d’aéroports, de lacs, de buildings, ou de fondations…. Les grands continuent de grandir. Jusqu’à ce qu’ils puissent acheter presque toutes les petites gens. Ils en font des soldats, des fonctionnaires, des travailleurs, des administrateurs …  Le nain c’est le caviar du riche. Des œufs… Même si c’est écrit dans la bible: « Aimez-vous les œufs les autres ».  Il y en a qui changent les mots et qui ne comprennent pas du tout le message.

Quand un nain sait faire pousser des carottes nantaises dans son potager, on veut acheter le potager et le nain. Le nain n’aura plus le temps de se promener à travers les champs, les pousses rudérales et chercher les fraises des champs.  Non.  Il est conduit vers la chambre à gaz du nouveau nazisme planétaire. Je sais ce dont je parle: j’ai une fournaise à granules de bois. Et quand j’ouvre un sac de granules, je ne vois plus les arbres. Pas de bûches. Rien que des arbres désessinés. On ne peut pas voir l’arbre, à moins d’être aveugle.

Et c’est ainsi que depuis le siècle en cours fait courir tout le monde.  Les gens qui ont de petites jambes doivent bouger encore plus vite pour la croisière vers nulle part.  Je ne sais toujours pas pourquoi on se dépêche pour aller ver un trou dont on ne sait rien. Je pense que ma tante se sentait si petite qu’elle n’avait jamais eu idée d’être à la hauteur des autres. Les humains sont ainsi: ils ont peur de ne jamais être assez grands.

C’est pour cette raison que le « monde va mal »: ces sont les petites gens qui devraient être les grands. Mais non! l’à-plat-ventrisme  ça vous réduit quelqu’un à un x aux élections. Les grands bousillent tout. Ils veulent de grosses fraises, du gaz de schiste et de l’or qui se mange….

Mais il se pourrait un jour qu’un  un de ces nazis planétaires vous crie: « Où est ma famille de nains? »

Gaëtan Pelletier

2015

Offre d’emploi pour bourreau de travail

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Le gouvernement saoudien cherche à recruter huit nouveaux bourreaux. Cette offre d’emploi pour le moins insolite apparaît sur le site internet du ministère. L’Arabie Saoudite fait partie des cinq pays qui exécutent le plus de personnes chaque année. Les condamnations à mort par décapitation nécessitent de plus en plus de bourreaux. Source 

Qui a dit qu’il y avait trop de chômeurs et pas d’emplois? Les gens ne veulent pas se déplacer…

Vous êtes las de vous faire accuser de parasite chômeur, de lâche, de paresseux, de profiteur du système. La saoudienne Arabie a besoin de vous.  88 têtes sont tombées cette année. Plus jusqu’à maintenant  que dans toute l’année 2014.

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Les candidats recherchés ne doivent pas avoir d’antécédents judiciaires. C’est un poste à temps partiel mais bien payé. Bref, ça vaut le coup…

Détail de l’offre:

BOURREAU 

Vous êtes dynamique et rigoureux, vous avez le sens du contact, et le goût du travail sans équipe, ce qui vous permet de résoudre efficacement votre problème et de ne pas bâtir  de relation de confiance avec vos interlocuteurs.

Le poste ne nécessite aucun diplôme. Et les anciens bûcherons canadiens sont les bienvenus dans notre équipe de 8. Mentionnons toutefois que la tronçonneuse n’est pas acceptée  comme outil de travail. Entre les exécutions, les temps de loisir sont sans limites. Les individus pourront jouer aux cartes tout  en s’abstenant d’alcool. Dans les cas de tests sanguins prouvant des signes de  supérieurs à .08, le nombre de travailleurs se retrouvera avec une équipe de 7.

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Les qualités recherchées:

* Savoir utiliser une hache  ( hache fournie)

* Savoir aiguiser une hache. ( aiguisoir non fourni)

* Subir des tests de capacités physiques et de précision avant l’entrée en fonction.

* Le candidat ( e) devra se soumettre  à des tests psychologiques avant l’embauche.

* Dans le cadre de vos fonctions, vous aurez la principale mission d’assurer l’assainissement de notre État et de maintenir un climat  de votre pays.

