Archives de Catégorie: SPIRITUALITÉ

La thérapie de choc ou la maïeutique néolibérale

Choc thérapie

Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres.
Antonio Gramsci

Fethi Gharbi

Nous sommes les témoins et les acteurs d’une époque charnière caractérisée par l’éclipse des repères et par l’éfritement des échelles de valeurs. C’est ce vide insupportable régi par le chaos que viennent investir avec la violence d’un ouragan les obsessions mortifères de tous ces hallucinés de la pureté originelle. Nous vivons en effet une drôle d’époque où les tenants du néolibéralisme le plus sauvage se détournent des pseudo-valeurs décrépites de l’idéologie libérale et s’appuient de plus en plus sur les fanatismes religieux devenus plus porteurs, donc plus propices aux manipulations. Mais cette alliance apparemment contre-nature ne constitue en fait qu’un paradoxe formel. Comme le souligne Marc Luyckx Ghisi, l’intégrisme religieux est ce sacré de séparation qui impose à l’homme de dédaigner son vécu pour retrouver le chemin de dieu. Dans le même ordre d’idées, la modernité, avec toutes ses nuances idéologiques, n’a cessé pendant voila plus de deux siècles de déconnecter totalement l’homme de sa place dans le monde en le soumettant aux pulsions d’un ego inassouvissable. Deux visions du monde, diamétralement opposées mais qui se rejoignent en déniant à l’homme sa véritable identité, cette dimension duelle, tout à la fois matérielle et spirituelle, seule en mesure d’assurer à notre espèce un équilibre salvateur.

Le rouleau compresseur néolibéral qui a entamé depuis 1973 sa course macabre au Chili puis en Argentine n’a épargné ni la population britannique sous Thatcher ni américaine sous Reagan et a fini par écrabouiller l’économie de l’ensemble du bloc communiste. Avec l’invasion de l’Afghanistan et de l’Irak, l’hystérie reprend de plus belle et tente non seulement de mettre la main sur les ressources naturelles mais de disloquer irrémédiablement le tissu social et d’anéantir les états de ces pays. Voilà qu’aujourd’hui, tous ces peuples révoltés du Maghreb et du Proche Orient s’éveillant de leur euphorie, se retrouvent eux aussi pris dans le pire des cauchemars : Les chicago-boys islamistes assaisonnés à la sauce friedmanienne poussent à la vitesse d’une Caulerpa taxifolia et envahissent soudainement l’espace sous le soleil revivifiant du printemps arabe. Un tel enchainement de violences a retenu l’attention de la journaliste canadienne Noami Klein qui en 2007 écrit “la strategie du choc” et s’inscrit ainsi en faux contre la pensée ultralibérale de Milton Friedman et de son école, “l’école de Chicago”. Noami Klein s’est probablement inspirée, pour mieux le contester, du leitmotiv friedmanien “thérapie” ou encore “traitement” de choc. Cela n’est pas sans nous rappeler la crise économique de 1929 qui sans laquelle Roosevelt ne serait jamais parvenu à imposer le New Deal à l’establishment de l’époque. C’est donc à la faveur d’une crise que le keynésianisme à pu s’installer au sein d’une société ultralibérale. S’inspirant probablement de ce schéma, Friedman a pensé que seuls les moments de crises aiguës, réelles ou provoquées, étaient en mesure de bouleverser l’ordre établi et de réorienter l’humanité dans le sens voulu par l’élite.

C’est donc à partir des années soixante dix que selon la thèse de Noami Klein le monde s’installe dans ce qu’elle appelle « le capitalisme du désastre ». Cataclysmes naturels ou guerres sont autant de chocs permettant d’inhiber les résistances et d’imposer les dérégulations néolibérales. La stratégie du choc s’appuie tout d’abord sur une violente agression armée, Shock and Awe ou choc et effroi, servant à priver l’adversaire de toute capacité à agir et à réagir; elle est suivie immédiatement par un traitement de choc économique visant un ajustement structurel radical. Ceux du camp ennemi qui continuent de résister sont réprimés de la manière la plus abominable. Cette politique de la terreur sévit depuis voilà quarante ans et se répand un peu partout dans un monde endiablé par l’hystérie néolibérale. Des juntes argentine et chilienne des années soixante dix en passant par la place Tiananmen en 1989, à la décision de Boris Eltsine de bonbarder son propre parlement en 1993, sans oublier la guerre des Malouines provoquée par Thatcher ni le bombardement de Belgrade perpetré par l’OTAN, ce sont là autant de thérapies de choc necessaires à l’instauration de la libre circulation du capital. Mais avec l’attentat du 11 septembre 2001, l’empire venait de franchir un nouveau palier dans la gestion de l’horreur. Susan Lindauer, ex-agent de la C I A (1) affirme Dans son livre Extreme Prejudice que le gouvernement des Etats Unis connaissait des mois à l’avance les menaces d’attentats sur le World Trade Center. Elle ajoute que les tours ont été détruites en réalité au moyen de bombes thermite acheminées par des camionnettes quelques jours avant les attentats. Le traitement de choc ne se limitait plus à susciter l’effroi dans le camp ennemi mais aussi dans son propre camp dans le but de terroriser sa propre population et de lui imposer les nouvelles règles du jeu. C’est ainsi qu’en un tour de main furent votées les lois liberticides du Patriot Act et les budgets nécessaires à l’invasion de l’Afghanistan et de l’Irak.

Cependant, Quarante ans de pratique de la dérégulation n’ont pu dynamiser l’économie mondiale et la dégager du marasme dans lequel s’est englué le capitalisme productif. Mais cherche-t-on vraiment à dynamiser quoi que ce soit?! La financiarisation de l’économie au lieu d’être la panacée tant escomptée a au contraire plongé le monde dans une crise systémique couronnée par le fiasco retentissant de 2008. Cette domination de la finance libéralisée a démontré en définitive que les mar­chés sont incapables de s’autoréguler. La crise a prouvé par ailleurs que la financiarisation n’est en fait qu’une dépravation de l’idée d’investissement, de projet, de projection dans l’avenir qui a toujours caractérisé le capitalisme productif. Ce qui se pratique aujourd’hui c’est essentiellement une économie usuraire, obsédée par l’immédiateté du profit et convaincue du fait que l’argent rapporte à lui seul et sans délai de d’argent. C’est donc dans ce tourbillon de l’autoreproduction du capital que le monde se trouve pris. Le néolibéralisme n’est en fin de compte qu’une vaste opération spéculative visant le transfert massif des richesses vers une grande bourgeoisie atteinte de thésaurisation compulsive, obnubilée par ses pulsions de destruction, ayant perdu définitivement la foi dans l’avenir.

