CATÉGORIES
- 1 (1)
- 432 HZ (3)
- 911 (9)
- ACTUALITÉ (525)
- AFRIQUE (25)
- AGRICULTURE (13)
- AGRICULTURE INDUSTRIELLE (2)
- Alain Bésil (5)
- AMÉRINDIENS (22)
- AMÉRIQUE DU SUD (8)
- ANALYSES (34)
- ARMEMENT (31)
- Arnaque (102)
- ART VISUEL (58)
- ÉCONOMIE (360)
- ÉDUCATION (107)
- ÉNERGIE (13)
- États-Unis (68)
- BANQUIERS (25)
- BILLETS DE BIAIS (43)
- BUSH (4)
- C.I.A (15)
- Canada (10)
- CAPITALISME (141)
- CARICATURES (66)
- Célébrités (23)
- CHANSONS (4)
- CHRONIQUEUR (1)
- CINÉMA (4)
- COLOMBIE (1)
- COLONIANISME 2 (19)
- CONTE DE NOËL 2008 (2)
- Conte de Noël 2011 (1)
- Contes des mille et une vies (6)
- CORRUPTION (20)
- Coups de gueule (39)
- CRIME ÉCONOMIQUE (51)
- CRISE FINANCIÈRE (39)
- DÉFINITIONS (15)
- DÉMOCRATIE (50)
- Développement inhumain… (61)
- DE DIÉGUEZ (9)
- DIVERS (171)
- ENTRETIENS (7)
- ENVIRONNEMENT (117)
- FABLES MODERNES (32)
- FASCISME (16)
- FAUSSES NOUVELLES (1)
- Fethi Gharbi (10)
- Filière (5)
- filosofía (1)
- FOI LAÏQUE (17)
- Gagner son désodorisant à la sueur de ses aisselles (3)
- GLOBALISATION (86)
- GRIFONNAGE (8)
- GUERRES (188)
- Histoire (259)
- HITLER (12)
- HUMANISME (213)
- HUMOUR (33)
- HUMOUR, pour ceux qui trouvent ça drôle… (525)
- IMPÉRIALISME AMÉRICAIN (42)
- INNUS (4)
- INSOLITE (47)
- INTERNATIONAL (106)
- INTERNET (15)
- JUSTICE (21)
- L'ANTIPROPHÈTE (4)
- L'ÂMOGRAPHE (12)
- LA DERNIÈRE GUERRE MONDIALE (10)
- La route vers soi (23)
- LA VIE EN FICHIERS COMPRESSÉS (7)
- Le charme vert du vers bourgeois (45)
- Le Dépotoirium (33)
- LES AFFAIRES SONT LES AFFAIRES (144)
- LES CLASSIQUES 10/10 (43)
- Les désanalyses (5)
- LITTÉRATURE (186)
- LIVRES (26)
- Mondialisation (155)
- MONSANTO (8)
- MORCEAUX D'HISTOIRE (20)
- MUSIQUE (405)
- MUSIQUE 440 HZ (1)
- NÉOLIBÉRALISME (52)
- NOUVELLES (7)
- NOUVELLES…ÉTRANGES (15)
- OGM (6)
- ORWELL (42)
- PEINTURE (17)
- PENSÉES DANS RÉFLÉCHIR (6)
- Pensées sans réfléchir (12)
- Peuple VS politiciens (64)
- Philosophie (385)
- PHOTOGRAPHIES (276)
- POÉSIE (341)
- Poésie de Ève Bolieu (42)
- poesía (1)
- Poetry (2)
- Politic (1)
- POLITIQUE (248)
- POLLUTION (36)
- PROPAGANDE (44)
- PSYCHOLOGIE (25)
- QUÉBEC (8)
- RÉFLEXIONS (164)
- RÉVOLUTION VERTE (4)
- RELIGIONS (14)
- Salauds célèbres (44)
- SANTÉ (121)
- SARKOZY (1)
- SCIENCE (30)
- SF Nouvellettes (8)
- Short Stories (3)
- SOCIALISME (3)
- SOCIÉTÉ (974)
- SPIRITUALITÉ (529)
- TERRE (52)
- TERRORISME (48)
- TOTALITARISME (76)
- TOTALITARISME PLANÉTAIRE (59)
- Trash (10)
- Trouvaille (1)
- U.S.A (92)
- Univers (18)
- VACCINS (21)
- VIE (242)
- VISAGES D'HUMAINS (77)
Archives
- janvier 2021
- décembre 2020
- octobre 2020
- septembre 2020
- août 2020
- juin 2020
- mai 2020
- avril 2020
- mars 2020
- février 2020
- janvier 2020
- décembre 2019
- novembre 2019
- octobre 2019
- septembre 2019
- août 2019
- juillet 2019
- juin 2019
- mai 2019
- avril 2019
- mars 2019
- février 2019
- janvier 2019
- décembre 2018
- novembre 2018
- octobre 2018
- septembre 2018
- août 2018
- juillet 2018
- juin 2018
- mai 2018
- avril 2018
- mars 2018
- février 2018
- janvier 2018
- décembre 2017
- novembre 2017
- octobre 2017
- septembre 2017
- août 2017
- juillet 2017
- juin 2017
- mai 2017
- avril 2017
- mars 2017
- février 2017
- janvier 2017
- décembre 2016
- novembre 2016
- octobre 2016
- septembre 2016
- août 2016
- juillet 2016
- juin 2016
- mai 2016
- avril 2016
- mars 2016
- février 2016
- janvier 2016
- décembre 2015
- novembre 2015
- octobre 2015
- septembre 2015
- août 2015
- juillet 2015
- juin 2015
- mai 2015
- avril 2015
- mars 2015
- février 2015
- janvier 2015
- décembre 2014
- novembre 2014
- octobre 2014
- septembre 2014
- août 2014
- juillet 2014
- juin 2014
- mai 2014
- avril 2014
- mars 2014
- février 2014
- janvier 2014
- décembre 2013
- novembre 2013
- octobre 2013
- septembre 2013
- août 2013
- juillet 2013
- juin 2013
- mai 2013
- avril 2013
- mars 2013
- février 2013
- janvier 2013
- décembre 2012
- novembre 2012
- octobre 2012
- septembre 2012
- août 2012
- juillet 2012
- juin 2012
- mai 2012
- avril 2012
- mars 2012
- février 2012
- janvier 2012
- décembre 2011
- novembre 2011
- octobre 2011
- septembre 2011
- août 2011
- juillet 2011
- juin 2011
- mai 2011
- avril 2011
- mars 2011
- février 2011
- janvier 2011
- décembre 2010
- novembre 2010
- octobre 2010
- septembre 2010
- août 2010
- juillet 2010
- juin 2010
- mai 2010
- avril 2010
- mars 2010
- février 2010
- janvier 2010
- décembre 2009
