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Amérique : Le pays de l’illusion – par Chris Hedges

Source : Truthdig, Chris Hedges

Si ce qui se passe dans les salles d’audience du pays pour les pauvres gens de couleur est la justice, ce qui se passe au Sénat est un procès. Si les débâcles sanglantes et les bourbiers sans fin du Moyen-Orient sont des victoires dans la guerre contre le terrorisme, notre armée est la plus grande du monde. Si la surveillance gouvernementale généralisée du public, la révocation des droits de la défense et le fait d’avoir la plus grande population carcérale du monde sont des libertés, nous sommes le pays des hommes libres. Si le président, un escroc inepte, vulgaire et corrompu, est le leader du monde libre, nous sommes un phare pour la démocratie et nos ennemis nous haïssent pour nos valeurs. Si Jésus est venu pour nous rendre riches, pour bénir l’anéantissement des musulmans par notre machine de guerre et pour condamner l’homosexualité et l’avortement, nous sommes une nation chrétienne. Si la formalisation d’un État d’apartheid en Israël est un plan de paix, nous sommes un médiateur international honnête. Si une méritocratie signifie que trois hommes américains ont plus de richesses que les 50 % de la population américaine les plus pauvres, nous sommes la terre des opportunités. Si la torture des victimes d’enlèvement dans les sites clandestins et l’arrachage d’enfants des bras de leurs parents et leur détention dans des entrepôts fétides et surpeuplés, ainsi que le meurtre de citoyens non armés par la police militarisée dans les rues de nos communautés urbaines, sont l’État de droit, nous sommes un exemple de droits de l’homme.

La rhétorique que nous utilisons pour nous décrire est tellement déconnectée de la réalité qu’elle a induit une schizophrénie collective. L’Amérique, telle qu’elle est discutée dans les forums publics par les politiciens, les universitaires et les médias, est un fantasme, un monde « disneyfié » de faux-semblants. Plus la situation s’aggrave, plus on se replie sur des illusions. Plus longtemps nous ne nommerons pas et n’affronterons pas notre déchéance physique et morale, plus les démagogues qui colportent les illusions et les fantasmes se renforceront. Ceux qui reconnaissent la vérité – à commencer par le fait que nous ne sommes plus une démocratie – errent comme des fantômes en marge de la société, vilipendés comme des ennemis de l’espoir. La folie de l’espoir fonctionne comme un anesthésique. L’espoir que Donald Trump modérerait son extrémisme une fois qu’il serait en fonction, l’espoir que les « adultes dans la salle » géreraient la Maison-Blanche, l’espoir que le rapport Mueller verrait Trump disgracié, destitué et démis de ses fonctions, l’espoir que la destitution de Trump en décembre 2019 conduirait à sa condamnation et à son éviction du Sénat, l’espoir qu’il soit battu aux élections de novembre sont des sorties psychologiques de la crise – l’effondrement des institutions démocratiques, y compris la presse, et la corruption des lois, des politiques électorales et des normes par les entreprises qui ont autrefois rendu possible notre démocratie imparfaite.

Le fait d’embrasser l’auto-illusion collective marque les spasmes de mort de toutes les civilisations. Nous sommes en phase terminale. Nous ne savons plus qui nous sommes, ce que nous sommes devenus ni comment les gens de l’extérieur nous voient. Il est plus facile, à court terme, de se replier sur soi-même, de célébrer des vertus et des forces inexistantes et de se complaire dans la sentimentalité et un faux optimisme. Mais en fin de compte, ce repli, colporté par l’industrie de l’espoir, garantit non seulement le despotisme mais, compte tenu de l’urgence climatique, l’extinction.

« Le résultat d’une substitution constante et totale du mensonge à la vérité factuelle n’est pas que le mensonge sera désormais accepté comme la vérité et la vérité diffamée comme un mensonge, mais que le sens par lequel nous prenons nos repères dans le monde réel – et le camp de la vérité contre le mensonge fait partie des moyens mentaux pour atteindre cette fin – est détruit », a écrit Hannah Arendt à propos du totalitarisme.

Cette destruction, qui transcende les divisions politiques, nous amène à placer notre foi dans des systèmes, y compris le processus électoral, qui sont burlesques. Elle détourne notre énergie vers des débats inutiles et une activité politique stérile. Elle nous invite à placer notre foi en la survie de l’espèce humaine dans des élites dirigeantes qui ne feront rien pour arrêter l’écocide. Elle nous fait accepter des explications faciles pour notre situation, qu’il s’agisse de blâmer les Russes pour l’élection de Trump ou de blâmer les travailleurs sans papiers pour notre déclin économique. Nous vivons dans une culture inondée de mensonges, les plus dangereux étant ceux que nous nous disons à nous-mêmes.

Les mensonges sont émotionnellement réconfortants en période de désarroi, même lorsque nous savons qu’il s’agit de mensonges. Plus les choses empirent, plus nous avons envie d’entendre ces mensonges. Mais les cultures qui ne peuvent plus faire face à la réalité, qui ne peuvent pas distinguer le mensonge de la vérité, se replient sur ce que Sigmund Freud appelait les « screen memories » [souvenirs-écrans, NdT], la fusion des faits et de la fiction. Cette fusion détruit les mécanismes qui permettent de percer les auto-illusions. Les intellectuels, les artistes et les dissidents qui tentent de faire face à la réalité et mettent en garde contre l’auto-illusion sont ridiculisés, réduits au silence et diabolisés. Il existe, comme l’a noté Freud dans « Le Malaise dans la civilisation », des sociétés en détresse dont les difficultés « ne céderont devant aucune tentative de réforme ». Mais c’est une vérité trop dure à accepter pour la plupart des gens, surtout les Américains.