L’agonie du capitalisme productif s’accompagne d’une déliquescence du politique. En effet, après la sécularisation du religieux, il semble aujourd’hui que c’est au tour du politique de subir le même sort. C’est bien en effet depuis le 19ème siècle que le politique s’est emparé progressivement de la gestion du sacré. L’État a fini par exiger de ses sujets la même allégeance que l’Église imposait à ses fidèles. La citoyenneté et la nation sont sacralisés et la patrie va jusqu’à exiger de l’individu le don de sa vie. Le vingtième siècle a été le témoin de ces “religions séculières” qui ont fait du politique un objet de foi et le fascisme a été la forme exacerbée de ce culte voué au politique. Mais avec l’effondrement du communisme et du keynesianisme l’institution politique commence à s’ébrècher et semble complètement se déliter de nos jours. Les prérogatives de l’Etat se réduisent comme une peau de chagrin et le politique a fini par être totalement vassalisé par l’économique. En effet, l’Etat n’a pour fonctions aujourd’hui que de promouvoir l’économique et d’assurer sa sécurité, encore que dans un pays comme les États Unis une bonne partie de l’armée soit tombée entre les mains de sociétés privées. Ainsi, les derniers remparts contre la déferlante subjectiviste viennent de s’écrouler et la mort de l’ État en sonnant le glas des transcendances annonce le triomphe insolent d’une modernité ayant atteint son faîte.

L’ego ainsi libéré de toute transcendance succombe à ses pulsions destructrices. La fièvre de la dérégulation qui s’empare du monde n’est pas synonyme de libéralisation comme le prétendent les ultralibéraux mais d’abolition systématique des règles et des lois qui ont toujours régi et organisé la société des hommes. Si le clivage traditionnel gauche/droite tournait autour du partage de la plus-value au sein d’une société régulée même si elle soufrait d’injustice, le clivage actuel oppose régulation et dérégulation et laisse présager l’avènement d’un monde chaotique. Mue par la pulsion narcissique de la toute puissance, l’oligarchie mondialiste nie toute altérité et s’engage frénétiquement dans un nihilisme destructeur parachevant de la sorte la trajectoire d’une modernité fondée entre autre sur la divinisation de l’ego, la compétition et la chosification de l’humain. Ce narcissisme délirant, pur produit du messianisme inhérent à l’histoire et à la culture nord-américaine a toujours caracterisé l’élite anglo-saxonne étasunienne. Une élite qui ne cesse depuis le milieu du 19ème siècle d’arborer son Manifest Destiny. A la fin de la première guerre mondiale, Wilson affirmait : « Je crois que Dieu a présidé à la naissance de cette nation et que nous sommes choisis pour montrer la voie aux nations du monde dans leur marche sur les sentiers de la liberté » et George W. Bush d’ajouter en s’adressant à ses troupes au Koweit en 2008 : « Et il ne fait pour moi pas un doute que lorsque l’Histoire sera écrite, la dernière page dira la victoire a été obtenue par les États-Unis d’Amérique, pour le bien du monde entier ». Depuis deux decennies, l’élite ploutocratique en versant dans le néolibéralisme semble irrémédiablement atteinte de perversion narcissique où se mêlent haine et mépris de l’altérité, volonté de puissance, sadisme et manipulation. Une interview du cinéaste américain Aaron Russo (2) enregistrée quelques mois avant sa mort permet de mesurer le degré atteint par une telle perversion. Les guerre menées contre le monde arabe et les restrictions des libertés en Occident annoncent l’univers stalinien dont rêve la ploutocratie étasunienne. Un univers qui rappelle bien “1984″ de Georges Orwell que d’aucuns considèrent comme prémonitoire. Il serait plutôt plus pertinent d’y voir la source d’inspiration des think tank américains dans leur quête totalitaire.

Avec le néolibéralisme, nous passons d’une économie de l’exploitation du travail à une économie de la dépossession. La combinaison de l’endettement public, de l’endettement privé et de la spéculation financière constitue l’outil privilégié de ce hold-up du millénaire. En effet les conditions de remboursement sont arrangées de telle sorte qu’elles ne puissent aboutir qu’à la faillite des débiteurs, qu’ils soient individus ou états. Pratique systématique de l’usure, plans d’ajustement structurel, paradis fiscaux, délocalisations, compétitivité, flexibilité sont autant d’armes pour casser tous les acquis des travailleurs et démanteler les frontières nationales au profit d’une minorité avare de banquiers et de multinationales. Face à une telle escalade, la gauche européenne semble totalement hypnotisée n’ayant probablement pas encore digéré l’implosion de l’URSS. Mais quelle alterntive pourrait bien proposer une gauche qui a toujours hésité à mettre en doute le projet ambigu de la modernité et qui a toujours souscrit au développementisme! En se battant uniquement sur le front du partage de la plus-value, la gauche, de compromis en compromission, a permis au système d’atteindre sa phase finale avec le risque d’ine déflagration tous azimuts.

Face à cette capitulation, l’oligarchie mondiale a renforcé encore plus sa domination en récupérant tout en les pervertissant un ensemble de valeurs libertaires. Elle a su si adroitement profiter du concept cher à Gramsci, celui de guerre de position. En effet, dans les pays Occidentaux, le démantèlement du politique s’effectue non par la coercition mais par l’hégémonie, cette “puissance douce” permettant une domination consentie, voire même désirée. C’est ainsi que l’idéal anarchiste, égalitaire et antiétatiste fut complètement faussé par l’idéologie néolibérale. Les anarcho-capitalistes en rejoignant les anarchistes dans leur haine de l’état, considèrent par contre que le marché est seul en mesure de réguler l’économique et le social. Déjà à partir des années soixante l’idée du marché autorégulateur commençait à prendre de l’ampleur. Le néolibéralisme naissant, rejeton du capitalisme sauvage du 19ème siècle, s’allie paradoxalement à l’anticapitalisme viscéral des soixante-huitards pour s’élever contre l’autoritarisme et prôner une société ouverte et libérée de toutes les formes de contraintes. Ainsi du mythe d’une société sans classes des années soixante dix on succombe au nom de la liberté aux charmes d’une société éclatée faite d’individus atomisés. Ce culte de l’ego, synonyme de désintegration de toutes les formes de solidarité, constitue la pierre angulaire de la pensée anarcho-capitaliste et se reflète dans les écrits de théoriciens tels que Murray Rothba ou David Friedman. Ces derniers n’hésitent pas de prêcher le droit au suicide, à la prostitution, à la drogue, à la vente de ses organes…et vont jusqu’à avancer que l’enfant a le droit de travailler, de quitter ses parents, de se trouver d’autres parents s’il le souhaite…C’est ce champs de la pulsuonalité débridée qui commande désormais les liens sociaux et ruine les instances collectives ainsi que les fondements culturels construits de longue date. Comme le souligne Dany-Robert Dufour (3), Dans une société où le refoulement provoqué par le ” tu ne dois pas ” n’existe plus, l’homme n’a plus besoin d’un dieu pour se fonder que lui même. Guidé par ses seules pulsions, il n’atteindra jamais la jouissance promise par les objets du Divin Marché et développera ainsi une addiction associée à un manque toujours renouvelé. Aliéné par son désir, excité par la publicité et les médias, il adoptera un comportement grégaire, la négation même de cette obsession égotiste qui le mine. Ayant cassé tous les liens traditionnels de solidarité, l’individu s’offre aujourd’hui pieds et poings liés à une ploutocratie avide, sure de sa surpuissance. Si la stratégie néolibérale triomphe de nos jours, c’est bien parce qu’elle a su gagner cette guerre de position en menant à bien son offensive… idéologique.