- novembre 2009
- octobre 2009
- septembre 2009
- août 2009
- juillet 2009
- juin 2009
- mai 2009
- avril 2009
- mars 2009
- février 2009
- janvier 2009
- décembre 2008
- novembre 2008
- octobre 2008
- septembre 2008
- juin 2008
- mai 2008
- avril 2008
- mars 2008
Art visuel
BLOGS
- Altermonde sans frontière
- Étrange et insolite
- Centpapiers
- Diktacratie
- El Correo
- Faso Z'actu – Afrique – Internationnal
- Humeurs de Marissé
- Initiative Citoyenne
- Le Blog de Bernard Gensane
- Le journal des alternatives
- Les états d'Anne
- Les indiens d'Amérique du Nord
- Les mots ont un sens
- Les Peuples Amérindiens
- Libres Amériques
- MOLTRA-Afrique
- NEOCONSCIENCE
- Newsnet
- Quinquabelle ou les imperfections parfaites
- Résistance
- rue-affre
- Situation Planétaire
- Sus au vieux monde
- Tlaxcala
- Tribus amérindiennes
- Une marche à la fois
- Une psy…cause
DIVERS
HISTOIRE
Journaux citoyen
MUSIQUE
PEINTURE
PHOTOGRAPHIE
REVUE
Spiritualité
Méta
janvier 2021 M M J V S D L 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 Blog Stats
- 1 389 917 visites
MOTS CLEFS
Actualité affaires Afrique Amérindiens argent Arnaque art visuel banques Canada capitalisme Complotisme Crise financière Célébrités Divers démocratie ENVIRONNEMENT esclavage finance France futur Gaëtan Pelletier globalisation Guerre Guerres H1N1 Harper HISTOIRE HUMANISME Humanité Humour individu International Internet La Vidure Le Dépotoirium liaisons fatales liberté LITTÉRATURE Livres maladie mondialisation Musique nature néolibéralisme Obama Ordre mondial Orwell pauvreté Philosophie PHOTOGRAPHIE photographies POLITIQUE pollution POÉSIE progrès Québec RELIGION Russie réflexion SANTÉ Science SOCIÉTÉ SPIRITUALITÉ Terre terrorisme Totalitarisme travail U.S.A USA vaccin vie Visages d'humains ÉCONOMIE ÉDUCATION États-Unis
Archives de Catégorie: AGRICULTURE
Le tueur de forêts
Publié dans AFRIQUE, AGRICULTURE, CAPITALISME, ENVIRONNEMENT, POLLUTION
Tagué Afrique, agriculture, cacao, capitalisme, ENVIRONNEMENT, pollution
La super vache à méthane de Bill Gates
Crédit photo: Nathalie Rahm, Facebook. ( Vaches courant sur l’autoroute, fuyant Bill Gates, mais observant la vitesse de 65 kilomètres heure).
*****************************
Créer la vache parfaite, un animal qui produirait autant de lait qu’une laitière européenne et qui résisterait aux températures africaines. C’est le nouvel objectif de Bill Gates. Le milliardaire américain, fondateur de Microsoft, a investi plus de 40 millions de dollars (environ 32 millions d’euros) dans l’Alliance mondiale pour les médicaments destinés au bétail, ou GALVmed, une ONG basée à Edimbourg en Écosse. ( Le Figaro)
J’imagine Bill dans sa baignoire avec son canard , le Windows ME ( une horreur qui n’a pas flotté longtemps) en train de se baigner et d’avoir une idée dans le domaine du « réel », se (mé) prenant pour Archimède.
Le cerveau de Bill Gates, comme le commun des mortels, est constitué de 82% d’eau. Nous ne sommes que ce triste et déshydraté 99% qui marche sur un bout de terrain qui finit par nous faire gratouiller la tempe? À qui appartenons-nous? Le « bien commun », existe-t-il encore? Avons-nous, ou faisons-nous partie d’un pays qui n’est le nôtre que par le nom ? En philosophe de second cerveau, je m’interroge au point d’achever de me « calvitier » du bout des ongles. D’un côté, j’ai les cheveux qui se dressent la tête, ça me décoiffe, et de l’autre je les perds.
Tentons de voir cette trouvaille d’un point de vue pratique, réaliste, et sobre. Bill est-il pragmatique?
A) Prix et fonctionnement de la super vache
Si les africains, ou du moins certaines parties de l’Afrique, ne peuvent se nourrir, comment nourriront-ils les vaches qui les nourriront? Jusqu’à maintenant, je ne connais pas de variété de vache friande de poussière.
Supposons que, comme Sieur de Gates, les vaches soient quatre fois plus performantes.Seront-elles vendues quatre fois le prix d’une vache? Qui a les moyens de se payer quatre vaches en une? En étant performantes, devront-elles manger davantage pour produire plus? C’est gênant de traiter d’un tel propos, mais c’est une loi physique: ce qui entre par l’avant, même avec plusieurs estomacs, doit sortir quelque part. Si vous en parlez à un américain du Wisconsin, il vous dira clairement que son tracteur à gazon est dix fois moins avide de carburant que son tracteur de ferme. Et c’est un américain…
B) Méthane, méthane, méthane, méthane.