* Capacité d’évaluer les besoins sur le plan technique et , à l’occasion, s’adonner à des travaux de menuiserie. Nous assurons les résultats en important des billes de qualité et de bois franc des pays nordiques.  ( Nord des U.S.A) .

* Doté d’un goût prononcé pour les challenges, le candidat choisi  devra suivre une formation de 2 heures sur des mannequins de plastique.   De plus vous êtes doté d’une grande capacité de vous taire en public et hors des heures de travail.

* Les candidats, bien que capables de travailler en équipe ne pourront travailler à deux sur un même projet.

* Maîtrise de l’écriture: le candidat devra pouvoir signer son nom.

* Le candidat devra fournir une carte d’hygiène et de salubrité.

* Les candidats souffrant de handicaps physiques  sont exclus des postes: les paraplégiques, les tétraplégiques , et les politiciens.

* Vous devez avoir 12 ans au premier juillet 2015.

* Dynamisme, créativité, non leadership, sans charisme, mais débrouillard.

* Vous n’avez pas d’adresse  IP, ni de Facebook. Ni de face…

* Détester les enfants est un atout.

* Posséder une expérience bénévole.

Nous offrons des salaires compétitifs et des avantages sociaux, ainsi que d’une assurance-vie appréciable.

Les candidats devront se présenter à nos bureaux après réception des  acceptations de candidatures.

Merci de nous contacter.

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Gaëtan Pelletier

 

Le jour où le cerveau des inventeurs s’attisèrent

Les années 30.  Jouer du polo sur l’eau, avec un moteur, un cheval de bois… Pourtant, le MELS ( Ministère de l’Éducation, des LOisirs, et des Sports), n’existait pas encore…

C’était mieux hier…Le nostalgique cultive ses souvenirs et les remâche toute sa vie. Comme une hyper vache : trois estomacs, je crois. Le cerveau de l’Homme a une multitude de tiroirs dans lesquels il passe son temps à fouiller.  

Il y avait des reflux gastriques, nous voilà avec des reflux cervicaux.

C’est comme Proust, mais en boucles… Ça n’arrête pas.

« Caressez un cercle et il devient vicieux » ( oublié le nom de l’auteur).

La « science » d’hier nous fait frissonner le long de la  colonne vertébrale… Si les inventeurs étaient aussi carrément stupides, ceux d’aujourd’hui sont-ils plus « intelligent »? On verra sans doute la somme de leurs bêtises … demain.

Une machine à mesurer les dents, ajusteurs de dentiers… Pour un confort assuré. Le « Gnatograph ».

Certains hôtels n’acceptant pas les chiens, ni les métros. Avec un harnachement spécial qui relaxe le chien, elle se l’entoure autour du cou et il devient une …fourrure.Elle passe même aux douanes.

Aujourd’hui, on éventrerai le chien pour savoir s’il n’y a pas de drogue à l’intérieur…

Machine à balayer les rues. Ça existe encore aujourd’hui… Après, il faut nettoyer les vitres de la maison. Notez que le conducteur porte une cravate… Et une chemise blanche.  ET IL EST BLANC…

C’est vraiment un beau scooter…

Gaëtan Pelletier

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Les deux nourritures

kvetchlandia:

Édouard Boubat     Mithila, India      1973

La petite île dans le téléphone

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« Les mines d’étain ont détérioré plus de 65 % des forêts et plus de 70 % des récifs coralliens de Bangka. Quinze rivières sont aujourd’hui contaminées par les déchets miniers et l’accès à l’eau potable est devenu un problème pour plus de la moitié de la population de Bangka » affirme le directeur de campagne des Amis de la Terre Indonésie. . Source 

La miniaturisation exige des matériaux rares (coltan, lithium, étain…) dont l’exploitation entraîne déforestation, destruction, massacre d’animaux et pollution durable d’écosystèmes.

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Je possède, ou plutôt loué, un petit téléphone cellulaire que je nomme mon téléphone de secours. Je vais souvent en forêt et si je suis attaqué par un ours, je peux appeler ma femme ou la police. Alors, en cas de « drame » possible, j’appellerais la police pour satisfaire l’appétit de l’ours…

Il doit bien y avoir un peu d’étain dans mon téléphone? On utilise la poudre d’étain en provenance de Bangka dans le tiers des téléphone… Apple ou Samsung, peu importe… L’île étant jadis paradisiaque a été transformée en un vaste chantier où chacun peut y cueillir la poudre de dioxyde d’étain. Tout y passe. Et l’on s’en va maintenant vers la mer en détruisant les fonds marins…

C’est là le microcosme de ce cher développement « affilié » au « progrès »: détruire les sources potables d’eau en l’utilisant pour extirper la poudre ( comme c’est le cas pour le gaz de schiste, ou les sables bitumineux de l’Alberta).