Mais cette entreprise de désintégration du politique suit tout un autre cheminement lorsqu’elle s’applique aux pays de la périphérie. Le plan du Grand Moyen Orient mis en oeuvre depuis l’invasion de l’Irak et qui continue de fleurir dans les pays du printemps arabe combine à la fois la manipulation et la coercition. Si dans les pays du centre, la stratégie s’appuie sur l’atomisation post-moderne, dans le monde arabe, on tente par la fomentation des haines ethniques et religieuses de désintégrer ces sociétés et de les plonger dans les affres d’une pré-modernité montée de toute pièce. On essaie ainsi de les emmurer comme par magie dans un passé hermétique et prétendument barbare. Voici donc que le monde arabo-islamique se trouve soudainement embarqué à bord de cette machine à remonter le temps tant rêvée par Jules Verne. Egotisme post-moderne et tribalisme barbare formeront ainsi les deux pôles de cette dichotomie diaboliquement orchestrée qui est à l’origine de la pseudo fracture Orient Occident. C’est à l’ombre de ce show du choc des civilisations que s’opère la stratégie du chaos créateur.

Quelques actes terroristes spectatulaires par ci, campagne islamophobe surmédiatisée par là et le décor est dressé. Perversion narcissique et déni de soi, réminiscences de la déshumanisation coloniale, se font écho et s’étreignent. Les invasions occidentales deviennent d’autant plus légitimes qu’elles se prétendent garantes d’une civilisation menacée. A la violence répond paradoxalement la haine de soi et l’autodestruction. Celle-ci se manifeste par des réactions individuelles souvent suicidaires, témoignant d’un malaise social exacerbé face au désordre politico-économique régnant. Dans un pays traditionnellement paisible comme la Tunisie, le nombre des immolés par le feu et par l’eau se compte par centaines. Appeler la mort à son secours devient l’ultime alternative qui s’offre à tous ces désespérés. C’est sur ce fond pétri d’échecs cumulés depuis les indépendances que vient se greffer le rêve morbide de tous ces hallucinés régressifs fuyant la domination d’un Occident mégalomaniaque. L’aube de l’islam, devenue ce paradis perdu de la prime enfance constituera le refuge par excellence car situé derrière le rempart infranchissable et sécurisant des siècles. C’est ainsi qu’une irrésistible quête régressive ne souffrant aucune entrave et se dressant violemment contre toute alternative embrase depuis plus de deux ans le monde arabe. Or ce salafisme aveugle, impuissant face à la domination occidentale, préfère s’adonner à l’autoflagellation. L’Empire n’a pas mieux trouvé que de tourner le couteau dans la plaie narcissique de populations aliénées depuis longtemps par l’oppression coloniale. Il s’agit de raviver cette névrose du colonisé par des menées médiatiques où se mêlent l’offense et le mépris. Tout l’art consiste ensuite à orienter cette explosion de haine vers les présumés avatars locaux de l’Occident et de tous ceux qui de l’intérieur freinent cette marche à reculons. Les gourous islamistes à la solde des monarchies du Golfe et des services secrets américains se sont bien acquittés de cette tâche en poussant au Jihad contre leurs propres nations des dizaines de milliers de fanatiques survoltés. Un superbe gâchis qui en quelques années a fini par ruiner la majorité des pays arabes. Le chaos, faute d’être créateur resplendit par sa cruauté et sa gratuité, mais l’Empire ne fait aujourd’hui que s’enliser de plus en plus dans les sables mouvants de Bilad el-Cham. La forteresse syrienne ne semble pas ceder, cadenassant ainsi la route de la soie et le rêve hégémonique des néoconservateurs. Les dirigeants étasuniens, tout aussi prétencieux qu’ignorants de la complexité du monde arabo-musulman ont cru naïvement pouvoir tenir en laisse tous ces pays en louant les services de la confrérie des frères musulmans.

Après le grandiose mouvement de révolte égyptien et la destitution de Morsi, après la correction infligée à Erdogan et le renversement honteux de Hamad, les frères semblent irrémédiablement lâchés par leur suzerain. Un leurre de plus? Ou alors, comme le souligne le politologue libanais Anis Nakach, les frères musulmans n’ont été hissés au pouvoir que pour mieux dégringoler eux et leur idéologie islamiste devenue totalement contre-productive..pour les néolibéraux. Il s’agit maintenant de remettre le Djinn dans la bouteille et de le plonger dans la mer de l’oubli après qu’il se soit acquitté honorablement de sa tâche. Les masses arabes, après deux ans de désordre sous la direction des frères finiront par se jeter sans hésitation dans les bras des libéraux. Mais une autre raison a certainement réorienté la politique étasunienne : c’est cette ténacité des russes à défendre leur peau coûte que coûte. La prochaine conférence de Genève sur la Syrie changera fort probablement la donne au Moyen Orient en accordant plus d’influence à la Russie dans la région. Le thalassokrator américain, balourd sur les continents, préfère apparemment tenter sa chance ailleurs, sur les eaux du Pacifique…

En attendant, l’incendie qui embrase le monde arabe n’est pas près de s’éteindre de si tôt et les apprentis sorciers, épouvantés par l’agonie de leur vieux monde, continueront d’écraser, dans ce clair-obscur de l’histoire, tout ce qui contrarie leur folie hégémonique. ..

