Archives de Catégorie: IMPÉRIALISME AMÉRICAIN

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Le drapeau des doryphores

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Image : Le jardinier paresseux

 

Le matin du 4 juillet 2021, j’étais assis  à l’intérieur de mon garage, scrutant mon potager,  et je m’apprêtais à aller écrabouiller quelques bibittes à patates, ou doryphores pour les snobs. Bien ganté, pratiquement chirurgicalement ganté, je démarrai sur mes bottes de caoutchouc. Arrivé sur place, je constatai qu’il y avait deux célibataires et un couple en train de… J’ai parfois des crises de « verture », comme ceux qui en ont en ce qui concerne l’huile de palme, ce biocarburant de « l’avenir ». Déforester pour nourrir cette saloperie de voiture? En plus de priver de terres nourricières des humains? Non. Merci.  Mais en ce qui concerne le doryphore, ma vertu était en dormance. Je n’acceptais pas que l’on pille les plants de mes  patatiers ( pourquoi pas, patatiers) pour se nourrir.

Je m’apprêtais à saisir les deux amoureux quand, tout à coup, j’eus une crise de morale : couper le plaisir à ces pauvres bêtes en train d’avoir du plaisir sur cette planète sans payer d’impôt… Alors, je me suis dit que j’allais attendre que la femelle dise Oui! Oui! Oui! Et qu’elle se roule sur le dos en poussant un grand soupir. Et peut-être la laisserais-je fumer une cigarette… On n’est jamais trop bon en ce bas monde… Sauf que certains semblent en être exemptés. Mais ça, c’est une autre histoire…

Au bout de 12 minutes, j’étais exaspéré. Au point où j’ai failli aller voir sur Wiki vérifier la durée de leurs ébats.

Je m’abstins. J’ai perdu patience et j’ai saisi les deux amants avec mes gants. Je croyais qu’elles   allaient chuter tout de go  – mais non –, elles se sont agrippées avec une poigne ferme. L’une d’entre elles allait pénétrer dans mon gant, et là, j’ai juré. Puis je l’ai tapée de trois ou quatre coups. Son conjoint de fait, ou partenaire d’un jour, tenta la même manœuvre.

Ils périrent sur les roches du gravier qui sert d’allée à ma demeure.

Pour plagier une chanson de Richard Desjardins, je me suis dit : « Quand je tue, c’est pour toujours ».

Mais je reste ouvert à l’étude de tout ce qui bouge en cet univers. Me questionnant sur la vie étrange qui anime ces bêtes, d’apparence si insignifiante qui, tout de même, savent comment trouver des feuilles de papatiers  pour se nourrir – une tâche que ne peut même pas effectuer un micro-ordinateur – mérite un certain respect.

Je suis par la suite allé vers mon garage et je me suis caché dans l’entrée pour fumer une cigarette en cachette. C’est très mal vu de nos jours. Il y a de ces prêtres vêtus de complets et de cravates qui prêchent leur verte parole en limousine et en jet privé. Au Canada, c’est très cool et légal de fumer de la marijuana. Mais pour le tabac, quand on en demande à la tabagie, on vous regarde comme si vous vouliez vous procurer un AK47. Et ils vous chantent le grand chant de la liberté… Et la richesse des sables bitumineux. Ça fait 20 ans que j’attends que le Canada, riche de forêts immenses, construise une fusée propulsée à l’écorce de bouleau. Ou bien dans la visée de la vertitude, un biogaz par procédé de digestion anaérobie. Ce qui veut simplement dire que l’on veut utilise les restes de mon sandwich aux tomates pour faire rouler un camion et qui nécessite un gros camion à essence pour aller chercher de la laitue, des tomates, des patates, et des spaghettis en décomposition dans un dit bac vert.  Ensuite, ils entreposent le digestat.

C’est tellement joli qu’on en est rendus dans la poésie culinaire en détritus de pourriture. Tout ça pour du gaz! Mais bon! Personne ne veut s’opposer à la science quand on n’y comprend rien.

Revenons à nos moutons doryphores

J’étais donc assis dans mon garage, la porte ouverte, le regard pointé vers le ciel bleu, fier de ma chasse, tout en savourant en imagination le jour de l’indépendance de nos voisins étasuniens bizarroïdes, quand, dans un moment de folie , sans doute dû à mon penchant pour la nicotine, je vis devant moi, dans le ciel pur , l’image du doryphore. Je n’avais pourtant pas avalé de substances subreptices, mais je constatai de visu que le doryphore était strié comme le drapeau des États-Unis.

Et là – maudite nicotine –, je les soupçonnai de vouloir me voler mes patates. Pour en être certain, j’ai allumé une autre cigarette ( sans penser au coût, car c’est la seule drogue de ces  pauvres que l’on appauvrit davantage de par une surcharge de taxes, sans savoir qu’ils se passent de brocoli,  de choux de Bruxelles, de carottes nantaises, de pizza à la sauce aux tomates de Chine, etc., afin de satisfaire ce que les cravatés appellent leur « vice ») de manière automatique.

Je suis par la suite allé m’accroupir derrière la porte de mon garage, à l’ombre, honteux,  non pas de mon assassinat, mais de mon vice à l’abri des voisins purs qui entretenaient une pelouse verte à coup de substances douteuses, exécutants des milliers de pissenlits et autres fleurs aux couleurs des peintures de Van Gogh. Et là je vis apparaître un insecte noir, bien carapacé.

Je me suis dit, pendant une fraction de seconde : il faut l’écraser.

Il avait l’air tellement humble, d’une petitesse toute polie, presque honteux de vivre, que je me mis à réfléchir.

Je ne connaissais rien de cet insecte. Comme les « blancs » qui ne connaissaient rien des Amérindiens en arrivant ici. Alors, je le regardai claudiquer, s’avançant avec peine sur le plancher du garage. Il clopinait piteusement. Alors, j’ai songé au guépard qui peut atteindre 120 km. Bizarrement, si un guépard, dans sa course, frôle la bibitte  noire, il n’en connaît rien, ni même ne peut l’apercevoir. Il en est de même pour la bibitte noire qui ne connaît rien du guépard.

Deux étrangers qui nieront leurs existences.

Je laissai donc la bibitte noire faire son petit bonhomme de chemin.

Je regardais le drapeau des États-Unis, constatant  sa ressemblance avec le doryphore, avec ses lignes sur la carapace  et ses petits points en étoiles sur la face … Et le doryphore qui  attend tout l’hiver, caché sous terre, que l’on sème des patatiers, pour  sourdre au printemps et dévorer nos cultures.

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Image : freepik.com

Gaëtan Pelletier 

 

Lettre à Antoine

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« L’homme robot, l’homme termite, l’homme oscillant du travail à la chaîne : système Bedeau, à la belote. L’homme châtré de tout son pouvoir créateur et qui ne sait même plus, du fond de son village, créer une danse ni une chanson. L’homme que l’on alimente en culture de confection, en culture standard comme on alimente les bœufs en foin. C’est cela, l’homme d’aujourd’hui. »
Antoine de Saint-Exupéry, Lettre au général « X »

Dommage que tu ne sois plus de ce monde pour « apprécier » cet homme robot dont tu parlais. Toi qui, comme moi, aimais bien cultiver les petits princes et rêver d’un monde meilleur que celui dans lequel tu as vécu, n’en reviendrais pas.

Nous sommes à peine plus que des épluchures, des nègres au service d’un monde en train de perdre tous ses pays. On parlait de « botte nazie ». Maintenant, c’est le soulier verni des pillards qui parcourent le monde avalent des richesses comme un énorme Gargantua assis dans son bureau, un cafard ingénieux et monstrueux.

La propagande,elle, est une soumission constante à la peur des pertes d’emplois. Ils font fabriquer nos chemises à l’autre bout du monde. Ils râpent le dos des pauvres, assujettis, étranglés dans leurs grandes usines sordides.  Sorte de camps de concentration, qui dit que le travail rend libre.  Peut-être vivons nous dans un grand camp de concentration et on ne sait pas ce qu’on va faire de nous?  On a l’impression d’être comme ce juif de Varsovie qui demanda qu’on lui sauve la vie en donnant ses dents en or. On les lui arracha, et il fut sauf pour un laps de temps inconnu. Nous aussi nous vendons ce qui nous permet de manger. Nous sommes – un terme que tu ne connaissais pas – des survivants de chaque jour. Et sous les mots que tu désignais: « le fonctionnariat universel ».

La beauté de la vie est en train de s’éteindre. La  Terre des hommes est une Terre de vendeurs du temple échevelés: ils nourrissent des contes en banque. Maintenant, on sue du cerveau. On transpire de l’âme… Du moins, de la partie de celle qui nous reste. Car notre petite lumière, elle aussi, est amochée.

« La civilisation est un bien invisible puisqu’elle porte non sur les choses, mais sur les invisibles liens qui les nouent l’une à l’autre, ainsi et non autrement. Nous aurons de parfaits instruments à musique distribués en grande série, mais où sera le musicien ? »  Lettre au général « X » 

C’est une bonne question… Mais où sont donc ceux qui ont le réel pouvoir? Ils ont inventé un nuage-camouflage pour n’être pas vus. Imagine les morceaux d’Hitler tout éparpillés et que l’on tente d’en faire le portrait pour savoir qui a construit cette monstruosité sans but humain.

*

Je me souviens qu’à 14 ou 15 ans, mon enseignante m’avait prêté de tes livres, parce qu’elle disait que j’avais du talent. Je les ai lus… Mais ça m’a pris bien du temps à comprendre. En fait, la moitié d’une vie… Et encore. Eh! bien maintenant, on s’arrange pour que tous les habitants de cette planète restent à cet âge pour ne pas comprendre ce que tu disais.

Bonne éternité!