L’Amérique, fondée sur les horreurs de l’esclavage, du génocide et de l’exploitation violente de la classe ouvrière, est un pays défini par l’amnésie historique. Le récit historique populaire est une célébration des vertus fictives de la suprématie blanche. L’optimisme sans faille et le plaisir de se délecter des prétendues vertus nationales obscurcissent la vérité. La nuance, la complexité et l’ambiguïté morale, ainsi que l’acceptation de la responsabilité des holocaustes et des génocides perpétrés par les esclavagistes, les colons blancs et les capitalistes, n’ont jamais été à la hauteur du triomphalisme américain. « Les illusions de la force et de la santé éternelles, et de la bonté essentielle des gens – ce sont les illusions d’une nation, les mensonges de générations de mères de pionniers », a écrit F. Scott Fitzgerald.

Mais dans la décadence, ces illusions sont fatales. Les nations puissantes ont le luxe de s’imprégner du mythe, même si les décisions et les politiques basées sur ce mythe infligent des dommages et des souffrances considérables. Mais les nations dont les fondations sont en train de pourrir n’ont que peu de latitude. Les erreurs de calcul qu’elles font, basées sur des fantasmes, accélèrent leur mort.

Joseph Roth est l’un des rares écrivains allemands des années 1930 à avoir compris les conséquences de la montée du fascisme. Dans son essai « L’Autodafé de l’esprit », qui traitait du premier autodafé de livres par les nazis, il conseillait à ses collègues écrivains juifs d’accepter qu’ils avaient été vaincus : « Nous, qui combattions sur la ligne de front, sous la bannière de l’esprit européen, accomplissons le plus noble devoir du guerrier vaincu : concédons notre défaite. »

Roth savait que colporter de faux espoirs à une époque de mal absolu était immoral. Il ne se faisait pas d’illusions sur son propre manque de considération croissant. Il était sur la liste noire de la presse allemande, incapable de publier ses livres en Allemagne et dans son pays natal, l’Autriche, et plongé dans la misère et souvent le désespoir. Il était parfaitement conscient du fait que la plupart des gens, même ses compatriotes juifs, trouvaient plus facile de s’aveugler sur le mal radical, ne serait-ce que pour survivre, plutôt que de nommer et de défier une autorité malveillante et de risquer l’anéantissement.

« À quoi servent mes mots », demandait Roth, « contre les fusils, les haut-parleurs, les assassins, les ministres dérangés, les intervieweurs et les journalistes stupides qui interprètent la voix de cette tour de Babel, de toute façon brouillée, par les tambours de Nuremberg ? »

« Il vous apparaîtra clairement maintenant que nous nous dirigeons vers une grande catastrophe », écrivait Roth, après s’être exilé en France en 1933, à l’auteur Stefan Zweig à propos de la montée en puissance des nazis. « Les barbares ont pris le dessus. Ne vous y trompez pas. L’enfer règne ».

Mais Roth savait aussi que la résistance était une obligation morale, sinon pratique, en temps de mal radical. La défaite était peut-être certaine, mais la dignité et la détermination à vivre dans la vérité exigeaient une réponse. Nous sommes tenus de témoigner, même si une population qui s’illusionne ne veut pas entendre, même si cette vérité rend certaine notre propre marginalisation et peut-être notre disparition.

« Il faut écrire, même si l’on se rend compte que les mots imprimés ne peuvent plus rien améliorer », a expliqué Roth.

Cette bataille contre l’auto-illusion collective est un combat que je crains que nous ne puissions pas gagner. La société américaine est mortellement blessée. Sa corruption morale et physique est irréparable.

L’espoir, le véritable espoir, nomme l’amère réalité qui est devant nous. Mais il refuse de succomber, malgré la morosité, au désespoir. Il interpelle un univers indifférent par chaque acte accompli pour nommer, paralyser et détruire le pouvoir des entreprises. Il se moque de la défaite certaine. Que nous puissions réussir ou non est sans importance. Nous ne pouvons pas toujours choisir comment nous allons vivre. Mais nous pouvons choisir comment nous allons mourir. La victoire, c’est s’accrocher à notre autonomie morale. La victoire, c’est exiger, à n’importe quel prix, la justice. La victoire, c’est dire les vérités que les élites dirigeantes cherchent à faire taire. Une telle vie vaut la peine d’être vécue. Et en temps de malheur radical, ces vies – points de lumière ironiques, comme l’a écrit W.H. Auden – ne donnent pas seulement de l’espoir, mais aussi la puissance du sacré.

Source : Truthdig, Chris Hedges

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Un oiseau abat un F-35 :-)

« Lancé au début des années 1990, le F-35 est le plus cher des programmes d’armement de l’histoire militaire américaine, avec un coût estimé au total à près de 400 milliards de dollars pour le Pentagone, pour un objectif de près de 2500 appareils à produire dans les décennies à venir. »

La Presse 

La situation financière U.S.

Dix indicateurs qui montrent que la situation financière actuelle des États-Unis est une vision d’horreur

Par Michael Snyder – Le 12 août 2018 – Source  TheEconomicCollapse

Les prévisions à long terme du bilan des États-Unis continuent à s’aggraver progressivement. Malheureusement, depuis que le marché boursier a flambé et que les chiffres du PIB semblent satisfaisants, la plupart des Étasuniens supposent que l’économie de leur pays se porte bien. Mais il faut dire que le marché boursier montait en flèche et les chiffres du PIB semblaient corrects juste avant la grande crise financière de 2008, et nous avons vu ce que cela a donné. La vérité est que le PIB n’est pas la meilleure mesure pour la santé de l’économie. Juger l’économie étasunienne par rapport au PIB revient essentiellement à mesurer la santé financière d’une personne relativement à ses dépenses. C’est ce que je vais essayer d’illustrer ici.

Si je sortais tout de suite, obtenais un certain nombre de nouvelles cartes de crédit et commençais à dépenser comme si demain n’existait pas, cela signifierait-il que ma situation financière se serait améliorée ?

Non, en fait, cela signifierait que ma situation financière à long terme a au contraire empiré.

Le PIB est une mesure de l’activité économique de notre société, et c’est essentiellement une indication du montant d’argent échangé.

Mais le fait que plus d’argent change de mains ne veut pas dire que les choses s’améliorent. Ce qui compte vraiment est ce qui arrive aux actifs et aux passifs. En d’autres termes, est-ce que de la richesse a été créée ou bien a-t’on simplement accumulé de la dette ?

