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Archives mensuelles : novembre 2018
Écrabouilleurs
La terre étranglée
De peine et de douleurs
Se meure de guerres
Se meure d’horreurs
L’homme s’est enrouillé
Tel un robot piégé
Le vent lamelle
La frivole dentelle
Du cerveau rieur
Éteinte de la bougie
Des sans voyageurs
Les hordes de sauvages
Vêtus d’émeraude
Cafouillent l’inharmonie
Sous les bruits des ors
Écrabouillant les vies
La marmite s’effrite
Se décompose
Son déclin destin
Déjà, que trop déjà ridé
Les larmes n’ont plus d’oeil
Ni de nids où pleurer
Sauf un cercueil à traîner
Loin est si proche
Que l’art délavé
Ne noie la fripouille
Des miroir de roche
Dérision! Dérision
Les semeurs de poisons
Creusent d’ombres les moindres lueurs
Tout oubli, sans cœurs
Gaëtan Pelletier
20 nov.2018
L’esprit des plaines sacrées ( Sagesse amérindienne)
Merci à Jacqueline pour l’envoi.
Publié dans AMÉRINDIENS, Philosophie, SPIRITUALITÉ, TERRE
Tagué Amérindiens, Philosophie, sagesse, SPIRITUALITÉ, Terre
L’hommauto
Extrait.
Préhistoire. – Du piéton, et de la pédale.
L’homme est parti à pied, il arrive en voiture : il n’y aurait pas d’auto si le piéton ne l’avait inventée. Et c’est encore à pied qu’il rentre et sort de sa bagnole. Nous perdons trop de vue ces réalités premières. Le passé survit dans le présent et détermine l’avenir : il y a encore quelqu’un d’assis sur le siège. Il faut bien commencer par le pied qui est l’alpha, et peut-être l’oméga, de l’automobile ; aujourd’hui encore il reste indispensable à l’accélérateur.
Au fond, qu’est-ce qu’une voiture ? Un pied, en plus rapide, – mais combien plus lourd et encombrant. Dans cette tortueuse Europe, où caser nos quatre roues ? Passe encore pour l’immense Amérique ! Tandis que le pied ! Souple, discret, en prise directe avec le mollet par le joint de la cheville, il lui suffit d’un trottoir. Et allez donc danser avec une bagnole !
Faut-il glorifier le pied, au moment où le coussin d’air va succéder à la roue ? Peut-être qu’ainsi protégé des durillons il va devenir à la mode comme l’art roman ou Lascaux. Le pied peut sembler primitif ou lourd ; sans cette assise horizontale jamais l’anthropoïde n’aurait atteint la verticale. Inébranlable, claudélien, le pied nous enracine, semble-t-il, dans le cosmos. Et contrairement au préjugé, sa sensibilité est grande. Nue, au contact du sable ensoleillé, cette plante dont les pétales sont des orteils s’épanouit de plaisir : la moindre chatouille la bouleverse. Volupté suprême ! prendre son pied ; mais il est vrai qu’un rien nous les casse. Le pied fonde l’homme ; privé de pied, réduit au cerveau, l’intellectuel n’est qu’un cul-de-jatte. Et pourtant cette base : le pied, n’est pas sans rapport avec le mouvement. On lui reprochera la dépense d’énergie qu’exige son va-et-vient, et la lenteur de son allure ; quelle autre carrosserie serait mieux adaptée à l’homme, aussi personnalisée, que celle qu’il supporte ? Et quelle autre offrirait ainsi une visibilité totale, grâce à la vitre largement ouverte de l’œil ? De toutes parts s’étend la vue ; pas un lichen du rocher, pas une nuance du vert de la feuille n’échappe au piéton. On me dira que dans son véhicule il n’est pas assis, certes. Mais la maîtrise de la vitesse y est aussi parfaite que la vue. On a médit du pied ; il n’est pas si stupide ; il tâte, il pèse, il pense. Tout espace qu’arpente le pied devient immense, plein de saveur et de relief, riche de mille possibles. Et ce qu’il appréhende, il le voit ; le pied autant que la main est l’œil de l’aveugle.