Que la jolie Marguerite ait des gaz après son déjeuner, on l’en excuse. Mais quand 1,5 milliard de bovins ont des renvois en même temps sur la planète, le compteur à méthane s’affole. « Les ruminants contribuent aujourd’hui pour 25 à 30 % des sources de méthane liées aux activités humaines », souligne le climatologue Jean Jouzel. D’ailleurs les chercheurs associent l’emballement des émissions de méthane à l’augmentation effrénée de la population de vaches dans le monde : en vingt ans, le nombre de têtes de bétail a augmenté de 200 millions ! Le Parisien
Concernant ( et consternant) la pollution, nous savons maintenant qu’une vache produit du méthane. Et le méthane pollue 28 fois plus que le CO2. La » quadravache » pétera-t-elle encore plus que la « monovache »? Sans me défendre d’être complotiste ( mais vraiment doutiste), imposera-t-on un une autre taxe sur cette production de méthane en tant qu’agent pollueur? Et comment évaluer la quantité des émanations? Oui, certes, Bill et Cie nous construirons un Pètographe. Voilà un nouveau métier qui naîtra de la destruction créatrice: Le Pétographeur. Même la police n’arrête pas le progrès…
C) La vache: un choix contreversable
Pourquoi avoir choisi une vache? Dans un des choix non proposés, le lapin aurait été un choix judicieux puisqu’il se multiplie d’une manière quasi exponentielle comme les fortunes des milliardaires. Le lapin, oui. Comme les pain de Jésus, ( on dit « le pain », non pas « la pain ») , mais avec une appellation contrôlée: Le Laptop. Bon! Pour ceux qui n’ont pas saisi: le top du lapin.
C’est assez simple: il suffit de créer un LH : un lapin harassant. Et cela en décryptant l’ADN de tous ces « inconducteurs » sexuels » qui sont dévoilés à chaque jour depuis quelques mois. Ajoutons, pour fin de culture inutile, que dans le livre de Lewis Carrol Alice au pays des merveilles, apparaît un lapin blanc « portant un gilet bleu et une montre à gousset, répétant toujours: en retard, toujours en retard ». Avouons que c’est tout de même un lapin qui a anticipé notre monde actuel affolé par le temps de production.
Bon! Que fait-on de nos lapins? On les modifie pour qu’ils produisent quatre fois plus de lapins. Pour ceux qui ont déjà élevé des lapins, ou visionné des documentaires concernant les lapins, ils ont sans aucun doute remarqué qu’ils produisent du compost en rafales. Ce qui pourrait fertiliser des régions désertiques.
D) Le coq, un second choix.
Un coq amélioré pourrait produire une PMO: poule mitraillette à œufs. De plus, en grossissant le coq et la poule, les œufs seraient énormes. Un coq de la taille d’un humain devrait toutefois être muni d’un silencieux. Son chant est fort joli le matin, mais nous préférons les cadrans digitaux Made In China. Tant qu’à pousser la modification de l’ADN du coq, aussi bien en profiter pour lui greffer un air de Mozart ou lui conférer un essor de patriotisme par quelques mesures de La Marseillaise.
J’aurais une idée pour la crête du coq, mais il faudrait l’autorisation de Donald Trump…
Terminus: Tout le monde décent
J’ai volontairement omis de parler d’insectes génétiquement modifiés qui seraient une autre alternative à la famine. Un savant excentrique et pressé pourrait , hélas!, par une erreur de calcul, produire un scarabée – insecte très prisé parmi ses semblables-, et nous flanquer malencontreusement dans une cohorte digne des films d’horreur hollywoodiens de mouches géantes et répugnantes. Avec un scarabée de la taille d’une poule, les américains se lanceraient sans doute dans une chaîne de restauration rapide: Le Macchabée. Je précise en pensant que cette forme de nutrition se nomme entomophagie.
Bref, toutes les variantes sont possibles quand on pense à pouvoir enfin nourrir tous les habitants la planète. Sauf que la solution finale ( veuillez ne pas prendre cette appellation au point de vue historique) consisterait à se débarrasser de ceux qui raflent toutes les richesses. Pour le traitement de certaines cervelles, rappelons que les Amérindiens étaient vraiment « verts » en tannant les peaux des animaux utilisant la cervelle de l’animal pour la nettoyer. Consulter l’article suivant: Le tannage à la cervelle. Tout ça pour dire que certains cerveaux peuvent encore être utiles à l’humanité même dans de « petits » projets. Mais certains ont développé une certaine reluctance pour le peuple et ses aspirations simples et concrètes: manger pour vivre et non survivre.
Gaëtan Pelletier
Publié dans AGRICULTURE
Tagué Afrique, agriculture, Bill Gates, réchauffement climatique, vaches
« Être paysan, c’est vouloir être libre, travailler au rythme des saisons, travailler avec la nature »
« Pour beaucoup d’entre nous, l’autonomie du paysan n’est plus qu’un rêve, et la prolétarisation du métier se confirme. » Le texte est lu par des paysans le 17 juin 2015, à Amiens, à l’issue du procès en appel des neuf militants de la Confédération paysanne poursuivis pour des actions menées contre l’usine des 1000 vaches, en Picardie. Dans l’attente du jugement, le 16 septembre, le syndicat dénonce un libéralisme qui « se nourrit aussi de nos utopies, qui les avale et les recrache, pour mieux avancer ». Si les alternatives qui se multiplient partout sur le territoire contribuent à bâtir d’autres mondes, le changement passe aussi par un engagement collectif, énonce l’appel d’Amiens.
Nous sommes paysans… Être paysan, c’est vouloir être libre, travailler au rythme des saisons, travailler avec la nature, les animaux… Être paysan, c’est se voir confier cette noble tâche : produire pour l’alimentation de tous ! Alors, partout dans le monde, des centaines de millions de paysans produisent de la nourriture, en lien avec leurs territoires… et ils en sont fiers !