Malheureusement, il n’y a qu’une poignée de points positifs dans notre économie. Quelques très grandes entreprises technologiques, comme Apple, amassent de la richesse, mais à peu près partout la dette augmente à un rythme sans précédent. La dette des ménages n’a jamais été aussi élevée. La dette des entreprises a doublé depuis la dernière crise financière. La dette publique des États et des collectivités locales a atteint un niveau record et la dette publique étasunienne est complètement hors de contrôle.

Si je sortais demain et dépensais $20 000 avec un lot de nouvelles cartes de crédit, je pourrais prétendre que mon « PIB personnel » monte en flèche parce que je dépense beaucoup plus qu’avant. Mais ma vantardise serait inutile car, en réalité, je mettrais simplement ma famille dans une situation financière extrêmement précaire.

La croissance économique qui résulte de l’accroissement continu de la dette n’est pas une chose positive. Je souhaite que plus de gens comprennent ce concept très basique. Voici dix indicateurs qui montrent que la situation financière actuelle des États-Unis est une vision d’horreur…

1. Le crédit à la consommation aux États-Unis vient d’atteindre un nouveau record. Au deuxième trimestre de 2008, le total des  crédits à la consommation avait atteint $2 630 milliards et, dix ans plus tard, ce chiffre a  grimpé à $3 870 milliards. Cela représente une augmentation de 48% en une seule décennie.

2. La dette étudiante a pour la première fois dépassé les $1 500 milliards. Au cours des huit dernières années, le montant total de l’endettement des étudiants aux États-Unis a  augmenté de 79%.

3. Selon la Réserve fédérale, le taux de défaillance des cartes de crédit aux États-Unis a  augmenté pendant sept trimestres consécutifs.

4. Une enquête récente a  révélé que 42% des consommateurs étasuniens ont payé en retard leur factures de carte de crédit « au moins une fois au cours de la dernière année » et 24% des consommateurs étasuniens les ont  payées en retard « plus d’une fois au cours de la dernière année ».

5. Les salaires réels aux États-Unis viennent d’atteindre leur  niveau le plus bas depuis six ans.

6. Selon une  étude récente« le taux de faillite personnelle des gens âgés de 65 ans et plus est trois fois supérieur à celui de 1991 ».

7. Nous sommes au cœur de la plus grande « apocalypse de la vente au détail » dans l’histoire étasunienne. À ce jour, en 2018, 57 grandes surfaces ont  annoncé des fermetures de magasins.

8. Le déficit budgétaire officiel des États-Unis est en hausse de 21% sous le président Trump.

9. On prévoit que le service de la dette publique cette année  dépassera pour la première fois les $500 milliards.

10. Goldman Sachs prévoit que le déficit budgétaire annuel  dépassera les $2 000 milliards d’ici 2028.

Et je n’ai même pas parlé des passifs non capitalisés. Ce sont essentiellement des engagements futurs pour lesquels nous n’avons pas d’argent.

Selon le professeur Larry Kotlikoff, en ce moment nos engagements non capitalisés  dépassent largement les $200 000 milliards.

Si les personnes, les entreprises, les États et gouvernements locaux et le gouvernement fédéral cessaient tous de s’endetter, nous nous enfoncerions immédiatement dans la plus grande dépression économique de l’histoire des États-Unis.

Le système est profondément brisé, et la seule façon de maintenir cette bulle de dette est de continuer à l’accroître encore plus.

Toute personne qui croit que l’économie étasunienne est « réparée » est complètement dans l’erreur. RIEN n’a été arrangé. Au lieu de cela, nos déséquilibres financiers à long terme s’aggravent à un rythme croissant.

Malheureusement, l’attitude du grand public est exactement similaire à ce qu’elle était juste avant la grande crise financière de 2008. La plupart des gens semblent assumer que n’ayant pas subi jusqu’à présent de conséquences néfastes résultant de nos très idiotes décisions, aucune conséquence dommageable ne se produira.

Beaucoup supposent également que depuis que le contrôle de la Maison Blanche a changé, les choses vont s’améliorer par magie.

Bien sûr, la vérité est que la seule façon de résoudre nos problèmes à long terme est de s’attaquer à leur origine, ce qui n’est tout simplement pas le cas.

Comme j’ai beaucoup voyagé au cours de l’année écoulée, j’ai découvert que la plupart des Étasuniens ne veulent pas apporter de changements fondamentaux au système actuel, car ils ont l’illusion qu’il fonctionne très bien. Donc, il faudra probablement une autre crise majeure avant que la plupart des gens soient prêts à envisager des changements fondamentaux, et quand cela arrivera, nous devrons être prêts à l’expliquer au public.

Le système que nous avons aujourd’hui, est fondamentalement malsain. Nous avons désespérément besoin de revenir aux valeurs et aux principes sur lesquels notre pays a été fondé, mais tant que les choses n’ont pas commencé à aller vraiment, vraiment mal, il est fort peu probable que le peuple étasunien soit prêt à accepter ces changements.

Michael Snyder est un écrivain syndiqué, une personnalité médiatique et un militant politique. Il est l’éditeur de  The Most Important News et l’auteur de quatre ouvrages, dont  The Beginning of the End et  Living A Life That Really Matters

Traduit par  Alexandre Moumbaris relu par Marie-José Moumbaris

 lesakerfrancophone.fr

Lettre ouverte aux martiens

Avant-propos:

(Image: secrète. Bout de stylo trafiqué. Vu que les imagiers  sont tristes à chier, et qu’ils ne veulent rien partager, on va se débrouiller pour faire semblant que c’est une fusée. )

LES NOUVEAUX UTOPISTES (1/4) – Les nouveaux utopistes, veulent rendre notre monde meilleur en s’appuyant sur l’évolution très rapide des technologies. Le PDG de SpaceX, lui, voit l’avenir de l’homme dans les étoiles. Il veut commencer par la colonisation de Mars.