Gaëtan Pelletier, 2017

De l’art de gouverner le monde ( Fethi Gharbi)

 

Machiavel

 

Fethi Gharbi

« Gouverner, c’est faire croire » – Machiavel

« Le XXIème siècle sera religieux ou ne sera pas », citation apocryphe dementie par Malraux lui-même mais qui ne cesse d’être ressassée depuis voilà plus ´d’un demi siècle . En 2008, Nicolas Sarkozy n’a pas hésité à nous la resservir toute crue au moment où l’Occident se trouvait pris dans le tourbillon de son choc des civilisations(1), une citation devenue la tarte à la crème de tous et de n’importe qui, chacun y apporte, comme dans les auberges espagnoles, tout ce qu’il souhaite trouver. En vérité, le spirituel chez l’auteur de « La metamorphose des Dieux » est aux antipodes du « retour du religieux » sous sa forme fondamentaliste et identitaire. Mais la pensée de Malraux n’est pas la première à avoir été corrompue. Il faut dire que l’art de la perversion constitue une constante dans la réthorique d’une intelligentsia à la dérive.

Cette manie du hold-up intellectuel tendant à vider de sa substance toutes formes de pensées subversives s’inscrit dans ce que Gramsci nomme : « guerre de position », une guerre où le culturel se présente comme l’outil décisif de domination dans la société post-industrielle. L’hégémonie s’étant substituée à la coercition, elle soumet sans violence les masses consentantes tenues en laisse par une société civile fortement structurée mais viscéralement réformiste. Dans cette guerre des tranchées, protégée par ses fortifications idéologico-culturelles, la droite, détentrice privilégiée du logos, demeure inébranlable. Sarkozy n’a pas manqué de le souligner à sa manière : « Au fond, j’ai fait mienne l’analyse de Gramsci : le pouvoir se gagne par les idées… » (2)

Il est vrai qu’à la différence des régimes fascistes de l’entre-deux-guerres, les dominants préfèrent aujourd’hui gouverner en manipulant les esprits. Les trente glorieuses, fruit paradoxal de mesures socialisantes prises par les états les plus libéraux de la planète, ont cédé la place dès les années soixante dix à l’autocratie du marché. Ce retour en force de la loi de la jungle déguisée en démocratie libérale n’a cessé de rogner voilà plus de trente ans et jour après jour tous les acquis démocratiques et tous les contre-pouvoirs. Les peuples, envoûtés par de pseudo-valeurs, assistent impuissants au dépérissement du Politique et à la montée fulgurante d’une ploutocratie vorace. Cependant tous les raffinements de cet art de la mystification cèdent systématiquement la place à la coercition dès que l’Occident « s’ouvre » sur le monde extérieur. Richard Hofstadter considère qu’historiquement la paranoïa est une composante psychologique essentielle de la politique étasunienne (3). Depuis des siècles, affirme-t-il, antimaçonnisme, anticatholicisme, antisémitisme, anticommunisme n’ont cessé d’exacerber l’imaginaire de la droite américaine. Au lendemain de la deuxième guerre mondiale un délire paranoïaque s’empara des étasuniens à l’instigation du sénateur McCarthy. Les communistes furent frappés d’anathème et une véritable chasse aux sorcières gagna le pays. En vrai stalinien, McCarthy n’arrêta pas pendant plusieurs années de persécuter des milliers de personnes et d’instaurer une atmosphère de suspicion causée par ce qu’on appela alors « la peur rouge ». Mais le délire persécutif finit souvent par se transformer en délire mégalomaniaque. ; « Je crois que Dieu a présidé à la naissance de cette nation et que nous sommes choisis pour montrer la voie aux nations du monde dans leur marche sur les sentiers de la liberté » affirmait le président Wilson au lendemain de la première guerre mondiale. Sans trop s’attarder sur la valeur euphémique d’un tel discours, il importe de souligner que ce messianisme outrancier remonte bien loin. Au beau milieu du 19ème siècle, au moment de l’annexion du Texas et au moment de l’irréversible conquête de l’Ouest apparaissait la « manifest Destiny », une idéologie de « droit divin » tout à fait anachronique justifiant cette expansion coloniale en lui conférant un caractère providentiel (4). C’est ce puritanisme conquérant qui présidera en fin de compte au destin impérialiste des Etats-Unis. Cet exceptionnalisme américain qui pour s’illustrer a toujours besoin d’un ennemi extérieur tout aussi exceptionnel, préfère évoluer au sein d’un espace mythique où l’ange du Bien et l’ange du Mal se livrent à un combat à mort. Un manichéisme sanctifiant l’interventionnisme américain et jetant l’opprobre sur l’ennemi extérieur qu’on doit éradiquer de manière on ne peut plus radicale : bombes atomiques lancées gratuitement sur le Japon, Agent Orange et Napalm déversés sur le Vietnam ou encore uranium appauvri empoisonnant irréversiblement le sol irakien… Autant de traitements de choc nécessaires à la purification de l’espèce. Depuis plusieurs années cette vision du monde se trouve renforcée par l’alliance des protestants évangéliques et des néo-conservateurs. La paranoïa semble de nouveau obséder la classe politique étasunienne qui après en avoir fini avec le communisme s’invente aujourd’hui un nouveau Satan et part en croisade contre « l’Axe du Mal ».

Or ce « style paranoïaque », stratégie agressive et pérenne d’une paradoxale « république de droit divin » ne concerne en fait que l’altérité. Les peuples occidentaux quoiqu’échappant à la coercition n’en subissent pas moins une violence symbolique tout aussi dévastatrice. Dominer par la mystification au lieu de la violence, c’est là toute la magie du système pervers-narcissique ; faire de sa victime, une victime consentante ignorant qu’elle est victime. Loin du fascisme qui piétine la loi pour s’imposer, le pouvoir pervers narcissique préfère mystifier sa proie pour mieux l’abuser, tout en restant dans les limites de la légalité. Cette manipulation des masses trouve son explication dans l’histoire même de l’économie capitaliste. Pour le philosophe Bernard Stiegler, le productivisme tout autant que le consumérisme sont à l’origine de la déresponsabilisation et de l’infantilisation des individus. Cela a commencé au 19ème siècle avec la prolétarisation des artisans qui ont ainsi perdu tout leur savoir-faire au profit de la machine et de son propriétaire. Avec l’automatisation, la prolétarisation aujourd’hui tend à se généraliser. Le consumérisme est venu ensuite compléter ce long processus « d’acculturation » en procédant à la rupture de la transmission intergénérationnelle, portant ainsi un coup fatal au processus d’individuation. En effet, la société postindustrielle perçue communément en tant que milieu propice à l’exacerbation de l’individualisme repose en réalité sur une politique de massification à outrance, une politique de dépersonnalisation totale. Cette grégarisation systématique de la société envoûtée qu’elle est par l’attrait de la divine marchandise plonge les individus dans une sorte de dipsomanie inassouvissable. Leur soif ne sera ainsi jamais apaisée en raison de la rapide caducité des objets qu’ils sacralisent. Sans sublimation et sans interdits, guidés essentiellement par leurs pulsions, ils n’atteindront jamais la jouissance promise, frustrés par un manque toujours renouvelé à cause du rythme infernal de l’obsolescence programmée des produits du marché (5). Or cet état de frustration permanent est si nécessaire à la bonne marche du système au point que quelqu’un comme Ivan Illich n’hésitera pas à avancer que dans l’économie néocapitaliste « le taux de frustration doit toujours rester supérieur au taux de croissance ». Bien que cela paraisse paradoxal, cette civilisation consumériste souffre d’une faim chronique entretenue et aiguisée par les médias. Ces derniers ont un effet fondamentalement narcissique. A travers ses divers écran, le spectateur régresse comme par enchantement vers un univers pré-œdipien où s’opère la captation du désir savamment orchestrée par le marketing. Addiction et frustration se relaient et modulent cet homme nouveau, l’homo consumeris : un être infantilisé, coupé de son histoire et de son environnement, compulsif, attaché au superflu, dépourvu de tout sens critique et viscéralement apolitique. Les techniques du neuromarketing ayant ainsi fait leurs preuves ne manqueront pas de contaminer la sphère politique. Quoi de plus naturel lorsqu’on sait que l’état providence a vécu. Le politique totalement asservi par l’économique, réduit au rôle subalterne de courtier au service des multinationales,n’aura aucun scrupule à se servir de tout l’arsenal rhétorique mis au point par le marketing.

Cependant, le cercle vertueux consommation/production qui a fait les beaux jours des trente glorieuse s’est subitement rompu. En effet, le recul du capitalisme productif dans les pays occidentaux à partir des années 70 a totalement renversé la vapeur. Un retour vers le capitalisme sauvage de la fin du 19ème siècle, amorcé au Chili et en Argentine pendant les années soixante dix finira par s’imposer en Occident sous Thatcher et Reagan à partir des années quatre vingt. Les trente glorieuses, trente ans de trêve, trente ans d’illusions, au bout desquelles le système n’a pu résister à retrouver sa vraie nature. Le capital s’emploiera alors à rafler la totalité ou presque de la plus-value au détriment du monde du travail voué ainsi à une précarisation sans précédent. Entre 1979 et 2005, aux États-Unis, les salaires horaires de 80 % des personnes travaillant dans le secteur privé (mis à part les cadres) n’ont augmenté que de 1 %, alors que leur productivité s’est accrue de 60 %. Pendant ce temps, les revenus des ménages les plus riches (1 % de la population) ont augmenté de 228 %. Le PIB américain a plus que doublé, la part du revenu national accaparé par les profits des grandes sociétés n’a jamais été aussi élevée depuis 64 ans, alors que celle des salariés a sombré à son niveau le plus bas depuis 1929. Le développement anomique du néolibéralisme menace ainsi l’ensemble de la planète d’un chaos innommable. En effet, toute dynamique de précarisation des conditions de travail et de vie de la population conduit toujours, après un certain seuil, à l’effondrement de la cohésion sociale, voire à l’affrontement. Or malgré une dégradation constante des conditions de travail et de vie depuis plus de trois décennies en Occident, le seuil d’une révolte ne semble pas avoir été atteint alors que le monde tout autour est mis à feu et à sang. En effet, malgré les bouleversements socio-économiques qu’impose le règne absolu de la flexibilité et de la mobilité du capital dans les pays développés : Dumping social, chômage chronique, intérims, contrats à durée déterminée, les salariés, dressés les uns contre les autres, ont de moins en moins conscience d’appartenir à un groupe social homogène. La compétitivité n’est plus alors l’apanage des états ou encore des entreprises, elle s’empare également du travailleur à travers l’individualisation du salariat et la démolition méthodique des solidarités et des protections sociales. Dans cet univers darwinien, l’effritement social et le chacun pour soi enferme de plus en plus les gens dans la solitude de leur égo. C’est sans doute la première fois dans l’histoire que le social se trouve totalement et parfaitement encastré dans l’économique comme le souligne K. Polanyi (6). La dérégulation du marché s’étend alors insidieusement au social et au culturel qu’elle soumet à ses lois propres. Face m.maux problèmes sociaux qui s’accumulent, livrés à eux-mêmes, de plus en plus d’individus plongent dans le déni de soi ou au contraire dans la paranoïa, ce qui se traduit par une augmentations des suicides dans les entreprises et par une multiplication des crimes immotivés.