Ces dernières décennies, nous, paysans des pays riches, avons commencé à perdre quelques fragments de notre métier, à perdre surtout de l’autonomie. La banque permet l’emprunt, mais impose aussi les options de production. Les industriels fournissent matériel, semences et produits de traitement, parfois nécessaires mais qui enchaînent les paysans à une recherche infinie de rendement. Les grandes chaînes de distribution assurent la commercialisation des produits – elles imposent aussi le prix payé aux paysans et obligent à produire du volume pour assurer un revenu. Beaucoup de lois et de réglementations ont accompagné cette mise en dépendance du métier de paysan.
« L’autonomie du paysan n’est plus qu’un rêve »
Tout se passe comme si le paysan mettait sa force de travail à disposition d’employeurs puissants, souvent invisibles, et impitoyables. Pour beaucoup d’entre nous, l’autonomie du paysan n’est plus qu’un rêve, et la prolétarisation du métier se confirme. Cette évolution s’accélère aujourd’hui, brutalement : usines à vaches, serres géantes à tomates, énormes surfaces de production de céréales… Avec ces gigantesques entreprises qui créent une pression maximale sur les paysans et qui accaparent les terres, il y a une réelle volonté d’industrialiser l’agriculture !
Les acteurs de l’agro-industrie ont d’abord investi à leur profit les outils d’amont et d’aval, souvent créés et mis en place par les paysans. Ils s’emparent maintenant du cœur même de notre métier : la production. Ils veulent appliquer les mêmes logiques industrielles : concentration, mise en situation de monopole, recherche du coût de production toujours plus bas, à n’importe quel prix, les travailleuses et travailleurs comme variable d’ajustement… Effroyable logique qui pense pouvoir s’affranchir de la moindre considération pour ceux qui en sont victimes !
Une nourriture qui n’a plus de lien avec la terre
L’industrialisation de l’agriculture, de la bouffe abondante et bon marché prétend être l’assurance d’une alimentation suffisante pour l’humanité, avec ce qu’elle impose comme coûts sociaux, écologiques et climatiques ! Elle est surtout la réponse cynique à la paupérisation des populations par les politiques libérales, et le meilleur moyen de mieux les ponctionner par les loyers, les transports, ou les marchandises à obsolescence programmée… C’est l’intolérable réalité d’une nourriture qui n’a plus de lien avec la terre, qui n’est que production artificielle imposée par les logiques standardisantes du business et du commerce international, pure destruction du mode alimentaire des peuples, totale négation du principe de souveraineté alimentaire, de la liberté de chacun de choisir son alimentation.
On nous place sous la dépendance alimentaire de quelques grands groupes industriels et financiers, assurant ainsi notre soumission. Car c’est aussi leur domination politique qui est en jeu, telle qu’elle se manifeste déjà dans les accords de libre-échange actuellement négociés par l’UE avec l’Afrique de l’Ouest, les États-Unis ou le Canada. Nous ne pouvons pas laisser faire, nous soumettre à cet ordre des choses, comme si tout cela était l’ordre inéluctable de l’évolution de l’humanité ! En n’agissant pas, nous nous rendrions coupables, nous deviendrions complices de ceux qui régissent le monde à leur unique profit. Nous avons le devoir de nous remettre en question, de tout remettre en question !
« Donnons-nous les moyens de l’espoir ! »
Alors oui, il faut agir. Les alternatives se multiplient, partout, elles essaiment sur cette envie qui bouillonne de dire NON, de faire autrement. Elles sont l’image de ce que nous pouvons devenir, elles font vivre l’espoir qu’une autre société est possible. Alors rejoignons-les, agissons chez nous, partout, au quotidien, sans relâche. Donnons-nous les moyens de l’espoir ! Mais cela ne suffira pas… Le libéralisme se nourrit aussi de nos utopies, il les avale et les recrache, pour mieux avancer. Notre engagement doit être collectif, il doit être politique ! Les attaques quotidiennes sur nos espoirs ne doivent pas parvenir à nous faire baisser les bras ! L’histoire récente est pleine de victoires, ne l’oublions pas ! On peut gagner !
Alors attachons-nous à nos causes communes. Nous, paysans, battons-nous pour notre autonomie et nos savoir-faire. Nous paysans, avec vous tous, citoyens, luttons contre l’industrialisation de l’agriculture qui veut nous balayer. Nous tous, citoyens, pas seulement consommateurs, revendiquons le choix de notre alimentation. Nous tous, citoyens, refusons de brader notre démocratie à la surveillance généralisée et au bon vouloir des multinationales. Réinventons notre engagement politique. Prenons conscience que nous avons le pouvoir, exerçons-le ensemble !
Texte de la Confédération paysanne
Publié dans AGRICULTURE, SOCIÉTÉ, VIE
Tagué agriculture, ÉCONOMIE, paysans, SOCIÉTÉ, vie
Pascal Poot, l’homme qui fait pousser 400 variétés de tomates sans eau ni pesticides
Dans l’Hérault, Pascal Poot a développé une méthode qui lui permet aujourd’hui de cultiver et de sélectionner quelques 400 variétés de tomates bio sans arrosage ni utilisation de produits phytosanitaires. Celui qu’on a pris « pour un fou » inspire aujourd’hui les plus grands chercheurs.

Pascal Poot est producteurs bio de semences depuis 20 ans. Installé sur 3ha à Olmet dans les Cévennes (Hérault), il conserve environ 450 variétés de tomates (il a créé le « Conservatoire de la tomate ») et autres variétés légumières anciennes.
Dans cette région au climat très aride et à la terre pleine de cailloux, Pascal fait pousser des tomates bio. La particularité de sa production : il n’arrose pas les plants, ne les entretient pas, et n’utilise aucun engrais ni pesticide ! Et ses plants produisent jusqu’à 25 kg de tomates chacun !