Le mouvement alternatif du pied s’oppose à celui, circulaire, de la roue ; et la synthèse fit la bécane, cette acmé d’un machinisme à hauteur d’homme. Avant de poursuivre l’examen de l’évolution du pied vers l’auto, il nous faut considérer ce diverticule sans avenir du grand fleuve du Progrès. L’âge d’or du vélocipède est à peu près contemporain de la voiture à pétrole. Ultime création de l’individualisme bourgeois, le vélo est monoplace ; sauf le tandem qui est biplace, mais on sait que le couple, l’égoïsme à deux, est la société limite de l’égoïsme libéral.
Humain, et tant soit peu anarchique, le vélo triomphe avec Les Copains. Mais, comme toutes les grandes œuvres, celle-ci est tardive ; le raid sur Issoire est sans lendemain : aux grandes vacances de l’été 1914 les copains durent troquer la bécane contre les bons vieux godillots. Que pouvaient-ils d’autre ? Tout au plus scandaliser Ambert ; et Ambert ne fut détruit que trente ans plus tard par Volkswagen. La IIIe République a vécu ; aujourd’hui le vélo ne triomphe de la bagnole qu’au Tour de France. Pour survivre il a dû s’adapter en devenant le vélomoteur, ce bâtard que Peugeot fit à la petite reine.
C’est la combinaison de la roue et des quatre pieds du bœuf qui fit le char mérovingien, ce lointain prototype des Cadillac présidentielles. Le char mérovingien est sûr, car le moteur se trouve être le frein ; aussi le bœuf fut-il vaincu par le cheval, arabe ou carolingien. Le vrai débat d’ailleurs n’a pas tellement opposé le bœuf au cheval que le cheval à l’homme de pied, qui est son vieil adversaire. C’est le cheval qui l’emporta d’abord à Andrinople, puis le fantassin à Courtrai ; en attendant que le fantassin motorisé les mette tous deux d’accord, quelque part sur la Vistule ou sur la Meuse. Car s’il y a un débat du cavalier et de l’homme de pied, il n’y en a plus entre l’automobile et le piéton.
Aujourd’hui le piéton disparaît, avalé par l’automobile. Il a perdu la partie dans les villes, traqué sur la chaussée jusque entre les clous par les bagnoles qui n’attendent que le feu vert pour lui bondir dessus. Et il est chassé du trottoir où ces dames s’installent. Il n’a plus voix au chapitre, leur tonitruant bavardage lui cloue le bec. Il ne peut ouvrir la bouche de crainte d’être asphyxié par leurs pets. Quant à la route, il ne sait plus s’il doit tenir sa gauche ou sa droite. Piéton, prenez garde à droite, la voiture menace vos arrières ! Prenez garde à gauche, la bagnole vous charge de front ! Les Ponts et Chaussées ne lui laissent même plus la place d’un sentier, il ne lui reste qu’à s’enterrer dans le fossé ; et c’est bien pire dans les bourgs, où la crue de l’asphalte le colle le dos au mur devant le peloton des bagnoles. Où est le temps où, sac au dos, tenant le guidon d’une main, Adam et Ève prenaient la route ? Le piéton ne suit plus une route, il longe une voie ferrée, à chaque instant giflé par des express. Le piéton est une survivance, un obstacle qui pousse parfois l’impudence jusqu’à se faire écraser. Celui qui s’avance à pied, il faut le mettre au pas ; la gendarmerie s’en occupe. Elle considère à juste titre tout homme de pied comme suspect : un vagabond, un hors-la-loi du code de la route ; une sorte de résidu qui traîne on ne sait pourquoi sur le bas-côté. Le piéton est forcément insolite ; déchaussé de ses pneus, dévêtu de ses tôles, l’homme sans auto est en quelque sorte à poil, aussi obscène qu’un limaçon sorti de sa coquille. Il est normal que la police l’inculpe d’attentat à la pudeur automobile.
