Merci Claude pour l’envoi…
Merci Claude pour l’envoi…
La ville de Ramadi n’est plus aux mains des djihadistes de l’organisation Etat islamique. Les derniers combattants de Daesh ont quitté ce dimanche un complexe gouvernemental stratégique de cette ville située à 100 km à l’ouest de la capitale Bagdad. C’est la plus importante victoire de l’armée irakienne depuis l’offensive des djihadistes en Irak, il y a un an. 20 minutes fr
Il suffit de mettre le nez dehors par un beau soir d’été ou d’hiver pour voir toutes ces boules pétillantes qui flottent dans l’espace. Des étoiles. Ou des jardins de lumière… C’est tellement immense qu’on arrive même pas à imaginer ce qu’il peut y exister, ni pourquoi cela existe, ni d’où cela provient. Mais c’est beau à ne pas dormir des yeux. Et la créature soit-disant la plus évoluée du monde n’a même pas la stature d’une blatte. C’est à vomir de rire! Car il n’y a pas de victoires dans les guerres. On devrait procéder à l’envers: les citoyens devraient enfermer les gens armés et gazer les vendeurs d’armes. Mais c’est plus payant de construire des fusil, des drones, des F-35 que de planter des choux et des carottes et cultiver des truites.
Mais peut-être que la Terre n’est qu’une fleur bleue dans l’Univers. Son destin est de flétrir- comme c’est le cas maintenant- , de sécher et, finalement, de mourir. On n’a pas su entretenir la fleur… Pour qu’elle reste vivante, il faut entretenir tout ce qui est vivant à commencer par son voisin. Peu importe s’il a la peau bleue, que son dieu a un nom, et qu’il ne mange pas de cuisses de grenouilles.
Nous vivons dans un monde dans lequel personne ne semble savoir ce qu’est l’amour. On l’a séché ce cher amour! Il est tout rétréci à des émotions. En fait, c’est une acceptation de l’infini des différences. Comme si on regardait le ciel par les soirs d’été ou d’hiver. On ne comprend vraiment que lorsqu’on est fasciné par la grandeur de la différence et non l’étroitesse de la haine.
Nous tricotons des morts, nous buvons du sang, nous tuons des enfants, et l’on dit que c’est une victoire! Tant qu’on ne pourra au moins ralentir le cyclone débile de l’autodestruction on ne pourra jamais parler de victoire. S’il y avait un marathon de la défaite « circulaire », nous serions gagnants!
Gaëtan Pelletier
J’ai un jour «attrapé» le mot grésil comme on imite un geste, c’est-à-dire non pas en le décomposant et en faisant correspondre à chaque partie du mot entendu un mouvement d’articulation et de phonation, mais en l’écoutant comme une seule modulation du monde sonore (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception, 1945, p.461)
***
Les matins me réveillent
Avec sa cloche de lumières
Son pas frileux dans la rosée les champs, Les lueurs craquent sur les arbres et se répandent en faisceau. Nous voilà les premières fleurs des pensées qui reviennent.
Comme une vie est un jour
Comme une vie un toujours
D’amours j’aurai frémi
Temps de chair dans la Terre-nid
Que je quitterai d’un regret souriant
Le ciel s’est orangé, pareil à mon sang. J’entends les délires des bruits brouissailleurs et la beauté me hante. Elle là, ici, dans les yeux frileux, les misères nues, les oiseaux qui chantent.
Les vieux prennent leur marche à pas muets, le souffle un peu gris, la mine ternie.
Ils auront marché du ventre à la terre. Comme nous tous, sur des bougeoirs de chair, la mèche éméchée.
Comme une vie est un jour
Comme une vie un toujours
Il faut prendre le temps qui tourne des horloges des corps, avant qu’il ne retourne à l’envers détricoter ce chandail éphémère. Les yeux de l’esprit sont trop petits, si petits, qu’ils ne savent concevoir ceux des âmes.