La stratégie de la frustration, pierre angulaire du consumérisme donne la main en ce début de millénaire à la stratégie de la tension. Toutes les techniques rodées par le marketing pour susciter le manque s’emploieront à susciter la peur. L’utopie néolibérale ayant épuisé toutes ses déceptions, renonce aux vertus de « la main invisible » et replonge dans la barbarie de ses origines. Tout ce que la ploutocratie ne parvient plus à obtenir grâce aux lois du marché, elle se l’accapare par la violence. Il suffit pour cela de déshumaniser, de barbariser tous ceux qu’on veut dominer ou détruire. Les foules occidentales, manipulées par les médias, apeurées, totalement grégarisées, consentent à tout. Mystification des uns et persécution des autres, telle est la politique de la peur suivie par l’Empire depuis quelques décennies. Dans son livre « Les armées secrètes de l’Otan », l’historien Daniéle Ganser met à nu cette stratégie machiavélique née avec la guerre froide. De 1960 à 1985 des dizaines d’attentats visant des civils ont semé la mort à travers toute l’Europe occidentale. Parmi les plus meurtriers, on cite celui de la gare de Bologne en 1980 ou encore celui de Barbant en Belgique en 1985. Tous ces crimes ont toujours été imputés aux groupuscules d’extrême gauche. Il a fallu attendre les années 90 pour que le président du conseil italien Guilio Andreotti reconnaisse que l’OTAN, avec l’aide du Pentagone de la CIA et du MI6 étaient les commanditaires de ces attentats en Italie et en d’autres pays européens. Des groupes armés recrutés parmi l’extrême droite, les fascistes et les nazis commettaient ces forfaits sous fausse bannière dans le but de discréditer les partis communistes en Europe. Tous les moyens étaient bons pour contenir le péril rouge. Mais la guerre d’usure engagée par le monde libre ne s’arrêta pas là (7). Poursuivant l’œuvre ébauchée par les britanniques avec l’installation de l’état wahhabite saoudien à la tête de l’Arabie, les Etats-Unis, en scellant le pacte de Quincy en 1945, annoncent une offensive tous azimuts contre l’union soviétique et contre toute politique nationaliste, souverainiste et socialisante dans le monde arabe. La stratégie de la guerre sous fausse bannière s’amplifie et ébranle tout le Proche-Orient. En effet l’instrumentalisation du wahhabisme et du panislamisme des frères musulmans a réussi après un demi siècle d’efforts soutenus à transformer une virtualité en réalité. Des milliards de dollars sont déversés pour créer et entretenir l’extrémisme religieux. Or, des organisations terroristes telles qu’Al-Qaida ou Daesh n’auraient jamais été montées avec autant de facilité n’étant ce désordre de fin de règne de la modernité. Elles s’emparent d’une quête du sens d’une jeunesse désemparée pour la transformer en arme de destruction massive au service d’un fondamentalisme insensé. Cette régression identitaire qui fait tache d’huile et se répand même dans les pays européens est ce cri de détresse lancé à la figure d’une civilisation marchande à l’agonie. Les grands récits, surtout celui du progrès sous ses différentes formes ayant échoué, le monde s’est trouvé enlisé dans l’immobilisme de la postmodernité. Désabusé, chaque groupe social replonge dans les tréfonds de sa mémoire en quête d’une quelconque transcendance. En fait, le monde est pris dans le tourbillon d’une grande crise qui n’est pas seulement économique, une crise beaucoup plus violente et beaucoup plus dangereuse que celle de 1929, une crise du sens. La financiarisation de l’économie, loin d’être la cause directe du marasme actuel, ne constitue en fait qu’une fuite en avant face à une crise structurelle de l’économie réelle. Le capitalisme productif en modernisant ses moyens de production par l’introduction de la robotique et de l’informatique a mis hors circuit une grande partie des travailleurs. Il a pour ainsi dire scié la branche sur laquelle il était assis. Les investisseurs, face à la réduction de leur part de la plus-value, ont préféré délocaliser ou alors se tourner tout simplement vers la spéculation financière. Ils ne font en fait qu’ajourner la crise par toutes sortes de subterfuges qu’offre l’économie fictive. Or, la production n’a jamais été aussi florissante. En effet, le marché se trouve face à une contradiction insurmontable : d’un côté, une mise à mort du travail avec son cortège de centaines de millions d’actifs réduits au chômage et à la précarité, de l’autre, un capitalisme productif qui pour compenser la baisse du taux de profit croule sous le poids de la surproduction. Le mondialisme de la marchandise, phase ultime de l’accumulation capitaliste, semble s’enliser n’ayant plus de possibilités d’extension. A vouloir être le tout du monde, le capital s’étouffe, étranglé par les limites du monde qu’il vient de dévorer. Incapable de reconnaître sa stérilité, il invente la chimère du crédit et de l’endettement, s’adonnant ainsi à une autophagie délirante. La crise de 2008 n’a finalement servi à rien et l’automate poursuit inexorablement sa course insensée vers l’inconnu.

Fethi Gharbi

1) http://passouline.blog.lemonde.fr/2008/0a3/17/malraux-sera-ou-ne-sera-pas/

2) Le Figaro, Paris, 17 avril 2007.

3) Le style paranoïaque dans la politique américaine http://www.michelcollon.info/Le-%E2%80%8BS%E2%80%8Btyle-paranoiaque-dans-la.htm

4) L’expression Manifest Destiny est apparue en 1845 dans l’article du journaliste new-yorkais John O’Sullivan qui déclarait : « C’est notre destinée manifeste de nous déployer sur le continent confié par la Providence pour le libre développement de notre grandissante multitude. » (« It is our manifest destiny to overspread the continent alloted by Providence for the free development of our yearly multiplying millions »).

5) Documentaire : Prêt à jeter ou l’obsolescence programmée https://www.youdtube.com/watch?v=5eSoBBapXCgl

6) Karl Polanyi : La grande transformation https://fr.m.wikipedia.org/wiki/La_Grande_Transformation

7) Terrorisme ? C’est la wahhabite connections, imbéciles ! http://m.solidariteetprogres.org/terrorisme-wahhabite.html

La monstralisation 2

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Un accord mammouth

Les États-Unis tiennent à redéfinir les règles commerciales avec les pays d’Asie pour freiner l’influence de la Chine dans cette partie du monde. «Si nous ne le faisons pas, la Chine le fera, et l’Amérique sera écartée», a dit Barack Obama dans une entrevue récente au Wall Street Journal. L’Asie devrait regrouper les deux tiers de la population du monde en 2030 et produire la moitié de la richesse mondiale en 2050. Douze pays participent aux négociations. En plus des États-Unis et du Canada, il y a l’Australie, Brunei, le Chili, le Japon, la Malaisie, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, le Pérou, Singapour et le Vietnam. Cyberpresse 

C’est fou ce qu’on peut voir loin quand on a été des dirigés par des aveugles à cannes blanches et des chiens de guerre économique. C’était pas assez gros comme ça, il faut engrosser le nombre de marchands jusqu’à l’agonie triste de l’individu.  Au final, on est « commercés » comme des outils de mondialisation, ou de libre-échange, par une tribu de cravatés qui carburent au « BIG », à se fourrer de l’argent dans les narines. On dirait des bébés qui ont été sevrés par des banques.

Sapristi! Mary Shelley et son Frankenstein peuvent aller se faire voir à Holly Wood! Le monstre qu’on nous prépare est inutile pour le citoyen. On se fout de 2050. Personne ne peut prévoir ce qui se passera en 2050. La ligne du bonheur en attente du grand show de « Je serai heureux demain » s’allonge.  C’est comme se faire friser avec 3000 bigoudis. Ça frise davantage sur la même tête? Ah! bon. Aussi bien s’informer auprès de son coiffeur. Parlant chienéma, il peut au moins lire votre avenir dans vos pellicules.

Mais bon! Faut être sérieux comme des papes en train de faire faillite because trop en manque d’ agenouillés.  Mais on est encore plus à genoux devant la rat-caille qui se fait des projections jusqu’à ce qu’ils meurent étouffés par leur nœud papillon. Ça fait British et High Class. Et intelligent… Le concept « is in your head ».

Dites-vous que le libre-échange avec des milliards de vendeurs-acheteurs  c’est pour le peuple. Vous êtes religiosés bis. Avec la cérémonie à l’eau Naya embouteillé parfois en Afrique, mais défendu d’en boire quand il s’en échappe des usines.

You may say I’am a dreamer… John L. 

Tout le monde rêve d’un monde meilleur. Pas une « banque meilleure ». Les amérindiens avaient bien compris leur rapport à la Terre et à la Vie. En ce sens, ils étaient plus utiles que la formule d’Einstein. Quand tu te lèves le matin, tu ne te demande pas à quelle vitesse voyage la lumière et le reste… Non! Tu demandes comment va être ta journée. Et dans le panier du bonheur, on t’annonce une voiture « autoconductrice ». Tu peux fermer les yeux, la programmer, et elle te conduira là où tu veux aller.