Eduquer les légumes pour leur apprendre à se défendre eux-mêmes
» Pourquoi les agriculteurs et les jardiniers se donnent-ils tant de mal à cultiver leurs légumes alors qu’à côté les mauvaises herbes poussent facilement sans rien exiger ? « C’est sur la base de ce constat que Pascal a développé une méthode qui lui permet aujourd’hui de cultiver et de sélectionner ses tomates sans arrosage (ou uniquement à la plantation) ni utilisation de produits phytosanitaires.« Tout le monde essaye de cultiver les légumes en les protégeant le plus possible, moi au contraire j’essaye de les encourager à se défendre eux-mêmes » explique Pascal dont le secret est de créer ses propres semences, résistantes à la sécheresse et aux maladies. Cette méthode lui permet d’obtenir des rendements plus élevés qu’en agriculture conventionnelle… et cela en respectant les pratiques de l’agriculture biologique.
Celui qu’on a pris « pour un fou » inspire aujourd’hui les plus grands chercheurs
« Au début on m’a pris pour un fou mais au bout d’un moment, les voisins ont vu que j’avais plus de tomates qu’eux, et jamais de mildiou, en plus, alors les gens ont commencé à parler et des chercheurs sont venus me voir »raconte Pascal Poot dans un reportage très complet sur ses techniques pour le journal Rue 89 (lire l’article sur le site rue89.nouvelobs.com).
Pascal Poot, fils d’agriculteurs et autodidacte, intervient et présente aujourd’hui le fruit de ses recherches en école d’ingénieurs agronomes et travaille en collaboration avec les organismes de recherche agronomique.
« Pascal Poot sélectionne ses semences dans un contexte de difficulté et de stress pour la plante, ce qui les rend extrêmement tolérantes, améliore leur qualité gustative et fait qu’elles sont plus concentrées en nutriment » explique Bob Brac de la Perrière, biologiste et généticien des plantes, et coordinateur de l’association environnementale Bede qui qualifie le travail de Pascal Poot d’ »unique ».
Des stages ouverts à tous pour apprendre à tous à cultiver légumes et fruitiers bio sans eau
Une partie de ces graines sont vendues dans l’illégalité, parce qu’elles ne sont pas inscrites au catalogue officiel des espèces et variétés végétales du GNIS (Groupement national interprofessionnel des semences et plants). La législation interdit de transmettre ces graines : » Tous les semenciers ou presque ont été rachetés par des multinationales qui fabriquent des produits phytosanitaires et des engrais, leur intérêt c’est de faire en sorte que les plantes aient besoin de traitements pour pouvoir vendre leurs produits » explique Pascal Poot dans un reportage pour la chaîne Arte.
Afin de transmettre son savoir, Pascal Poot a ainsi décidé de proposer des stages ouverts aux particuliers (jardiniers ou néophytes), agriculteurs et professionnels de l’agriculture pour faire connaitre ses techniques de production de légumes et semences potagères. (inscriptions pour le stage sur le site http://www.lesavoirfaire.fr)
Sébastien, qui a effectué un stage, raconte : « Appréciant les personnalités anticonformistes, j’ai trouvé en la personne de Pascal Poot l’homme que je cherchais pour confirmer mes idées sur l’agriculture moderne et ses aberrations. A travers mon stage » Cultiver 400 variétés de tomates sans arroser » j’ai mieux compris le fonctionnement des plantes, et surtout j’ai pu vérifier qu’il suffisait de savoir observer la Nature pour mieux la comprendre. Donc oui c’est vrai, on peut cultiver sans eau ou presque ! En arrosant lors de la mise en terre des plants, on peut laisser la plante se débrouiller seule contre le manque d’eau et les maladies. Pour cela il suffit d’y croire et de faire confiance à la Nature, qui en 3 années de récoltes des graines donnera naissance à des plants résistants, dont les parents auront marqué le code génétique en fonction de leur contexte d’évolution. Etgrâce à des hommes comme Pascal et son équipe, nous apprécierons dans quelques années de trouver des tomates de toutes les couleurs et toutes les formes sur les marchés bio. J’ai pris part moi aussi à cette aventure en repartant avec les graines que je transmettrai à mes descendants. A la fois technique et philosophique, ce stage m’a fait autant apprécier le goût des bonnes tomates que celui des gens vrais. »
Pour en savoir plus :
– voir le reportage d’Arte sur Pascal Poot
ME
Publié dans AGRICULTURE, ENVIRONNEMENT
Tagué agriculture, écologie, ENVIRONNEMENT, nature, Pascal Poot, semences
Pourquoi une pomme des années 1950 équivaut à 100 pommes d’aujourd’hui
Mordre à pleines dents dans une pêche et avaler… de l’eau sucrée. Manger toujours plus, pour se nourrir de moins en moins. Tandis que, dans les pays développés, nosapports en calories augmentent, la plupart des aliments non transformés que nous consommons – fruits, légumes et céréales – deviennent des coquilles vides sur le plan nutritionnel. Une dizaine d’études d’universités canadiennes, américaines et britanniques, publiées entre 1997 et aujourd’hui, font état d’une dégringolade de la concentration en nutriments dans nos aliments. Ces travaux résumés dans l’étude « Still no free lunch » de Brian Halweil, chercheur au Worldwatch Institute confirment l’essor de la « calorie vide » : grasse, sucrée, mais inutile pour la santé. Même dans les aliments réputés sains, vitamines A et C, protéines, phosphore, calcium, fer et autres minéraux ou oligo-éléments ont été divisés par deux, par vingt-cinq, voire par cent, en un demi-siècle. Pour retrouver les qualités nutritionnelles d’un fruit ou d’un légume des années 1950, il faudrait aujourd’hui en manger une demi-cagette !