Vous avez là un photo de ce qu’il advient de la planète Terre. En détruisant ce qui fait vivre, les cultures et l’eau, l’habitant détruit son propre système.  Il détruit sa nourriture…  Ce Klondike nouvelle ère se répand dans le monde comme la nouvelle peste électronique créant des montagnes de déchets. Cette « richesse » engendre alors une plus grande pauvreté. Les compagnies et les artisans du « progrès à tout prix » n’ont aucun souci de l’environnement ou de l’humain. Ils peuvent téléphoner à n’importe qui dans le monde, mais ne peuvent faire le lien entre le milieu naturel et la créature terrestre.

Mining for mobiles

On peut ne pas s’en soucier. Mais c’est peut-être votre petit jardin potager de demain qui est en train de crouler. On peut toujours demander de l’aide avec son « téléphone de secours ». Même en ce moment, plus personne ne répond. Car c’est depuis des années que l’on parle de Bangka.

Avec notre mode de vie destructeur de fraternité, développeur de nombrilisme, ce cher dicton qui dit que « Personne n’est une île »est en train d’être ratifié des citations réalistes. 

Nous sommes tous  en train de devenir une île…

Gaëtan Pelletier

Le pipigraphe

L’entreprise les Viandes du Breton à Rivière-du-Loup confirme qu’elle met en place une nouvelle politique de gestion des temps de pause qui limite le droit de ses employés d’aller à la toilette

Un travailleur pourra désormais demander de s’absenter aux toilettes pour un maximum de 10 minutes, et ce, trois fois par semaine. ( Source

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Je me suis demandé où pissaient les esclaves qui ont fabriqué les Pyramides de Gizeh.   Mais peu importe… Pourvu que l’on fasse pipi quand l’envie vous en vient. L’entreprise en question s’appelle Viande du Breton. Les employés passent leur journée à découper des carcasses de porcs. Au froid, c’est certain … Ça doit donner envie d’aller au petit coin. Mais selon certains employés, quelques uns exagèrent: 30 minutes.

Mais dans un monde de rendement max pour les actionnaires, ça compte. Si un employé y passe 30 ans. 365X30minutes par 30 ans – attendez je vais prendre mon cerveau d’une main et mon crayon de l’autre…  Ça fait 82 heures par an pour un employé.  Pendant 30 ans 2460 heures. Et si 10 employés vont au pipi trop souvent on se retrouve avec 6000 semaines de pertes au bout de 30 ans. Et 13 ans de travail … sans travail.

 Ça vous démolit un administrateur…

Mais l’administrateur pense à tout. Il calcule. Alors, il se dit: « Réglons le problème une fois pour toute ». Il fait percer des trous dans le plancher et achète des milliers de mètres de tuyaux  raccordés au employés.  Là où ils doivent être raccordés. Pour un administrateur, c’est une question de plomberie rose…

Alors, il reprend son cerveau et calcule. Au bout de 30 ans, il aura économisé des centaines de milliers de dollars. Mais -Ô surprise -, pendant une réunion, au bout de 8 heures, ( payées à 90$ l’heure), les administrateurs  se rendent compte qu’il y a 43 femmes dans l’usine. Ils font appel à une firme spécialisée pour construire un appareil pouvant s’adapter au… confort féminin. Mais avant, une étude de faisabilité au coût de 4, 233.34$ .  Le fabricant se situe en Lituanie. Les gestionnaires font alors faire une étude pour évaluer les coûts de transport inclus.  Au final, après calculs sans crayon, ils jubilent: on aura épargné 32,234 $ sur une période de 30 ans.

Le jovial directeur est tout souriant au jour de la réception de l’appareil pour dame. Il ouvre la boîte et prend dans ses mains une sorte de pénis en caoutchouc avec sac de réception ajusté à la taille des dames.