C’est charmant!

Mais ça ne résout pas le problème de la pauvreté dans le monde. Ni la souffrance des guerres allumées par les pays qui fabriquent des armes. Ni – SURTOUT – le grand déménagement des humains cherchant la paix. La vie et le plaisir de vivre. C’est le droit le plus fondamental. Le reste ressemble à cet Hitler qui avait créé des lois pour protéger les animaux, qui avalait au moins 28 comprimés par jour, dont des amphétamines.

Dans la grande fenêtre du futur, le monde est en mode kaput. Affolé, déchiré, appauvri, perdu, toujours plus pauvre, toujours moins heureux, encore moins simple. Mais, oui mais, on a tous le droit dans les pays « développés » d’avaler des médicaments dudit « drugstore » pour se retrousser un peu.

C’est charmant!

Heil Banskter! 

On dit qu’Hitler avait été sauvé de la noyade à 4 ans par un prêtre… Je ne sais pas comment le prêtre  il a été reçu par « dieu » qui connaît tout, mais il a dû passer par le purgatoire. La question à se poser: jusqu’où faut-il être « bon »?  Snif! On est tentés… Sauver un pauvre petit bonhomme en train de se noyer. Un futur peintre. Un futur peintre comme un futur bienfaiteur de l’humanité présument visionnaire.

Un jour, si vous voyez un de ces visionnaires-banksters en train de se noyer, envoyez-lui trois caisses d’eau Naya – ou autre marque – afin qu’il puisse poursuivre ses meetings dans l’eau-delà.

Et le plus vite possible afin qu’il ne bousille pas notre vie ici bas…

Gaëtan Pelletier, Juillet 2050

Luther Standing Bear et le progrès

Dans son autobiographie, rédigée en 1933, le chef indien Standing Bear écrivait: « Il est vrai que l’homme blanc a apporté de grands changements. Mais les divers fruits de sa civilisation, aussi colorés et attirants soient-ils, sont porteurs de maladie et de mort. Si mutiler, piller et entraver font partie de la civilisation, alors qu’est-ce que le progrès? Je gage que l’homme qui s’asseyait par terre dans son tipi pour méditer sur le sens de la vie, qui reconnaissait le lien de parenté unissant toute les créatures et son unité avec l’univers des choses, infusait dans son être la véritable essence de la civilisation ».

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Luther Standing Bear, est né ca. 1868 sur la réserve de Pine Ridge à une famille Oglala Lakota. Sa famille l’a nommé Ota K’TeBeaucoup kills , mais il a pris plus tard le prénom de son père comme son nom de famille. Élevé dans une manière traditionnelle, Standing Bear appris à chasser le bison avec son père jusqu’à ce que, à l’âge de 11 ans, il a été envoyé à Carlisle Indian Industrial School, un pensionnat fédéral pour les enfants amérindiens en Pennsylvanie, et est devenu un membre de la première classe de finissants de l’école.

Après des études à Carlisle, Ours permanent a ouvert un magasin de marchandises sèches sur la réserve de Pine Ridge dans le Dakota du Sud, où il a organisé des réunions publiques pour discuter des traités et de l’actualité. En 1902, il a également rejoint le Wild West Show de Buffalo Bill comme interprète, accompagnateur et interprète avec sa femme. Reconnu comme un habile cavalier et cheval danseur, Standing Bear a été invité à se produire en solo pour le roi Édouard VII en Angleterre.

Après son retour à Pine Ridge, Standing Bear a été choisi comme chef de sa tribu. Toutefois, en raison de sa renommée en tant qu’interprète avec le Wild West Show, il a été recruté par les sociétés cinématographiques à jouer dans des films en 1912. Les mouvements en Californie, Standing Bear servi comme consultant pour le directeur Thomas Ince et joué dans les premiers films occidentaux tels que White Oak (Artisanat, 1921), le cyclone de la Selle (Weiss / Superior, 1935) et Union Pacific (Paramount, 1939).

Standing Bear a publié plusieurs livres au cours de sa vie à éduquer le public sur la culture Lakota et les politiques gouvernementales à l’égard de son peuple. Le premier livre de Standing Bear, mon peuple, les Sioux (1928), est avant tout une autobiographie soulignant sa jeunesse, Carlisle année, le Ghost Dance, et Wild West Show expériences.

– See more at: http://aktalakota.stjo.org/site/News2?page=NewsArticle&id=8883#sthash.JS5acI8I.dpuf

Je suis Otto

De 1940 à 1942, Otto et Anna Hampel ont tenté de réveiller les consciences chez leurs compatriotes en diffusant des cartes postales.

En découvrant le destin d’Otto et Anna Hampel retracé par Michaël Gaumnitz, on ne peut s’empêcher de penser à la célèbre phrase de Kafka : « Ecrire, c’est sortir du magma, faire un bond hors du rang des meurtriers. » Loin de toute littérature, cependant, cette phrase prend un relief des plus singuliers : à la mesure de l’histoire de ce couple de Berlinois immortalisé dans le beau roman d’Hans Fallada (Seul dans Berlin, Folio, no 3977) et dans le film d’Hans Joachim Kasprzik (Jeder stirbt für sich allein), dont de nombreux extraits viennent s’entremêler aux documents et archives d’époque.

A commencer par l’épais dossier de 400 pages de la Gestapo – conservé aux Archives nationales allemandes – sur lequel s’appuie Michaël Gaumnitz pour suivre presque pas à pas l’entreprise un peu folle de résistance menée de 1940 à 1942 par les Hampel et leur traque par la police allemande. Car n’y avait-il pas quelque folie à vouloir s’élever seuls contre Hitler… à coups de cartes postales ?

UN COURAGE EXEMPLAIRE

Pourtant, c’est bien à l’aide de ces missives déposées dans les boîtes aux lettres des immeubles ou sur les rebords de fenêtres que ce couple d’ouvriers tente d’ébranler la conscience de leurs compatriotes. « Que sommes-nous devenus ? Un troupeau de moutons. (…) Nous devrions nous libérer de nos chaînes, sinon il sera trop tard », prévient Otto Hampel dans l’une de ces premières cartes, « Presse libre ». Or, loin d’entraîner un sursaut, ses messages dénonçant un régime qui a « dépouillé l’existence de son sens » ne sont, au mieux, pas lus ou, pire, rapportés à la police allemande.

La première carte est trouvée le 2 septembre 1940. Après elle, 231 autres viendront rejoindre le dossier ouvert par le commissaire Püschel, chargé de l’enquête. Après vingt mois de recherches, en mai 1942, alors que la population est soumise à de sévères restrictions, devant la menace représentée par ces missives, le service de la sécurité de la SS s’empare de l’affaire. Très vite, l’étau se resserre autour du couple lorsqu’une carte est retrouvée dans l’usine Siemens où Otto est employé ; puis une autre non loin de leur domicile. Finalement dénoncés par une voisine, les Hampel sont arrêtés le 20 octobre. Jugés pour haute trahison, ils sont guillotinés le 8 avril 1943.

Analysant le parcours des Hampel et leurs motivations, Michaël Gaumnitz, loin de l’image « romantique » du couple uni donnée par Hans Fallada, n’omet ni leurs dissensions, qui éclatent peu avant l’exécution, ni leur silence sur le sort réservé aux juifs. Ce qui n’ôte rien du courage exemplaire de ce couple, terriblement humain. Et de la force d’un film qui, entre histoire intime et collective, s’offre comme une plongée terrifiante au coeur d’une société écartelée entre fanatisme, lâcheté et indifférence. Source 

 

Et aujourd’hui…

Ne sommes-nous pas une race sous l’emprise d’une dictature financière mondialiste? Un peuple en guerre contre les dictatures camouflées sous couvert de démocratie?

C’était ma carte postale…

« JE SUIS OTTO »

Gaëtan Pelletier

27 janvier 2015

Flanquez vous de l’antiterrorisme dans le cul

Dans les jours suivant les événements de « Charlie Hebdo », les Français ont augmenté leurs achats d’anxiolytiques et de somnifères de 18,2 %. Rappelons que ces médicaments, pour la plupart de la famille des « benzodiazépines », existent depuis les années 1960, époque à laquelle ils ont rendu l’utilisation des barbituriques obsolètes dans des usages courants. Le NO 

Le diazepam rectal est la solution No 2 pour contrer votre peur contre le terrorisme. Outre le fardeau monétaire engendré par l’engagement d’une armée de chasseurs de terroristes , donnez généreusement de votre argent pour soutenir une cause « juste ». Juste une cause…

« Ne vous demandez pas ce que l’État peut faire pour vous rendre le sommeil, demandez-vous ce que vous pouvez faire pour dormir de l’État ».

Le soir, à la chandelle, offrez-vous une sodomie permise et doucereuse,    sans effets secondaires. Le plastique ( rub-her, ou rub-him) est sans danger pour votre rect-homme ou votre rect-dame.  Big Pharma est heureuse de vous offrir ce qu’il y a de plus rapide et de plus efficace en terme de lutte contre le terrorisme qui vous ronge  accable. Ne dormez plus les yeux ouverts…

Vous avez le choix entre la version rose plastique pour dame ou coucher de soleil pour homme. Et 15 parfums divers. Entre autres: brise d’autre homme  d’automne, Aube Ama, Israël flirt, noisette, Marguerite, et Spring-Spring.

Nous travaillons fort à vous rendre heureux. Nous travaillons fort à vous faire travailler. Notre rôle est de vous faciliter la vie.

Ne soyez pas l’échec de notre réussite.

Maintenant! Oui, maintenant! Je dis oui au bonheur… J’achète donc je fuis…

P.S.: Afin de protéger l’environnement, nous vous soulignons que les seringues sont recyclables.

Gaëtan Pelletier

Patere legem quam ipse fecisti

Obama briefing

– Il faut sauver l’Irak.

– Mais nous l’avons déjà fait une fois!