Vitamine C : une pomme hier = 100 pommes aujourd’hui
Hier, quand nos grand-parents croquaient dans une transparente de Croncel, ils avalaient 400 mg de vitamine C, indispensable à la fabrication et à la réparation de la peau et des os. Aujourd’hui, les supermarchés nous proposent des bacs de Golden standardisées, qui ne nous apportent que 4 mg de vitamine C chacune, selon Philippe Desbrosses, docteur en sciences de l’environnement à l’université Paris-VII. Soit cent fois moins. « Après des décennies de croisements, l’industrie agroalimentaire a sélectionné les légumes les plus beaux et les plus résistants, mais rarement les plus riches sur le plan nutritif », déplore ce militant pour la préservation des semences anciennes.
Vitamine A : une orange hier = 21 oranges aujourd’hui
Précieuse pour notre vue et nos défenses immunitaires, la vitamine A est en chute libre dans 17 des 25 fruits et légumes scrutés par des chercheurs canadiens dans une étude synthétisée pour CTV News. Le déclin est total pour la pomme de terre et l’oignon qui, aujourd’hui, n’en contiennent plus le moindre gramme. Il y a un demi-siècle, une seule orange couvrait la quasi-totalité de nos besoins quotidiens – les fameux AJR (apports journaliers recommandés) – en vitamine A. Aujourd’hui, il faudrait en manger 21 pour ingurgiter la même quantité de la précieuse vitamine. De même, une pêche des années 1950 équivaut à 26 pêches aujourd’hui.
Fer : la viande en contient deux fois moins
Au début de la chaîne, il y a la céréale. Blé, maïs et soja sont aujourd’hui plus pauvres en zinc, en cuivre et en fer qu’il y a cinquante ans. Appauvries par des décennies d’agriculture intensive et de sélections variétales, ces céréales réapparaissent dans l’auge de nos bêtes, qui, par répercussion, se trouvent moins bien nourries que leurs ancêtres. En bout de chaîne, l’animal devenu steak apportera moins de micronutriments dans nos assiettes. Tel est l’effet domino identifié par le chercheur américain David Thomas. Dans son étude [1] publiée dans la revue Nutrition et Health, il constate qu’à poids égal un même morceau de viande apporte deux fois moins de fer qu’un demi-siècle auparavant. Or, celui-ci sert à l’élaboration. Autre dommage collatéral : le lait « a perdu ces acides gras essentiels », déplore Philippe Desbrosses. Des acides essentiels à nos membranes cellulaires, notre système nerveux et notre cerveau. Naturellement présents dans l’organisme en très petite quantité, ils doivent nous être apportés par l’alimentation.
Calcium : quatre fois moins dans le brocoli
Mauvaise nouvelle. Si le brocoli figure sur la liste de ces légumes que vous ne consentez à avaler qu’en pensant à votre santé, vous n’avez pas fini de grimacer. Alors que ce chou venu du sud de l’Italie contenait 12,9 mg de calcium – allié de la construction osseuse et de la coagulation du sang – par gramme en 1950, ils n’en renfermait plus que 4,4 en 2003, selon une étude de l'[université du Texas], soit quatre fois moins. Si vous comptiez sur lui pour compenser la carence en fer de votre steak, c’est également loupé. Il vous faudrait en mettre six fois plus dans la soupe pour obtenir les mêmes bienfaits que par le passé. Sur les 25 légumes étudiés par l’équipe de recherche canadienne, 80% ont vu leur teneur en calcium et en fer décliner.
Le bio est-il une solution ?
Les facteurs de ce déclin sont multiples. Des sols plus pauvres, des végétaux cueillis trop tôt, des traitements de conservation plus fréquents, des croissances plus rapides dopées par les engrais et une réduction du nombre de variétés, sélectionnées pour leur résistance aux parasites et leur rapidité de croissance… Autant d’éléments imputables à une quête de meilleurs rendements. Résultat, « pour le maïs, le blé et le soja, plus le rendement est important, plus le contenu en protéines est faible », note Brian Halweil, dans son étude. Même schéma pour les concentrations de vitamine C, d’antioxydants et de bêtacarotène dans la tomate : plus les rendements augmentent, plus la concentration de nutriments diminue.
A contrario, « l’agriculture biologique peut contribuer à inverser la tendance », indique Brian Halweil dans son étude. De fait, à conditions climatiques équivalentes « les aliments bios contiennent significativement plus de vitamine C, de fer, de magnésium et de phosphore que les autres ». Le chercheur met pourtant en garde : « Si les agriculteurs bios développent un système riche en intrants avec des rendements comparables aux exploitations conventionnelles, le bio verra son avantage nutritionnel s’éroder. » De même, si les produits bios sont cueillis avant maturité, ils sont finalement moins riches en nutriments que des produits mûrs de l’agriculture traditionnelle. Seule stratégie pour remettre de la vie dans son assiette : choisir des aliments mûrs, produits de manière non intensive et partir à la chasse aux variétés oubliées. Une épopée.
Retrouvez toutes les études ici :
L’étude canadienne synthétisée pour CTV News
L’étude « Still no free lunch », de Brian Halweil, chercheur au Worldwatch Institute
[L’étude de l’université du Texas]
L’étude américaine de l’université du Minnesota sur le blé
L’étude du chercheur américain David Thomas publiée dans la revue Nutrition et Health
L’étude de l’université du Texas sur les rendements
Publié dans AGRICULTURE, SCIENCE
Tagué 1950, agriculture, Alimentation, écologie, nutrition
Bio et hyperproductive : la ferme magique d’un agriculteur québécois

(Crédit photo : DR)
Interview – Jean-Martin Fortier, producteur canadien, est convaincu que l’on peut produire beaucoup de légumes sains et bios sur une petite surface. La preuve avec la micro-ferme qu’il exploite au Québec.
Jardinier-maraîcher ? Fermier de familles ? Jean-Martin Fortier lui même a du mal à qualifier son métier. Ce canadien de 35 ans exploite depuis 2005 la ferme des Jardins de la Grelinette, à Saint-Armand, à quelques kilomètres de Montréal, au Québec. Sa ferme est une micro-ferme. Elle mesure moins d’un hectare, loin de la taille moyenne d’une exploitation française qui est de 55 hectares.