Faire de l’humanité une espèce interplanétaire, en commençant par la colonisation de Mars. Tel est le rêve d’Elon Musk, figure emblématique du «serial entrepreneur» de la Silicon Valley. Après avoir fait fortune avec PayPal (paiement en ligne), il a créé la société spatiale SpaceX, le constructeur de voitures 100 % électriques Tesla et a lancé plusieurs projets futuristes à l’instar du système de transport interurbain Hyperloop.  Le Figaro  .

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Chers martiens,

Si vous existez, quand vous verrez arriver une bande de cowboys habillés pour respirer de l’air, percez leur camisole avec un stylo. Si vous n’avez pas de stylo, prenez un morceau de roche rouge et défoncez leur masque. Vous les verrez se tordre. Ils sortiront leurs armes et vous abattront, même si votre peau est jaune. Si vous êtes blondes et belles, usez de vos charmes pour leur couper le tuyau. Ils seront confondus.

Ils disent que la première chose qu’ils feront, c’est de chercher de l’eau. Ils ne peuvent vivre sans eaux. Ils en sont constitués à 90%. D’ailleurs, vous pourrez vérifier: percez-les. Vous verrez sortir de l’eau rouge. C’est bon signe. Mais, attention, c’est une tromperie. Ils se sont bourrés de liquide rouge pour vous faire croire qu’ils sont des vôtres, ceux de la planète rouge.

Si jamais ils trouvent de l’eau avant que vous puissiez les intercepter – car ils sont dangereux et armés- ils prendront de l’eau et feront un usage immodéré. Ils pourraient même aller jusqu’à se baigner dedans ou encore y faire leurs besoins. Chaque famille américaine bien nantie a, en moyenne, trois salles de bain. Ils sont propres comme des chats. Ce qui revient à dire qu’ils prendront votre planète pour une litière.

Si vous les laissez faire, ils découperont votre sphère en carrés, dits terrains. Pour eux, la quadrature du cercle est possible. Et dans ces carrés, ils creuseront jusqu’à ce qu’il en sorte un liquide noir. Ils en auront besoin pour repartir. Si  jamais ils veulent repartir,  dites que vous avez froid et que vous ne connaissez pas le feu. Ils vous donneront un briquet pour 1 million de barils. Ils sont d’une générosité à nous faire larmer.

En cas de besoin, utilisez les briquets qu’ils vous donneront pour allumer un grand feu près de leur appareil en l’approchant du  liquide noir. Boum! Vous serez soulagés de les voir filer vers le ciel-   peut-être un peu en morceaux-  mais bon, on ne fait pas d’homme laite   sans casser des eux.

Après quelques années martiennes passées, vous en verrez d’autres arriver. Habillez-vous avec une plume sur la tête et fabriquez un tipi. Je vous envoie les plans en format PDF. Ça les déconcertera un peu, mais ils seront ravis. Car ils y verront là un procédé d’assimilation simple à suivre: vous aurez droit à un petit carré dans la sphère. Alors, par un beau soir de Terre, sortez le briquet et refaites la même opération. Après quelques opérations, vous verrez que votre planète sera vraiment rouge et la nôtre un peu plus propre.

Votre tout dévoué,

Gaëtan Pelletier,

Spécialiste en US et coutumes.

Hollywood m’a menti sur l’Amérique

 

 Karim Akouche – Écrivain

«Il y a en effet plusieurs Amériques, souvent opposées, qui se côtoient et se querellent. Celle des bons, celle des bêtes et celle des truands», écrit l’auteur.

Hollywood m’a menti. L’Amérique qu’il m’a vendue ne correspond aucunement à celle que je découvre. Au poste frontalier avec le Québec, le douanier me prend d’emblée pour un ennemi. La raison : le « DZ » inscrit sur mon passeport canadien. Il tape sur son clavier et découvre mon pays de naissance : l’Algérie, un pays susceptible d’exporter le terrorisme. Il me pose des questions auxquelles je réponds dans un anglais approximatif, mais clair. Il me crie dessus, froisse mon invitation et la jette à la poubelle.

Je me dois alors de justifier mon innocence. Heureusement que je suis invité à New York comme écrivain et que j’ai une conférence programmée le surlendemain. Il tape sur Google, tombe sur des articles parlant de moi et de mes livres. Il se décrispe tout à coup : « Congratulations ! You have a Wikipedia page ! You are a celebrity ! » Je n’en reviens pas. En l’espace de quelques minutes, il passe de la violence à l’amabilité. C’est à cause de la supposée notoriété dont je dispose sur Internet. Autrement dit : le paraître et le clinquant ont gommé la « tare » des origines.

Cactus

Bienvenue au pays de toutes les énigmes. L’écart entre l’Amérique réelle et l’Amérique fantasmée, celle véhiculée par les médias, est si grand que je ne sais plus comment le formuler. La première image qui me vient à l’esprit est celle d’une plante épineuse, le cactus : il est beau à la vue, mais il pique au toucher.

Il y a en effet plusieurs Amériques, souvent opposées, qui se côtoient et se querellent. Celle des bons, celle des bêtes et celle des truands. D’un côté, le Nouveau Monde et, de l’autre, le monde archaïque. L’Amérique du rêve et celle du cauchemar. Celle des riches métropoles et celle des laissés-pour-compte. Celle des forts et celle des faibles. Celle des champions et celle des perdants.

L’Amérique des Caucasiens et l’Amérique des Noirs. Celle de Philip Roth et celle de Donald Trump. Celle de la Silicon Valley et celle de Brooklyn. Celle de la statue de la Liberté et celle de Guantánamo. Celle de Coca-Cola et celle de l’injection létale. Celle de la violence protéiforme et celle, burlesque, de Charlie Chaplin.

L’Amérique des Simpsons et l’Amérique de Fox News. Celle du puritanisme religieux et celle de l’industrie du porno. Celle du football et celle de l’obésité. Celle du gospel et celle des gangs de rue. Celle du patriotisme excessif et celle de l’individualisme de masse. Celle de la Révolution et celle de l’extermination des Indiens. Celle de la guerre de Sécession et celle de la traite négrière.