– Mais c’était par un imbécile… Développez! Comme dirait le président Français.

– Je n’ai pas dit l’Irak. Voyons! J’ai … En fait, dit, le barrage et l’or noir. Pour l’instant, nous ferons de frappes chirurgicales… Mais j’ai bien peur que ce ne sera pas suffisant. Il faudra envoyer des troupes sur place… Mais discrètement…

– J’ai un cousin nain  ,  « à grandeur restreinte »….

– Pas de ségrégation, monsieur.

– Pas du tout: il est noir nain. Ou nain noir.   Il est tout petit…

– On s’en doutait. Il travaille dans un cirque?

– Pas de ségrégation, Monsieur le Président. Il a pondu un essai à Harvard: L’Achondroplasie : The life of  usuless citizens…

…. Et il est présentement en phase terminale d’un cancer du cerveau. Je… Je pense qu’il accepterait de se sacrifier pour Les États-Unis d’Amérique, cette grande nation. J’ai même un slogan: « Ce sont les petits qui font les grands ».

– Ouais! Mais vous n’en avez qu’un seul.

Il esquissa un sourire.

– Donnons-lui une carte de presse. Un journaliste.

L’équipe échangea des regards narquois et moqueurs.

– Oui, mais il a des amis… De nombreux amis. Entre autres dans le domaine de la science médicale, ou de la médicale science.

– On dirait que vous avez un plan en tête…

– Une façon de parler. Les armes chimiques n’ont pas bonne presse. Mais si on l’envoie en Irak en jouant le rôle de journaliste, il suffirait de lui injecter le virus Ebola. Si les membres de l’EI, – tels que nos les avons nommés -, le gardent en captivité pendant quelques jours seulement, ils seront tous infectés.

Il y eut un bruit de chaises qui se répandit dans la salle.

– Mais c’est monstrueux ce que vous dites.

– Je sais, mais imaginez un nain décapité, Monsieur le Président des États-Unis d’Amérique, la nation se soulèvera contre ce geste bas. Ou ce bas geste… Ils seront alors deux fois plus en faveur de la guerre.

– J’en conviens…   Supposons que nous acceptions votre « idée », – c’est un test- quel nom donneriez vous à notre « agent »?

– Lowlow  Profile.

Il y eut un bruit de chaises dans la salle.

– Prenons des notes, buvons un peu de café, et nous reviendront sur le sujet plus tard.

PAUSE

Retour.

– Nous avons discuté de votre « projet ». Toutefois, nous allons améliorer votre concept: nous allons créer une armée de nains… Nos usines fabriqueront de petites armes, le petits couteaux, de petites radios, de petites gamelles, de petites rations, de petits téléphones, de petits abris, de petits vêtements, de petites fourchettes, etc.

– Élaborez.

– Tout en petit, cela nous coûtera moins cher. Au lieur d’armer de petits cerveaux avec de grosses armes, nous allons armer  de petits soldats avec de grands projets. Ils auront de petits tanks… 10 fois moins d’essence. Imaginez ce que gagnera l’Amérique!

– Vous êtes génial, MOnsieur le Président de cette grande nation qu’est Les États-Unis d’Amérique. ( Snif!)

– Vous aller bénéficier d’un bonus de 10$ millions de dollars dans le mois qui suivra… Car votre idée m’en a amené  plusieurs. J’ai l’intention de créer deux milliards de mini-drones-moustiques qui voleront au dessus de l’État Islamique.

– L’État Islamique existe vraiment?

– ( Passage caviardé).

– Mais vous allez risquer de tuer de enfants , des civils… Ils sont tout petits…

– Nous travaillons présentement à fabriquer des drones à base végétale qui se désintégreront de manière verte.  Des drones invisibles, minuscules.

– Mais c’est monstrueux ce que vous dites!

– Une guerre verte ne sera jamais monstrueuse.

– C’est vrai, Monsieur le Président…. Alors, pourquoi ne pas envoyer des moustiques infectés?

– Parce que des moustiques ne créent pas d’emplois. C’est Dieu qui fabrique les moustiques, mais il n’est pas ici. Soyons francs: nous ne faisons que copier Dieu.

TROIS HEURES PLUS TARD

– Arrangez-vous pour qu’il meure  dans un accident de la route ou je ne sais quoi. – Il est fumeur… Il finira par mourir…

– Mais c’est trop long…

Il sourit:

– C’était une blague! Nous avons mis des particules d’arachides dans ses cigarettes.

– Je me tape la cuisse… Je suppose qu’il est allergique  aux arachides?

– Eh! Oui.

Il écarquilla les yeux.  Il récarquilla de yeux.

– Mais si un médecin arrive tôt, il pourrait le sauver? Nous serions perdus.

Re- sourire.

🙂

– Nous avons engagé le Dr Bolduc du Québec à titre de médecin personnel.

– Le Dr Bolduc? Mais qui est-ce? Si je devine j’acquiesce…

– Il est Ministre de l’Éducation au Québec.

– Pardon? Ministre de l’Éducation… Vous êtes sûr qu’il n’est pas Ministre de la santé?

Soupir!

– Il a été dépromu… Le système a perdu des livres,mais pas le Ministre de la Santé.

– Mais le Québec, c’est quoi?

– C’est des gens qui ne parlent pas comme nous. Mais c’est là qu’est née Celine ( pas de É) Dion.

– Ah! Oui. Celle qui chante My Art Will Go On.

– Oui, la chanson du Titanic. La fille  gèle sur un radeau, et le gars lui laisse la petite pièce de bois qui la fait flotter. Puis il descend lentement, blanc comme… un blanc mort. Plouf!  Ça m’a touché cette histoire. En plus, c’est vrai.  C’est un héros. On devrai le décorer…

… Il ne savait pas nager?

– Monsieur le Président (etc), les eaux étaient frettes en avril.

– Frettes?

– Eh ! oui. C’est comme ça que parle le Dr Bolduc.

« Yé frette, yé mort ».

– Il est parfait pour nous. Mais s’il veut devenir Ministre de l’Éducation aux  États ( etc)…, il lui faudra apprendre à parler bien ou à bien parler.  Quelque chose d’autre?

– Son regard est étrange… Il a les deux yeux dans le même trou…

– ?????

– Il louche de l’intérieur, ni à droite, ni à gauche,… Et de temps en temps vers le haut. Et vers le bas…  Et de temps en temps, ça tourne…

– Je ne suis pas culturé comme vous, mais sa femme c’est Mary Shelley?

– Nous savons seulement qu’il est épousé à quelqu’une…

– Qu’on le prime tout de suite… Il parle bien?

– Il parle comme il regarde.

– Doublez son salaire.

– C’est déjà fait. Il l’a fait lui-même. Il est très auto homme…

10 JOURS PLUS TARD

– Il est mort?

– Il est mort…

-Arachides?

– Arachides.

– Ouf!

20 JOURS PLUS TARD

Message du Président,

Pour l’opération Lowlow Profile, nous utiliserons   des arachides biologiques afin de minimiser les pertes humaines du côté de l’EI.

God Bless You

B.A.

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Gaëtan Pelletier

2014

 

Les ours et la nuit

oursÉtant donné que je vais souvent parcourir la forêt, je tente de me renseigner sur les ours. Il y en aurait entre 70,000 et 80,000 au Québec.

La documentation rédigée par le  Parcs Canada a sans doute été rédigée par un étudiant, « boursifié » pour ses recherches.

Les moyens de défense

  1. Faites le mort

Mais ne faites pas le mort, car faire le mort ne fonctionne qu’avec les Grizzli … Faire le mort, c’est se coucher par terre et garder son  sac à dos pour se protéger.

Rencontre du troisième type : O.V.N.I. ( Ours Vivant Non Invitant). Parlez de littérature, de poésie, et de cuisine en préparant votre poivrière….

Que faire? – Surprise et rencontres rapprochées :

  • Restez calme. Ne courez pas. Restez immobile et parlez à l’ours d’une voix calme
  • Chargez votre vaporisateur de poivre
  • N’essayez pas de vous approcher de l’ours
  • Si l’ours ne s’approche pas de vous, reculez lentement, en parlant à l’ours d’une voix calme et monotone. Ne criez pas, ne tournez pas le dos à l’ours, ne courez pas, ne vous agenouillez pas et n’établissez pas de contact visuel direct
  • Surveillez l’ours et attendez qu’il s’en aille
  • Si l’ours ne s’en va pas ou s’il s’approche de vous, criez et agitez vos bras pour avoir l’air plus gros. Lancez-lui des objets, soufflez dans un sifflet ou utilisez un avertisseur à air comprimé. Cela a pour but de persuader l’ours de s’en aller
  • Si vous êtes avec d’autres personnes, restez ensemble et agissez comme un groupe. Assurez-vous que l’ours ait un chemin pour s’enfuir
  • Si l’ours continue à avancer et qu’il se rapproche, demeurez ferme. Utilisez un vaporisateur de poivre pour les ours (si l’ours est à moins de sept mètres) ou toute autre chose pour lui faire peur ou le distraire
  • Ne courez pas et ne grimpez pas à un arbreé Agitez les bras pour avoir l’air plus gros ( Elle est bonne celle-là! , AVOIR L’AIR PLUS GROS… C’est de la politique….)

Un ours pèse entre  80 et  250 kilos. C’est selon les articles….  Agiter des bras pour avoir l’air plus gros? Plus gros que soi ou plus gros que lui?  Ça c’est de la méthode! Une chanson de Céline Dion avec ça?

Frapper l’ours avec un bâton, un aviron…

Griffes d’ours…

Aviron

***

T’es en pleine forêt, t’as pas de bateau, mais t’as un aviron… Ouah! Un peu plus… Tu traînes ton bateau dans la forêt pour transporter un aviron au cas ou… T’es tout petit à côté du Freddy Bear.

