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La thérapie de choc ou la maïeutique néolibérale

Choc thérapie

Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres.
Antonio Gramsci

Fethi Gharbi

Nous sommes les témoins et les acteurs d’une époque charnière caractérisée par l’éclipse des repères et par l’éfritement des échelles de valeurs. C’est ce vide insupportable régi par le chaos que viennent investir avec la violence d’un ouragan les obsessions mortifères de tous ces hallucinés de la pureté originelle. Nous vivons en effet une drôle d’époque où les tenants du néolibéralisme le plus sauvage se détournent des pseudo-valeurs décrépites de l’idéologie libérale et s’appuient de plus en plus sur les fanatismes religieux devenus plus porteurs, donc plus propices aux manipulations. Mais cette alliance apparemment contre-nature ne constitue en fait qu’un paradoxe formel. Comme le souligne Marc Luyckx Ghisi, l’intégrisme religieux est ce sacré de séparation qui impose à l’homme de dédaigner son vécu pour retrouver le chemin de dieu. Dans le même ordre d’idées, la modernité, avec toutes ses nuances idéologiques, n’a cessé pendant voila plus de deux siècles de déconnecter totalement l’homme de sa place dans le monde en le soumettant aux pulsions d’un ego inassouvissable. Deux visions du monde, diamétralement opposées mais qui se rejoignent en déniant à l’homme sa véritable identité, cette dimension duelle, tout à la fois matérielle et spirituelle, seule en mesure d’assurer à notre espèce un équilibre salvateur.

Le rouleau compresseur néolibéral qui a entamé depuis 1973 sa course macabre au Chili puis en Argentine n’a épargné ni la population britannique sous Thatcher ni américaine sous Reagan et a fini par écrabouiller l’économie de l’ensemble du bloc communiste. Avec l’invasion de l’Afghanistan et de l’Irak, l’hystérie reprend de plus belle et tente non seulement de mettre la main sur les ressources naturelles mais de disloquer irrémédiablement le tissu social et d’anéantir les états de ces pays. Voilà qu’aujourd’hui, tous ces peuples révoltés du Maghreb et du Proche Orient s’éveillant de leur euphorie, se retrouvent eux aussi pris dans le pire des cauchemars : Les chicago-boys islamistes assaisonnés à la sauce friedmanienne poussent à la vitesse d’une Caulerpa taxifolia et envahissent soudainement l’espace sous le soleil revivifiant du printemps arabe. Un tel enchainement de violences a retenu l’attention de la journaliste canadienne Noami Klein qui en 2007 écrit “la strategie du choc” et s’inscrit ainsi en faux contre la pensée ultralibérale de Milton Friedman et de son école, “l’école de Chicago”. Noami Klein s’est probablement inspirée, pour mieux le contester, du leitmotiv friedmanien “thérapie” ou encore “traitement” de choc. Cela n’est pas sans nous rappeler la crise économique de 1929 qui sans laquelle Roosevelt ne serait jamais parvenu à imposer le New Deal à l’establishment de l’époque. C’est donc à la faveur d’une crise que le keynésianisme à pu s’installer au sein d’une société ultralibérale. S’inspirant probablement de ce schéma, Friedman a pensé que seuls les moments de crises aiguës, réelles ou provoquées, étaient en mesure de bouleverser l’ordre établi et de réorienter l’humanité dans le sens voulu par l’élite.

C’est donc à partir des années soixante dix que selon la thèse de Noami Klein le monde s’installe dans ce qu’elle appelle « le capitalisme du désastre ». Cataclysmes naturels ou guerres sont autant de chocs permettant d’inhiber les résistances et d’imposer les dérégulations néolibérales. La stratégie du choc s’appuie tout d’abord sur une violente agression armée, Shock and Awe ou choc et effroi, servant à priver l’adversaire de toute capacité à agir et à réagir; elle est suivie immédiatement par un traitement de choc économique visant un ajustement structurel radical. Ceux du camp ennemi qui continuent de résister sont réprimés de la manière la plus abominable. Cette politique de la terreur sévit depuis voilà quarante ans et se répand un peu partout dans un monde endiablé par l’hystérie néolibérale. Des juntes argentine et chilienne des années soixante dix en passant par la place Tiananmen en 1989, à la décision de Boris Eltsine de bonbarder son propre parlement en 1993, sans oublier la guerre des Malouines provoquée par Thatcher ni le bombardement de Belgrade perpetré par l’OTAN, ce sont là autant de thérapies de choc necessaires à l’instauration de la libre circulation du capital. Mais avec l’attentat du 11 septembre 2001, l’empire venait de franchir un nouveau palier dans la gestion de l’horreur. Susan Lindauer, ex-agent de la C I A (1) affirme Dans son livre Extreme Prejudice que le gouvernement des Etats Unis connaissait des mois à l’avance les menaces d’attentats sur le World Trade Center. Elle ajoute que les tours ont été détruites en réalité au moyen de bombes thermite acheminées par des camionnettes quelques jours avant les attentats. Le traitement de choc ne se limitait plus à susciter l’effroi dans le camp ennemi mais aussi dans son propre camp dans le but de terroriser sa propre population et de lui imposer les nouvelles règles du jeu. C’est ainsi qu’en un tour de main furent votées les lois liberticides du Patriot Act et les budgets nécessaires à l’invasion de l’Afghanistan et de l’Irak.

Cependant, Quarante ans de pratique de la dérégulation n’ont pu dynamiser l’économie mondiale et la dégager du marasme dans lequel s’est englué le capitalisme productif. Mais cherche-t-on vraiment à dynamiser quoi que ce soit?! La financiarisation de l’économie au lieu d’être la panacée tant escomptée a au contraire plongé le monde dans une crise systémique couronnée par le fiasco retentissant de 2008. Cette domination de la finance libéralisée a démontré en définitive que les mar­chés sont incapables de s’autoréguler. La crise a prouvé par ailleurs que la financiarisation n’est en fait qu’une dépravation de l’idée d’investissement, de projet, de projection dans l’avenir qui a toujours caractérisé le capitalisme productif. Ce qui se pratique aujourd’hui c’est essentiellement une économie usuraire, obsédée par l’immédiateté du profit et convaincue du fait que l’argent rapporte à lui seul et sans délai de d’argent. C’est donc dans ce tourbillon de l’autoreproduction du capital que le monde se trouve pris. Le néolibéralisme n’est en fin de compte qu’une vaste opération spéculative visant le transfert massif des richesses vers une grande bourgeoisie atteinte de thésaurisation compulsive, obnubilée par ses pulsions de destruction, ayant perdu définitivement la foi dans l’avenir.

L’agonie du capitalisme productif s’accompagne d’une déliquescence du politique. En effet, après la sécularisation du religieux, il semble aujourd’hui que c’est au tour du politique de subir le même sort. C’est bien en effet depuis le 19ème siècle que le politique s’est emparé progressivement de la gestion du sacré. L’État a fini par exiger de ses sujets la même allégeance que l’Église imposait à ses fidèles. La citoyenneté et la nation sont sacralisés et la patrie va jusqu’à exiger de l’individu le don de sa vie. Le vingtième siècle a été le témoin de ces “religions séculières” qui ont fait du politique un objet de foi et le fascisme a été la forme exacerbée de ce culte voué au politique. Mais avec l’effondrement du communisme et du keynesianisme l’institution politique commence à s’ébrècher et semble complètement se déliter de nos jours. Les prérogatives de l’Etat se réduisent comme une peau de chagrin et le politique a fini par être totalement vassalisé par l’économique. En effet, l’Etat n’a pour fonctions aujourd’hui que de promouvoir l’économique et d’assurer sa sécurité, encore que dans un pays comme les États Unis une bonne partie de l’armée soit tombée entre les mains de sociétés privées. Ainsi, les derniers remparts contre la déferlante subjectiviste viennent de s’écrouler et la mort de l’ État en sonnant le glas des transcendances annonce le triomphe insolent d’une modernité ayant atteint son faîte.