Laissons-nous aimer les doux
Laissons-nous aimer les tendres
Les autres sont des lueurs. Aimer les peines, admirer les peurs, les rires et les larmes. Je me souviens d’un ruisseau qui parlait à chaque pierre. Je n’ai su où il allait, je ne savais pas les mers. Maintenant je sais, et j’attends la culture des hier.
Comme une vie est un jour
Comme une vie un toujours
J’attends de voir la mer
Je ne vois plus la différence entre le chant de l’eau sur la pierre, ni celle de la chair sur la misère. Alors je vis, alors je dors, je puise de l’eau, de la beauté – parfois du sang.
Comme une vie est un jour
Un ruisseau parlant par la voie des pierres.
Gaëtan Pelletier
20 mai 2010
Moi, mes souliers ont beaucoup voyagé,
Ils m’ont porté de l’école à la guerre
J’ai traversé sur mes souliers ferrés,
Le monde et sa misère.
Félix Leclerc
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Au Canada, trouver une bonne botte, c’est comme chercher une aiguille dans une botte. Il en faut des chaudes, confortables, à l’abris de l’humidité, etc. Mais grâce aux perturbations climatiques, il se pourrait que la botte devienne de moins en moins nécessaire. L’automne a été tellement prolongé, que la plupart des québécois ont marché en souliers jusqu’à Noël. Du jamais vu… À moins d’être aveugle….
Le climatologue, Shaipa Shilfrabo est toutefois en train de se contorsionner les neurones à savoir si, à l’avenir, les canadiens pourront pratiquement se passer de bottes. Mais au niveau du commerce international, les « bottofiles » adeptes de la motoneige, devront réduire leurs activités à 6 semaines par an: du 10 janvier au 20 février.
» Ce sera le déclin total de l’industrie touristique de l’amour de la neige », a déclaré Shaipa Shilfrabo. Restauration, touristes, ventes de souvenirs, trafic aérien, tout pourrait faire sombrer l’économie liée au froid.
« La botte, c’est le ski, c’est la marche, c’est la raquette », ajouta SS.
« Et qu’en est-il de l’avenir? »
« Les usines vont s’adapter: on vendra une gauche usée pour simplement remplacer à moindre prix, dans une perspective d’austérité. »
» Prenez mon cas, Monsieur Shilfrabo… Je marche 5 kilomètres par jour pour me garder en bonne santé…
« Oui, mais dans la neige, les bottes s’usent moins… »
( celle-là, je n’ y avais pas songé, il vaut mieux couper ici un bout de l’entretien)
» Oui, c’est vrai… »
« Vos bottes, ce sont vos pneus… Mais je connais une usine en Chine qui s’est mise à fabriquer du Bottox »…
« Pardon? »
« Oui, du Bottox. Il s’agit d’injecter du caoutchouc chaud dans la semelle pour la regonfler et garantir un usage prolongé d’un autre hiver. Cela en réduira le prix… »
« Mais je vous dis que nous n’en aurons plus besoin… Ou moins… La botte risque de disparaître dans les années à venir… N’est-ce pas?
« La botte d’usage… Il restera toujours la botte sportive… Croyez au progrès de l’humanité, Monsieur le journaliste. L’industrie sait comment s’adapter à tout.
Il esquissa un grand sourire niais de vendeur de souliers:
« … Vous ignorez qu’on pourra désormais construire des botte froides, avec un système climatisé pour marcher durant les jours de chaleurs intenses. Et avec ça, une tuque climatisée…
» J’espère qu’on aura des sous-vêtements glaciers »…
Il éclata de rire….
Puis j’ai ajouté:
« Ne vaudra-t-il pas mieux se promener pieds-nus? Et s’adapter au climat nouveau?
« Bonne question! Mais si le sol se réchauffe, vous allez souffrir ».
« … Je suis perplexe… Je me vois avec des bottes, une tuque, des mitaines, des sous-vêtements, en train de me promener sur une plage. Ça ne fait pas trop sexy… »
Quand il arbora son sourire niais et qu’il plissa des yeux, j’était agacé… Plus qu’agacé…
« Supposons qu’on veut avoir l’air de quelqu’un des années cinquante, fringant sur une plage, et que…, c’est gênant à dire, mais je préfère avoir l’air sexy plutôt que débile avec des morceaux qui sont inconvenants aux paysages….