Trouver une cachette

L’attaque offensive :

C’est la plus grave, elle pourrait s’avérer mortelle!  (1)  Celle où l’ours semble vous traquer ou vous suivre pendant un certain temps sur le sentier pour ensuite vous attaquer, ou celle où il vous attaque la nuit. Dans cette situation, il n’est pas recommandé de faire le mort! Essayez d’abord de vous enfuir ou de trouver un refuge. Un véhicule ou une camionnette de camping à parois rigides vous procureront une certaine protection.

Un bateau, un aviron, un véhicule, « ou une camionnette  à parois rigides ».

Une maison mobile avec ça?

Il existe des aérosols, mais il faut éviter que l’ours soit dans la même direction que le vent. Sinon c’est vous qui vous aspergez… Dans ce cas, parler doucement à l’ours, dite-lui  de se placer face au vent. Si c’est une ourse, donnez-lui la circulaire de Wal-Mart, section cosmétique. Ça va la distraire…

Selon certains « spécialistes » qui sont allés sur le site  Parcs Canada pour en « savoir plus sur les ours », il y a plus de chance de se faire frapper par la foudre que de se faire attaquer par un ours. La foudre, c’est moins cruel.

Restez calme et soyez vigilant. La meilleure façon de se défendre contre l’attaque d’un ours consiste à faire preuve d’intelligence. Prévoyez votre réaction en cas de rencontre

Faire preuve d’intelligence est sans doute de se munir d’un fusil… Il semble que Parcs Canada ne soit pas trop expérimenté dans la rencontre des ours.

En attendant la bonne recette…

Alors que l’Armée canadienne a combattu les talibans à Kandahar à armes égales, la voici aux prises avec un ennemi presque aussi coriace: l’ours polaire.

Les militaires se penchent sur le choix d’une arme qui permettra aux gardes forestiers et les forces régulières de pouvoir faire leur travail partout dans le Nord sans être menacés par les animaux féroces.

Entre-temps, il s’avère que ce sont les vieux fusils Lee-Enfield datant de la Première Guerre mondiale qui ont été choisis pour l’Arctique. L’armée tente de les remplacer depuis des années parce qu’il reste peu de manufacturiers qui fabriquent encore des pièces du fusil utilisé d’abord par l’armée britannique en 1895.

Sa principale qualité est le fait qu’il ne risque pas de s’enrayer au froid. C’est pourquoi l’armée a décidé d’équiper ses troupes régulières basées dans le Nord avec des Lee-Enfield en attendant la venue de nouvelles armes, probablement l’an prochain. L’armée canadienne cherche une arme….

Finalement, un ours c’est comme un terroriste : on ne sait pas comment il se comporte, on ne sait pas où il est,  qui il est. On sait au moins qu’il n’a pas été inventé. On nous demande de parlementer avec un ours et ne pas le déranger.

 L’autre côté du miroir 

Je prétends, avec preuves à l’appui, que l’ours noir est un pillard et un tueur des plus dangereux. Au cours de ma carrière, j’ai vécu des expériences qui me firent penser différemment des personnes qui disent de cet ursidé : « Il est un gros bouffon de la forêt, semblant avoir endossé un survêtement beaucoup trop grand pour lui. »

Du même texte, avec preuves à l’appui, il m’était permis d’écrire : « Lorsque l’ours noir a perdu sa crainte innée de l’homme, il se comporte de façon imprévisible. » 

Une fillette qui se trouvait sur la galerie d’un chalet, dans un parc de l’Ouest canadien, fut attaquée et tuée par un ours – elle avait 12 ans. Une autre de ces bêtes tua une fillette de 3 ans à Sault-Sainte-Marie. Il y eut aussi Lee Randall Morris, âgé de 44 ans, qui fut tué par un ours noir d’Alberta. Il eut la tête broyée entre les puissantes mâchoires de la bête, son corps fut partiellement dévoré, c’était le carnage d’un ours noir.

Non satisfait, il se tourna vers Marty Ellis, âgé de 24 ans, et Carol Ann Marshall. Le couple avait emprunté la même route que Lee Randall. Ils étaient à environ 300 pieds du cadavre déchiqueté. Effrayé par l’ours qui se dirigeait maintenant vers eux, le couple décida de grimper à un arbre. L’ours n’était pas loin derrière, il saisit la jeune fille par le cou, la secoua violemment, la tuant sur-le-champ. Son compagnon pouvait s’en tirer par chance, il était grimpé au sommet d’une épinette, à une vingtaine de pieds du sol. Pourtant après cette double tuerie, l’ours n’était pas encore satisfait, il désirait tuer faire une troisième victime. Marty s’en tira par chance en s’agrippant à la tête du conifère. L’ours noir fut finalement abattu. Il pesait 310 livres et l’analyse stomacale confirma la présence de chair humaine et de pièces de vêtements appartenant à ses victimes. Les rapports de cette tuerie sont dans les filières de la Gendarmerie Royale, d’où j’avais obtenu l’information.

La journaliste Patricia Gauvreau, archiviste au Edmonton Journal, affirma qu’en deux ans, il y avait eu 14 attaques d’ours noirs à l’endroit d’humains publiées dans son journal.Faussetés véhiculées au sujet de l’ours noir

***

Envoyez vos recettes…

J’ai pensé à demander à l’ours de s’inscrire sur Facebook pour qu’il soit mon ami…

Les ours, c’est comme Monsieur Obama. C’est gentil, gentil, gentil… Ça veut désarmer tout le monde mais ça veut s’armer plus que tout le monde. Dire qu’il y a à peine 50 ans, ça n’avait pas le droit d’aller pisser dans les toilettes des blancs. Maintnant – prononcez à la française – ça joue manettomane  au pays de ceux qui n’ont même pas de toilettes ni de papier-cul. C’est le Michael Jackson des agenouillés de veaux d’or.

Un ours noir, un ours brun, un ours blanc… De la chirurgie politico-esthétique. Bon! Je m’écarte du sujet et le sujet m’écarte.

On disait, il y a longtemps que l’U.R.S.S. était « l’OURS… Si j’avais les moyens d’avoir un bateau, j’aurais un aviron… Le Air Force One…  Tu t’envoles! Un ours peut courir à 50 km heure…

« Essayez d’avoir l’air plus gros » 

(1) mortelle? … Faites le mort! sortez votre aviron, votre poivre, faites-lui renifler vos souliers de course puantes. Faites votre signe de crois… Allah va comme je te pousse… offrez-lui des billets pour le spectacle de U2. Tout.Tout.Tout.

Gaëtan Pelletier

27 juin 2013

Le retour de George Orwell et la guerre de Big Brother contre la Palestine, l’Ukraine et la Vérité

John Pilger

L’autre soir, je suis allé voir une interprétation de 1984, de George Orwell, dans un théâtre de Londres. Bien qu’une mise à jour contemporaine eut été intéressante, la mise en garde d’Orwell sur le futur n’y fut présente que sous la forme d’un exercice de style : distant, pas le moins du monde menaçant, quasiment rassurant. Comme si Edward Snowden n’avait rien révélé, que Big Brother n’était pas devenu un espion numérique, et qu’Orwell lui-même n’avait jamais dit : « Pour être corrompu par le totalitarisme, nul besoin de vivre dans un pays totalitaire ».

Encensée par les critiques, cette production talentueuse était à la mesure culturelle et politique de notre époque. Quand les lumières se sont rallumées, les gens étaient déjà en train de sortir. Ils ne semblaient pas avoir été touchés, ou peut-être que d’autres distractions les attendaient. « Quelle prise de tête ! », s’est exclamée une jeune femme, en allumant son téléphone.

A mesure que les sociétés avancées se dépolitisent, les changements sont à la fois subtils et spectaculaires. Dans les discours quotidiens, le langage politique est une inversion, comme Orwell l’avait prédit dans 1984. « Démocratie » n’est plus qu’un outil de rhétorique. « La Paix », c’est en réalité un état de guerre perpétuelle. « Global » signifie impérial. Le concept de « réforme », autrefois porteur d’espoir, signifie aujourd’hui régression, voire destruction. « Austérité » signifie le passage au capitalisme extrême pour les pauvres et au socialisme pour les riches : un système ingénieux où la majorité travaille à rembourser des dettes, au profit de la minorité.

Dans les arts, l’hostilité vis-à-vis des vérités politiques est un article de la foi bourgeoise. « La période rouge de Picasso », titrait le journal Observer, « et pourquoi la politique et l’art ne font pas bon ménage ». Et cela dans un journal qui a fait la promotion du bain de sang de l’Irak comme croisade libérale. L’opposition au fascisme qui a marqué la vie de Picasso n’est plus qu’un détail, comme le radicalisme d’Orwell qui a disparu dans le prix qui s’est approprié son nom.

Il y a quelques années, Terry Eagleton, alors professeur de littérature anglaise à l’université de Manchester, constatait que « pour la première fois depuis deux siècles, il n’y a pas d’éminent poète britannique, de metteur en scène, ou de romancier prêt à remettre en cause les fondamentaux du style de vie occidental ». Aucun Shelley ne parle pour les pauvres, pas de Blake pour défendre les rêves des utopistes, ni de Byron pour maudire la corruption et la classe dominante, et pas de Thomas Carlyle ni de John Ruskin pour révéler le désastre moral qu’est le capitalisme. William Morris, Oscar Wilde, HG Wells, George Bernard Shaw n’ont aucun équivalent aujourd’hui. Harold Pinter fut le dernier à s’insurger. Parmi les voix du féminisme de consommation qui se font entendre, aucune ne fait écho à celle de Virginia Woolf, qui décrivait « l’art de dominer les autres peuples… de régner, de tuer, d’acquérir la terre et le capital”.

Au Théâtre National, une nouvelle pièce, « Grande-Bretagne », fait la satire du scandale des écoutes téléphoniques, qui a vu des journalistes jugés et condamnés, dont un ancien rédacteur du « News of the World » de Rupert Murdoch. Décrite comme une « farce à crocs qui cloue au pilori l’ensemble de la culture médiatique incestueuse et la ridiculise impitoyablement », les cibles de la pièce sont les personnalités « heureusement très drôles » de la presse tabloïd britannique. C’est bien bon, et si familier. Mais qu’en est-il des médias non-tabloïd qui se considèrent eux-mêmes comme crédibles et réputés, et pourtant jouent le rôle parallèle de bras armé du pouvoir de l’État et du capital, en faisant la promotion de guerres illégales ?