Dans la théorie du chaos, soit le système se transforme, soit il s’effondre totalement. Un simple battement d’aile peut changer le monde semble-t-il…

Fethi GHARBI

Notes de bas de page:

1) 11-Septembre : Susan Lindauer et les bandes vidéo manquantes du World Trade Center

2) Aaron Russo Interview Sur Nicholas Rockefeller

3) Dany-Robert Dufour ; Le Divin Marché – La révolution culturelle libérale

Le réveil-oiseau ( Gaëtan Pelletier)

Enfants à flute

Je rêve de redevenir vieux et tranquille. Ridé comme un océan, mais l’esprit lisse comme un enfant qui joue de la flûte sans rêver d’être Mozart et enchanté.

Et j’y travaille, tout paresseux, et c’est bien ainsi. Hier, dans le jardin, les oiseaux cherchaient des vers comme des poètes affamés. Je les louchait, en souriant, parce qui donc aujourd’hui s’attarde aux oiseaux?   Les enfants vont sur le net pour les voir…

Les oiseaux poussent dans les arbres. Mon voisin a tellement d’arbres que le terrain sur lequel nous habitons est une sorte de banlieue. J’étais assis, au petit coin d’ombre, sur la marche que j’ai poli dix fois, toute égratignée. Un peu à l’image du monde: plus il en passe, plus il est éraflé.

En ce moment, la Terre a l’aire d’une tête de juive conduite dans un camp de concentration. On fera des tapis avec le poil!. J’ai vu tous les écrits savant du net. Enfin! Pas tous. Mais comme ils sont gémellaires, on finit par rendre sa lassitude et soupirer.

Je reviens aux oiseaux… Une fois le jardin arrosé, dans les minimes crevasses, dans les creux en bols, ils y ont trouvé une piscine. Je ne sais pas qui j’ai pu rendre heureux en ce monde, mais les oiseaux avaient l’air de se farcir de ce festin d’eau. Ils batifolaient, s’ébattaient, et dans cette belle frétillance, un mouvement si rapide, en ressortait une sorte d’aura d’eau Eldorado. L’eau est un trésor… Et nous sommes constitués d’au moins 70% d’eau. On peut donc servir à la fracturation du gaz de schiste…

Les oiseaux me reviennent.

Ce que je déteste des oiseaux est de les voir lever la tête et demander au ciel où se trouvent les vers, les graines, les pailles, alors que nous il nous faut calculer, embaucher une firme d’ingénieurs, la tête haute, casqués.

Le réveille-oiseau

oiseau

De temps en temps, j’écris la nuit. Les oiseaux me réveillent… Quand ils commencent à chanter, la fenêtre est ouverte, l’air entre, le rideau fait des flaques sonores sur l’encadrement. Les oiseaux me réveillent pour me dire que le temps d’écrire est terminé.

J’enlève mes ailes et je m’en vais sur mon oreiller sans plumes. Le petit cadran volant me dit d’aller au lit-nid.

« Dieu » leur a implanté une sorte d’instrument à vent dans la gorge… Je ne sais. Ils se parlent entre eux dans la forêt. Je me souviens d’un jour en Abitibi où je travaillais l’été et que le soir, après le travail, je sortais pour écouter les oiseaux.

Peu importe où ils meurent, leur génie est de transmettre le même langage pratique à travers les âges. Et c’est la raison pour laquelle ils sont toujours là.

Tandis que nous… On ne sait pas.

Gaëtan Pelletier

24 juillet 2013

P.S.: C’était écrit: « Entrez le titre ici ». Alors, entrez-le avant que quelqu’un le fasse pour vous.

Je dédie ce petit billet à mon cousin Jeannot qui nourrissait les oiseaux, tirait des érables l’eau à faire le sirop, fabriquait des escaliers et cultivait l’amour comme si c’était la nourriture la plus important du monde.  Également à mon frère Jacques, bien tatoué, révolté, de temps en temps drogué, comme s’il voulait voler…

Tout cela pour dire que les morts peuvent nourrir les vivants, et que les vivants peuvent nous apprendre que vivre dans la simplicité est transmettre un message simple.

Twit

La culture des évidés

Le jardin.

Voilà! Les « fêtes » sont en train de se terminer. Finies les folies de la gente acheteuse qui s’encombre d’objets qui iront au dépotoir. Les dépotoirs attendront. Ils sont patients les dépotoirs, ils peuvent attendre des décennies avant de se remplis la bedaine, de se nourrir des déchets de Noël ou autres carcasses des festifs affolés.

. Plus nous remplissons nos dépotoirs, plus nous creusons notre tombes. Et nous continueront jusqu’à l’épuisement des stocks. On pourra geler, puisque l’énergie vint à manquer,  mais pour les jouets, voyages et paysages, on prêtera de l’argent. jusqu’à concurrence de l’infini.  Achetons! C’est notre derniers destins. Soyons gargantua à plaisirs égarés. Gavons nous telles des oies, des canards, des fourmis. Soyons gavés et repus, puisqu’après la terre nous aurons tout notre temps pour aller roter dans l’éternité ou le néant. 

Les Chinois produisent à écœurement-que-veux-tu. Ils gagnent leur vie assis dans des usines de productions, des jours, des semaines, des ans, des décennies, des siècles. On produit de l’enlisement continu. On produit du plastique à polluer l’amère  méditerranée, là où les poissons colorés sont en train de devenir mats, aux teints décolorés, et probablement non mangeables. Trop toxiques.  

Dans mon coin. Que dis-je? Mon recoin de pays. Tout petit. Tout petit. Il est un type qui a acheté une église pour y planter de la laitue et de fines herbes. Avant, on y plantait des humains pour faire de la lumière dans leurs corps froissé par l’existence perverse et ignare. Maintenant, toute la lumière accumulée sert à faire pousser la laitue. Sauf que… Sauf que…Ça n’a pas marché. On dirait qu’ils vont bientôt failliter. Ils ont moins de revenus que de dépenses. Ils ont rêvé, comme Elon Musk, en plus minus, mais avec la même technique de rêves de grandeurs. Habillons nous en lui. Viva! la Muskarade. L’idolâtrie fait fondre les humains. Ils sont en chaleurs d’imitations. Ils ont de l’eau plein les aisselles, plein la tête. Ils sont pleins de vides.  

Nous sommes les bâtisseurs de bâtisseurs. est en train de bâtir un beau tombeau rose à longueur d’année et qu’on donne un bon coup de pelle pendant les « fêtes » qui consistent à manger plus que manger trop, à acheter plus que d’acheter trop et de se faire partisan du « jetting ». Je jette, donc je suis. Ou j’achète. Mais qui achète, jette. 