L’ego ainsi libéré de toute transcendance succombe à ses pulsions destructrices. La fièvre de la dérégulation qui s’empare du monde n’est pas synonyme de libéralisation comme le prétendent les ultralibéraux mais d’abolition systématique des règles et des lois qui ont toujours régi et organisé la société des hommes. Si le clivage traditionnel gauche/droite tournait autour du partage de la plus-value au sein d’une société régulée même si elle soufrait d’injustice, le clivage actuel oppose régulation et dérégulation et laisse présager l’avènement d’un monde chaotique. Mue par la pulsion narcissique de la toute puissance, l’oligarchie mondialiste nie toute altérité et s’engage frénétiquement dans un nihilisme destructeur parachevant de la sorte la trajectoire d’une modernité fondée entre autre sur la divinisation de l’ego, la compétition et la chosification de l’humain. Ce narcissisme délirant, pur produit du messianisme inhérent à l’histoire et à la culture nord-américaine a toujours caracterisé l’élite anglo-saxonne étasunienne. Une élite qui ne cesse depuis le milieu du 19ème siècle d’arborer son Manifest Destiny. A la fin de la première guerre mondiale, Wilson affirmait : « Je crois que Dieu a présidé à la naissance de cette nation et que nous sommes choisis pour montrer la voie aux nations du monde dans leur marche sur les sentiers de la liberté » et George W. Bush d’ajouter en s’adressant à ses troupes au Koweit en 2008 : « Et il ne fait pour moi pas un doute que lorsque l’Histoire sera écrite, la dernière page dira la victoire a été obtenue par les États-Unis d’Amérique, pour le bien du monde entier ». Depuis deux decennies, l’élite ploutocratique en versant dans le néolibéralisme semble irrémédiablement atteinte de perversion narcissique où se mêlent haine et mépris de l’altérité, volonté de puissance, sadisme et manipulation. Une interview du cinéaste américain Aaron Russo (2) enregistrée quelques mois avant sa mort permet de mesurer le degré atteint par une telle perversion. Les guerre menées contre le monde arabe et les restrictions des libertés en Occident annoncent l’univers stalinien dont rêve la ploutocratie étasunienne. Un univers qui rappelle bien “1984″ de Georges Orwell que d’aucuns considèrent comme prémonitoire. Il serait plutôt plus pertinent d’y voir la source d’inspiration des think tank américains dans leur quête totalitaire.

Avec le néolibéralisme, nous passons d’une économie de l’exploitation du travail à une économie de la dépossession. La combinaison de l’endettement public, de l’endettement privé et de la spéculation financière constitue l’outil privilégié de ce hold-up du millénaire. En effet les conditions de remboursement sont arrangées de telle sorte qu’elles ne puissent aboutir qu’à la faillite des débiteurs, qu’ils soient individus ou états. Pratique systématique de l’usure, plans d’ajustement structurel, paradis fiscaux, délocalisations, compétitivité, flexibilité sont autant d’armes pour casser tous les acquis des travailleurs et démanteler les frontières nationales au profit d’une minorité avare de banquiers et de multinationales. Face à une telle escalade, la gauche européenne semble totalement hypnotisée n’ayant probablement pas encore digéré l’implosion de l’URSS. Mais quelle alterntive pourrait bien proposer une gauche qui a toujours hésité à mettre en doute le projet ambigu de la modernité et qui a toujours souscrit au développementisme! En se battant uniquement sur le front du partage de la plus-value, la gauche, de compromis en compromission, a permis au système d’atteindre sa phase finale avec le risque d’ine déflagration tous azimuts.

Face à cette capitulation, l’oligarchie mondiale a renforcé encore plus sa domination en récupérant tout en les pervertissant un ensemble de valeurs libertaires. Elle a su si adroitement profiter du concept cher à Gramsci, celui de guerre de position. En effet, dans les pays Occidentaux, le démantèlement du politique s’effectue non par la coercition mais par l’hégémonie, cette “puissance douce” permettant une domination consentie, voire même désirée. C’est ainsi que l’idéal anarchiste, égalitaire et antiétatiste fut complètement faussé par l’idéologie néolibérale. Les anarcho-capitalistes en rejoignant les anarchistes dans leur haine de l’état, considèrent par contre que le marché est seul en mesure de réguler l’économique et le social. Déjà à partir des années soixante l’idée du marché autorégulateur commençait à prendre de l’ampleur. Le néolibéralisme naissant, rejeton du capitalisme sauvage du 19ème siècle, s’allie paradoxalement à l’anticapitalisme viscéral des soixante-huitards pour s’élever contre l’autoritarisme et prôner une société ouverte et libérée de toutes les formes de contraintes. Ainsi du mythe d’une société sans classes des années soixante dix on succombe au nom de la liberté aux charmes d’une société éclatée faite d’individus atomisés. Ce culte de l’ego, synonyme de désintegration de toutes les formes de solidarité, constitue la pierre angulaire de la pensée anarcho-capitaliste et se reflète dans les écrits de théoriciens tels que Murray Rothba ou David Friedman. Ces derniers n’hésitent pas de prêcher le droit au suicide, à la prostitution, à la drogue, à la vente de ses organes…et vont jusqu’à avancer que l’enfant a le droit de travailler, de quitter ses parents, de se trouver d’autres parents s’il le souhaite…C’est ce champs de la pulsuonalité débridée qui commande désormais les liens sociaux et ruine les instances collectives ainsi que les fondements culturels construits de longue date. Comme le souligne Dany-Robert Dufour (3), Dans une société où le refoulement provoqué par le ” tu ne dois pas ” n’existe plus, l’homme n’a plus besoin d’un dieu pour se fonder que lui même. Guidé par ses seules pulsions, il n’atteindra jamais la jouissance promise par les objets du Divin Marché et développera ainsi une addiction associée à un manque toujours renouvelé. Aliéné par son désir, excité par la publicité et les médias, il adoptera un comportement grégaire, la négation même de cette obsession égotiste qui le mine. Ayant cassé tous les liens traditionnels de solidarité, l’individu s’offre aujourd’hui pieds et poings liés à une ploutocratie avide, sure de sa surpuissance. Si la stratégie néolibérale triomphe de nos jours, c’est bien parce qu’elle a su gagner cette guerre de position en menant à bien son offensive… idéologique.

Mais cette entreprise de désintégration du politique suit tout un autre cheminement lorsqu’elle s’applique aux pays de la périphérie. Le plan du Grand Moyen Orient mis en oeuvre depuis l’invasion de l’Irak et qui continue de fleurir dans les pays du printemps arabe combine à la fois la manipulation et la coercition. Si dans les pays du centre, la stratégie s’appuie sur l’atomisation post-moderne, dans le monde arabe, on tente par la fomentation des haines ethniques et religieuses de désintégrer ces sociétés et de les plonger dans les affres d’une pré-modernité montée de toute pièce. On essaie ainsi de les emmurer comme par magie dans un passé hermétique et prétendument barbare. Voici donc que le monde arabo-islamique se trouve soudainement embarqué à bord de cette machine à remonter le temps tant rêvée par Jules Verne. Egotisme post-moderne et tribalisme barbare formeront ainsi les deux pôles de cette dichotomie diaboliquement orchestrée qui est à l’origine de la pseudo fracture Orient Occident. C’est à l’ombre de ce show du choc des civilisations que s’opère la stratégie du chaos créateur.

Quelques actes terroristes spectatulaires par ci, campagne islamophobe surmédiatisée par là et le décor est dressé. Perversion narcissique et déni de soi, réminiscences de la déshumanisation coloniale, se font écho et s’étreignent. Les invasions occidentales deviennent d’autant plus légitimes qu’elles se prétendent garantes d’une civilisation menacée. A la violence répond paradoxalement la haine de soi et l’autodestruction. Celle-ci se manifeste par des réactions individuelles souvent suicidaires, témoignant d’un malaise social exacerbé face au désordre politico-économique régnant. Dans un pays traditionnellement paisible comme la Tunisie, le nombre des immolés par le feu et par l’eau se compte par centaines. Appeler la mort à son secours devient l’ultime alternative qui s’offre à tous ces désespérés. C’est sur ce fond pétri d’échecs cumulés depuis les indépendances que vient se greffer le rêve morbide de tous ces hallucinés régressifs fuyant la domination d’un Occident mégalomaniaque. L’aube de l’islam, devenue ce paradis perdu de la prime enfance constituera le refuge par excellence car situé derrière le rempart infranchissable et sécurisant des siècles. C’est ainsi qu’une irrésistible quête régressive ne souffrant aucune entrave et se dressant violemment contre toute alternative embrase depuis plus de deux ans le monde arabe. Or ce salafisme aveugle, impuissant face à la domination occidentale, préfère s’adonner à l’autoflagellation. L’Empire n’a pas mieux trouvé que de tourner le couteau dans la plaie narcissique de populations aliénées depuis longtemps par l’oppression coloniale. Il s’agit de raviver cette névrose du colonisé par des menées médiatiques où se mêlent l’offense et le mépris. Tout l’art consiste ensuite à orienter cette explosion de haine vers les présumés avatars locaux de l’Occident et de tous ceux qui de l’intérieur freinent cette marche à reculons. Les gourous islamistes à la solde des monarchies du Golfe et des services secrets américains se sont bien acquittés de cette tâche en poussant au Jihad contre leurs propres nations des dizaines de milliers de fanatiques survoltés. Un superbe gâchis qui en quelques années a fini par ruiner la majorité des pays arabes. Le chaos, faute d’être créateur resplendit par sa cruauté et sa gratuité, mais l’Empire ne fait aujourd’hui que s’enliser de plus en plus dans les sables mouvants de Bilad el-Cham. La forteresse syrienne ne semble pas ceder, cadenassant ainsi la route de la soie et le rêve hégémonique des néoconservateurs. Les dirigeants étasuniens, tout aussi prétencieux qu’ignorants de la complexité du monde arabo-musulman ont cru naïvement pouvoir tenir en laisse tous ces pays en louant les services de la confrérie des frères musulmans.

