
C’est l’histoire d’un ours en peluche à qui sa mère avait acheté un petit garçon.
L’ours emportait toujours l’enfant avec lui. Il le tenait sous le bras, l’embrassait, le cajolait et lui parlait. Et l’enfant lui répondait. Même si sa mère disait que ce n’était pas vrai.
Un jour que Freddy étai fâché, il prit son enfant et le déchira. Il sortit des entrailles un liquide rouge, des viscères, et de la façon dont il le tortillait, sa mère se dit qu’il n’était pas de très bonne qualité.
Elle l’enterra dans le jardin pour faire plaisir au petit.
Elle alla au «Boys are Os» pour s’en procurer un autre. Les étalages étaient remplis de modèles : des roux, des blancs, des noirs. Et tous avaient des visages immobiles, avec de grands yeux noirs, bleus ou gris, qui regardaient dans le vide. On aurait dit des boutons de chemise.
L’ours s’arrêta devant un modèle. Un modèle à cheveux blancs, frisottés, l’air un peu perdu. Il s’appelait Albert et portait un T-shirt sur lequel était inscrit E=mc2.
De retour à la maison, il embarqua l’enfant sur son train et le fit tourner alentour de la pièce.
¾ Viens dîner, Freddy.
¾ Je n’ai pas le temps…
¾ Qu’est-ce que tu fais?
¾ Je pose des questions à l’enfant.
¾ Et il te répond ? Demanda candidement la mère.
¾ Oui, bien sûr.
Il arrêta le train. Juste devant un globe terrestre.
¾ Une dernière question, dit-il. Quelle différence il y a entre un ours et un enfant?
Il courut vers son repas avant d’avoir la réponse.
Lorsqu’il revint quelques heures plus tard, le train était à plus d’un mètre devant le globe terrestre.
Il prit l’enfant au cheveux blanc, lui tordit les oreilles, et lui déchira le ventre avec une aiguille.
Celle de l’horloge grand-père qui était tombée sur le plancher.
¾ C’est bon pour toi!
Gaëtan Pelletier
3 octobre 2000