L’Amérique arrogante et l’Amérique qui accueille. L’Amérique terrorisée et l’Amérique qui terrorise. L’Amérique inculte et l’Amérique cultivée. La simplicité volontaire de Thoreau et l’axe du mal de Bush. La dictature de l’instant et le mépris de l’histoire. Le ici-et-maintenant et le passé-jamais. Wall Street et les ghost towns. Wounded Knee et Omaha Beach. L’Amérique qui massacre et l’Amérique qui libère. Le Ku Klux Klan et Jésus Christ. Geronimo et Ben Laden. Le Vieil homme et la mer et le Patriot Act. La NSA et Edward Snowden… Il y a de tout : le faste et le fade, la fureur et la foi, la fougue et la folie.

Pays des cow-boys

Un ami vivant au New Jersey me confie à juste titre : « Il est plus facile, pour les Américains pauvres, de se procurer une arme que de se faire soigner. » N’ayant pas réussi à trouver un assureur à cause de son diabète, il doit 200 000 dollars à des hôpitaux. Il est loin d’être le seul dans cette situation. La plupart de ses concitoyens sont surendettés : la santé et l’éducation les ruinent.

La veille de mon voyage, il m’a donné quelques consignes : « Si la police t’interpelle, sois calme, obéis, ne farfouille pas dans tes affaires, place tes papiers bien en vue, car tout geste de trop pourrait être mal interprété… Nous sommes au pays des cow-boys, les flics ont la gâchette facile. »

En effet, les relations entre la police et les citoyens, surtout les minorités, sont tendues. Le taux de criminalité annuelle à Détroit, Baltimore, Cleveland, Oakland, Saint-Louis et Memphis, entre autres, frôlent les 2000 cas par 100 000 habitants.

La violence sociale et économique, c’est le quotidien des Américains. On est loin des cartes postales et des confessions à l’eau de jasmin que les starlettes étalent sur les réseaux sociaux. Le marketing fausse tout. Il y a un fossé entre le discours officiel et la réalité.

Kennedy, par exemple, dont on a voulu faire une icône, n’a en réalité jamais été un modèle : il ne respectait pas les femmes et a fait la guerre à Cuba et au Vietnam. Au pays de l’oncle Sam, le vivre-ensemble et la liberté ne sont que des vocables creux : c’est le vivre-à-côté et le politiquement correct qui règnent. Chacun pour soi et Dieu pour personne.

Si tu es un winner, tu auras ta place entre les winners, donc dans la société. Alors tu as intérêt à sortir tes muscles, à accumuler plusieurs boulots, à suer, à dormir peu, à manger vite et gras. Tu seras alors fier d’étaler ta richesse, ta paie, ton ranch, ta bagnole… Si, dans le cas contraire, tu es pauvre, cache-toi, souffre en silence et prie. Tu peux toujours chanter la rengaine d’Obama, Yes we can, l’État ne viendra jamais à ton secours. Ici, la vie n’a de valeur que si elle est convertible en billets verts. Bosse ou crève. In Money we trust.

Le règne Obama

Obame caricature

 

Comment la mondialisation a tué les bisons

Bisons

 

Il est maintenant plus que possible que la race humaine soit exterminée par cette recherche frénétique du profit pour le profit. L’étourderie des commerçants mondiaux et leurs pouvoirs de destruction dans une surexploitation des ressources. Et parmi ces ressources se trouve désormais l’homme-outil, lui-même marchandise. La mondialisation n’a pas seulement tué les bisons, car en poursuivant les moyens actuels de  d’une économie qui buldoze tout, sans réflexion,  ce n’est ni plus ni moins qu’un suicide collectif.  

Gaëtan Pelletier 

***

Gilles Raveaud

Scott Taylor, professeur à l’université de Calgary (Canada), a fait une découverte : la quasi-extermination des bisons aux Etats-Unis à la fin du XIXème siècle n’est pas le résultat de la pression démographique des colons, ni de la chasse des Amérindiens ou de la construction du chemin de fer.

Elle résulte en fait d’une hausse massive du commerce entre les Etats-Unis et l’ancienne métropole colonisatrice, le Royaume-Uni, elle-même conséquence d’une innovation anglaise dans le tannage des peaux.

La population de bisons aux Etats-Unis a été pratiquement exterminée au cours du XIXème siècle : tandis que les bisons étaient 20 ou 30 millions au XVIème siècle, ils n’étaient plus qu’une centaine à la fin du XIXème siècle.

Selon Scott Taylor, il a fallu cent ans aux colons pour tuer tous les bisons vivant à l’est du Mississippi. Par contre, de manière tout à fait stupéfiante, les 10 à 15 millions de bisons restants dans les hautes prairies ont été massacrés en à peine 10 ans. Comment est-ce possible ?

Vers 1830, les bisons avaient été exterminés à l’est du Mississippi. A cette époque, les bisons étaient chassés par les indiens pour leur viande mais aussi pour leur peau, échangée dans les villes. Dans les années 1840, les colons ont poursuivi leur avance dans les grandes plaines jusqu’en Orégon et en Californie.

Les mouvements de population ont alors séparé la population de bisons en deux, au nord et au sud, matérialisée par la construction de la ligne de chemin de fer de la Union Pacific Railroad au cours des années 1860. A cette époque, en dépit des chemins de fer – détruisant l’habitat naturel des bisons et exerçant une demande croissante pour leurs viande de la part des travailleurs -, du marché local pour leur cuir, et de la conversion des hautes prairies en zones agricoles, la population des bisons n’a diminué que progressivement.

Mais cette situation a évolué brutalement peu après 1870, quand des tanneurs anglais mirent au point une nouvelle technique permettant de tanner les peaux des bisons.

Scott Taylor cite un article du Times de New York d’août 1872 :

Les peaux sont collectées à l’Ouest par les agents des maisons de commerce de l’Est, elles sont simplement séchées, puis transmises soit à New York, soit à Baltimore pour l’exportation…

Le bas prix que ces marchandises ont atteint sur le marché anglais, et la perspective d’une baisse accrue, pourrait à terme mettre fin à ce commerce, mais à l’heure actuelle, les peaux sont chassés pour leur vigueur, et, si le commerce continue, il ne faudra que quelques années pour exterminer les troupeaux.