Avec sa compagne, ils appliquent des techniques découvertes en voyageant et travaillant dans des fermes notamment au Nouveau-Mexique et à Cuba. Dans ces exploitations, les fermiers produisent beaucoup de légumes, sans pour autant utiliser de tracteur ni d’intrants, le tout sur une très petite surface. Ils ont suivi leurs traces, et viennent d’écrire un livre pour expliquer leurs méthodes : Le jardinier-maraîcher (Ecosociété, 2012). De passage en France, Jean-Martin Fortier a expliqué sa démarche à Terra eco (1).
Terra eco : Pourquoi avez-vous souhaité travailler sur une très petite surface, ce que personne n’avait jamais fait au Québec ?
Jean-Martin Fortier : Nous souhaitions démarrer notre production, mais nous n’avions pas les moyens d’investir beaucoup. On a été obligés de viser petit en quelque sorte, même si nous avions pu voir au cours de nos voyages que d’autres le font déjà ailleurs et que cela marche. Après coup, nous avons même réalisé que la plupart de nos méthodes s’inspirent de ce que faisaient les maraîchers au XIXè siècle, notamment en France autour de Paris. On n’a rien inventé, c’est juste une autre façon de penser.
Pouvez-vous résumer votre méthode de production, que vous appelez bio-intensive ?
Puisque nous travaillons sur une petite surface, il nous a fallu intensifier au maximum notre production. L’une des solutions est de ne pas organiser les plantations avec les traditionnels rangs, qui sont pensés pour laisser passer les tracteurs. Nous travaillons sur des bandes de terre surélevées, que nous appelons « planches » (voir image ci-dessous). Ces planches ne sont jamais labourées, jamais retournées, et alimentées régulièrement avec de la matière organique, pour disposer d’un sol intact et d’excellente qualité où les racines vont pouvoir descendre en profondeur. Les légumes y poussent très serrés, si bien que quand ils sont aux trois quarts de leur croissance, les extrémités des légumes se touchent, ce qui limite la lumière, et garde l’humidité. On a alors un terrain idéal pour les vers de terre et ça limite la pousse des mauvaises herbes. Au final, nous avons revisité toutes nos techniques de travail pour se concentrer sur la qualité du sol, pour avoir le sol le plus riche et le plus meuble possible.
Ce modèle est-il rentable économiquement ?
Tout à fait. On produit beaucoup de légumes sur une saison qui est pourtant assez courte au Québec. On réussit à nourrir plus de 200 familles, qui payent 25 dollars canadiens (18 euros) par semaine pour des paniers pouvant nourrir 2 à 4 personnes. Nous avons dégagé un chiffre d’affaires de plus de 130 000 dollars en 2011 (97 000 euros). La plupart des Amap (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne) parviennent à ces chiffres avec 5 hectares de terrain et des outils mécanisés. Nous avons moins de coûts, nous avons démarré avec seulement 36 000 dollars d’investissements (26 000 euros), et nous arrivons à dégager plus de 45% de marge nette. Et ces méthodes ne donnent pas juste du rendement, cela donne aussi une efficacité et une grande qualité de travail. Je n’utilise pas la qualité de mon système pour en faire plus, mais pour en faire suffisamment pour avoir aussi du temps à passer avec les enfants. Nous avons donc aussi une bonne qualité de vie.
Dans votre livre, vous expliquez que vous transplantez vos légumes, que vous utilisez des serres chauffées et des engrais commerciaux… On est loin de techniques plus neutres, comme la permaculture. Vous devez faire des compromis ?
La différence majeure, c’est que la permaculture est peu intensive et vise la productivité sans effort. Mais je ne suis pas sûr qu’on puisse vraiment vivre de la permaculture). Cela dit, nous tentons d’utiliser le moins de carburants fossiles, cela nous coûte à peine 5 000 dollars par an (3 700 euros), en alimentant par exemple notre camion de livraison avec de l’huile végétale de récupération.
La France a perdu un quart de ses agriculteurs sur les dix dernières années. La ceinture maraîchère parisienne a quasiment disparu. Ce modèle de petites fermes intensives pourrait-il être une solution en France ?
J’en suis convaincu à 100%. Les micro-fermes intensives sont un « retour en avant », elles permettent de nourrir les gens sainement et de faire bien vivre les producteurs. Au Québec, nous parvenons peut-être à vendre nos légumes un peu plus cher qu’en France, mais notre saison de production est beaucoup plus courte que la vôtre. Et vous avez la démographie ici pour vendre toute la production tout le temps, alors qu’au Québec, on a une densité de population beaucoup plus faible. En plus vous avez beaucoup de petites surfaces agricoles. Et les gens prennent partout de plus en plus conscience de l’importance de manger local, bio, de connaître les gens qui produisent… J’espère que les techniques que j’ai développées vont être partagées, développées et améliorées ici. Quand ça marchera, ça fera sens pour beaucoup de gens et le système va être imité.
Pour aller plus loin :
« Les plantes bougent, sentent et réagissent mais nous ne sommes pas capables de le voir »
La permaculture peut-elle faire vivre les agriculteurs ?
Une vidéo montrant la technique de production du mesclun de Jean-Martin Fortier :
La culture du mesclun from Les Jardins de la Grelinette on Vimeo.
Le livre : Le jardinier-maraîcher
(1) Cet entretien a été réalisé à la ferme bio d’Eric Chatelet à Longpont-sur-Orge (Essonne), lors de la formation « S’installer en maraîchage sur une petite surface », organisée par la couveuse d’activités agricoles les Champs des possibles.
Pour ceux qui ont le goût et …le temps de visionner la conférence de Jean-Martin Fortier à Paris, une vidéo de 1h30:
P.S.: J’ai transformé mon petit potager avec l’expérience de Jean-Martin avec des résultats déjà extraordinaires.