La vie dans les pays « riches », c’est comme Hollywood: on se fait de grands films dans la tête. Ils appellent cela de « grandes productions ». Toutes artificielles. Mais vraies comme nous le sommes. Artificiels et acheteurs de folies jetables. 

C’est la loi de l’inversitude: plus les magasins sont pleins, plus les têtes sont évidées. 

 

Gaëtan Pelletier 

28 décembre 2022 

La vie à fleur de beau

100_6204.JPG

 

« L’enfer,  c’est les autres » J.P Sartre 

Mais c’est aussi cet autre que je suis pour les autres…

À fleur de peau comme à fleur de beau, la vie n’est pas aisée. La vie est une peur continuelle de ne plus exister après que ce petit amas de chair aura creusé sa tombe dans ses rides, et s’en ira doucettement,  en se fanant et en séchant malgré les beaux habit, malgré toutes les accumulations de richesses pour …soi.

Être libre c’est n’avoir pas à désirer ce qu’on a de trop. Mais il faut bien vivre et se protéger de la horde des vendeurs du temple bleu qui malmène – avec les moyens qu’on leur a donnés et que l’on continue de leur donner – la race humaine.

La meilleure guerre, la seule utile, est la guerre contre cette partie de soi qui risque de heurter l’autre, le détruire, sans vraiment que nous en ayons conscience. Cela provient souvent d’une idée, d’une croyance, mais pas de l’amour.  La méchanceté peut se cacher derrière les plus beaux sourires, les meilleures intentions, et les pire torsions des âmes se cachent et se perdent  dans leur frilosité d’absence de lumière et de compréhension. Surtout de la leur…

Mais elle est également la cible des autres…

Le beau n’est pas un dessin, une peinture, une chanson. Le beau est une harmonie entre les êtres. Certains l’ont en naissant, – je  parle de cette capacité à « comprendre » la douleur des autres en la ressentant, la paix des autres en la cultivant. . Le beau est la renaissance de l’intuition noyée dans cette ère de matérialisme.

La prise 

radicalrebellion:

knowledgeequalsblackpower:

dank-potion:

tellthemthetruth:

newwavefeminism:

racemash:

dreams-from-my-father:

aphoticoccurrences:

unapologetically-black:

pennilessambition:

this makes my blood boil

But we were the savages… They mock, destroy, murder, steal, conquer, rape, pillage, and don’t try to understand… But we, and all other indigenous/melanated people, WE were/are the savages. Yeah, right.

ugh. i don’t even think i want to know what’s happening…

I can’t!! Right now, this just too much for me! From the attire of this man - I use this world lightly here - , you can tell this picture was taken fairly recently (and not 200 years ago)!
Thanx for bringing ‘civilization’ !

=/ 

jarring picture of the day

I wish people would stop bitching over this. Slavery, racism, wahh wahh! Get over it.

There always has to be a festering, worthless piece of shit in the crowd, no matter how devastating the picture is.

i can’t.

But the best part is that asshole’s URL is “tellthemthetruth.” Seems you can’t handle the truth.

Notre petit chasseur a trouvé une inférieure… Ça pourrait se nommer, Les deux sourires. Mais en fait, il y a un rictus et un sourire…

À couleur de peau, personne n’est raciste. Mais dans le monde du travail, chacun d’entre nous est étagé comme un gâteau mille-feuilles. La sempiternelle vision des rois divins… Dans la forme actuelle du matérialisme outrancier, chacun est capturé par la vision d’un rang social de par son « rôle important ». Le chasseur de petites noires est-il plus important que la jeune noire effrayée?

En plus des rois « élus », nous voilà aux prises avec les entreprises – ( c’est joli ces deux mots 🙂 )- qui « travaillent » pour le bien de l’humanité…

Ils nous ont fait du bien en le prenant…

***

C’est le chant des poètes que de faire du « je » une simple partie d’un « nous ». Mais les analystes cartésiens  (encore une religion nouvelle), trouvent cette approche « irréaliste ». Ils se targuent donc d’avoir la « vérité » au sujet du réel…

 Graine de paradis 

Heaven Is for Real (2014) Poster

Le paradis existe pourrait en être la traduction. Ou en Espagnol, El cielo sí existe. Le film est coté 5.6 /10. Pour ceux à qui il leur reste encore un peu de cette luminosité dans un monde d’ombres, de « spiritualité » que personne ne peut définir dans une mode cartésien, je vous conseille le film. C’est un des rares films américain dans lequel il n’y a pas d’armes.  On ne s’entre tue pas, on s’entre vie…

Ce n’est pas un grand film, mais il sera grand pour ceux qui cherchent non pas une vérité absolue , mais un monde dans lequel chacun pourra continuer à perpétrer un peu d’amour pour beaucoup d’amour. Mais c’est un grand film pour ceux qui ont un peu des yeux à l’âme.

Ici-bas, nous taisons de plus en plus nos « sentiments ». Il est mal vu de pleurer, de parler des souffrances intérieures, de se voir parfois comme cet arbre tordu placé au haut du petit billet.

Gaëtan Pelletier

31 juillet 2014

P. S.: En 2005, lorsque ma mère est décédée, je me suis payé un soir de pleurs. Il y a un moment pour pleurer, des moments pour rires, mais je sais quand le moment pour pleurer arrive pour me délivrer de la peine de la perte d’un être … qui vous a donné la vie.

Alors, vers minuit, tranquille dans la nuit, deux ou trois jours après le décès de ma mère, je me suis payé une séance de pleurs.

Quelques jours plus tard, mon frère me téléphone en me disant qu’il a eu un contact avec ma mère et qu’elle se demandait pourquoi j’avais autant pleuré et qu’elle était bien maintenant, après une maladie courte mais souffrante.

Un peu comme dans le film, je me suis dit que mon frère était fou, ou bien qu’il jouait le gars qui prétendait avoir des rapports avec les « morts ».

Mais mon frère a choisi un métier que personne ne voudrait: il travaille dans un centre qui traite des personnes en phase terminale. Bref, des mourants. Mais l’expression « les aider à mourir »ne s’applique pas dans son approche. Il les aide à vivre jusqu’à… une autre Vie dans une continuité de ce qui leur reste ici-bas. Il cultive l’humour, s’adonne à l’écoute, etc. Il les laisse se raconter…

 

 

 

 

Robinson réflexion: personne n’est une île

Île de Robinson. À l’ouest du Chili.