Histoire : De la voiture, avec ou sans cheval.
Pendant longtemps la voiture fut à la traîne du cheval, qui était l’essentiel ; l’homme chevauchait plutôt le moteur, qui était muni d’une selle comme aujourd’hui la moto. Mais, sauf l’exception du centaure, l’accord de l’homme et de sa monture n’était pas parfait ; à la différence de la Simca, le cheval n’était pas personnalisé, il restait personnel en dépit de la bride. Et il n’est pas question de monter plusieurs chevaux à la fois. Le Progrès tournait court ; le Progrès est moins celui du cheval ou du chauffeur que celui de la voiture.
Le moteur étant donné par la nature, il restait à s’intéresser à la carrosserie : d’où le carrosse, qui permit de multiplier les chevaux. Mais le carrosse est-il déjà une voiture ? On pourrait en douter, car il lui manque l’essentiel : la vitesse et le confort. Le carrosse n’est pas un moyen de transport, ses chromes délirants n’ont pour raison que d’éblouir les foules. Aujourd’hui il ne sert que dans les grandes occasions ; même la reine Élizabeth ne le prend que deux fois par an pour aller en ville, à l’ordinaire elle se sert de sa Daimler qui est une sorte de carrosse embourgeoisé et laïcisé. Cependant méfions-nous, le carrosse survit dans la voiture. Malheureusement ce n’est plus seulement pour ses dorures qu’on l’adore, mais pour son allure.
La voiture : berline, coupé, cabriolet, naît avec la grande Révolution, qui fut plutôt celle de la machine. On perfectionna d’abord la carrosserie, faute d’améliorer le moteur : le cheval, ou le carburant : l’avoine. Mais l’utile n’élimina pas tout de suite la gloire ; faute d’aérodynamisme, la familiale de Louis XVI arriva trop tard à Varennes. À quoi bon perfectionner la voiture si le cheval ne suit pas ? Stephenson eut l’idée d’y atteler une locomotive ; mais il faut bien le dire : la locomotive a du mal à sortir des rails et, pour ce qui est du départ, elle n’en fait qu’à sa tête. L’idéal d’un siècle de liberté c’est le chemin de fer sans rail, la voiture sans cheval. Le rêve du bourgeois occidental est de disposer d’un wagon, ou mieux, d’un compartiment automobile qui parte à n’importe quelle heure. Le train est à la fois massif et hiérarchisé ; il rassemble les individus, mais il oppose les classes, tandis que la bagnole atomise la société ; en principe elle la fait éclater dans l’espace. Mais comme l’individu n’est peut-être qu’un rêve de l’ancienne société et que toutes les bagnoles visent le même but, le nez contre le cul, elles se constituent en train, dont chaque wagon serait locomotive.
L’automobile ne fut pas tout de suite automobile ; la machine ne put s’avouer d’un coup comme telle. Il y eut un temps de gestation où la voiture fut provisoirement à pétrole, comme la lampe. Elle fume comme la machine à vapeur. Elle reste en relation avec son chauffeur, qui doit la réinventer à chaque instant. Elle n’est que par moments auto-mobile ; la panne assure un rapport constant de la raison humaine et de son produit, dont le progrès technique profitera. Le démontage artisanal sur le bas-côté l’emporte alors de loin sur le montage industriel à la chaîne. Le chauffeur a souvent l’occasion de s’instruire, il n’est pas dupe de l’illusoire simplicité qu’oppose à son examen le vernis du capot.