Après le grandiose mouvement de révolte égyptien et la destitution de Morsi, après la correction infligée à Erdogan et le renversement honteux de Hamad, les frères semblent irrémédiablement lâchés par leur suzerain. Un leurre de plus? Ou alors, comme le souligne le politologue libanais Anis Nakach, les frères musulmans n’ont été hissés au pouvoir que pour mieux dégringoler eux et leur idéologie islamiste devenue totalement contre-productive..pour les néolibéraux. Il s’agit maintenant de remettre le Djinn dans la bouteille et de le plonger dans la mer de l’oubli après qu’il se soit acquitté honorablement de sa tâche. Les masses arabes, après deux ans de désordre sous la direction des frères finiront par se jeter sans hésitation dans les bras des libéraux. Mais une autre raison a certainement réorienté la politique étasunienne : c’est cette ténacité des russes à défendre leur peau coûte que coûte. La prochaine conférence de Genève sur la Syrie changera fort probablement la donne au Moyen Orient en accordant plus d’influence à la Russie dans la région. Le thalassokrator américain, balourd sur les continents, préfère apparemment tenter sa chance ailleurs, sur les eaux du Pacifique…

En attendant, l’incendie qui embrase le monde arabe n’est pas près de s’éteindre de si tôt et les apprentis sorciers, épouvantés par l’agonie de leur vieux monde, continueront d’écraser, dans ce clair-obscur de l’histoire, tout ce qui contrarie leur folie hégémonique. ..

Dans la théorie du chaos, soit le système se transforme, soit il s’effondre totalement. Un simple battement d’aile peut changer le monde semble-t-il…

Fethi GHARBI

Notes de bas de page:

1) 11-Septembre : Susan Lindauer et les bandes vidéo manquantes du World Trade Center

2) Aaron Russo Interview Sur Nicholas Rockefeller

3) Dany-Robert Dufour ; Le Divin Marché – La révolution culturelle libérale

La boucherie planétaire

Bundesarchiv Bild 146-1968-101-20A, Joseph Goebbels.jpg

À se demander si l’homme, le salarié, n’est pas devenu le format d’esclave le plus astiqué de l’Histoire. C’est une pièce saignante, une nourriture pour l’engrangement de la richesse. L’économie est le triomphe. En même temps que le dieu et le diable, tous mélangés en un seul concept.

La terreur heureuse du matin fou, quand on prend le train ou le métro pour aller se faire saigner et déverser son sang dans les multinationales crasses. Ils n’ont faire de l’humain. Jadis, on s’usait les doigts au travail. Et encore aujourd’hui dans certains pays. Les enfants s’usent les doigts avant qu’ils poussent.

Le travailleur est une pièce à bouffer pour le grand trésor des « un cas ». Minés jusqu’à la moelle, avec sa misère acceptée et incompréhensible, car sans choix que celui d’être un usiné, classé grand ou petit dans l’ordre de « choses » de cet univers de boucherie, la peur s’est installée. L’effroi du lendemain court. Il est « managé » sans ménage. Et on porte sur le travailleur le grand déclin des sociétés dites développées.

Le « bonheur » est maintenant un chapelet d’avoirs. Les Goebbels sont intégrés dans toutes les structures de cette mondialisation.  Mais on continuera, car la démocratie de l’avoir est, hélas, sans choix.

Mais qui donc connaît le Dr. Gobbels? Mais qui se rend compte des corsets qui étouffent de par le contrôle inconscient des pubs et des grands rêves des mégalomanes certifiés?

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Par un de ces matins, l’été dernier , je suis allé arroser les plants de tomates du jardin, la laitue,  les fèves, et je les ai baptisées avec de l’eau pour qu’ils poussent. Qu’y-a-t-il de plus important que de se lever un matin, boire un café, s’habiller à effrayer les oiseaux et admirer le ciel? Nous avons assassiné la chance de vivre simplement et d’être, d’une certaine manière, heureux. Dans ce monde de « matière », la misère existe. Ne porter que son corps chargé d’eau en est déjà une. Les relations humaines, elles, sont devenues de plus en plus difficiles. Chacun est devenu avocat et juge de l’autre.  Pis encore, le prêcheur de la télé est un économiste. C’est la nouvelle prêtrise d’une laïcité qui écourte l’existence à cette infime aventure terrestre.

Si on ne croit plus à « rien », ce n’est pas parce qu’il n’existe pas une aventure des âmes-dieux dans cet univers. C’est qu’on vous la tue.  Ce fut-là deux siècles affolés de guerres qui ont finalement menés à une division encore plus scalpelisée. Les uns contre les autres. Les groupies. Ils n’ont plus de pays, ils ont un emploi.

Nous sommes en train de couler par le fendillement de la coque d’un petit navire: le corps. Voilà que le moteur central, le cerveau, a pris toute la place. Et  c’est lui qu’on arrose de par toutes les pseudos trouvailles pour rafistoler le navire social.

Dans le grand jardin, tout délimité par les formes de possession, ce qu’il aurait fallu arroser, c’est la belle simplicité et prendre soin de l’Eden et de ses habitants. Hélas! On a choisi la voie la plus obscures: compter, chiffrer, calculer, produire à grande échelle, etc.

En novlangue, cela se passe ainsi: « Vous êtes des nôtres. Allez et dépensez en vous joignant aux plaisirs des riches ».

C’est la course à la richesse systémique qui a créé la pauvreté actuelle. Et nous n’avons pas fini d’être pauvres. Ce n’est que le commencement.

Gaëtan Pelletier

Les vingt-quatre lucioles

Saint-Pascal, Kamouraska. Vue sur le fleuve…

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Je grignote les heures et  la vie. Pour ne rien manquer…Parfois a pleine dents, quelquefois à  grandes lippées, comme lorsqu’en appétit,  la faim ne trouvait pas la bouche assez grande….Ici, le repas est le temps…On craint toujours qu’il n’y ait rien à bouffer après…

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Je me suis levé du bon pied ce matin-là, le deuxième. Je n’avais pas le choix, je n’en avais que deux. Entre deux pieds, il faut choisir le moindre…. Étant donné que  les oiseaux chantaient comme des  réveille-matin, je ne me suis pas plaint. C’est mieux qu’une sonnerie, ou que ce  camion teigneux qui fait sa moisson de vidanges à chaque jeudi, vers cinq ou six heures… Le coq du clocher n’a pas encore ouvert la bouche. Même le curé est endormi.

J’ai déjeuné et je me suis rasé : le miroir était picoté  de barbe. Un œil dans le jour, un autre dans la nuit. La nuit est une raclée. On ne sait pas avec qui on s’est battu, mais on a perdu. Le matin, on a tous un peu l’air d’une peinture de Picasso… Ou une ébauche…

Puis j’ai mis mon chapeau vert pour me jeter ensuite à quatre patte dans la terre. Tout ¸a pour essayer  de purger  le petit potager des mauvaise herbes. Les mauvaises herbes c’est comme la vie : plus il en pousse, plus le jardin pousse. Je me suis dit que cette année nous aurions un bonne récolte.

Un oiseau se pose sur une branche ballante… Il oscille au vent. Des insectes courent ça et là. Des fourmis, surtout. Tout bouge, tout ce qui existe cherche mes yeux, mes oreilles, mon nez. Après une nuit, c’est comme après un semblant de mort : tout nous semble neuf.

Ne rien faire de trop productif. C’est le but… S’il en est un.

Je me rends comptes, là, à quatre pattes, que j’essaie d’éteindre les cadrans. J’ai enlevé toutes les piles. Plus de boulot, plus de grandes ……??????? Du moins j’essaie…  Le ciel, lui aussi, est comme la vie : il a ses nuages noirs menaçants, ses trouées bleues, ses rayons qui balaient les étendues vertes, les clôtures, les pavés noirs d’asphalte.

Je me demandais, avant, pourquoi je faisais tout cela. Toutes ces cérémonies où le seul candélabre est un soleil qui me brûle. En même temps qu’il me fait vivre… Je sais maintenant… Je cherche à rétrécir le temps comme pour l’emboîter avant d’aller en boîte… L’étirer comme on étire un ruban de film de deux heures en regardant tous les détails des images. Attentif. Attentif en même temps que déchiré. Déchiré par l’impossibilité de cette réalisation et du cumul des frustrations qui en découlent. Je me rends compte que mon jardin, mon terrain, c’est la vie : avec ses fleurs annuelles côtoyant les poireaux qu’on peut laisser passer l’hiver, qui dorment sous la neige et renaissent au printemps. Les annuelles, elles, si belles, elles, ne durent que quelques jours… On dirait les amours qui se sont faites couleurs. Rien que pour vous montrer que la passion n’est qu’une luciole un soir de juillet.

Je vais retourner à la pêche. Longer la rivière, être une bouffe à mouches… Mais heureux de l’entendre chuinter, bruisser, ou bien hurler dans ses chutes d’eau. Je regarderai les torrents en vrille, les trous ombrées où se cachent les truites. Je serai seul à parler, comme un fou, comme s’il me manquait quelqu’un pour m’accompagner, mais que j’étais seul dans l’univers. Un vingtroisième…  Des reflets danseront. Mes yeux danseront avec eux.