L’enquête Leveson sur les écoutes téléphoniques a légèrement laissé entrevoir ce phénomène. Tony Blair énonçait des preuves, se plaignant auprès de monsieur le juge du harcèlement des tabloïds contre sa femme, quand il fut interrompu par une voix qui s’éleva du public. David Lawley-Wakelin, un réalisateur, demandait l’arrestation de Blair et son jugement pour crimes de guerre. Il y eut un long silence : le choc de la vérité. Lord Leveson fit un bond, ordonna l’expulsion de celui qui osait dire la vérité, et s’excusa auprès du criminel de guerre. Lawley-Wakelin fut poursuivi, pas Tony Blair.

Les complices aguerris de Tony Blair sont plus respectables que les hackers de téléphone. Quand la présentatrice artistique de la BBC, Kirsty Wark, le reçut pour le 10ème anniversaire de l’invasion de l’Irak, elle lui offrit un moment dont il ne pouvait que rêver ; elle lui permit de se lamenter sur sa décision « difficile” sur l’Irak au lieu de lui demander des comptes sur son crime homérique. Ceci rappelle la procession de journalistes de la BBC qui en 2003 déclaraient tous que Blair pouvait se sentir « justifié”, et la série « de référence » qui s’ensuivit sur la BBC, « Les années Blair”, pour laquelle David Aaronovitch fut choisi comme écrivain, présentateur, et intervieweur. Ce réserviste de Murdoch qui a fait campagne pour la guerre en Irak, en Lybie et en Syrie, est expert en léchage de bottes.

Depuis l’invasion de l’Irak – exemple cardinal d’ acte d’agression non-provoquée, ce que le procureur de Nuremberg Jackson qualifiait de « crime international suprême qui diffère des autres crimes de guerre en ce qu’il les contient tous” – Blair et son porte-parole et principal complice, Alastair Campbell, ont eu droit à pas mal de place dans le Guardian afin de réhabiliter leurs réputations. Décrit comme une étoile du Labour Party, Campbell a voulu s’attirer la sympathie des lecteurs en prétextant une dépression, et a affiché ses intérêts, mais pas son détachement actuel comme conseiller, aux côtés de Blair, de la tyrannie militaire égyptienne.

Alors que l’Irak est démembré suite à l’invasion de Blair et Bush, le Guardian titre : « Renverser Saddam était juste, mais nous nous sommes retirés trop tôt« . Ceci dans un article phare du 13 juin écrit par un ancien fonctionnaire de Blair, John McTernan, qui a aussi travaillé pour le dictateur Irakien installé par la CIA, Iyad Allaoui. En appelant à répéter l’invasion d’un pays que son ancien patron avait aidé à détruire, il ne fit jamais référence aux 700 000 morts, ni aux 4 millions de réfugiés et au tournant sectaire qui avait eu lieu dans un pays autrefois fier de sa tolérance communautaire.

« Blair incarne la corruption et la guerre”, a écrit le journaliste radical du Guardian Seumas Milne dans un article très inspiré en date du 3 juillet. Dans le milieu on appelle cela « l’équilibre ». Le lendemain, le journal publia une pleine page de publicité pour un bombardier US Stealth. Sur la photo menaçante du bombardier était écrit : « le F-35, Génial pour l’Angleterre ». Cette autre incarnation de « la corruption et la guerre » va coûter aux contribuables britanniques 1,3 milliards de £ [=1,6 Mds €], les précédents modèles de la gamme F ayant déjà servi à massacrer des gens un peu partout dans le monde en développement.

Dans un village d’Afghanistan, où vivent les plus pauvres des pauvres, j’ai filmé Orifa, s’agenouillant devant les tombes de son mari, Gul Ahmed, un tisserand de tapis, et de 7 autres membres de sa famille, dont 6 enfants, et de deux enfants qui furent tués dans la maison d’à côté. Une bombe « de précision » de 500 livres est directement venue s’exploser sur leur petite maison de boue, de pierre et de paille, laissant à la place un cratère de 50 pieds de long. Lockheed Martin, le fabricant de l’avion avait une place d’honneur dans la publicité duGuardian.

L’ancienne secrétaire du Département d’État US et aspirante à la présidence Hillary Clinton, est récemment passée à l’émission « Women’s Hour » de la BBC, la quintessence de la respectabilité médiatique. La présentatrice, Jenni Murray, a présenté Mme Clinton comme l’exemple même de la réussite féminine. Elle ne rappela pas à ses auditeurs les propos blasphématoires de Mme Clinton qui prétendait que l’Afghanistan avait été envahi afin de « libérer » les femmes comme Orifa. Elle ne posa aucune question à Mme Clinton sur la campagne de terreur de son administration qui utilise des drones pour tuer femmes, hommes et enfants. Elle ne fit pas non plus mention de la menace de Mme Clinton, durant sa campagne présidentielle, d’ « éliminer » l’Iran, et rien non plus sur son soutien à la surveillance illégale de masse et aux persécutions contre les lanceurs d’alertes.

Murray posa la question-qui-était-sur-toutes-les-lèvres : Mme Clinton avait-elle pardonné à Monica Lewinsky d’avoir eu une affaire avec son mari ? « Le pardon est un choix », répondit Mme Clinton, « pour moi ce fut le bon choix ». Cela nous rappelle que dans les années 90 et pendant la période secouée par le scandale « Lewinsky », le président Bill Clinton envahissait Haïti et bombardait les Balkans, l’Afrique et l’Irak. Il détruisait aussi les vies d’innombrables enfants irakiens ; L’Unicef rapporte la mort d’un demi-million d’enfants Irakiens de moins de 5 ans, en conséquence de l’embargo mis en place par les USA et la Grande-Bretagne.

Ces enfants ne sont pas de la chair à médias, tout comme les victimes des invasions soutenues par Hillary Clinton – l’Afghanistan, L’Irak, le Yémen, la Somalie – n’existent pas pour les médias. Murray n’y a fait aucune allusion. Une photo d’elle et de son invitée de marque rayonnante figure sur le site de la BBC.

En politique, comme dans le journalisme et dans les arts, il semblerait que la contestation autrefois tolérée dans les médias grand public ait été ravalée au rang de simple désaccord : un maquis métaphorique. Quand j’ai commencé ma carrière à Fleet Street en Angleterre dans les années 60, il était acceptable de critiquer fortement le pouvoir occidental. Il suffit de lire le rapport de James Cameron sur les explosions des bombes à hydrogène sur l’atoll Bikini, où celui sur la guerre de Corée et sur le bombardement US du Nord-Vietnam. La grande illusion de notre époque est ce mythe de l’ère de l’information, alors qu’en vérité nous vivons à une époque médiatique où la propagande des grandes entreprises est insidieuse, contagieuse, efficace et libérale.

Dans son essai de 1859 « De la liberté », auxquels les libéraux modernes rendent hommage, John Stuart Mill écrivait :
« Le despotisme est un mode de gouvernement légitime si l’on a affaire à des barbares, à condition que le but soit leur amélioration, et les moyens sont justifiés par l’accomplissement effectif de ce programme. »

Les « barbares » étaient de larges secteurs de l’humanité dont « l’obéissance implicite » était exigée.

« C’est un mythe utile et commode de croire que les libéraux sont pacifistes et les conservateurs belliqueux », écrivait l’historien Hywel Wiliams en 2001, « mais il est possible que l’impérialisme à visage libéral soit plus dangereux de par sa nature explicite : sa conviction qu’il représente une forme supérieure de vie ». Il avait en tête un discours de Tony Blair dans lequel l’ex-Premier ministre promettait de « remettre de l’ordre dans le monde autour de nous » selon ses propres « valeurs morales ».

Richard Falk, autorité reconnue en matière de législation internationale et rapporteur spécial de l’ONU sur la Palestine, a décrit une « bien-pensance unilatérale, un écran juridique/moral avec des images positives des valeurs et de l’innocence occidentales dépeintes comme menacées, justifiant une campagne de violence politique sans restriction ». Et « largement acceptée au point d’en devenir virtuellement incontestable. »

Favoritisme et mandature récompensent les gardiens. Sur la Radio 4 de la BBC, Razia Iqbal reçut Toni Morrison, la lauréate afro-américaine du prix Nobel. Morrison se demandait pourquoi les gens étaient « si énervés » contre Barack Obama, qui était pourtant « cool » et souhaitait seulement construire une « économie et un système de sécurité sociale solides». Morrison était fière d’avoir parlé au téléphone avec son héros, qui se trouvait avoir lu un de ses livres et l’avait invitée lors de sa prise de fonction.

Ni elle ni la présentatrice n’évoquèrent les 7 guerres d’Obama, dont sa campagne de terreur par drones, à cause de laquelle des familles entières, leurs secouristes et leurs proches furent assassinés. La seule chose qui semblait avoir de l’importance était qu’un homme de couleur « qui s’exprime bien » s’était élevé au plus haut échelon de l’échelle du pouvoir. Dans « Les damnés de la terre », Frantz Fanon écrivait que « la mission historique » des colonisés était de servir de « courroie de transmission » aux dirigeants et autres oppresseurs. À notre époque, l’utilisation des différences ethniques par le pouvoir occidental et ses systèmes de propagande est perçue comme essentielle. Obama incarne parfaitement cette idée, bien que le cabinet présidentiel de George W. Bush – sa clique belliciste – ait été le cabinet le plus multiracial de l’histoire présidentielle.