« Eh! ben! On a tout prévu, mais j’aimerais que cela reste entre nous. Nous sommes présentement à mettre au point une botte interne, fabriquée d’un mélange de tissus humain et de peau de renne… »
J’en ai perdu mon lapin… Je suis sorti en hâte, prétextant un rendez-vous galant. J’étais en effet un gars lent…
***
Deux jours plus tard, le Dr SS, traversa la rue pour aller se chercher un beignet et un café en face de sa demeure. Bang! Il fut frappé et mourut sur le coup, nu, chaussé de ses bottes d’été.
J’ai alors écrit mon article, mais en omettant bien des détails, et je l’ai intitulé:
« Un petit pas pour l’homme, mais un grand pas pour l’humanité »
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Gaëtan Pelletier
Publié dans CAPITALISME, HUMOUR, pour ceux qui trouvent ça drôle...
Tagué avenir, billet, capitalisme, Humour
L’image de l’arbre comme symbole de renouveau de la vie est un thème traditionnel païen qui se retrouve dans le monde antique et médiéval (voir notamment le culte idolâtrique et les nombreuses mythologies liées à l’Arbre du Monde) avant que ce symbole soit assimilé par le christianisme.
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La parlure des arbres
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Ce matin je suis allé marcher dans la forêt. La forêt a rapetissé parce que de colossales machines d’acier à grandes gueules broutent les arbres comme les vaches dévorent les herbes des pâturages, comme les rasoirs cisaillent des barbes des mentons, au point de se demander s’il restera des arbres un jour. Des arbres qui sifflent aux vents et qui répondent aux oiseaux.
Je me suis dit que si « dieu » existe, c’est un arbre, car on ne le voit pas. Il est caché derrière tous les arbres comme se cachent les arbres derrière tous les arbres. Ce sont des dieux reliés entre eux par des racines invisibles, biscornues, de temps en temps boursouflées à en sortir de terre, qui s’en vont fouiller les sols pour se nourrir avec leurs grandes mains noueuses et tentaculaires. Les arbres se respirent entre eux. Ils prennent l’air du vent, l’avalent et, curieusement, ils l’ont fabriqué eux-mêmes en quelque sorte. Mais pas seuls… Avant, je n’avais pas pensé à ça, parce que pour bien penser il faut « se laisser penser ». Il est des arbres qui , en vieillissant, s’écroulent pour nourrir les autres. Mais ce sont les gros arbres qui sèchent, pourrissent, qui tombent et écrasent les petits. Victimes de ce qu’ils ont conçu ensemble avec le reste de la nature: le vent. Plus ils sont hauts, plus le vent les touche. Alors, ils tombent pendant que l’on dort. Comme s’ils craignaient de nous faire peur avec leur propre mort. Mais je n’en suis pas certain… Les hommes, on les enterre rapidement, mais les arbres ne s’enterrent pas entre eux. Un arbre ça ne se penche pas, mais quand ça se penche, c’est au ralenti et c’est pour finir dans la terre où il a poussé. Ils vieillissent comme s’ils avaient des os, finissent par être rognés, mollir, plier, puis se transforment en poudre d’arbre. Ce qui en fait de la terre…
Mais il y a des arbres qui parlent: Il se penche et dit: « Regardez ce qui va vous arriver ». Vous allez fléchir sans réfléchir, car si vous ne réfléchissez pas à votre fléchissement vous allez faire l’erreur de ne pas bouger et voir l’arbre tomber. C’est l’avantage des hommes que de prévoir. Mais quand les hommes ont les pieds tellement ancrés dans les certitudes, ils ne bougent plus. On dit qu’ils prennent racine.