Ce qui m’amène à penser à mes vers qui dorment dans la cave. Je leur râpe des carottes pour les nourrir. Ils sont vivaces… Rougeoyants… Comment ont-ils pu attraper un  coup de soleil enfouis dans ce sol vaseux?

Midi.

Douche.

Sieste. Qui finit par les amours. On se couche en humains, on se réveille en lapins…

Mon amour est une horloge, et je suis son aiguille…

Midi ou minuit, c’est pareil…

19h00

Visite à ma mère. On parle de l’amour, de la mort, de la guerre… Et de cet oncle enivré, emmené à l’hôpital dans un état comateux, et qui, en transport dans l’ambulance, se fait peinturlurer les ongles et dessiner du rouge à lèvre… La vie est une série de tableaux… Un peu comme au cinéma… 24 images par seconde… Mais on ne les voit pas. Tout bouge. Illusion. Le problème c’est de le savoir. De savoir comment tout cela fonctionne. Le soleil, lui, passe trente fois par mois. C’est aussi une illusion. Et c’est tant mieux pour ceux qui ne le savent pas. Les amérindiens comptaient le temps en lunes, je crois… Rien que pour se guider un peu sur ce qui pousse et qui meurt.

Le soir venu, on a regardé le film «Les heures»… J’y ai vécu trois femmes dans des amours compliqués et des incompréhensions indicibles… Des déchirements… Ceux du temps… Ceux des amours…. Et au moment où Virginia Woolf plonge dans la rivière pour se noyer, je me dis « À quoi bon?»…

Je suis dans une rivière où les reflets de la lumière passent  par des trous sombres, des vrilles excitantes, des moments calmes. Et tout alentour, des moustiques. Comme à la pêche…

Je pêche de l’éternité dans une rivière de temps… J’apprends à nager hors de l’eau…

Et mon je n’est qu’une luciole du NOUS… Mais la luciole est à la fois tout…

24 lucioles pourraient donner l’illusion que le ciel, un beau soir, est un jour… Et pour toujours…

12 mai 2004

Gaëtan Pelletier

P.S.: En relisant ce petit texte, aujourd’hui (2017), je constate que ma mère est décédée l’année suivante, presque à la même date. Une luciole est partie… C’était, il me semble, hier…

La culture des évidés

Le jardin.

Voilà! Les « fêtes » sont en train de se terminer. Finies les folies de la gente acheteuse qui s’encombre d’objets qui iront au dépotoir. Les dépotoirs attendront. Ils sont patients les dépotoirs, ils peuvent attendre des décennies avant de se remplis la bedaine, de se nourrir des déchets de Noël ou autres carcasses des festifs affolés.

. Plus nous remplissons nos dépotoirs, plus nous creusons notre tombes. Et nous continueront jusqu’à l’épuisement des stocks. On pourra geler, puisque l’énergie vint à manquer,  mais pour les jouets, voyages et paysages, on prêtera de l’argent. jusqu’à concurrence de l’infini.  Achetons! C’est notre derniers destins. Soyons gargantua à plaisirs égarés. Gavons nous telles des oies, des canards, des fourmis. Soyons gavés et repus, puisqu’après la terre nous aurons tout notre temps pour aller roter dans l’éternité ou le néant. 

Les Chinois produisent à écœurement-que-veux-tu. Ils gagnent leur vie assis dans des usines de productions, des jours, des semaines, des ans, des décennies, des siècles. On produit de l’enlisement continu. On produit du plastique à polluer l’amère  méditerranée, là où les poissons colorés sont en train de devenir mats, aux teints décolorés, et probablement non mangeables. Trop toxiques.  

Dans mon coin. Que dis-je? Mon recoin de pays. Tout petit. Tout petit. Il est un type qui a acheté une église pour y planter de la laitue et de fines herbes. Avant, on y plantait des humains pour faire de la lumière dans leurs corps froissé par l’existence perverse et ignare. Maintenant, toute la lumière accumulée sert à faire pousser la laitue. Sauf que… Sauf que…Ça n’a pas marché. On dirait qu’ils vont bientôt failliter. Ils ont moins de revenus que de dépenses. Ils ont rêvé, comme Elon Musk, en plus minus, mais avec la même technique de rêves de grandeurs. Habillons nous en lui. Viva! la Muskarade. L’idolâtrie fait fondre les humains. Ils sont en chaleurs d’imitations. Ils ont de l’eau plein les aisselles, plein la tête. Ils sont pleins de vides.  

Nous sommes les bâtisseurs de bâtisseurs. est en train de bâtir un beau tombeau rose à longueur d’année et qu’on donne un bon coup de pelle pendant les « fêtes » qui consistent à manger plus que manger trop, à acheter plus que d’acheter trop et de se faire partisan du « jetting ». Je jette, donc je suis. Ou j’achète. Mais qui achète, jette. 

La vie dans les pays « riches », c’est comme Hollywood: on se fait de grands films dans la tête. Ils appellent cela de « grandes productions ». Toutes artificielles. Mais vraies comme nous le sommes. Artificiels et acheteurs de folies jetables. 

C’est la loi de l’inversitude: plus les magasins sont pleins, plus les têtes sont évidées. 

 

Gaëtan Pelletier 

28 décembre 2022 

La Terre, comme une fleur…

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Il suffit de mettre le nez dehors par un beau soir d’été ou d’hiver pour voir toutes ces boules pétillantes qui flottent dans l’espace. Des étoiles. Ou des jardins de lumière…  C’est tellement immense qu’on arrive même pas à imaginer ce qu’il peut y exister, ni pourquoi cela existe, ni d’où cela provient. Mais c’est beau à ne pas dormir des yeux.  Et la créature  soit-disant la plus évoluée du monde n’a même pas la stature d’une blatte. C’est à vomir de rire! Car il n’y a pas de victoires dans les guerres. On devrait procéder à l’envers: les citoyens devraient enfermer les gens armés et gazer les vendeurs d’armes. Mais c’est plus payant de construire des fusil, des drones, des F-35 que de planter des choux et des carottes et cultiver des truites.

Mais peut-être que la Terre n’est qu’une fleur bleue dans l’Univers. Son destin est de flétrir-  comme c’est le cas maintenant- ,  de sécher et, finalement, de mourir. On n’a pas su entretenir la fleur… Pour qu’elle reste vivante, il faut entretenir tout ce qui est vivant à commencer par son voisin. Peu importe s’il a la peau bleue, que son dieu a un nom, et qu’il ne mange pas de cuisses de grenouilles.

Nous vivons dans un monde dans lequel personne ne semble savoir ce qu’est l’amour. On l’a séché ce cher amour! Il est tout rétréci à des émotions. En fait, c’est une acceptation de l’infini des différences. Comme si on regardait le ciel par les soirs d’été ou d’hiver. On ne comprend vraiment que lorsqu’on est fasciné par la grandeur de la différence et non l’étroitesse de la haine.

Nous tricotons des morts, nous buvons du sang, nous tuons des enfants, et l’on dit que c’est une victoire! Tant qu’on ne pourra au moins ralentir le cyclone débile de l’autodestruction on ne pourra jamais parler de victoire. S’il y avait un marathon de la défaite « circulaire », nous serions gagnants!

Gaëtan Pelletier

Le chat d’Auschwitz

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« Tu sais, Martha, un jour nous  irons pisser sur Mars. Et il aura de l’eau que nous aurons apportée  de la Terre. Nous aurons tout un téléchargement d’armes pour nous protéger, nous défendre. Nous vendrons des armes pour vivre. On fera venir des acheteurs de partout… Martha! Martha! Martha!  

Un énorme vaisseau spatial, en forme de banque, emporta Martha sur une planète lointaine. 

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Le problème avec l’humanité est qu’elle n’a pas d’avenir. Elle en a dans la tête des boursouflés du cerveau, grisés, réglant le sort du monde avec des machines à laver la vaisselle et des gadgets inutiles. Tellement inutiles qu’on meure de faim en regardant des hamburgers volants à la télé. Même dans les pays les plus pauvres.

On fait partie du chiendent et de la tomate, du chat et de la souris. On fait partie des autres qui sont la terre dans laquelle nous poussons. Il y a le ventre de la mère et le ventre social complexe devenu le ventre mondialiste, etc. Nous poussons dans les autres et dans la cendre de l’Histoire. Plus tard, de grands savants vous construirons un « MOI » utile pour eux. Utile pour leurs projets. La souris n’y fera pas partie, comme le sel de la mer, ni le tamia rayé qui rôde en ce moment autour de la maison où j’habite. Ni les étoiles… On a dévié nos regards. Quand on maltraite le moindre insecte, on maltraite toute la vie. Et certains se font des étages de « valeurs » de par leur conception du monde. Mais ces valeurs n’existent pas dans l’Univers. Elles existent dans les visions implantée.