P.S.: Notez que sur .8 hectare de terrain, ( la grandeur d’un terrain de soccer) Jean-Martin vend maintenant pour 100,000$ de ses produits avec des profits de 48%. ( Gaëtan Pelletier)
La « McDonaldisation » est l’essence-même du capitalisme
Née en 1937 dans une baraque à hot-dogs, la société McDonald’s est devenue depuis la plus grande chaîne de restauration rapide. Présente aux quatre coins du globe, son développement planétaire est déterminé par l’incroyable impulsion que cette marque parvient à avoir grâce à une publicité aussi trompeuse qu’omniprésente. Un clown, un logo simple et accrocheur, une nourriture pas chère, une atmosphère empreinte de gentillesse et de simplicité. De quoi donner à McDonald’s l’apparence d’une entreprise proprette. Mais la réalité est tout autre. Elle représente dans son ensemble le symbole du système dans lequel nous vivons : le capitalisme. Un système basé sur la production de masse, rendue possible par la libre circulation des marchandises et alimentée par une consommation frénétique à des fins essentiellement lucratives. Ce marché international est un des architectes de la mondialisation économique qui, lentement et subtilement, poursuit son œuvre d’annihilation des différences naturelles et culturelles. La nature dans son ensemble est la principale victime de ce monstre-marché : déforestation, abattage de masse des animaux et exploitation de l’homme.
Des hectares et des hectares de forêts sont coupés chaque année, privant ainsi la terre de ses poumons pour faire place à des troupeaux d’animaux de boucherie et à des cultures de soja destinées aux industries de viande. Les conséquences pour les animaux sont dévastateurs : certains sont extirpés de leur habitat traditionnel pendant que d’autres sont condamnés à vivre dans des élevages industriels. Mais les humains ne s’en sortent pas mieux ; les tribus indigènes d’Amérique latine, d’Afrique ou d’Inde paient ainsi très cher le coût du progrès. Leurs cultures, respectueuses de la planète, sont systématiquement détruites par les multinationales qui ne cherchent qu’à s’agrandir un peu plus… pour alimenter un peu plus le marché. C’est ainsi que cette politique alimentaire non durable (parce que motivée uniquement par des intérêts privés) aboutit à un déséquilibre paradoxal : alors que des personnes meurent encore de faim dans certaines parties du monde, dans d’autres le diabète et l’obésité sont un mal endémique. Le destin d’un enfant asiatique comme celui d’une forêt et d’un poulet sont plus que jamais dépendants de l’illogisme du système.
Le processus d’américanisation défini par Georges Ritzer comme « la diffusion des idées, des coutumes, des habitudes sociales, de l’industrie et du capital américains dans le monde » voit dans la McDonaldisation son exemple le plus significatif. Pour le sociologue étatsunien, le principe du fast-food est amené à dominer des secteurs de plus en plus larges de la société, aux États-Unis et dans le reste du monde. C’est donc un processus profond et de grande envergure rendu possible par la reproductibilité des principes d’efficacité, de calculabilité, de prédictibilité et de contrôle. En ce sens, les machines tendent de plus en plus à remplacer l’être humain, et quand ce n’est pas possible, c’est l’homme lui-même, piégé par sa routine, qui peut devenir une machine. Cette métamorphose incarne l’essence du capitalisme : le passage du stade d’être vivant à celui de producteur, de consommateur et de marchandise. La déshumanisation signe, entre autres choses, la rupture définitive avec la planète, vue par les multinationales comme un énorme territoire à piller en vue d’accroître leurs propres richesses. L’équilibre terrestre, cette subtile et fragile harmonie, est ainsi régulièrement mis à mal par les intérêts financiers de quelques sociétés. La variété cède alors le pas à la globalisation, qui consiste à rendre les choses toujours plus égales à l’échelle mondiale.
Toujours selon Ritzer, ce processus se heurte aussi à des irrationalités… produites par la rationalité elle-même. McDonald, comme Disney World, créent l’illusion de la distraction, de la quantité et du bon marché. Et l’irrationalité principale produite par ces systèmes est la déshumanisation. Ce système peut aussi devenir antihumain par son action sur la santé (mauvaise diététique des produits), par son action sur les travailleurs (taux d’absentéisme et turn-over élevés, haut degré de frustration), par son action sur les consommateurs traités comme des automates et engagés dans des relations impersonnelles et anonymes.
McDonald a réussi à créer un monde à son image. Le caractère le plus inquiétant de l’hégémonie des multinationales est représenté par le fait qu’elles réussissent à défendre tranquillement leur logique perverse tout en rendant abruties des franges entières de la population. Aujourd’hui, le citoyen lambda ignore que derrière le clown Ronald d’apparence débonnaire se cache une véritable cruauté. Combien boycottent Nestlé, responsable entre autres choses de la déforestation de masse en Indonésie ? Combien refusent de chausser des Nike, entreprise faisant régulièrement travailler des enfants à l’autre bout de la planète ? Et qui voit Monsanto, le plus grand producteur d’aliments génétiquement modifiés, comme son propre ennemi mais aussi comme celui de la planète entière ? On pourrait aligner les exemples les uns après les autres. Pourtant, la résistance à ce processus, qui a pris aujourd’hui un caractère transversal, a réellement commencé. L’hebdomadaire The economist s’étonne de la défiance croissante des citoyens français vis-à-vis de leurs élites. Une minorité seulement d’entre eux déclare que « l’économie de marché est le meilleur système économique ». On retrouve, c’est naturel, la même défiance des Français vis-à-vis de l’Europe, ce mécontentement ayant tendance à s’étendre à d’autres pays européens.
L’avenir ne s’arrête pas aux élucubrations des énarques, aux diktats des lobbies ou aux cures d’austérité de l’Union européenne. Quant à l’Oncle Sam, il ferait mieux de se rappeler que les historiens ne font que transcrire l’histoire… mais ce sont les peuples qui l’écrivent.
Capitaine Martin.
Publié dans AGRICULTURE, Mondialisation, SOCIÉTÉ
Tagué Accaparement des terres, capitalisme, McDo, mondialisation