Quand t’es petit, t’es pas vraiment un arbre; t’es un « arbrion », fluet, mais tu ne t’inquiètes pas trop à savoir si tu vas vivre ou mourir. T’es frêle comme un drapeau d’un pays. Et quand il y a une grande peine, ils descendent le drapeau et vous disent qu’il est en berne. Le drapeau « deuille » pour vous…
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Ça fait des semaines et des semaines que je vais chaque jour marcher dans la forêt. Au début, je me suis dit qu’il n’y avait rien à apprendre de la forêt parce que c’est comme une matière première à abattre. Comme les pauvres… Les politiciens lèchent les caméras pour parler des pauvres. Ils ne disent pas qu’ils sont pauvres, ils disent que les pauvres ne veulent pas devenir riches. Mais ça c’est une autre histoire, en même temps que ça n’est pas une autre histoire puisqu’il n’y a pas d’histoire sans que la grenouille, le lombric, le croque-mort, Aristide Morin, Mohamad Saïd Salibi, la truite et les nuages ne soient liés.
Je vous le dis sincèrement, je n’ai jamais eu « d’intentions » en allant passer des heures en forêt à marcher. Je ne me suis pas dit: « Je vais méditer ». Je me suis dit que j’allais faire de l’exercice pour secouer un peu les vieux muscles accrochés aux vieux os. Mais plus j’y allais, plus je revenais en forme, vers 11h30 et que j’étais vivant comme à 20 ans , complètement électrisé sans en comprendre la « raison » . J’ai compris un peu plus tard, à force de marcher et de marcher en regardant des arbres et même la foultitude de petits sapins de Noël qu’il y avait un cadeau en dessous des tout petits sapins qui échappe à la vue des humains. Le cadeau des arbres est de m’avoir fait comprendre que la pauvreté, au fond, c’est de ne se servir que de son cerveau. La pauvreté c’est de ne pas voir l’autre dans son miroir. Comme s’il n’y avait rien d’autre qui avait quelque chose d’intelligent à dire. Aujourd’hui, nous sommes pauvres à n’en plus finir. On est en train de mourir dans une pauvreté planétaire. Comme disait quelqu’un que je ne connais pas très bien: « On pisse dans l’eau que l’on boit ». Si les arbres prenaient notre eau, je pense qu’ils deviendraient malades. Mais il attendent que le ciel leur en envoie. Puis ils s’abreuvent avec leur bouche racine et leurs feuilles et échangent entre eux l’eau qui tombe du ciel. Les humains, eux, en trouvent, la mettent en bouteille et la vendent.
Mais le plus étonnant est que les humains n’ont jamais compris la forêt. Ils ne savent pas qu’un arbre seul ne peut donner une forêt. Les arbres ne s’arment pas pour détruire les autres arbres. Et ici, au Canada, les arbres ne se demandent pas pourquoi l’érable côtoie le sapin, le bouleau, l’hêtre, le merisier. Les arbres de même « nature » ne se regroupent pas pour combattre les autres arbres. Les arbres ne disent pas: « Je crois au ciel, même s’ils ont tous les feuilles rivées vers le ciel. Ils ne disent pas, « Je crois aux racines, même si ils ont des branches qui ont l’air de s’incliner pour zieuter le sol pour dire: » Mes racines sont plus grosses que les tiennes ».
Non!
On a écrit tous les livres du monde avec des arbres, mais les arbres n’ont jamais écrit de livres. On en a fait des maisons, du carton, du papier, du carburant à homo-sapiens, des feux de camp pour chanteurs d’occasion, des sculptures, du sirop, du thé, des canots, des frégates, des cuillères, des arcs et des flèches, et des balançoires pour enfants… On a fait de la Terre ce qu’on peut faire avec les arbres. Mais, on les a tués… Un arbre mort est utile, mais il ne parle pas.
Les arbres ne se sont jamais dit: » J’ai tout ce qu’il faut pour fabriquer un arc et des flèches. Il me suffira de me secouer un peu pour faire tomber l’oiseau et lui voler quelques plumes ».