Ce que je possède ou possédera sera mon bonheur. Le futur n’a jamais eu d’avenir puisqu’il y a des siècles on a amélioré la vie de l’Homme  par l’esclavage. Et cet esclavage continue sous une autre forme.  Ce cher esclavage a pour nom travail. Le progrès (sic) consiste à travailler pour quelqu’un d’autre ou quelque chose d’autre sans travailler pour NOUS.

On ne peut pas être soi-disant intelligent et insensible. On ne peut pas inventer et créer davantage de technologie et s’émerveiller si nous ne pouvons nous émerveiller de la Vie.

Il se pourrait alors, qu’à force d’insister, l’Homme finira par créer l’ultime machine qui sera son dieu. Le Dieu de tous les petits dieux de la robotisation et de la fascination de ce qui n’existe pas dans la nature. Nous avons présentement enclenché cette démarche par une fascination dépassant tout entendement. Tel un enfant ébloui par son jeu devant un miroir.

Personne n’est une île. Mais la Terre dans l’Univers – pour le moment- oui. Et nous sommes tous de petits Robinson tentant de survivre à la menace la plus dangereuse: le un en combat contre le nous.  Le communisme n’est pas un système, c’est un état inconscient mal interprété et passé au tamis des société pour tenter d’expliquer cette relation de la vie à la Vie. Du un au nous. Sans différence réelle sauf dans les apparences de parcours.

Nous confondons l’amour qui est un acte réel envers la Vie et le sentimentalisme égotique.  Et c’est la raison pour laquelle les commandants des camps de prisonniers aiment leurs chiens et ne voudraient pour rien au monde les brûler. Oui, dans le courant de l’histoire de l’humanité,  certains en ont mangé. Ils n’avaient pas le choix. Nous avons maintenant le choix de nourrir un chat et la possibilité de nourrir les humains tant du point de vue matériel que spirituel.

Dans notre monde actuel on peut aimer à un point tel la richesse, son bateau, son auto, son chat – que l’on croit posséder-, son pouvoir, au point de brûler au feu de la technologie et d’une économie affolée et ignorante des sources même de sa nécessité.

Il y a des gens bien qui ne brûleraient jamais leur bateau de croisière ou leur chien. Mais il n’est pas certain que si l’esclave est lointain, dans un pays loin de chez-vous, il n’aura aucun remord à choisir.

On ne peut être en vie et choisir de ne pas cultiver la Vie. Mais aujourd’hui on le peut. Comme on prend soin d’un moteur de tondeuse… Voire de la couleur de la tondeuse.

On est un bon gars quand on ne brûle pas les chats…

Gaëtan Pelletier

Survivre en forêt

Il m’arrive souvent de visionner, à la télé, des reproductions d’épreuves de survie, vécues lors d’accidents de toutes sortes. On nous y raconte comment certains participants sont morts pendant que d’autres ont pu survivre à leur « épreuve ». À chaque fois, je suis étonné par le manque de pragmatisme des intervenants. Pas un seul d’entre eux ne prend conscience, lors de ces accidents, que les hommes n’ont pas seulement survécu, mais même vécu très à l’aise dans les forêts de toutes sortes, durant des millénaires.  Ce qui signifie que de se retrouver perdu en forêt n’a rien de bien catastrophique (en fait, personnellement, il me semble être plus difficile de survivre, dépourvu, dans une ville qu’en forêt).

Mais quelle que soit la situation, nos ancêtres ont toujours trouvé un moyen d’y remédier pour assurer, sinon leur bien-être, du moins, leur survie. En réalité, il existe des solutions faciles à toutes situations susceptibles de se présenter ; car elles ont toutes été expérimentées par nos prédécesseurs qui ont su y survivre facilement. Il ne suffit que de posséder quelques informations de base et de choisir la solution adéquate pour subvenir aux besoins du moment.

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Ces informations de base sont très peu nombreuses; à savoir :

1-La chaleur du corps se perd par la tête et par le cou. Pour vous tenir au chaud, lorsque vous êtes sans bouger ou lorsque la température est froide, il vous faut donc couvrir ces parties de votre corps. Un couvre-chef, sinon, un capuchon improvisé s’avère donc indispensable.

2-Vous pouvez « geler » en-deçà d’une heure, et même moins, si vous êtes trempé (e); que ce soit par la pluie ou par votre sueur. Il faut donc gérer ses efforts pour limiter la sueur.

3-La pluie peut vider votre corps de sa chaleur assez rapidement selon la saison; le seul moyen pour l’éviter est de s’abriter le mieux possible sous un arbre très feuillu ou un abri sous roche. Si vous êtes trempé (e), il faut essorer votre linge en attendant de pouvoir faire un feu. Laissez les éclairs découvrir sous quel arbre vous vous êtes caché dans la forêt; ils n’ont pas beaucoup de chance de vous trouver. Évidemment, sous un arbre seul au milieu d’une prairie, leurs chances sont meilleures; à vous de décider.

4-Vous pouvez survivre assez facilement pendant quelques semaines sans absorber de nourriture, du moment que vous avez de l’eau à votre disposition. Et pour ne pas pouvoir trouver de nourriture en forêt, pendant toute une semaine, il faut s’y dédier avec détermination. Le manque de nourriture n’est donc pas un problème immédiat lors de l’accident. Par contre, les blessures, s’il y en a, sont à être soignées rapidement selon les moyens à notre disposition. Les saignements doivent être arrêtés le plus rapidement possible et la plaie nettoyée et protégée des moustiques. On peut très bien se servir de mousse ou de feuilles d’arbre (et non de fougères) mélangée à de la glaise si on n’a rien d’autre. Si les moustiques nous « mangent », de la glaise répandue sur la peau exposée protège assez bien.

Il découle de ces informations, qu’au moment de la prise de conscience de la situation critique où l’on se retrouve, la première chose à faire est de choisir un emplacement acceptable (le plus possible à l’abri du vent du nord et, s’il vous plaît, pas dans un creux de terrain où l’eau de pluie peut s’accumuler) et de se faire un feu pour garantir la chaleur indispensable à la survie. Il faut ramasser une assez grande provision de bois pour entretenir le feu de camp durant 24 heures. Si nous sommes sans armes, toute « perche » droite et rigide d’environ deux mètres doit être mise de côté pour y faire une pointe avec le feu; en avoir cinq ou six n’est pas un excès. Toute tige solide ayant un gros bout, pouvant servir de massue, doit également être mise de côté. Ce sont des « armes » qui ont très bien servi aux primitifs et qui peuvent encore s’avérer nécessaires. Un bout de tissu résistant, attaché à deux longueurs de « corde » de soixante centimètres, s’avère être une fronde efficace pour le petit gibier, si vous savez la manier. Avec la pratique vous y parviendrez rapidement.

Pour faire votre feu, il vous faut creuser le sol non rocheux, d’environ un pied sur un assez grand diamètre et couvrir le fond de pierres les plus plates possible. Si vous disposez de gravier ou de sable, en couvrir le fond avant de mettre les pierres. Certains sous-sols sont très végétatifs et peuvent brûler en profondeur durant la nuit; surtout si vous êtes sur une île. Il est préférable de faire un muret de pierre autour du trou à partir du fond (si on n’a pu creuser, on installe le tout en surface). L’avantage de faire un feu le plus tôt possible est de faire disparaître le stress qui aurait pu s’installer dans notre esprit. Un feu de camp bien fait est, inconsciemment, très sécurisant. De plus, cela nous permets de nous asseoir et réfléchir posément et pragmatiquement  à notre situation. Une chose est certaine; c’est que, où que vous soyez en forêt, le paysage est magnifique. Les arbres, les rochers, les fleurs, les broussailles, sont toujours beaux; même sous la pluie ou la neige.   Il est important de le constater rapidement lors d’une telle épreuve. C’est encore une question de fortifier son moral. Ce constat établi, certaines autres questions très importantes doivent être, maintenant, abordées, assis devant le feu. Et ce, que l’on soit seul ou en groupe.

1-Combien de temps nous reste-t-il avant la tombée de la nuit?

2-Qu’avons-nous comme inventaire à notre disposition?

3-Où sont les quatre points cardinaux?

La réponse à la première question nous indique combien de temps nous disposons pour nous faire un abri. Évidemment, si vous avez un canot, le problème est assez simple. Le canot renversé face à un feu, devant un gros rocher qui nous abrite du vent « nordais », est un excellent abri. On peut s’étendre dessous, les pieds en direction du feu de camp placé entre le rocher et le canot et dormir très à l’aise. Sans canot, si vous n’avez pas un muret derrière vous, le feu vous sera insupportable en façade et vous gèlerez dans le dos. L’hiver, il faut creuser la neige, se construire un abri de branchages (si l’épaisseur de la neige est suffisante, simplement ajouter un toit de branches de sapin), toujours devant un gros rocher, en laissant suffisamment d’espace pour y placer notre feu de camp devant l’entrée de l’abri, mais plus près du rocher (assurez-vous qu’il n’y a pas de neige au-dessus du feu; sa chute l’éteindrait d’un seul coup). La chaleur sera ainsi réverbérée par le rocher vers l’abri et la fumée s’élèvera le long du rocher. Ne pas oublier de renforcer les murs de neige qui vous entourent avec des branches de sapin. S’il neige, installer un support traversant le toit de branches pour éviter l’affaissement sous le poids de la neige qui tombera durant la nuit.