Le marché des peaux de bison a en effet explosé suite aux nouvelles techniques mises au point en Angleterre, et à la possibilité pour les chasseurs des Etats-Unis de faire parvenir, par l’intermédiaire de maisons de commerce, les peaux en Angleterre. Jusque là, les peaux étaient quasiment dénuées de valeur. Le seul produit commercialisable à partir d’un bison était sa viande, mais ce marché était sévèrement limitée par les coûts de transport.

Taylor évoque les explications habituellement avancées du déclin du bison : la chasse par l’armée des États-Unis, la présence des chemins de fer, et les changements dans les pratiques de chasse des Amérindiens.

Bien que chacun de ces éléments puissent avoir contribué un peu à la baisse de la population de bisons, ses estimations suggèrent que la demande du marché mondial a joué un rôle central :

Les données sur les exportations nouvellement construites soutiennent l’hypothèse d’abattage axée sur les exportations, tandis que les explications alternatives que sont les chemins de fer, l’armée, ou les Amérindiens, semblent jouer un rôle beaucoup plus faible.

Les ordres de grandeur sont considérables. Mes résultats suggèrent qu’environ six millions de peaux de bison ont été exportées au cours de la période 1871-1883, ce qui correspond à la mort de près de neuf millions de bisons.

Pour Taylor, trois facteurs économiques cruciaux expliquent le massacre :
– une innovation dans le tannage des peaux
– le libre accès (sans coût et sans restrictions de quantités) des chasseurs aux troupeaux de bisons
– des prix mondiaux fixes.

Selon lui, le massacre des bisons est un bon exemple de surexploitation des ressources naturelles engendrée par deux phénomènes : une demande en plein essor, et une mauvaise régulation des ressources.

Taylor souligne “le rôle crucial joué par les marchés internationaux” dans cette évolution. Et explique pourquoi elle n’a pas pu être corrigée par les mécanismes marchands :

bien que le massacre des bisons ait été un événement majeur dans l’histoire des États-Unis, cet événement était mineur sur la scène mondiale.

De ce fait, certaines des propriétés typiques du système de prix du marché, comme l’isolement [le fait que chaque marché soit séparé des autres, ce qui permet d’établir le prix de chaque marchandise] et de signalisation [hausse du prix lorsque la ressource se raréfie] n’ont pas pu fonctionner.

Commentant ces résultats, Timothy Taylor (sans lien avec Scott), en conclut que lorsque de petits pays et des petites économies à travers le monde expriment leurs craintes que la combinaison de nouvelles technologies et d’une hausse de la demande mondiale anéantissent leur habitat naturel ou leurs ressources, les Américains devraient écouter.

Il note par ailleurs que la quasi-extermination des bisons fait partie des événements qui ont mené à la création d’un mouvement environnementaliste américain. Selon Scott Tayloe,

Pour de nombreux Américains de l’époque, le massacre semblait inutile et mauvais (…). L’abattage du bison a été déterminant dans la montée du  mouvement conservationniste à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle.

La quasi-totalité des acteurs importants dans le mouvement conservationniste, comme Teddy Roosevelt, John Muir, et William Hornaday, avaient été des témoins de ce massacre.

La création du système des parcs nationaux en général, et celle de Yellowstone, en particulier, reflètent la répulsion que beaucoup éprouvaient à l’égard de l’abattage des bisons sur les grandes plaines.

http://www.leconomiepolitique.fr/

Retour vers le futur avec Trump

Le partir du Yes We Can

Le cowboy beige de l’Amérique partira bientôt. On a frôlé l’espoir dans la fièvre d’un homme noir qui « dirigerait » désormais l’Amérique. J’avais écrit de nombreux articles à l’époque sur le règne à venir d’Obama. Un beau slogan, mais un avenir …blanc.

Obama devait prendre le rôle du Magicien d’Oz : régler la crise de 2008, et redonner à l’Amérique son souffle et des changements profonds.

Quelqu’un (sic)- plusieurs se sont servi de lui pour masquer l’hypocrisie américaine. Mais ce n’est pas là l’apanage d’un pays. D’autres ont déçu. La raison est simple, il n’est plus possible de combattre le réel pouvoir de la finance mondialiste.

L’avenir ne sera pas d’élire, mais de se regrouper pour stopper ce monstre en train de couler en nous privant de gilets de sauvetages.

gp

2015… on est pas sorti de l’auberge

roulotte d'Anne

Anne Wolf 

 

Des questions et encore des questions…

Depuis hier, après quelques salutaires semaines loin de toute « info », contre-info ou désinfo, pas moyen d’échapper à Charlie…

La question parmi toute qui me relance avec la plus grande insistance, c’est : « Mais de quelle liberté d’expression est-il question en fait ? »

De celle qui permet de stigmatiser les musulmans en toute bonne conscience mais vous promet les pires ennuis si vous avez le malheur de critiquer les agissements du gouvernement sioniste d’Israël ?

De celle qui établit des lois de mauvaise conscience, après que le gouvernement pétainiste ait livré les français juifs à leurs alliés nazis voici que des lois discriminatoire font des juifs des sortes de citoyens d’exception que nul ne pourrait critiquer, sauf si ce sont des « mauvais juifs » qui eux aussi s’indignent des agissements sionistes.

Je n’ai jamais été une lectrice de Charlie, mais là j’ai eu l’occasion ces derniers jours d’en prendre plein la gueule de ces caricatures de « musulmans » – souvent ignobles, toujours vulgaires. C’était aussi l’occasion de m’interroger : en quoi de telles manifestations de mépris et de haine ont-elles jamais pu contribuer à créer les conditions d’une union populaire tellement nécessaire pour lutter contre les ravages de la globalisation ? Caricature doit être pris ici au sens figuré de ce qui déforme et trahit la réalité.