C’est comme ça qu’en marchant ce matin, j’ai croisé, comme presque tous les jours Marie-Perdrix. J’ai la manie de donner des noms aux animaux comme si un être suprême en avait fait quelque chose de singulier. Ils le méritent. Et un à un . Comme « baptisés » dans leur unicité. On donne bien des noms aux chats, alors viva Marie-Perdrix! Et je me suis dit qu’on devrait vivre comme des arbres. Ainsi, on pourrait marcher fièrement à travers nous sans penser qu’un autre aura des plans bizarres pour nous dire comment vivre. J’ai dit pour « vivre », mais au fond je devrais dire pour nous faire mourir à petit feu, ou dans une sorte de bûcher économique, pour flamber toutes les Jeanne-d’Arc du monde. Car non seulement ils veulent être un grand arbre, mais avoir toute la forêt. C’est bête et stupide, car ils utilisent des arbres, leur font la leçon, les instruisent, et brûlent ceux qui semblent ne servir à rien. Puis ils prennent les livres écrits sur des arbres mis en feuillets et font une sorte de propagande pour contrôler les arbres.
Et ce sera comme ça à Noël: on chantera la paix, l’harmonie, on sortira les mouchoirs de papier ( fabriqués avec des arbres), on pleurnichera. Et ça se vendra comme des petits pains de sapins. On se dira qu’on est grands, fils de dieu, qu’on a des émotions et de bonnes banques. Et qu’elles ont remplacé les voleurs de coffre-fort.
Les humains cherchent des systèmes complexes sur l’art de bien vivre. Et les spécialistes-technocrates sont nombreux pour vous faire des plans de l’art d’être heureux. Mais au fond, c’est bien simple: il suffit de cultiver des terres, de prendre soin de son voisin comme la prunelle de nos yeux, tout en sachant qu’un jour on ira sous terre, séchés comme des feuilles d’automne et qu’on aura nourri quelqu’un. Il n’existe pas de grands plans pour l’humain. Il y a 7 milliards de dieux, sans compter Marie-Perdrix, des poissons, de la lumière, de l’eau.
À Noël, ne pensez pas donner quelque chose, mais donner quelqu’un: vous. Emballons nous de la Vie!.. Le reste a peu d’importance.
Gaëtan Pelletier
Publié dans HUMANISME, RÉFLEXIONS, Univers, VIE
Chapitre 1: la mise en place
Ce soir-là, en 2039, toute ma famille et moi, vers 10 heures, attendions fébrilement la nuit de Noël… et les cadeaux. Avec le réchauffement climatique, il ne pleuvait plus dans les villages le long du Fleuve Saint-Laurent. Mais un plan mondial avait été établi pour stabiliser le système économique mal en point et recréer une véritable atmosphère de fêtes. Dû à l’absence ce neige, des avions Dseries de Bombardier avaient été envoyés à l’aéroport de Rivière-du-Loup ,tous étaient équipés de canons à neige pour bombarder tous les villages le long du Fleuve Saint Laurent. Un père Noël robotisé Made in MexiChina parcourait la ville pour livrer les cadeaux. Des haut-parleurs crépitaient des messages de paix et de joie en des HO! OH ! joviaux dans un vacarme quasi assourdissant. Huit modèles tous gréés de rennes intelligents et souriants s’arrêtaient aux maisons.
La magie totale… Les enfants étaient émerveillés. Les adultes également, je dois l’avouer…
***
Marie-Sarah, avec ses grands yeux bleus, attendait le père Noël avec le cadeau que nous lui avions promis: un mini laboratoire d’apprentissage de la chimie. Elle n’avait que 14 ans, mais l’État, de par sa panoplie de tests, l’avait déjà désignée comme une candidate aux changements à venir concernant le climat de la planète. Coraçon, issu de mon deuxième mariage, devait recevoir en cadeau un job dans une usine cybernétique de Californie où s’effectuaient des recherches pour créer un robot unique qui allait réglementer le Nouvel Ordre Mondial II vers les années 2050.