Il va sans dire que lors d’un voyage en forêt (où au-dessus d’une forêt), même un non-fumeur devrait avoir en poche un briquet (ou des allumettes) placé dans un contenant étanche; sinon faire un feu devient une corvée assez difficile, mais tout de même possible par ceux qui possèdent une expertise suffisante.

-La réponse à la deuxième question nous permettra de déterminer les outils à notre disposition pour bien nous installer. En fait, si nous disposons d’un moyen pour faire du feu et que nous pouvons couvrir notre tête, nous sommes déjà en très bonne position. L’inventaire que nous possédons devra nous permettre, surtout, de nous assurer de trouver de la nourriture. Si notre situation actuelle est le résultat d’une expédition en forêt, il serait inconcevable de ne pas avoir en poche un rouleau de fil de laiton. Personne ne devrait se diriger vers une forêt s’en se prémunir de cet article. En fait, avant de s’aventurer en forêt, une personne tant soit peu intelligente, devrait se préparer une trousse de survie contenant un rouleau de fil de laiton, allumettes étanches, rouleau de fil à pêche solide avec, au moins, un hameçon, un canif et une couverture en papier d’aluminium vendue pour la survie. Si la trousse contenant ces articles peut servir de récipient, c’est d’autant mieux. Il s’agit d’une  simple petite trousse, étanche si possible, que l’on suspend à sa ceinture. Si cela vous gêne d’en parler, personne ne la remarquera. J’en ai toujours eu une de prête à la maison parce que j’aime souvent me promener en forêt. J’ai toujours la même, depuis plusieurs dizaines d’années.  Avec une telle trousse à sa disposition, la survie en forêt devient, pratiquement, une partie de plaisir.

La réponse à la troisième question est en prévision d’installer le campement dos au nord et d’avoir à se déplacer. Il est important de connaître l’orientation de nos déplacements pour pouvoir revenir au point de départ lors d’une virée « aux alentours ». Nous savons tous que le Soleil se lève à l’est; mais peux savent que si le croissant de lune se lève avant le coucher du soleil, son côté lumineux fait face à l’ouest. Si elle n’apparaît qu’après minuit, le côté lumineux fait face à l’est. On sait, également, que l’étoile polaire est au nord; donc apprendre rapidement à trouver cette étoile dans le ciel pourrait servir à l’occasion; alors pourquoi s’en priver? Lors d’une « virée », il est indispensable de s’installer des repaires indiquant toujours la même direction (flèche aller ou retour) que l’on élimine lors du retour. Si vous ne les enlevez pas, vous serez assez embrouillés pour revenir, après trois ou quatre randonnées dans « votre » domaine temporaire.

Comme vous pouvez le constater, il n’a pas encore été question, ici, d’être retrouvé par ceux qui pourraient nous chercher. Ce qui est assez logique, puisque ce sont eux, et non nous, qui ont à chercher. Donc, à chacun son métier et les chèvres de M. Seguin seront bien gardées.

Lorsque la chaleur et l’abri nous est assurée, il est temps de préparer un brasier pour obtenir beaucoup de fumée signalant notre position lorsque cela deviendra nécessaire. Il faut évidemment choisir un endroit qui ne mettra pas le feu à la forêt. Précisons que nous n’avons jamais à « courir ailleurs» pour trouver un site propice à un hélicoptère; puisque celles-ci sont équipées pour accéder, soit par atterrissage ou avec un câble, à tout endroit où nous pourrions nous trouver. Encore une fois, à chacun ses responsabilités. Si le temps nous le permet, il faut aller tendre quelques collets à lièvres aux endroits qui nous semblent propices; mais on doit revenir au camp avant la noirceur.

Une méthode simple existe pour calculer le temps qu’il reste avant la nuit : placez vos deux mains, en repliant les pouces, entre la ligne d’horizon et le soleil. Il suffit alors de compter combien de doigts les séparent. Une main correspond à une heure, donc, un doigt à 15 minutes. Si vous avez moins de deux heures avant le coucher du soleil, il est temps de commencer à construire un abri pour la nuit. Si vous avez plus de deux heures, il vous faudra les mains de quelqu’un d’autre pour connaître la durée exacte qu’il vous reste.

Si jamais vous devez vous fabriquer une corde, l’écorce de tilleul (bois blanc qui est lisse), coupée en lainière et tressée très serrée à la manière d’une tresse de cheveux (trois brins) fera merveille.

Aussitôt le soleil couché, cela ne sert à rien de s’éloigner. Assis près du feu de camp, il est important, maintenant, d’ouvrir nos oreilles. Tout comme avec les yeux qui « analysent » les environs lorsqu’on y voit clair, les oreilles doivent servir à « analyser » notre environnement et la noirceur est le moment le plus propice pour s’y mettre. On peut glaner énormément d’informations, le soir, avec nos oreilles. Le bruit de poissons qui sautent dans l’eau, le croassement des grenouilles, le bruit « infernal » des écureuils qui courent dans les feuilles, la chute d’un arbre grugé par un castor, etc. Tous ces bruits nous indiquent la nourriture disponible autour de nous, même si nous sommes sans arme. S’il n’y a aucun bruit, garder votre massue et vos lances à portée de la main; car ce n’est pas du tout normal.

La nuit sera difficile si vous ne préparez pas votre « couche » adéquatement. Il ne suffit que d’étendre une bonne épaisseur de « sapinage » (sans grosses branches) qui vous coupera de l’humidité du sol. Si vous disposez de quelque chose pour vous couvrir, vous serez bien pour dormir; surtout si vous avez pris la précaution d’enlever vos vêtements et de vous asperger d’eau froide en vous frictionnant énergiquement et vous asséchant près du feu avant de vous rhabiller. Le moment du « mouillage » est un peu difficile mais vous sera mille fois bénéfique pour la durée de la nuit; s’en priver est une erreur grave si vous voulez vous réveiller dispos et mentalement apte, le lendemain matin.

Il faut se couvrir la tête et le cou avant de s’endormir sous l’abri, les pieds dirigés vers le feu. Avant de fermer les yeux, il est indispensable de bien se convaincre de ne jamais faire un seul mouvement sans prévoir un accident; car si on se blesse, même d’une simple foulure, la survie est très contrariée. Toute action non réfléchie et mal planifiée peut devenir fatale. On s’obligera également à ménager son énergie. Restons toujours calme et posé dans nos actions puisque, pour une fois dans notre vie, rien ne presse vraiment. Nous attendons simplement du secours ou nous prenons le temps nécessaire pour planifier ce qui nous sortira de la situation.

Au réveil il est important de réactiver le feu. Après avoir bu de l’eau que l’on a fait bouillir si cela est possible, on prend notre massue et quelques « lances » que nous avons fabriquées et on part lever nos collets à lièvre ou en installer d’autres ailleurs. Dépendamment de la saison, le « trappage » s’avérera bon ou mauvais. Si la chance ne nous sourit pas, ce n’est pas très grave. Nous devons alors orienter notre traque de nourriture vers les bruits que nous avons entendus la veille; surtout si nous avons entendu des grenouilles qui sont très facile à capturer. Je vous conseille de vous limiter à n’en manger que les cuisses; je n’ai jamais eu à manger une autre partie de la grenouille et je ne crois pas que je l’aurais fait de toute façon. Les crapauds, je n’y ai jamais touché et faites comme moi; c’est préférable.

Une autre nourriture qui est assez abondante en forêt est le champignon. Je vous conseille d’apprendre à reconnaître au moins, les « bolets » qui sont faciles à trouver et reconnaître. Ils sont tous comestibles. Les meilleurs au goût se trouvent sous les conifères. Évidemment, avant de consommer un champignon, il faut vérifier si sa chair n’est pas « habitée » par des « intrus », même si le champignon que l’on a cueilli n’est pas « vieux ». La chair se trouve entre la « pelure » et la partie qui ressemble à de l’éponge chez les bolets et les lamelles chez les autres champignons. Ne consommez que les champignons que vous connaissez parfaitement; il n’est pas question de « prendre aucune chance » avec des champignons. Par contre, vu leur quantité importante en forêt, il est sage d’apprendre, aujourd’hui même, à reconnaître ces bolets. Vous pouvez même en ramasser et les goûter, à la maison, cuits avec du beurre dans la poêle. La majorité d’entre eux sont délicieux. On peut également se faire du « thé » avec des aiguilles de sapin. Cela manque un peu de sucre, j’en conviens; mais c’est assez bon. À noter qu’un contenant en écorce de bouleau rempli d’eau ne brûle pas au-dessus du feu et peut servir à la faire bouillir.