***

 

L’autre jours, je suis allé faire mon petit Robinson dans la forêt: je marche, je suis seul, je me parle. Et les oiseaux chantent. Pendant que j’étais accroupis dans un sentier, un type qui marche pour se détendre m’a pris pour un ours.

 J’étais simplement accroupis en train de regarder les pousses du printemps. L’hiver, on dirait que les arbres sont morts: ils n’ont pas de feuilles pour danser et bruisser. Les feuilles, c’est les yeux des arbres. Et avant l’hiver ils ferment des milliers de yeux pour ne pas voir l’hiver. Ils ne s’énervent pas, ils attendent. Une autre vie viendra. Et ils deviendront plus grand. Mais dans cet montage de verdures étranges, il n’y a rien de plus grand que les infimes pousses vertes qui surgissent à travers la grisaille de l’après-hiver. Le soleil avait des cataractes de nuages. Mais, tout de même,  on voyait un peu la lumière au bout du tunnel.

J’ai rencontré l’homme dans une flaque d’eau. Et là, il m’a fait un grand discours sur les misères de la villes, les bouchons de circulation, ses emplois, sa vie, sa femme et l’art de marcher en forêt pour détruire tout le stress accumulé pendant des années, des années et des années.

C’est en vieillissant que j’ai appris à devenir enfant… Ça m’a pris plus de temps que de devenir adulte.  C’Est qu’il faut pratiquer des yeux pour devenir plus voyant que voyant.

Le lendemain, je tombe par hasard sur un documentaire sur la vie après la vie. Tout le monde a passé par là: ces gens qui racontent être sortis de leurs corps, « temporairement décédés » et  qui voient leurs amis les accueillir après le tunnel de lumière.

Ils  voient passer leur vie…

Supposons que tu as été « travailleur du sexe », je me demande ce qu’on voit passer. Pas mieux si tu as été politicien, homme d’affaires véreux, banquier mondialiste, bandit étatisé ou président des États-Unis d’Amérique.

Même si le « tunnel de lumière »est faux et « un simple processus de mémoire mécanique » du cerveau comme le prétendent certains « spécialistes », ce n’est pas une raison pour assassiner Ben Laden, ni jouer au échecs avec de temps en temps des réussites.

En fait, la Vie est ici, et dans 100 ans nous serons tous morts. Alors, à quoi sert de s’entre-tuer et d’acheter tous les petits avoirs des pauvres, de soutirer l’argent de la classe moyenne pour en faire des armes, les vendre, tricher au CIA, au poker mondialiste et de faire son frais chié quand tout le monde de ce monde vient du singe, de l’homo-sapiens et qu’il a sans doute marché à quatre pattes, grimpé dans les arbres?

Ça sert à tuer la vie. À tuer les autres, à tuer les eaux, à tuer des arbres, à tuer des cerfs.  À se dire que puisqu’il n’y a rien, il vaut mieux, en « bon prédateur » se livrer à un cannibalisme de crainte de ne pas survivre à cette vie. Et toutes ces « missions » servant à répandre la démocratie dans le monde à l’aide de fusils, de drones, d’armes atomiques, ce n’est inutile que pour ceux qui on créé ces armes. Et « dieu » sait que les imitateurs sont nombreux. L’Homme est une maladie pour l’Homme. Il refuse de partager. Non seulement les richesses, mais les « attitudes d’artiste » et de penseurs qui pensent être uniques en « créant ». Comme si créer, photographier, écrire, serait différent de l’art de planter des choux.

Vous êtes dans le champ… Nous somme la division d’un TOUT  et en même temps le TOUT. Nous sommes uniques dans notre art d’être. Car le seul et véritable art est celui d’être. Et le diable en nous détruit de par sa vision de sa grandeur qu’il croit avoir bâtie. Alors, qu’en fait il est bâti par la simplicité des autres.

Peu importe la mort, car chacun est déjà mort quand il est entouré de tueurs. Mais nous vivons tous de par les petites lueurs des gens simples que l’on rencontre dans la vie.

Au moment du mourir, je verrai sans doute défiler tous ces gens simples, considérés, classé,  » pas intelligents », rien que remplis d’amour et qui n’auront aucune théorie concernant l’Univers. 4  ou 4,5  milliards d’années… La terre a déjà été plate… On rêvait de voler comme l’oiseau. On a volé comme les banques…

Si vous voulez parler « d’artistes », les riches sont la sculpture  des pauvres…

De temps en temps, comme ça, en guise de méditation, il faut se retirer du désert de toute cette ferraille « moderne » pour se retrouver un peu. De temps en temps il faut aller à l’autre bout du monde pour retrouver un de ses semblables…

La foi ne consiste pas à croire à ce qu’il va advenir dans un « autre monde », mais à croire que l’on peut fabriquer un monde ici et maintenant sans se faire mourir à chaque jour pour des causes qui ne servent que des manipulateurs de la vie.

Cesser d’être les Pinocchio de ceux qui veulent faire de vous des soldats.

Dans les petites choses, les meilleurs onguents…

Peu importe ce que vous accumulerez comme diplôme, réussite sociale, monuments, carrière, il ne reste, au fond, que le travail de faciliter NOS VIES et non pas la détruire.

À la fin, sans doute que l’on pourra se rendre compte que chacun , en mourant, n’est qu’un petit hiver qui laisse, de  par sa chaleur, faire son petit printemps et laisser germer les « autres ». 

Après on verra…

Gaëtan Pelletier

2014

La Terre, comme une fleur…

Terre

Il suffit de mettre le nez dehors par un beau soir d’été ou d’hiver pour voir toutes ces boules pétillantes qui flottent dans l’espace. Des étoiles. Ou des jardins de lumière…  C’est tellement immense qu’on arrive même pas à imaginer ce qu’il peut y exister, ni pourquoi cela existe, ni d’où cela provient. Mais c’est beau à ne pas dormir des yeux.  Et la créature  soit-disant la plus évoluée du monde n’a même pas la stature d’une blatte. C’est à vomir de rire! Car il n’y a pas de victoires dans les guerres. On devrait procéder à l’envers: les citoyens devraient enfermer les gens armés et gazer les vendeurs d’armes. Mais c’est plus payant de construire des fusil, des drones, des F-35 que de planter des choux et des carottes et cultiver des truites.

Mais peut-être que la Terre n’est qu’une fleur bleue dans l’Univers. Son destin est de flétrir-  comme c’est le cas maintenant- ,  de sécher et, finalement, de mourir. On n’a pas su entretenir la fleur… Pour qu’elle reste vivante, il faut entretenir tout ce qui est vivant à commencer par son voisin. Peu importe s’il a la peau bleue, que son dieu a un nom, et qu’il ne mange pas de cuisses de grenouilles.