À l’origine la voiture devint auto-mobile sans cesser d’être voiture. Le cheval et les brancards disparurent, et il n’en resta que l’arrière-train. Dans cette voiture-tronc, le moteur – j’allais dire le sexe – fut dissimulé dans un coffret de tôle. Il s’agissait moins de le mettre à l’abri de l’air que de cacher pudiquement les palpitations obscènes des cylindres. L’humanisme bourgeois qui glorifie la mécanique en a aussi honte. Mais surtout, si le moteur se manifeste au grand air, le mobile n’est plus auto. Tout s’explique, le miracle n’a pas eu lieu ; l’homme n’a pas créé la bagnole mais un être hybride où un moteur traîne tant bien que mal une carrosserie… Jusqu’en 1914 il n’y eut donc pas d’auto, mais seulement une voiture sans cheval ; le miracle du progrès fut d’abord négatif, il fit s’évanouir l’attelage. La logique eût été de donner à l’auto la forme d’un cheval mécanique. Après tout, il y eut bien vers cette époque, pour les enfants, le bicycle-cheval ; pourquoi pas pour les adultes l’auto-cheval ? Sans doute parce qu’il n’y a pas de cheval à quatre places.
Alors, faute de faire un tout de la bagnole, il restait à la camoufler sous les ornements de la Culture, et la voiture fut embellie par l’Art. Au début du siècle la carrosserie prolifère. Dans la limousine le capot prend du ventre et s’orne de phares globuleux, tandis que, tel un laquais à l’entrée d’un hôtel, le chauffeur en livrée trône, majestueux, sous la marquise. Et près des portières cannées on cherche d’instinct les palmiers en pot. Comme autrefois le carrosse, la limousine a moins pour but le transport que la présentation. Des glaces biseautées maintiennent à l’abri de l’air cette sensitive, la femme du monde, qu’une débauche de capitons de satin protège contre l’odieux pelotage des nids de poule. Quant à monsieur, entre lui et les vulgarités du moteur, il interpose le chauffeur…
Mais il y a aussi des hommes ou des femmes de progrès, des sportsmen qui domptent la torpédo. Autant que pour se protéger de l’air, pour pénétrer dans la stratosphère de l’âge industriel, l’homme revêt un scaphandre d’astronaute : une peau de bique, ou plutôt de bouc, symbole de maîtrise et de virilité. Des lunettes sous-marines cachent les yeux, moins pour les protéger des poussières que pour hypnotiser les phares du monstre. Quant à la femme, pour séduire l’auto, elle a plutôt recours au mystère. La gracieuse sylphide de la Belle Époque se dissimule sous une voilette, et s’enveloppe de ces écharpes qui seront fatales à Isadora Duncan, la Poésie s’étant enroulée dans la mécanique. Mais ces temps sont bien finis ; sans renoncer à son sex-appeal, Madame a pris le volant.
Pendant quelque temps l’auto a dû s’accommoder de la société de l’homme et du cheval ; elle s’est débarrassée du cheval, mais elle s’encombre encore de l’homme. À Paris, jusqu’en 1920, c’est à peine si quelques taches de cambouis maculent un tapis de crottin. Tandis que Ford liquide l’Amérique des pionniers, Michelin se balade dans la campagne de Balzac ; voyager dans l’Italie de Montesquieu avec les agréments du confort moderne fut le privilège précaire de la première aristocratie automobile. Mais ce double jeu, pénible et plaisant, ne pouvait pas durer. Dès la veille de la Première Guerre mondiale, la bagnole se démocratise : le derrière de la torpédo s’allonge, et les banquettes font des petits, l’autocar naît. La bagnole devient quotidienne, les travailleurs découvrent les joies de l’autobus de six heures ; et la R. A. T. P., grande dame, leur offre même un chauffeur en livrée.
Mais c’est surtout la guerre, cette explosion du progrès, qui démocratise l’automobile ; en septembre 1914, De Dion et Gallieni payent au peuple une balade en auto sur la Marne. Combien de paysans montèrent alors, pour la première et la dernière fois, en voiture ! Plus tard Ford, qui motorisait la démocratie américaine, mit ses chaînes à la disposition de la Justice et du Droit. Et en juillet 1918 Renault lançait le premier modèle de voiture nationale qui fut construit en grande série en France. Un modèle à chenilles, solide, mais un peu lent et de visibilité médiocre, qui ne valait pas celui qui fut utilisé plus tard dans les brillants rallyes de la maison Rommel.
