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Ivan Illich
Ce qui est le plus négligé dans nos écoles est justement ce dont nous avons le plus besoin dans la vie.Herbert Spencer
L’école, dans les sociétés occidentales, est probablement devenue l’endroit le plus meurtrier pour les enfants : on tue l’humain pour en faire un robot au service d’une société déjà vendue à une infinité de compagnies, de conglomérats, qui se cherchent des travailleurs pour bouffir leurs coffres d’argent.
La vie est devenue une pub qui fait rêver dans une sorte d’irréalité tressée en pixels.
Un écran plat.
Mais à quoi donc rêvent les « jeunes »?
Il y a ceux qui embarquent dans le système, comme dans une religion. Ils deviennent les preachers de toutes disciplines confondues sans se questionner : des kapos de savoirs.
Il y a ceux, ennuyés, qui dorment sur leur bureau et qui décrochent. Ce sont probablement les plus conscients de la réalité : elle est tellement ennuyante qu’ils se suicident un peu en dormant.
Ce que personne ne semble voir c’est que les élèves en savent plus sur l’école que tous les savants pédagogues qui font des graffitis nébuleux dans les ministères. Grassement payés. Surtout par orgueil et vanité. La certitude, sans un peu de doute, fait tourner en rond ceux qui veulent aller à Rome sur un tapis roulant.
Les élèves ont l’expérience du terrain.
Demandez aux autres ce qu’ils ont : ils ont bouffé du livre, des théories, et sont bouffis.
La malbouffe du savoir, c’est eux.
Leur recette ressemble aux ingrédients des mets congelés.
L’expérience
C’est un déni total que de considérer les décrocheurs, les insoumis, les plus doués, de n’être que des ados en crise.
La seule expérience qui pourrait convaincre les « autorités » que l’école est ennuyante, qu’elle donne le goût de mourir, de partir, de se révolter, serait que ceux qui structurent les programmes d’aller y faire un stage.
Un fonctionnaire payé 200,000$ par an y dormirait sans doute… Et se mettrait à dessiner des paysages gothiques en écoutant de la musique de « chanvre ».
Pour faire de l’école un véritable apprentissage, on devrait consacrer la première partie – dite primaire – à l’apprentissage de la vie au lieu de mentir aux enfants sur leur bonheur futur dans un job où tout est beau, tout est bien.
En fait, tout va mal.
On ne cultive pas la beauté et la grandeur du savoir, de la Vie : on cultive le fouet invisible de l’apprentissage pour la création d’un citoyen-robot.
Vous prenez vos enfants pour des attardés?
Ils ont l’âge de la souplesse et les États les rendent raides, cadavériques, soumis, dans une rigidité où on sabre leur émotivité et leur intuition.
L’enfant est devenu un outil. Ou une sorte de poulet pour nourrir la finance dans un temps le plus court, pour la plus grande rentabilité.
L’école ne donne pas de frissons, elle donne froid dans le dos. Elle apprend à craindre la vie par haine de l’école. Car les mensonges qu’on répand, qu’on martèle, sont suffisants pour éteindre une vie.
Si la vie commence à l’école, les parents, les administrateurs, les conseillers pédagogiques, au lieu d’essayer de « redresser » le décrocheur et les enfants qui haïssent l’école, devraient s’interroger sur la « naissance » du phénomène.
La grande erreur des écoles et des programmes est de vouloir faire des poteaux électriques avec des arbres.
Lamentons nous, pleurons, décourageons nous, mettons plus d’argent, plus de ritalin, plus d’administrateurs, plus de psychologues.
Plus. Plus. Plus.
Si personne ne comprend, je réitère ma demande : demandez aux dirigeants d’aller passer six heures par jour à l’école, assis sur un banc, en attendant que la cloche sonne.
Comme les chiens de Pavlov… Ils se rendront compte que le seul plaisir de l’école est la récréation.
C’est les 15 minutes de gloire de Warhol…
Ce doit être le temps alloué pour faire l’amour, les couples étant trop occupés à faire carrière, sans faire de vie…
On devrait donner aux parents du ritalin pour qu’ils prolongent leur plaisir de 15 minutes.
Le temps d’une récréation trichée…
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Gaëtan Pelletier