Nous vivons dans un monde dans lequel personne ne semble savoir ce qu’est l’amour. On l’a séché ce cher amour! Il est tout rétréci à des émotions. En fait, c’est une acceptation de l’infini des différences. Comme si on regardait le ciel par les soirs d’été ou d’hiver. On ne comprend vraiment que lorsqu’on est fasciné par la grandeur de la différence et non l’étroitesse de la haine.

Nous tricotons des morts, nous buvons du sang, nous tuons des enfants, et l’on dit que c’est une victoire! Tant qu’on ne pourra au moins ralentir le cyclone débile de l’autodestruction on ne pourra jamais parler de victoire. S’il y avait un marathon de la défaite « circulaire », nous serions gagnants!

Gaëtan Pelletier

Quand j’étais petit, tout était grand

L’homo sapiens est devenu un coq sautillant, éméché, ébréché, vissé à son électrode de téléphone-dieu. Nous ne sommes plus vivants, nous sommes en décomposition. On est devenus le compost des manipulateurs. 

*************************************************

Quand j’étais enfant, le monde s’arrêtait aux frontières du village, ou presque. Le reste était une vision embrouillée. Il ne rentrait dans le cerveau des enfants que les déchets psychiques du village, mais aussi la bonté des gens. Pour trouver dieu, il fallait regarder le ciel qui picotait d’étoiles. On se levait le matin, puis on allait jouer dehors. Je me souviens qu’on donnais de l’argent de par les biais des religieuses pour les pauvres chinois qui crevaient de faim à l’autre bout du monde.  On nous parlait de Jésus, pas de Steve Jobs. Et courir n’était pas un sport, c’était voler sur deux pattes. Le matin, personne n’ouvrait la radio. On n’avait pas le temps. C’était silencieux. Si silencieux qu’on pouvait entendre les enfants manger, la bouilloire bouillir, et pour connaître la météo de la journée, on jetait un œil à la fenêtre. Pas de dame météo pour nous dire qu’il pleuvra dans trois jours, ou qu’il grésillera. La banane était un fruit exotique. Et plus tard, la fille à Raoul qui, avec son foulard dans le cou, et ses yeux qui pétillaient, donnaient des sueurs aux pré-ados.

Aujourd’hui, on se réveille le matin avec toutes les douleurs du monde. La télévision a cent canaux et le web des millions. Nous déjeunons aux tragédies. Et on se les refile par le biais de Facebook.  On a la météo politique qui dit qu’il fera beau dans dix ans. Une reprise d’il y a 30 ans… Pour nettoyer tout le cerveau, comme on nettoie un ordinateur avec  un programme, il faut faire de la méditation, du ski, manger peu, et prendre l’avion pour le bout du monde parce qu’on est bien ici…  Je me souviens que le tapis pour méditer était couvert de marguerites, qu’il faisait chaud comme dans le Sud.

Je reviens  à Facebook parce que c’est là qu’on trouve des pensées profondes sur la vie. En formats carré-bloc. Avec tête à l’appui. Comme des plaques de philosophies, des blocs Gogo « Pense Positif ». On en ressort purifiés. On s’est nourris les uns les autres. On se passe le petit carreau de sucre pour l’esprit. Facebook est un église dans laquelle chacun est le prêtre de l’autre, parfois le sauveur. Ce doit être un confessionnal en format Uber… Je cherche encore.

Je pense simplement que les gens sont trop petits pour ce qui est grand. Le cerveau a la grosseur d’un bol à mélanger une recette de gâteau. Il n’est pas outillé pour avaler tous les malheurs du monde. Car ce sont ceux-là qui sont privilégiés. Les catastrophes.

Je saute, comme ça, du coq à l’âme. Mais je ne crois pas que l’on puisse se nourrir et être nourris par toutes les formes d’ordures qui passent en ce monde. On doit être devenus des charognards sans s’en rendre compte. D’autant qu’avec les déchets de la Terre, elle finit par ressembler à une décharge de détritus.

En fait, l’humour est sans doute le meilleur savon pour  décrasser sa  matière grise. Sauf qu’on ne frotte pas trop… On n’a pas le temps.  À force de vouloir TOUT,  on ne pousse plus… On sèche.

Gaëtan Pelletier

Le chat d’Auschwitz

this_island_earth_poster_06

« Tu sais, Martha, un jour nous  irons pisser sur Mars. Et il aura de l’eau que nous aurons apportée  de la Terre. Nous aurons tout un téléchargement d’armes pour nous protéger, nous défendre. Nous vendrons des armes pour vivre. On fera venir des acheteurs de partout… Martha! Martha! Martha!  

Un énorme vaisseau spatial, en forme de banque, emporta Martha sur une planète lointaine. 

*********************************************

Le problème avec l’humanité est qu’elle n’a pas d’avenir. Elle en a dans la tête des boursouflés du cerveau, grisés, réglant le sort du monde avec des machines à laver la vaisselle et des gadgets inutiles. Tellement inutiles qu’on meure de faim en regardant des hamburgers volants à la télé. Même dans les pays les plus pauvres.

On fait partie du chiendent et de la tomate, du chat et de la souris. On fait partie des autres qui sont la terre dans laquelle nous poussons. Il y a le ventre de la mère et le ventre social complexe devenu le ventre mondialiste, etc. Nous poussons dans les autres et dans la cendre de l’Histoire. Plus tard, de grands savants vous construirons un « MOI » utile pour eux. Utile pour leurs projets. La souris n’y fera pas partie, comme le sel de la mer, ni le tamia rayé qui rôde en ce moment autour de la maison où j’habite. Ni les étoiles… On a dévié nos regards. Quand on maltraite le moindre insecte, on maltraite toute la vie. Et certains se font des étages de « valeurs » de par leur conception du monde. Mais ces valeurs n’existent pas dans l’Univers. Elles existent dans les visions implantée.

Ce que je possède ou possédera sera mon bonheur. Le futur n’a jamais eu d’avenir puisqu’il y a des siècles on a amélioré la vie de l’Homme  par l’esclavage. Et cet esclavage continue sous une autre forme.  Ce cher esclavage a pour nom travail. Le progrès (sic) consiste à travailler pour quelqu’un d’autre ou quelque chose d’autre sans travailler pour NOUS.

On ne peut pas être soi-disant intelligent et insensible. On ne peut pas inventer et créer davantage de technologie et s’émerveiller si nous ne pouvons nous émerveiller de la Vie.