Après Versailles, l’industrie mobilisée pour la guerre le demeura pour l’auto ; et sur ses chaînes Citroën n’eut qu’à remplacer les obus par les 5 CV. La production en série vulgarise la bagnole ; elle devient petite bourgeoise avant d’être prolétarienne. La France se réduit à la famille restreinte : Monsieur, Madame, et BB Peugeot, – sans doute faut-il attribuer à son exiguïté le malthusianisme regrettable qui fit alors le malheur de notre pays. D’autant plus qu’en Allemagne un démocrate inspiré annonçait justement la mise en train de la Volkswagen, et dans ce but construisait des autostrades : finalement le peuple, faute d’une voiture par famille, dut se contenter d’un tank par escouade. Tout le monde sait que la Mercedes est encore plus solide et rapide que la Citroën ; mais comme les militaires ont la mauvaise habitude de foncer en aveugles sur les grandes routes de l’Histoire, tôt ou tard il leur arrive de se heurter et il n’est pas de blindage qui y tienne. Le char du grand Reich fut victime du mauvais état des routes moscovites où il fut mis à mal par des hordes de piétons, tandis qu’en Normandie il s’emboutissait sur le pare-chocs d’une grosse Américaine.
(…)
L’extase automobile se heurte tôt ou tard aux médiocres réalités de ce bas monde : cochon, mur ou enfant, à moins qu’elle ne plonge dans les eaux ou ne percute le roc fondamental. Le pneu X boit l’obstacle, mais il lui reste parfois sur l’estomac. On comprend que l’idéal de l’auto soit de tout supprimer, y compris le sol qui la porte ; mais il lui faudrait d’abord supprimer l’obstacle de l’auto. À la différence du dérapage qui se produit en pleine extase automobile, l’obstacle imprévu est un fait objectif : rien de plus objectif qu’un camion en travers de votre route. Un camion est un phénomène difficile à récuser ; heureusement il y en a de moindres que la bagnole peut nier.
Certains obstacles sont négligeables, ainsi la volaille dont la plume produit un effet pyrotechnique amusant ; mais un quintuplé dans un troupeau de canards n’est pas à dédaigner. Le chat n’est pas dépourvu d’intérêt, bien que le choc mou qu’il procure soit bref et que son sang risque de salir la belle robe groseille de la DS. Le chien serait un gibier plus noble. Mais il y a chien et chien ; si le carlin est insignifiant, je déconseille le danois dont le châssis est trop résistant, même pour les tôles de la Peugeot. Le conducteur adroit s’exercera à frôler les cyclistes sans les avertir, déclenchant un zigzag qui rappelle celui de la bécasse ; un coup d’avertisseur in extremis provoquera l’envol lourd du perdreau de la route : le piéton. Par contre il vaut mieux se méfier de certaines pièces de grande taille. Soudain, vomi par un de ces chemins secondaires que les Ponts s’obstinent on ne sait pourquoi à signaler, surgit le monstre préhistorique : la vache, accompagnée par la femme de Néanderthal : la fermière. Semant l’anarchie dans l’ordre automobile, elle brandit un drapeau rouge que la fière Mercedes esttentée de charger. Mais, par un choc en retour, celle-ci communique sa vitesse à l’obstacle, et c’est une vache-rhinocéros qui lui rentre à cent vingt dans le moteur. Le propre de la vitesse étant de faire filer comme une flèche la montagne la plus inerte, la borne, en elle-même bonasse, peut devenir virulente ; je ne parle pas du chêne-mammouth.
Bernard Charbonneau
Publié dans HUMOUR