Les valeurs de la République ? La laïcité ?

Une des dérives très claires des dernières décennies, c’est de voir que ces valeurs servent aujourd’hui de leurres pour multiplier les interdits et franchement à les voir ainsi agitées dans un état d’esprit qui évoque Les Bush, Obama et consorts qui brandissent les spectres de la démocratie et de la liberté pour justifier leur défense des intérêts mondiaux des grandes transnationales, cela me fiche tout simplement la nausée…

Globalisation ?

J’ai atterri en 2015 après une soirée arrosée d’eau pétillante, avec l’impression de me retrouver au bord d’un gouffre, le trou noir, quand globalisation signifie multiplication des foyers et des formes de guerre qui préparent le terrain pour un « nouvel ordre mondial », dont les caractéristiques selon ses promoteurs sont celles d’une dictature digne de la « République » de Platon. L’Ukrainienne Anna Goncharova cite les oligarques de son pays parlant du peuple comme du bétail, nul doute en ce qui me concerne que ce point de vue ne soit partagé par l’oligarchie mondiale qui se crée à présent un cheptel en fonction de ses aspirations et besoins éliminant sans vergogne ceux qui par leur action, leur idéologie ou par ce qu’ils occupent des terres riches que celle-ci désire s’approprier constituent un obstacle à la réalisation de leur plan.

Nous pouvons le constater par des moyens multiples nous assistons à présent à la mise en œuvre d’une opération massive de réduction de la population de la planète qui s’accompagne d’une réduction drastique du nombre des espèces vivantes naturelles.

Ainsi donc le premier janvier, ce n’était pas la joie. Après celle du gouffre noir, l’image qui s’impose à moi est celle d’un monde casserole à pression s’échauffant vers une implosion généralisée. Une guerre de tous contre tous volontairement provoquée par un long travail de sape et de manipulation des inconscients collectifs grâce au matraquage de matrices d’opinion conçues à cet effet.

« Bonne année » ? Difficile de la souhaiter avec cette candeur qui nous permettait auparavant de commencer l’année comme la perspective d’un renouvellement de tous les possibles. Depuis quelques mois, j’ai délaissé internet et la géopolitique internationale pour me concentrer sur l’échelle locale. De retour à Bruxelles après près de 3 ans d’absence, je constate les dégâts. Du néofascisme qui confirme la vision deleuzienne dune société de contrôle civile, quand les « citoyens » sont incités à la délation présentée comme un acte civique… et je vous assure que cela marche… « Si vous constatez quoi que ce soit d’anormal, appelez les contrôleurs au numéro vert untel »…

Personnellement je m’en sors pas trop mal et j’ai réussi encore une fois à refaire un lieu de vie agréable avec des moyens financiers minimum et de la débrouillardise… en lisant Texaco de Patrick Chamoiseau qui raconte l’histoire de Marie-Sophie Laborieux en lutte pour défendre son bidonville édifié sur les coteaux qui borde l’en-ville de Fort de France, je me sens en empathie totale avec ce petit peuple qui construit ces cases de bric et de broc pour en faire des foyers digne de ce nom… avec de la débrouillardise et de l’huile de bras, un brin d’imagination et de savoir faire… on s’accommode… mais de me sentir bien dans mon histoire cela ne me console pas du tout des ravages que l’autodestruction programmée provoque chez mes amis, copains ou relations… très clairement une conséquence de la globalisation avec ses restrictions financières, ses restrictions de moyens, d’espaces de liberté et l’accès à un logement décent toujours plus aléatoire. Une des formes de la guerre globale qui restreint de quelques décennies leur espérance de vie… La Mort frappe parmi nous, marginaux, à coups redoublés et je sens comme une angoisse latente qui fait que chacun commence à se demander qui sera le prochain sur la liste.

J’ai bien conscience pourtant que cette désespérance faute d’espoir n’est qu’un moindre mal si l’on pense à tous ceux qui de part le monde vivent la guerre aux quotidien quand armées, paramilitaires, forces de répressions, sicaires ou voisins habités de folie programmée peuvent surgir à tous moment, quand de braves gens perdent le sommeil parce qu’ils ont tout à fait conscience que ces drones qui survolent leur maison la nuit peuvent tout aussi bien les transformer en quelques secondes en « dommages collatéraux », eux, leurs proches leurs amis.

Chronique d’un attentat prévu.

Toute personne dotée d’un minimum de rationalité sait depuis longtemps qu’il n’est pas possible de porter la guerre dans d’autres pays qui ne nous menaçaient pas, d’encourager les gamins des banlieues à rejoindre les rebelles de Syrie, pour les stigmatiser à leur retour… qu’on ne peut assassiner des populations entières afin de s’approprier les richesses de leur territoire sans que ce produisent à un moment le retour de bâton… d’autant que les indices se multiplient qui dénonce les préparatifs d’une guerre civile en Europe, la formation militaire des terroristes s’accompagnant souvent dans les mêmes lieux de celle de néo-nazis qui font partie de la même dynamique nous conduisant vers cette implosion évoquée plus haut…

Ainsi donc la question n’était pas tant de savoir qi nous allions être exposés au risque d’attentats terroristes mais bien plutôt quand et sous quelle forme ils se produiraient. Mon indignation ne concerne donc pas l’attentat de Charlie Hebdo en soi mais bien toutes les dynamiques et processus de la guerre globale qui l’ont rendu possible, qui l’ont rendu inéluctable. Je n’ai pas visionné les films des meurtres « en direct », puisque ce n’est que samedi que passant par hasard devant une télévision allumée, chez pris connaissance du « tragique événement ».

Autant que possible j’essaye de me protéger de ce voyeurisme qui a envahi nos foyers par l’intermédiaire de cette machine diabolique à niveler les consciences et manipuler les émotions : le cheval de Troie télévision et sa manipulation émotionnelle des images.