Il se pourrait alors, qu’à force d’insister, l’Homme finira par créer l’ultime machine qui sera son dieu. Le Dieu de tous les petits dieux de la robotisation et de la fascination de ce qui n’existe pas dans la nature. Nous avons présentement enclenché cette démarche par une fascination dépassant tout entendement. Tel un enfant ébloui par son jeu devant un miroir.

Personne n’est une île. Mais la Terre dans l’Univers – pour le moment- oui. Et nous sommes tous de petits Robinson tentant de survivre à la menace la plus dangereuse: le un en combat contre le nous.  Le communisme n’est pas un système, c’est un état inconscient mal interprété et passé au tamis des société pour tenter d’expliquer cette relation de la vie à la Vie. Du un au nous. Sans différence réelle sauf dans les apparences de parcours.

Nous confondons l’amour qui est un acte réel envers la Vie et le sentimentalisme égotique.  Et c’est la raison pour laquelle les commandants des camps de prisonniers aiment leurs chiens et ne voudraient pour rien au monde les brûler. Oui, dans le courant de l’histoire de l’humanité,  certains en ont mangé. Ils n’avaient pas le choix. Nous avons maintenant le choix de nourrir un chat et la possibilité de nourrir les humains tant du point de vue matériel que spirituel.

Dans notre monde actuel on peut aimer à un point tel la richesse, son bateau, son auto, son chat – que l’on croit posséder-, son pouvoir, au point de brûler au feu de la technologie et d’une économie affolée et ignorante des sources même de sa nécessité.

Il y a des gens bien qui ne brûleraient jamais leur bateau de croisière ou leur chien. Mais il n’est pas certain que si l’esclave est lointain, dans un pays loin de chez-vous, il n’aura aucun remord à choisir.

On ne peut être en vie et choisir de ne pas cultiver la Vie. Mais aujourd’hui on le peut. Comme on prend soin d’un moteur de tondeuse… Voire de la couleur de la tondeuse.

On est un bon gars quand on ne brûle pas les chats…

Gaëtan Pelletier

Un jour sur terre

Minuit moins deux à l’horloge cosmique de l’univers, l’humanité vit ses dernières minutes. Gaïa va bientôt s’épouiller des derniers parasites humains qui la démangent. Ce soir Râ, après s’être ouvert les veines, titube à l’horizon écrasé de chaleur et baignant dans son sang. Demain dés l’aube, avec Simon, nous irons taquiner l’arc en ciel sous le vieux pont du chemin de fer qui fait son grand écart sur la Coise. Nous ferons voltiger nos lignes dans les reflets de lumière matinaux, nos mouches fictives iront danser sur la surface agitée du torrent espérant qu’elles finissent leurs courses dans la gueule vorace d’une saumonée ou d’une fario. Attente, patience, geste cent fois recommencé et, à la cent-et-unième, un corps d’argent qui se débat au bout du fil en frappant rageusement de sa queue le miroir liquide.

         Pendant ta pause, pour te distraire un peu, je te referais voir comment ce farceur a marché sur l’eau et une fois encore, tes yeux grands ouverts et ton rire franc accompagneront la prouesse. Bon c’est vrai il y a un truc, mais patience, tu l’apprendras au bout du voyage.

         Sans se presser, avant la tombée du soir nous rentrerons par l’ancestrale voie ferrée désaffectée. Plus de train de banlieue sur celle-ci car financièrement pas viable qu’ils avaient dit les hauts fonctionnaires du département, idiots et rigides qu’ils sont dans leur principe de rentabilité. Défaut qui devient vite une sale habitude quand le portefeuille vous a bouffé le cœur. Nous marcherons en équilibre sur les travées goudronnées coincées entre les caillasses et les rails d’acier dévorés par la rouille et l’inactivité. Sur les rochers baignés de soleil un trio de squamate se dorera l’échine en nous regardant passer, curieux et méfiants, l’œil aux aguets. 

          Pendant ce temps, quelque part dans les montagnes du Tibet, un soldat chinois abattra d’une balle dans la nuque trois moines récalcitrants. A Chicago, un SDF sera roué de coup par une bande de jeunes sous extasy se prenant tour à tour en photo sur un téléphone portable. Dans une ruelle de Bangkok un père de famille cinquantenaire originaire de Düsseldorf payera un maquereau pour violenter une adolescente de treize ans. Quelque part en Arabie Saoudites on décapitera les derniers condamnés à mort sur la place publique de Jeddha. A Wall Street un banquier fera fortune en spéculant sur les matières premières et en contrepartie, 25 000 africains iront grossir les statistiques des futures victimes de la faim. Ainsi se remplieront les poubelles du monde. 

        

         Arrivé au mas, pendant que tu écailleras et videras les prises avec ta compagne Marie sur la table de cuisine et sous le regard bienveillant des photos jaunies de tes ancêtres, que tes deux enfants chahuteront les gallinacés dans la cour sous les aboiements du bâtard, j’irai prier debout sur la colline, faire mon rapport au ciel sur les hommes et leurs folies. Demander un délai en lui prétendant qu’il y a encore de l’espoir mais, fatigué et chancelant dans mes convictions, je doute d’être suffisamment convaincant.

         Avocat désigné d’office, je ferai tout de même remarquer qu’il y a des milliers de bénévoles qui chaque jour œuvrent dans le monde au service des plus démunis. Comme cet homme qui apporte un repas aux sans abris, cette femme qui passe ses nuits au chevet des mourants, cet instituteur qui continu la classe après ses heures etc. Sodome et Gomorrhe n’ont pas été détruites tant qu’un seul juste y vivait. Alors, ainsi soit-il… 

         Ce soir il y a une légère brise, l’odeur de la terre mouillée et des feuilles pourrissantes parfument les environs. Au pied du pommier finissent d’agoniser les derniers fruits, sur une de ces branches une arachnide vautrée dans sa toile digère les restes d’une mouche imprudente. Quelques hirondelles volent encore à raz terre regagnant leurs nids sous le faîtage de la grange avant de laisser la place aux chauves souris qui iront se repaître de moustiques. J’ai hâte de rentrer chez moi et pourtant, il y a encore tant à faire. Encore un jour sur terre, demain, peut-être demain…

Gabriel 

Nature

La vraie poésie se trouve dans la nature, car tout y est à la fois beau et scientifique. On a pris maintenant l’habitude de séparer la science de la poésie, alors que dans la nature elles ne font qu’un.

Omraam Mikhaël Aïvanhov