Comme ce fut le cas dans les années 1930, 40 et 50 au Québec, chaque famille devait fournir aux dirigeants du Vatican un prêtre, une religieuse, un missionnaire pour transmettre la « parole de dieu » et convertir les païens sur toute la surface de la Terre, en ces temps d’hyper matérialisme, chaque famille devait fournir un économiste, un administrateur, un gérant, un intendant, ou un gestionnaire peu importe. Fallah était le désigné. Bien qu’il adorait écrire des poèmes et des livres dits d’amusement, il s’était présenté en candidat volontaire pour l’opération Christmas. C’était là une obligation à laquelle personne ne pouvait se soustraire sous peine d’emprisonnement. Dû aux difficultés financières des États, les prisons n’existaient plus: On avait trouvé le moyen de financer le système carcéral en congelant les condamnés dans une filière métallique en attendant qu’ils meurent ou qu’ils se réveillent au bout de 10 ans , selon leur sentence. Donc, ni nourriture, ni gardiens, mais par un système entièrement automatisé.
***
La crise économique s’était accentuée, mais cette fois pour une survie planétaire on travaillait depuis six ans à l’opération Christmas. Cette opération en provenance du G69 stipulait que chaque famille devait dépenser 2,500 $ pour acheter des cadeaux. En fait quelque chose de matériel pour faire rouler les usines. Mais cet « apport » à l’opération était établi selon les revenus de chacun. La base étant de 839$. Le projet avait été nommé:REMF. La Reprise Économique Mondiale Finale. Chacun d’entre nous avait un job consistant à surveiller des robots. Même les restaurants étaient équipés de cuisiniers robots, de caissières et de serveuses qui quelquefois défaillaient . Certains travailleurs devaient alors remplacer le robot tout en s’excusant du service. Un robot baptisé EX pour excuses. Pour ceux qui travaillaient dans les usines, un système de cryptage avait été établi pour ne pas trouver les sources des matières premières. Apparut alors une nouvelle génération de complotistes qui voulaient prouver que certains pays étaient carrément disparus de la carte et que toute information sur leur situation avait été fabriquée par quelques États encore en « action ». Le matin, on pouvait se réveiller et se faire dire que 6 millions d’habitants d’une ville n’existaient plus parce qu’on avait trouvé en dessous suffisamment de minerais pour les 20 années à venir et qu’on avait déplacé les populations par nécessité. Les « déplacements » de populations étaient maintenant si nombreux que personne ne les filmaient.
Noël-là fut de toute beauté. Nous avons eu droit à un spectacle étonnant : des milliers de sapins de Noël, tout illuminés et scintillants, traversaient le ciel , s’emmêlant aux étoiles. La foule rassemblée au Parc Ernest-Ouellet était fascinée. Un DJ avait fait un montage de centaines de chansons dont les notes multicolores flottaient dans l’espace sur ne portée lumineuse. Tout cela entremêlés à des visages projetés en trois dimensions de chanteurs et de musiciens qui avaient marqué l’art musical sous toutes ses formes. Entre autres John Lennon, que l’on avait ressuscité. Et ce n’est pas une image: il y avait des John Lennon partout qui vous serrait la main et vous parlait avec son accent scouse de Liverpool. Tous les messages de paix et d’amour avaient en quelque sorte été récupérés. On trouva même un Bill Gates, lui aussi ressuscité, qui donnait de l’argent ici et là en guise de cadeaux.
De larges banderoles flottaient dans le ciel:
THIS WORLD IS YOURS
THIS COUNTRY IS YOURS
OPERATION CHRISTMAS WILL DESTROY THE POVERTY
Nous avions des larmes aux yeux. Et chacun se présentait devant le micro pour chanter, et quand il chantait faux, un programme réglait automatiquement la note. Et parfois, il /elle la rendait vibrante et chaude au point que certains, qui n’avaient jamais chanté de leur vie pleuraient de joie en trouvant en eux un talent factice mais troublant: les robots avaient enfin pu reproduire de profondes émotions.
Puis quand vint l’heure du repas, nous avions l’obligation d’avaler dix comprimés anticancer, vendus au coût de 1$ par la firme Phaizer et ses représentants en blouses blanches. Tous des robots. Certains étaient tellement sophistiqués qu’on leur listait nos symptômes et le robot, transmettant ceux-ci en temps réel à une énorme usine mobile qui fabriquait un médicament sur mesure. Plus tard, plusieurs se rendirent compte que le médicament était une formule unique sous diverses appellations et formats.