Si vous avez la chance de trouver des « vesses de loup » qui ont poussée durant la nuit, alors là, vous allez vous régaler. La vesse de loup est une boule blanche plus ou moins grosse. Ce champignon est comestible aussi longtemps que sa chair est blanche et solide. Assez rapidement (quelques jours) cette chair se transforme en poussière. Si vous en trouvez qui « explosent » au toucher, ce n’est pas la peine de les ramasser; mais vérifiez s’il n’y aurait pas de « nouveau-nés » dans la région. Elles viennent de toutes les grosseurs et il faut enlever la « pelure » avant de consommer.

Ne mangez que les baies que vous connaissez très bien; mais en cas de forces majeures, sachez  que la moitié des baies rouges sont vénéneuses, alors que les baies bleues ou noires sont généralement comestibles. En cas de doute, n’en mangez qu’une toute petite bouchée pour vérifier. Deux heures sont suffisante pour savoir. Si vous avez toujours des doutes n’en consommez pas.

L’écorce intérieure d’un arbre, la couche qui touche au bois, peut être mangée, crue ou cuite. Vous pouvez même faire de la farine avec l’écorce interne du bouleau, du saule, du pin et de diverses variétés de peupliers. L’écorce du pin est riche en vitamine C. Après avoir enlevé l’écorce externe, décoller l’écorce interne collées au tronc. On peut la manger fraîche, séchée, cuite ou réduite en farine. J’ajoute que la racine de quenouille est bonne à manger. Vous enlevez l’écorce de la racine, le blanc intérieur est ce qui est comestible; cru ou cuit.

À noter que le bouleau donne une sève abondante et désaltérante. S’il n’y a pas d’eau dans les environs, briser une branche de bouleau peut vous fournir à boire amplement de la sève qui est pure. Le bout brisé de la branche rattachée à l’arbre, coulera comme une champlure mal fermée. La sève des conifères est également comestible, soit en infusion ou en mâchant la « gomme » arrachée de l’écorce de l’arbre. Limitez-vous, par contre, à l’épinette, le pin ou le sapin. Mieux vaut, cependant, ne pas en abuser en une seule fois. À noter que l’If est toxique.

Il est évident pour tous que les limaces et les escargots sous les arbres tombés, sont comestibles; il ne s’agit que de se décider d’en consommer. Les escargots sont délicieux; quant aux autres, je vous les laisse si vous les voulez. À noter que les sauterelles sont également comestibles. En fait, elles sont délicieuses, croustillantes, rôties dans l’huile; bouillies dans l’eau, elles sont « mangeables ». Crues, essayez-les vous-mêmes.

Les perdrix sont faciles à capturer avec un collet attaché au bout d’une perche. Elles ne s’enfuient jamais loin et lorsqu’elles se cachent, la plupart du temps, elles ne bougent plus même si on s’en approche de très près. Vous comprendrez pourquoi lorsque vous la chercherez là où vous l’avez bien vu se cacher. Vous aurez de la difficulté à la voir même si elle est devant vos yeux, tellement son camouflage naturel est efficace.

Il faut se rappeler que lorsqu’on mange en survie, il est préférable de toujours manger en petite quantité, pour ne pas avoir de problème gastro-intestinal.

Si vous n’avez rien pour vous couvrir durant votre sommeil, de grandes écorces de gros  bouleaux, « attendries » au moyen d’un gourdin sur une bûche qui sert d’enclume, feront assez bien l’affaire. On peut également se servir de feuilles mortes et d’épines de conifères si on parvient à en faire sécher suffisamment; car elles sont toujours imbibées d’humidité.

Si, par malheur, on n’a pas de feu, on peut se fabriquer une « cache » adéquate assez facilement. On choisit une longue tige d’arbre rigide, de plus de deux mètres, que l’on soulève d’environ deux pieds (65 centimètres) à un seul bout en gardant un espace d’accès. Deux fourches inclinées pour supporter le bout de la tige font l’affaire. On couvre alors le sol, sous la tige, de petites branches de sapin. Ensuite on referme les côtés, le long de la perche, avec des bouts de branches sèches, de longueurs appropriées, appuyés le long de la perche, côte à côte, en laissant une largeur d’au moins deux pieds entre les bases des branches qui se font face au sol. Pour terminer le tout, il ne suffit que de couvrir l’ensemble de feuilles mortes et d’aiguilles de conifères d’une épaisseur d’environ un pied (30 centimètres). Si le vent menace, on recouvre le tout de branches de sapin. La partie soulevée de la grande perche est l’entrée de la « cache ». On y apporte un bon tas de feuilles suffisant pour boucher l’entrée une fois qu’on s’y est installé les pieds au fond. L’air de notre respiration suffit amplement à garder une température adéquate à l’intérieur du « dortoir » improvisé. Le lendemain il vous faudra trouver un moyen de faire du feu. Je vous conseille d’en apprendre une tecthnique avant d’en avoir besoin. Sinon la « cache » sera votre « nid douillet » durant toute votre « épreuve ».

Pour prendre du poisson, vous n’avez qu’à choisir une branche flexible d’arbrisseau poussant près de la rive, qui surplombe l’eau. Il suffit d’y attacher solidement (au bout et non au pied) votre ligne hameçonnée et lancer l’appât dans l’eau. Vérifiez à tous les matins ce qui se trouve au bout de la ligne. Aucun poisson ne pourra déraciner votre « canne à pêche ». Si vous disposez de plusieurs hameçons installez autant de lignes. Attacher un « flotteur » à la ligne est préférable. Cela empêche l’appât de descendre jusqu’au fond.

Si vous avez la chance de voir des « ailerons » de poisson se promenant au fil de l’eau, n’hésitez pas, ce sont des esturgeons. Entrez doucement dans l’eau et aller vous installer parmi eux. Ils ne fuiront pas. Lorsqu’un poisson viendra passer entre vos genoux, vous n’avez qu’à l’attraper et le lancer sur la berge. Assurez-vous, cependant, qu’ils ne sont pas trop gros car si c’est le cas, vous avez un combat très humide en vue. Capturez-en plusieurs (4 ou 5) car le lendemain ils ne seront plus là. Faites « fumer » le surplus pour le conserver.

Avec ces données vous parviendrez à survivre facilement en forêt. Vous pourrez même, probablement, recevoir adéquatement ceux qui viendront vous délivrer de « leur propres » cauchemars; en souhaitant qu’ils ont apporté du café.

Amicalement

André Lefebvre

Auteur de:

L’Histoire… de l’univers

Le scrapbooking planétaire

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J’ai écrit ce texte en 2015. Me voilà devenu visionnaire… Et j’en aurais long à prédire. Attendez 2037.

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En deux, « Le monopole de l’universel ». l’Occident a su représenter ses intérêts particuliers comme des intérêts de l’humanité. Se prétendant « la communauté internationale » il est capable, avec ou sans l’aval de l’ONU, de renverser manu militari des régimes placés aux antipodes et qui ne le menacent pas. Source

« Soyez résolus de ne plus servir et vous voilà libres«  professait La Boétie. En voilà un programme qui à lui seul serait à même de renverser notre diktacratie ! Mais combien sont prêts à allumer la mèche qui fera fondre leurs chaînes d’esclaves volontaires ? Si peu… Notre démocratie est une imposture 

On peut continuer ainsi à faire du collage de tous les analystes et les petits livres SDF qui passent dans la momentanéité de l’Histoire à la vie longue comme une mouche à feu. On n’en tirera rien de positif. Rien.

Je ne donne pas dix ans à la planète pour que nous portions tous un masque. Il y aura alors un modèle de  masque dikté par l’État pour que l’on puisse geindre dans les rues avec des pancartes dont les modèles seront fournis par une adresse de Facebook . Ainsi, on formera un grand scrapbook  planétaire.  On en fait déjà…

Des « intérêts » chinois viennent d’acheter Pirelli dans une transaction de plus de 7 milliards. En euros ou en américains… Peu importe de garage, les chinois, étouffés dans leur pays, déjà masqués, mais vers la richesse et l’armement, ont choisi eux aussi le « modèle » abrasif de développement calqué étasunien.

Je vais passer du coq à l’âne…

C’Est sans compter les « figures de marque » qui ont une belle notoriété sur le net et dans leur costumes de clowns sérieux. Les idées vont maintenant à la vitesse de E= mc2.  Sans compter- répété-je – ( ouf! j’ai eu de la difficulté avec celui-là, sais pas s’il est bon, mais il a l’air savant ), les radios, les journaux, les chaînes de « nouvelles » à n’en plus finir. On dirait une boîte de macaroni fabriqué par la compagnie Heinz: outre les produits chimiques inscrits  sur la boîte, on ne voit pas derrière la culture de la tomate , ni des spaghetti, le gerber des pesticides, des fongicides, et le  reste de l’arsenal pour tenter de remettre en vie les ingrédients pour la plupart détruits. No life. No Vie. Nothing.