Alors que la ville irakienne de Mossoul tombait aux mains des djihadistes de l’ISIS, Obama fit la déclaration suivante : « Le peuple américain a beaucoup investi et sacrifié afin que les Irakiens aient l’opportunité de se choisir une meilleure destinée ». À quel point ce mensonge est-il « cool » ? À quel point s’est-il « bien exprimé » lors de son discours à l’Académie militaire de West Point le 28 mai ? Lors de son discours sur « l’État du monde » à la cérémonie de remise des diplômes de ceux qui « vont prendre la direction US » à travers le monde, Obama déclara que : « Les USA utiliseront la force militaire, unilatéralement s’il le faut, quand nos intérêts seront menacés. L’opinion internationale compte, mais l’Amérique ne demandera jamais la permission… »

En répudiant la législation internationale et le droit de souveraineté des nations, le président US s’octroie un droit divin basé sur la puissance de son « indispensable nation ». C’est un message d’impunité impériale familier, bien que toujours étonnant à entendre. Évoquant la montée du fascisme des années 30, Obama a dit « Je crois en l’exceptionnalité américaine de tout mon être ». L’historien Norman Pollack écrivait « À ceux qui marchent au pas de l’oie, on substitue la militarisation apparemment plus inoffensive de la culture totale. Et au lieu du leader grandiloquent, nous avons le réformateur raté, qui travaille allègrement, planifie et exécute des assassinats, tout en souriant ».

En février, les USA ont monté un de leurs coups d’État contre le gouvernement élu d’Ukraine, en exploitant des protestations authentiques contre la corruption à Kiev. La secrétaire d’État adjointe d’Obama Victoria Nuland sélectionna personnellement le leader d’un « gouvernement d’intérim ». Elle le surnomma « Yats ». Le vice-Président Joe Biden se rendit à Kiev, tout comme le directeur de la CIA John Brennan. Les troupes de choc de leur putsch étaient des fascistes ukrainiens.

Pour la première fois depuis 1945, un parti néonazi ouvertement antisémite contrôle des secteurs clés du pouvoir étatique d’une capitale européenne. Aucun leader européen n’a condamné cette résurgence fasciste près dans le pays frontalier à travers lequel l’invasion des nazis d’Hitler coûta la vie à des millions de Russes. Ils étaient soutenus par l’UPA, l’Armée insurgée ukrainienne, responsable de massacres de juifs et de Russes qu’ils appelaient « la vermine ». L’UPA est l’inspiration historique du parti Svoboda et de leurs compagnons de route du Secteur droit. Oleh Tyahnybok, leader de Svoboda a appelé à expurger « la mafia judéo-moscovite » et les « autres racailles », dont les gays, les féministes et tous les gens de gauche.

Depuis l’effondrement de l’Union Soviétique, les USA ont entouré la Russie de bases militaires, d’avions de guerre et de missiles nucléaires, suivant le projet d’élargissement de l’OTAN. Reniant la promesse faite au président soviétique Mikhaïl Gorbatchev en 1990 de ne pas étendre l’OTAN « d’un centimètre vers l’Est », L’OTAN occupe militairement l’Europe de l’Est. Dans l’ancien Caucase soviétique, l’expansion de l’OTAN est le plus important chantier militaire depuis la seconde Guerre Mondiale.

Le cadeau de Washington au régime issu du coup d’État à Kiev est un Plan d’action pour l’adhésion à l’OTAN. En août, l’opération « Rapid Trident » placera les troupes US et britanniques à la frontière entre la Russie et l’Ukraine et l’opération « Sea Breeze » placera des navires de guerre US en vue de ports russes. Imaginez la riposte si ces actes de provocations, ou d’intimidations, s’effectuaient aux frontières des USA.

En revendiquant la Crimée – que Nikita Khrouchtchev avait illégalement détachée de la Russie en 1954 – les Russes se défendaient comme ils l’ont fait depuis presque un siècle. Plus de 90% de la population de la Crimée a voté pour le rattachement à la Russie. La Crimée est aussi la base de la Flotte de la mer Noire, et sa perte signifierait la mort de la flotte russe et un trésor pour l’OTAN. Semant la confusion au sein des parties belliqueux de Kiev et de Washington, Vladimir Poutine a retiré les troupes russes de la frontière ukrainienne et a demandé instamment aux Russes ethniques de l’Est de l’Ukraine d’abandonner le séparatisme.

Suivant une logique orwellienne, cela a été traduit en Occident par « la menace russe ». Hillary Clinton a comparé Poutine à Hitler. Sans ironie aucune, les commentateurs de droite allemands lui ont emboîté le pas. Dans les médias, les néonazis ukrainiens ne sont plus que des « nationalistes » ou « ultranationalistes ». Ce qui leur fait peur, c’est que Poutine est habilement en train de rechercher une solution diplomatique, et qu’il pourrait y réussir. Le 27 juin, en réponse au compromis de Poutine- sa requête devant le parlement russe de révoquer la législation qui lui avait octroyé le pouvoir d’intervenir en faveur des ethnies russes d’Ukraine – le secrétaire d’État John Kerry a émis un autre de ses ultimatums. La Russie doit « agir dans les prochaines heures, littéralement » pour mettre un terme à la révolte en Ukraine de l’Est. Nonobstant le fait que Kerry soit largement considéré comme un guignol, le propos sérieux de ces « avertissements » est de conférer le statut de paria à la Russie et de faire disparaître les informations sur la guerre que mène le régime de Kiev contre son propre peuple.

Un tiers de la population ukrainienne est russophone et bilingue. Ils souhaitent depuis longtemps la naissance d’une fédération démocratique qui reflèterait la diversité ethnique ukrainienne et qui serait autonome et indépendante de Moscou. La plupart ne sont ni « séparatistes » ni « rebelles » mais des citoyens qui veulent vivre en paix sur leur terre natale. Le séparatisme est une réaction à l’attaque de la junte de Kiev contre ces mêmes citoyens, causant l’exode de plus de 110 000 d’entre eux (estimation de l’ONU) vers la Russie. Pour la plupart, des femmes et des enfants traumatisés.

Comme les enfants de l’embargo irakien, et les femmes et les jeunes filles « libérées » d’Afghanistan, terrorisées par les seigneurs de guerre de la CIA, ces ethnies d’Ukraine ne sont pas les bienvenues dans les médias occidentaux, leurs souffrances et les atrocités auxquelles elles sont soumises sont minimisées, ou passées sous silence. L’intensité de l’assaut mené par le régime n’est pas retransmise par les médias dominants occidentaux. C’est une première. En relisant le chef d’œuvre de Phillip Knightley « Première victime : le correspondant de guerre comme héros, propagandiste et faiseur de mythes », je renouvelle mon admiration pour le journaliste du Guardian Philips Price, le seul reporter occidental à être resté en Russie pendant la révolution de 1917 et à avoir rapporté la vérité sur les invasions désastreuses des alliés occidentaux. Objectif et courageux, Philips Price à lui seul dérange ce que Knightley appelle un « silence obscur » antirusse en Occident.

Le 2 Mai, à Odessa, 41 Ukrainiens russophones ont été brulés vifs dans le QG des syndicats, sous les yeux de la police qui regardait sans rien faire. Il y a de nombreuses preuves vidéo sans équivoque. Le dirigeant de droite Dmytro Yarosh a dit de ce massacre qu’il était « un jour glorieux pour l’histoire de la nation ». Dans les médias US et britanniques, cela a été présenté comme une « sombre tragédie » résultant d’affrontements entre « nationalistes » (néonazis) et « séparatistes » (des gens collectant des signatures pour un référendum pour une Ukraine fédérale). Le New York Times a passé ça sous silence, ayant classé comme propagande russe les avertissements sur les politiques fascistes et antisémites des nouveaux clients de Washington. Le Wall Street journal a maudit les victimes – « Un incendie ukrainien mortel, probablement l’œuvre des rebelles, selon le gouvernement ». Obama a félicité la junte pour sa « retenue ».

Le 28 juin, le Guardian a consacré une presque pleine-page aux déclarations du « président » du régime de Kiev, l’oligarque Petro Porochenko. Encore une fois, la règle orwellienne de l’inversion a été appliquée. Il n’y avait pas eu de putsch ; pas de guerre contre les minorités ethniques ; les Russes étaient à blâmer pour tout. « Nous voulons moderniser mon pays », écrivit Poroshenko. « Nous voulons introduire la liberté, la démocratie et les valeurs européennes. Quelqu’un n’aime pas ça. Quelqu’un ne nous aime pas pour cela. »

Dans son article, le reporter du Guardian, Luke Harding, n’a jamais questionné ces affirmations, ou mentionné les atrocités d’Odessa, les attaques aériennes et à l’artillerie du régime sur des zones résidentielles, le meurtre et le kidnapping de journalistes, les incendies des journaux d’opposition, et les menaces de Porochenko de « libérer l’Ukraine de la saleté et des parasites ». Les ennemis sont « des rebelles », des « militants », des « insurgés », des « terroristes » et des larbins du Kremlin. Allez chercher dans les archives de l’histoire les fantômes du Vietnam, du Chili, du Timor-Est, d’Afrique du Sud, d’Irak, vous remarquerez les mêmes qualificatifs. La Palestine est la pierre angulaire de cette escroquerie sans fin. Le 11 juillet, à la suite des derniers massacres à Gaza, commis par les Israéliens, équipés par les USA – 80 personnes dont 6 enfants de la même famille – un général Israélien publiait dans leGuardian, un article titré : « Une démonstration de force nécessaire ».

Dans les années 70, j’ai rencontré Leni Riefenstahl et je lui ai posé des questions sur ses films qui glorifiaient les nazis. À l’aide et de techniques de caméra et d’éclairage révolutionnaires, elle a produit un genre de documentaire qui a envoûté les Allemands ; c’est son film « Le Triomphe de la Volonté » qui est réputé avoir scellé le destin d’Hitler. Je lui ai posé des questions sur la propagande des sociétés qui s’estimaient supérieures. Elle répliqua que « les messages » dans ses films ne dépendaient pas « d’ordres venant d’en haut » mais d’un « vide de soumission » au sein de la population allemande. « Cela inclut-il la bourgeoisie libérale et éduquée ? », ai-je demandé. « Tout le monde », m’a-t-elle répondu, « et bien sûr l’intelligentsia ».

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