***
Cela se passa le 24 décembre 2039 dans la petite ville nommée Cruciville, au nord de la province de Québec, là où plusieurs avaient déménagé pour quitter les chaleurs insupportables des étés du long Fleuve Saint-Laurent. Le lendemain, nous avions l’intention d’aller piqueniquer au parc. Nous étions choyés. Il restait encore des lacs quasiment en eaux pures que tentaient de rejoindre certains groupes de « survivalistes. »
Pendant les décennies suivant le célèbre COP21 Montréal s’était étendu vers Québec et l’Ontario, avec ses 22 millions d’habitants sans capacité de respecter les règles élémentaires d’hygiène. De sorte que le Fleuve Saint-Laurent, là où étaient entrés Cartier et Frontenac, était depuis longtemps déclaré zone sinistrée. Des poissons échappés des bateaux en provenance de l’Asie avaient infesté le fleuve de créatures bizarroïdes qui se multipliaient à un rythme alarmant, l’eau s’étant réchauffée. De plus, ces poissons n’étaient pas comestibles tant la pollution les avaient affectés. Mais plusieurs, tenaillés par la faim, capturaient de ces créatures parfois difformes, sans autres alternatives.
Mais l’exubérance et l’espoir qui nous envahissaient t était d’en finir cette ère d’austérité qui régnait depuis près de 30 ans. Jamais opération d’une telle envergure n’avait eu lieu. Il était temps…
Chapitre 2: l’accalmie
Le GMP ( Gouvernement Mondial Planétaire) avait inclus dans son plan la fermeture des bourses et annoncé un congé d’une semaine, que l’on nomma en rappel au film des années 50, » Le jour où la Terre s’arrêta ». Ont voulu désarmer l’arme la plus fatale de l’histoire de l’humanité: l’économie parallèle qui avait détruit presque tous les pays à commencer par la Grèce, cette « première réussite » d’une oligarchie mafieuse invisible.
Durant la période du 26 décembre au premier janvier, jour de la réouverture des marchés, le climat de repos fut l’un des plus surprenants de l’histoire: personne ne travaillait, personne ne se levait au son d’un cadran le matin, et les gens, souriants, vivaient enfin une période de tranquillité qui tranchait avec ce rythme effarant des années précédant l’opération Christmas.
Le 6 janvier au matin, toutefois, le réveil fut plus que brutal: pour se renflouer, les banques saisirent 80 % des demeures et des commerces et toutes les PME furent englouties dans quelques compagnies sans provenance traçables . Ce fut le commencement du plus grand spectacle jamais vu sur Terre. Pendant une semaine on tenta de comprendre ce qui c’était passé et, à force de recoller les morceaux, on se rendit compte que la planète avait sans douté été la victime de la plus puissante et dernière fraude « globalisée »: Les milliers de milliards de dollars amassés disparurent des comptes des pays, des banques nouvellement formées. Les auteurs de l’opération disparurent.
Là où les populations étaient denses, le prix du litre d’eau grimpa . On tria alors les qualités de l’eau en trois « formats »:
L’eau pure ( sans plomb, 1.49$ le litre )
L’eau potable ( traitée, mais supposément sans danger: 1.39$ le litre).
L’eau LN ( L’ Eau Nocive, servant aux lavages et douches vaporisantes: 99 cents le litre)
On découvrit plus tard que cette , d’une arnaque sans précédent, longuement préparée, avait acheté la majeure partie de la Sibérie et le lac Baïkal, la plus énorme réserve d’eau douce de la planète que l’on qualifiait de « Perle de Sibérie ». Toux ceux qui y habitaient furent déplacés plus au sud par des armées de robots sans pitié. Des centaines de millions d’humains migrèrent ainsi à la recherche de nourriture et d’eau. Dans des climats insupportables, des marées d’humains périrent. Certains eurent l’idée de creuser la terre et d’y créer des habitats avec ce qui restait des réserves d’eau souterraine, hors de la lumière du jour, comme des rats.