Voilà! Quand on bouffe des « nouvelles », des analyses, des livres « explicatifs » du géopolitique, on bouffe de la merde dite information, et même pas bonne à faire de l’engrais de cerveau. Encore moins de l’âme.  On ne voit pas non plus ce qu’il y a derrière ce scrapbooking . Et le résultat est la nouvelle aventure de partir à la recherche de la « vérité ». C’est comme tenter de se nourrir dans la décharge géante des déchets de Montréal.

Nous sommes les poissons de toutes ces eaux barbouillées. Si on ajoute à cela Big Pharma, la vaccination, les vautours quotidiens arracheurs de dents et de petits avoirs, il ne reste plus qu’à avoir l’ambition d’être riche pour soi et pauvre pour l’État. Ne rien engraisser, même pas soi… 🙂

Jeûner de la richesse c’est donner à l’État l’austérité qu’il nous impose. Et voter n’a plus aucun sens puisque nous ne votons pas pour un pouvoir mais pour une mascotte.

La résistance 

La résistance est d’acheter ce qui dure. Mon grand père s’était acheté une f aulx qui a duré tout une vie. Alors, il faut faire son pain, se dégoter un coin de terre, ne plus laisser son argent dans les banques, et vu les nouvelles tentatives d’extorsion des États, posséder moins pour ne pas enrichir les multinationales. Et, pour le plus long terme, s’adonner au troc. Bref, cesser de jouer le jeu des vendeurs du temple. La guerre par la passivité quand c’est nécessaire.

Nous ne sommes pas des carrières, nous sommes des humains.De vrais  Et quand nous avons voulu faire carrière, c’était pour demeurer et enrichir l’humanisme en chacun de nous. Pour les machines à sculpter des esclaves, nous ne sommes plus humains, nous sommes des bras, des cerveaux. Bien habillés…  Mais c’est une couche sur une structure  rigide… Acier. C’est assez!

L’Habit ne fait pas le moi…Ne fait pas le moi…ne…

Gaëtan Pelletier

La pensée du jour

« Je ne visionne plus de films américains (USA). Plus ça va, plus je vois que ces gens-là sucrent leur café avec du sucre de Colombie. »

Scrapbooking pour athées

Image d’en haut: pas d’auto

Image du milieu : pas de dieu

Image d’en bas: le génie du scrapbooking

Scrapbookons tous en choeur!

Le bonheur est de se lever à 5 heures, de rouler pendant deux heures, de travailler, de manger Heinz Hitler et de retourner à la maison brû-brûlé.

Vite! Une nouvelle auto, un nouveau pont, un psy, un médecin, et à 40 ans vous êtes bon pour flanquer votre photo dans un scrapbook.

Une maison qui chante…

guitare

Vous avez une vieille guitare? Faites-en un nid d’oiseaux. La guitare aura des chants de musique de chambre.

Cachez l’arbre… L’Homme est traître.

Il est en train de bâtir le chant des autos.

D’asphalte, de briques, de plastique.

Un jour, les oiseaux n’auront plus de maison.

Les Hommes aussi…

Dans de nombreuses traditions, Gaïa est perçue comme la mère de toutes les créatures vivantes qui se nourrissent, se reproduisent et prospèrent en son sein.
Il me semble que les innombrables créatures qu’elle héberge ne pourraient être vivantes si elle ne l’était pas elle-même. Son cœur de feu m’évoque notre propre organe cardiaque, animé d’ondes et de vibrations telluriques. Sa croûte est comme une peau protectrice et féconde. Ses fleuves, océans et nappes phréatiques s’apparentent aux flux sanguins qui irriguent l’organisme. Sa végétation est semblable à une pilosité folle et variée habitée d’innombrables êtres vivants. Et ne dit-on pas de ses grandes forêts qu’elles agissent comme un poumon qui inspire et expire ?
Mes promenades intérieures sur les sentiers de mes songes m’incitent à considérer Gaïa comme une sphère pensante. Peut-être est-ce l’absence douloureuse de ma propre mère, décédée lorsque mon frère et moi étions si jeunes, qui me prédispose à entendre les murmures de cette Terre-Mère, impérissable quant à elle, dont l’expression universelle, réconfortante, semble résonner en chacune de mes cellules.

Pierre Rabhi,  La tristesse de Gaïa 

Un dernier train pour Auschwitz

train-auswitch

Il y a ceux qui parlent tout le temps et ceux qui écoutent tout le temps. GP

***

On part pour un petit voyage planétaire. En train. Ils disent qu’on va prendre un bon repas de richesses et se doucher.

La vie est un long voyage qui a commencé il y a des milliers d’années. Le train roule toujours, et pour la première fois de l’Histoire, après les chapelets de mensonges, on commence à douter de la destination. Chacun d’entre nous n’était qu’un infime amas de cellules: ça a donné Mozart et  Donald Trump. Puis une pléiade de « penseurs allumés », qui hurlent des livres, des articles dans une sorte de prière parallèle: cessez de croire qu’on a trois planètes à consommer, etc. Il y a ceux qui parlent vraiment, avec de la beauté dans les dires et personne n’écoute. Il faut un certificat de « communication ». Estampillé par l’État.

C’est l’abrutissement continu. Le carnage planétaire est sans limite. Carnage du psychisme autant que celui des corps brisés et des esprits enveloppées dans des pilules pour palier au stress d’un modernisme clinquant.

Le petit frisquet automnal 

Au petit matin, je m’enfonce dans les bois, passe près des quatre ou cinq pommiers sauvages, et je marche avec un sac à dos lourd. Je marche une heure, enlève des têtes d’arbres cassées par le vent pour me tracer un sentier pour le ski de fond. Les corbeaux croassent et les quelques perdrix qui restent s’enfuient comme des poules à travers les bois. À part ça, c’est le silence total. Le progrès devait nous rendre heureux. Curieusement, c’est la marche dans cette petite jungle qui me rend heureux. C’est une potion magique de tranquillité, de curiosité enfantine, d’un voyage vers soi et vers les autres. Le quotidien des gens libres et qui savent l’être a quelque chose d’excitant. Comme dans les amours, ce sont les petits gestes qui gardent vivant cet amour. Le progrès à l’hélium est en train de nous vendre des merveilles qui n’existent pas, qui n’existeront pas puisqu’il n’a pas pour but de faire vivre la beauté dans les humains au lieu de les esclavager pour le profit.

Puis, de temps en temps je m’assois pour écouter un livre. J’ai le goût de comprendre, le goût d’apprendre. Mais de plus en plus, j’aime les livres simples, comme ceux de Rick Bass: Winter 

27 octobre

Je commence à me dissocier de la race humaine. Je ne voudrais pas passer pour un malotru – mais ça me plaît. Ça me plaît même tellement que ça me fait un petit peu peur. C’est un peu comme si en baissant les yeux vers ma main, j’y voyais pousser un début de fourrure. Je ne suis pas aussi atteint qu’on pourrait le croire. Winter, Rick Bass, 

Et d’autres, plus compliqués, mais Ô combien ouverts dans une vue d’ensemble de ce monde en une image:

« C’est à propos de ce monde que je veux chercher à cerner ce qu’il convient d’entendre par la responsabilité des intellectuels. Pour bien faire comprendre ce que cette question engage à mes yeux, je reprendrai une image à Michael Albert. Imaginons qu’un dieu, lassé de la folie des hommes, fasse en sorte que dans tout cas de mort qui ne soit pas naturelle, tout cas de mort qui résulte de décisions humaines contingentes, le cadavre de ce mort ne soit pas enterré et qu’il ne se décompose jamais mais qu’il soit mis à bord d’un train qui circulera indéfiniment autour de la planète. Un par un, les corps s’empileraient dans les wagons, à raison de mille par wagon; un nouveau wagon serait rempli à toutes les cinq minutes. Corps de gens tués dans des guerres; corps d’enfants non soignées et morts faute de médicaments qu’il coûterait quelques sous de leur fournir; corps de gens battus, de femmes violées, d’hommes morts de peur, d’épuisement, de faim, de soif, morts d’avoir du travail, mort de n’en pas avoir, morts d’en avoir herché, morts sous des balles de flic, de soldats, de mercenaires, morts au travail, morts d’injustice. L’expérience, commencée le 1er janvier 2000, nous donnerait un train de 3 200 kilomètres de long dix ans plus tard. Sa locomotive serait à New York pendant que son wagon de queue serait à San Francisco. Quelle est la responsabilité des intellectuels devant ce train-là ? »  Normand Baillargeon, TRAHIR , 2000.

Il apparaît alors que nous vivons dans un nazisme planétaire dirigeant notre monde vers l’éradication simple de notre nature humaine. En cela, le mot progrès – malheureusement confondu à celui des sciences ou se proclamant sciences – est devenu tellement incompris et brouillé  que les soudards continuent de construire le plus long  rail du monde. On ne sait où on va, mais on voyage . Il suffit de lire les journaux, d’écouter les politiciens, les économistes, les journalistes mous pour comprendre que la destination est trafiquée. On vend des billets sans noms.

Gaëtan Pelletier