La séduction renvoie à notre univers de gammes optionnelles, de rayons exotiques, d’environnement psy, musical et informationnel où chacun a loisir de composer à la carte les éléments de son existence. « L’indépendance, c’est un trait de caractère, c’est aussi une façon de voyager à son rythme, selon vos désirs ; construisez « votre » voyage. Les itinéraires proposés dans nos Globe-Trotters ne sont que des suggestions qui peuvent être combinées, mais aussi modifiées en tenant compte de vos souhaits. » Cette publicité dit la vérité de la société post-moderne, société ouverte, plurielle, prenant en compte les désirs des individus et accroissant leur liberté combinatoire. La vie sans impératif catégorique, la vie kit modulée en fonction des motivations individuelles, la vie flexible à l’âge des combinés, des options, des formules indépendantes rendus possibles par une offre infinie, ainsi opère la séduction.
L’ère du vide. Gilles Lipovetsky
Les machines à gonfler l’ego font leur oeuvre: on a le droit de tout acheter à la carte, même la gauche de la droite et la droite de la gauche en politique. Pour qui donc votons-nous? Qui se cachent derrière ces masques de faux représentants de commerce supposés améliorer la condition humaine au nom du « progrès »?
C’est l’Halloween à longueur de jour, à longueur d’année, à longueur de la longueur qui mènera à la finale Houdini dans laquelle tout le monde aura disparu comme par magie. Mais la magie du magicien est de duper l’assistance. Et les peuples sont des « assistances » qui n’ont plus de réel pouvoir: ils regardent le pouvoir leur offrir de par la perverse et multitude offres à la carte qui vous permet d’être « unique ». À la carte est large au sens social: les nains peuvent se regrouper pour se grandir et cesser d’être dénigrés. Les pauvres des pays riches ont leurs organismes de combats qui œuvrent à coups de papiers de par la main « invisible » des avocats et des charlatans étatisés, travailleurs des États, pris au piège dans leurs conventions et pratiquant la belle loi du silence de peur de perdre leur avoir.
Mais il y a une bonne nouvelle: chacun peut se permettre de rire de la coiffure de Trump ( Donald le clown parfait pour la fête planétaire pas trop drôle) sur les réseaux sociaux. La liberté du XXI e siècle, c’est de planter une pancarte à pixels sur Facebook ou autre cliques d’amis invisibles mais fiables. On se choisit entre ego.
Tout est dans la communication, on le sait. Alors, on vous laissera la totale liberté de communiquer entre vous sans trop déranger les caboches délirantes aussi esclaves que vous du grand marketing mondialistes. Car, au fond, c’est vous le produit. Une fois le produit conquis par son apparence de liberté et sa traçabilité dont on peut faire le portrait, tout le reste s’ensuit.
J’ai maintenant vécu assez longtemps pour me rendre compte que nous sommes si peu différents qu’un être humain n’est qu’un être humain. Le reste est un choix à la carte dépendant de votre acuité à saisir et à capter les astuces de ceux qui vous aident à vous dessiner une personnalité en apparence unique.
Déguisons-nous pour la vie, mais pas tout à fait la nôtre…
Gaëtan Pelletier
Février, 2017