Deux employés au nom de famille étrange, reçoivent la boîte à pipi lors du premier jour.  Ils l’ouvrent et constatent qu’il y a erreur. Mais ils s’amusent avec le modèle…

Le lendemain des centaines d’employés se retrouvent sur la chaîne de découpage. Au moment où tout le monde se met à travailler, l’un d’entre eux exhibe « l’organe plastique » féminin à ses confrères.

Ils se mettent tous  à rire à en pisser dans le tuyau…

Pendant 30   minutes…

gp

Dis-moi petite

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Lorsque j’étais petite je regardais le monde comme un ensemble: une bulle qui aurait dû être parfaite.

Je me promenais souvent seule, examinant tout: la faune, les plantes, l’eau, les gens, les odeurs, les formes, les couleurs, les bruits et les silences aussi.

J’en suis venue à entrevoir qu’au fur et à mesure qu’ils vieillissaient, le fait de vivre semblait provoquer chez les gens divers désordres psychologiques,

Un peu tout ce qui existait semblait disparaître pour eux et était remplacé au fil des ans par un décor. Je me souviens d’une voisine qui venait visiter ma mère, arrivait d’un pas rapide, caquetant des inepties sur la couleur de ses rideaux ou sur son besoin pressant de punir sa petite fille parce que celle-ci avait sali sa robe. Bien sûr à ce moment je n’avais aucune idée qu’ailleurs dans le monde des milliers de personnes mourraient parce qu’elles n’avaient pas mangé. Par contre, la vie elle-même me racontait que cette voisine surfait à côté de la plaque. Elle n’avait pas remarqué le soleil qui brillait à faire sourire les fleurs, ni la tristesse dans les yeux de ma mère à ce moment-là.

Sa bulle comptait des rideaux et apparemment ils étaient clos depuis longtemps.

A 18 ans, âge légal pour quitter l’enfance, j’ai pleuré. Je savais sans l’ombre d’un doute que cette vie hors de la bulle allait me happer, qu’elle tenterait de modeler mon univers et qu’elle assassinerait mes rêves si je la laissais faire.

Et les cinglés se sont faits plus nombreux. J’ai appris sans joie qu’ils détruisaient le monde, étaient source d’infâmie et si peu humains parfois qu’ils volaient à leur genre l’intégrité de leur existence.

Un jour, alors que j’étais hospitalisée, je suis sortie à l’extérieur de l’hôpital en chaise roulante. Etant à ce moment beaucoup plus près du sol que je ne le suis normalement, j’ai pu humer les parfums de mon enfance. Je m’étais donc élevée longtemps au-dessus de la vie elle-même, au-dessus de ce qu’elle avait à offrir en tout temps. J’ai ajusté mon pas. Je savais que si j’allais trop vite: ce en tout temps allait peut-être finir par m’échapper. Je risquais de ne plus voir la tristesse dans les yeux de quelqu’un ou de punir bêtement une enfant qui a sali sa robe. Il y a donc un jour ou une poignée de terre nous donne le souffle de vie. Pourtant les enfants y jouent et s’en nourrissent parfois. Mais c’est peut-être une autre histoire.

Il peut pleuvoir: j’aime la pluie qui nettoie. Il peut faire soleil: j’aime les reflets qu’il donne à tout et la vie qu’il nourrit. Il peut passer du temps, de la vie, des rires, des larmes et des souffrances, j’aime n’avoir rien appris qui soit suffisamment altéré pour qu’aucune thèse ne vienne le contredire.

Il faut pouvoir faire un mélange de tout, sans doser trop. Il faut aussi non pas seulement savoir mais se rappeler que tout existe bel et bien dans sa forme parfaite et apprendre aussi à y puiser la source de vie qui nourrit l’humain en nous. Je ne crois pas qu’on puisse réellement gagner quoi que ce soit à courir des routes de nulle part, ni qu’il soit sain de tenter de les construire. Pourtant la vie maquillée le prétend.

Parfois le soir, lorsque la ville dort, que la nuit promet d’offrir durant quelques heures un refuge parfait, je me demande si l’humain hors de la bulle croit pouvoir acheter un jour chez Walmart l’équivalent du bien-être. Ce serait triste parce que Walmart n’existe pas partout dans le monde.

Au plaisir,

Elyan

Cat Stevens- Where do the children play

http://centpapiers.com/dis-moi-petite

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