D’autres questions concernent les aspects plus stratégiques et tactiques… Qui a commandité, pourquoi Charlie… Que pensez de l’argument de l’abandon de la surveillance de terroristes avérés sous prétexte qu’il présentent « un faible risque » etc… une longue liste de questions dont certaines sont de celles qui ne trouvent de réponses que bien plus tard quand des investigateurs compétents accèdent à des documents déclassifiés ou autres preuves de manipulation de l’histoire.

Je ne crois ni au Dieu des Musulmans, ni à celui des Chrétiens, ni à aucune autre représentation divine qui ferait de quelque peuple que ce soit un peuple élu favoris de Dieu… simple question de logique : s’il existe un esprit créateur alors nous sommes tous créatures au même titre. J’ai rencontré tant de gens de toutes origines au cours de ma vie que je ne puis considérer d’autre appartenance que celle du cœur, d’autre liberté d’expression que celle qui respecte la dignité de l’autre et en particulier dans le contexte actuel d’autre manière d’agir que celles qui favorisent la concorde entre tous ceux qui souffrent de l’exploitation, de l’exclusion , de l’expropriation pratiquée par les accapareurs transnationaux.

Mes affinités ne sont pas fonction des origines des uns et des autres, mais bien de la complémentarité que nous pouvons mettre en œuvre pour construire à contre-courant un monde de paix, d’une sensibilité commune humaine et bienveillante… Je ne cautionne donc ni les productions irrespectueuses de Charlie Hebdo qui en tant qu’atteinte à la dignité de personnes me révulsent, et j’ai le même sentiment vis-à-vis de ceux qui s’en seront délectés mais jamais nulle part et d’aucune manière je ne pourrai cautionner quelques formes de terrorisme que ce soit aveugle ou ciblé. Je ne peux cependant oublier que presque chaque jour à présent de par le monde des journalistes sont assassinés ou menacés parce qu’ils dénoncent des situations inacceptables de violation des droits humains ou du vivant… et ce dans le silence total de tout les biens pensants qui défendent la liberté d’expression sous sa forme la plus perverse, celle qui stigmatise la différence de l’autre… Cocorico !!!

Il y a beaucoup d’autres questions qui subsistent des hiatus ou faiblesse dans le scénario de poursuite et mise à mort des terroristes… des gens qui d’une part se comportent en militaires aguerris mais qui d’autre part « oublient » une carte d’identité dans un des véhicules qu’ils ont utilisé… même dans un film de troisième zone une telle faiblesse du scénario ne passerait pas… On se retrouve dans le même paradoxe que lors d’autres attentats… des gens dont le comportement atteste la formation paramilitaire mais qui une fois leur forfait accomplit se comportent comme des loosers se jetant droit dans le piège mortel de leur exécution… marionnettes jetables après usage, instrumentalisés au service d’une cause qui les dépasse… professionnalisme dans l’action mais amateurisme total dans la fuite… quelque chose là m’interpelle…

Je l’ai dit, je ne suis adepte d’aucune religion cependant je partage avec bien des gens qui ont d’autres croyances des valeurs communes qui sont reconnues ici comme celles qui fondent le christianisme, en tant que philosophie de paix et d’amour du prochain, compassion, beaucoup d’entre eux sont des musulmans avec qui mes affinités sont bien plus fortes que celles que j’ai avec les catholiques qui ont depuis longtemps reniés leur christ et son message. Demander à l’ensemble des musulmans et des arabes de se justifier pour un crime qu’ils n’ont pas commis me renvoie à Lafontaine au loup et l’agneau… « Si ce n’est toi c’est donc ton frère… c’est donc quelqu’un des tiens… ». Demande-t-on aux chrétiens « bons pères de famille » de se justifier de la pédophilie qui perverti l’église ? Leur demande-t-on de rendre compte de l’idéocide et des génocides commis par la très sainte Inquisition ? Leur demande-t-on de se justifier de l’attentat d’Oklahoma par lequel ce bon petit gars catholique de Mc Veigh a tuer 168 personnes et en a blessé près de 700 au nom d’idéaux d’extrême-droite… quand le christ se fait nazi… … … La paille et la poutre…

Je ne vais pas épiloguer. Je n’ai pas de recette miracle, Autour de moi je constate la misère, le désespoir et cette tendance persistante de prendre comme exutoire au mal être de plus en plus généralisé, les cibles les plus vulnérables qui sont souvent celles désignées en guise de boucs émissaires par les servants du système. Je constate aussi l’augmentation de la violence domestique ou entre proches… l’attentat contre Charlie hebdo n’est pas un fait isolé mais un acte de violence parmi des dizaines de milliers d’autres qui font de notre monde un enfer ou au mieux un purgatoire pour un nombre croissant de ses habitants.

Seule une lutte cohérente contre cette violence globale peut apporter une réponse mais la machine est lancée et j’ai pu le constater à travers de nombreux commentaires les diversions opèrent, rares sont ceux qui tirent les leçons de l’histoire récente de la mise en action de la Stratégie de la Tension aux artefacts des révolutions de couleurs avec les guerres civiles qui en résulte…

Le capitalisme n’est pas en crise, il est en mutation. Les analystes latinos décrivent cette mutation comme une phase ultime d’accumulation par expropriation. Une machination, une marchandisation, une mécanisation (y compris des consciences), il produit des machines de guerre dont certaines sont des mécaniques au sens propre mais d’autres sont d’origine humaine et subissent des conditionnements terrifiants pour devenir des machines à tuer sans état d’âme, l’idéal des nazis concrétisé. C’est dans ce monde dangereux miné par une violence généralisée que nous avons à vivre dorénavant. Partageant les angoisses que connaissent les peuples à qui nos nations font la guerre pour venir au secours de la protection des intérêts des transnationales monopolistiques alors que la division et la méfiance voir l’agressivité au sein des populations ne cesse de croître.

Dans ce contexte, « quelle liberté d’expression défendons-nous ? » est une question pertinente. A travers les nombreux commentaires que j’ai pu lire une forte tendance se dégage, celle de tous ceux qui prétendent détenir la vérité et prétendent museler les autres au nom de leurs valeurs. On n’est pas sorti de l’auberge…

Les états d’Anne