Ma famille et moi avons simplement migré à quelques centaines de kilomètres, au nord du Canada, là où j’allais chasser, là où il y avait de l’eau, dans une forêt encore vierge qui, curieusement, s’était de nouveau peuplée d’animaux migrants.
J’ai su, quelques années plus tard, que les hommes du Sud avaient entrepris une guerre avec les armes abandonnées par les dirigeants du GMP. Je n’ai rien su de leurs réussites, mais je savais qu’au sein même de ce GMP s’ourdissaient des complots, des conflits internes qui feraient en sorte qu’en 30 ans, voire moins, leur « système » allait probablement s’effondrer.
Il avaient créé le chaos, car ils étaient les acteurs du chaos.
Nous avons alors compris que pendant des millénaires, par diverses classes dirigeantes , leurs « jouets » c’étaient nous…
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Gaëtan Pelletier
Publié dans LITTÉRATURE, SOCIÉTÉ
Tagué LITTÉRATURE, mondialisation, Science fiction, SOCIÉTÉ
La phrase de la journée …
Au fond, c’est bien que les usines soient éloignées. Du moins pour ceux qui vendent des autos, de l’essence. La centralisation, c’est ça. On pourrait s’en passer.
On assassine les villages. On tue donc nos qualités de vie.
gp
Ce matin, comme presque à tous les matins, je suis allé marcher dans la forêt. Sans masque. À travers les sapins, les épinettes, les érables. J’ai vu des traces de chevreuils venus chercher leur nourriture dans les pommiers sauvages. Vu le temps doux de l’hiver, il en reste encore quelques une d’accrochées aux branches. La pollution,elle s’accroche aux bronches.
C’est un peu bête un humain: voilà qu’on fait des masques une « mode ». Décoratifs. Décorum de protection de résidus de charbon. Dire qu’au Canada, on cache les cigarettes derrière des panneaux pour les rendre invisibles… Et que monsieur Trudeau s’apprête à rendre la marijuana légale. Légale signifie, en prendre le contrôle pour qu’elle échappe au crime organisé. En prendre le contrôle pour des revenus substantiels.
Je crois simplement que l’on a perdu le contrôle de tout. Et la loufoquerie a pris le dessus sur la raison et, surtout, le bon sens. La planète était bleue et on est en train d’en faire une planète bleue: étranglée d’ici quelques décennies. Et nous, désossés à l’uranium.
Pékin, c’est bleu. Mais pas trop bleu océan avec ses créatures colorées et vibrantes comme des toiles cachées au fond de la mer. Ils disent que « dieu » n’existe pas. Mais NOUS nous existons. Et la Vie, la vie qui sait « contrôler » tout dans une forme d’intelligence qui nous est inconnue est brisée.
Étant brisée, nous sommes brisés. On lui a fait un croc-en-jambe en ne lui laissant pas le temps de refaire ce que nous détruisons.
La vitesse de la course aux profits aura fini par annihiler tout progrès véritable. C’est à dire, pratique. Les athlète de la bourse se s’applaudissent. L’invisible but caché est d’enfermer le joyau bleu dans un coffre fort. Faire le bouche à bouche pour ramener les noyés dans le nouvel océan bleu flottant au dessus des ville deviendra un sport dangereux.
Je me demande comment les amoureux s’embrasseront. Mais, sérieusement, on vendait de l’oxygène en bouteille il y a quelques années. Ou en bonbonnes, peu importe. On aura sa petite bonbonne et son masque. Et vu le manque d’emploi, on sera tous plongeurs sur trottoirs.
Gaëtan Pelletier
Publié dans ÉCONOMIE, GLOBALISATION, Histoire, HUMANISME, LES AFFAIRES SONT LES AFFAIRES, Mondialisation, TERRE, VIE
Tagué ÉCONOMIE, charbon, Chine, ENVIRONNEMENT, Pékin, pollution, vie