Archives quotidiennes : 17-octobre-2012

Le pourrissement des élites québécoises

 

Maurice Tardif – Professeur à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Montréal et membre de l’Académie des sciences sociales du Canada  19 novembre 2010  Montréal
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L’un des rares avantages d’une grave crise économique est de mettre en lumière les ressorts ordinairement invisibles qui assurent le fonctionnement de la société en temps normal. En période de crise, les ressources étant beaucoup plus rares et le risque de perdre quelque chose beaucoup plus important, les personnes comme les organisations (gouvernement, industries, banques, municipalités, etc.) doivent adopter des comportements de survie dans un environnement social nettement plus tendu.Or, ces comportements, au fur et à mesure qu’ils se généralisent et se durcissent, provoquent inévitablement une montée des rivalités, car chacun est gagné par le sentiment de devoir lutter pour maintenir ses acquis ou simplement éviter d’être emporté par la crise. Si celle-ci perdure et surtout si son issue reste incertaine, ces rivalités se transforment alors en antagonismes.

Crise mimétique

Qu’en résulte-t-il? Ce que nous vivons au Québec depuis 2008: l’instauration d’un climat généralisé de dénonciations, de suspicions et d’insinuations malveillantes, de scandales à répétition, d’accusations de corruption et de fraude lancées de part et d’autre, et qui mettent en cause les élites économiques, administratives et politiques qui gèrent notre société. Ce climat se nourrit de ses propres miasmes, car chaque accusé — personne, groupe ou organisation — refuse de jouer le bouc émissaire et s’efforce de se défendre comme il peut en attaquant à son tour les autres, tous les autres.

L’anthropologue René Girard a consacré la majeure partie de son oeuvre à décrypter les mécanismes qui opèrent dans ce genre de situation. Sa thèse est simple et s’applique bien au cas québécois: dans une phase de crise, dès qu’on cherche des coupables, dès que les premières accusations fusent, s’enclenche par mimétisme une spirale d’accusations qui ne touchent plus seulement des individus, mais de vastes réseaux sociaux, économiques, politiques et, à terme, la société entière. Or, le fond de vérité de ces accusations (pot-de-vin, accointance mafieuse, délit d’initié, détournement de fonds, conflit d’intérêts, etc.) devient peu à peu secondaire aux yeux de la population, puisque tous les pouvoirs sociaux semblent compromis. C’est ce que Girard appelle la «crise mimétique».

En marche depuis la confession publique de Benoit Labonté en 2009 en passant par la commission Bastarache et les récentes déclarations de Vincent Auclair et Serge Ménard au sujet du maire de Laval, Gilles Vaillancourt, cette crise mimétique met désormais en cause à peu près tout ce qui grouille et grenouille dans l’ombre depuis des années, voire des décennies, dans un très grand nombre de municipalités parmi les plus importantes du Québec, mais aussi dans la haute administration gouvernementale, dans l’industrie et les syndicats de la construction.

Il faut se souvenir de ce que disait Labonté en 2009. Il disait cette vérité mimétique: «Certes, je suis coupable, mais tout le monde municipal et une bonne partie de la classe politique sont aussi coupables; je n’ai fait qu’imiter les comportements des autres et je refuse par conséquent d’être leur bouc émissaire.»

Les boucs émissaires

Exactement dans la même veine, les accusations que se lancent mutuellement depuis plusieurs mois les plus hauts responsables politiques et juridiques du Québec sont elles aussi exemplaires de cette crise mimétique, car elles montrent avec force qu’il n’y a plus d’innocents. Dans le même sens, la diffusion publique quasi continue des salaires et primes versés aux élites dirigeantes (hauts cadres, p.-d.g., présidents de compagnie, banquiers, retraités de luxe, commissaires d’école, etc.) finit par engendrer une situation mimétique d’indifférenciation: tous ces gens ne sont-ils pas au fond à mettre dans le même sac, ne se remplissent-ils pas sans vergogne les poches pendant qu’on demande aux contribuables et travailleurs québécois de payer les déficits?

La réaction sociale la plus naturelle à une crise mimétique est d’essayer de la contenir en cherchant des boucs émissaires. Cette recherche s’accompagne forcément d’une campagne de moralisation de la vie publique. Les médias s’efforcent d’identifier des coupables, tandis que des éditorialistes et chroniqueurs tentent de donner des leçons d’éthique aux dirigeants. Au bout du compte, chacun veut croire que l’existence d’une presse libre et indépendante finira par rassurer les citoyens dégoûtés.

Mais plutôt que de servir d’exutoire à notre dégoût, la crise actuelle ne devrait-elle pas accroître notre lucidité par rapport au fonctionnement normal de la société québécoise? Au fond, une telle crise ne constitue-t-elle pas un véritable laboratoire social, car elle révèle ce qui est d’ordinaire caché? N’en doutons pas, la corruption politique et la prédation économique sur grande échelle qui sont aujourd’hui dénoncées existent dans l’ombre du fonctionnement normal de nos institutions depuis des années, et la pourriture qui est désormais visible ne constitue vraisemblablement que la pointe d’un iceberg en place depuis des décennies. Mais oublions un instant la pointe de cet iceberg et allons voir sous la mer.

Triste spectacle

Que se passe-t-il quotidiennement au Québec? Les urgences des hôpitaux débordent et les médecins sont inaccessibles sauf si on est prêt à les payer en passant par le privé. Le réseau routier est l’un des plus dégradés d’Occident et ceux qui le réparent nous arnaquent. Le taux de décrochage explose dans les écoles publiques pauvres alors que les écoles d’élite sont largement financées. Les fonds de retraite se vident ou sont spoliés par des courtiers. Des services publics sont démantelés ou réduits à faire de la figuration sociale. La justice sert les mieux nantis.

L’environnement (les lacs, le fleuve, la forêt, les sols, l’eau potable, etc.) souffre de l’incurie des pouvoirs publics et de l’appétit débridé des compagnies qui l’exploitent. L’incompétence et la malhonnêteté semblent largement répandues parmi les dirigeants et les puissants, tandis que les soupes populaires n’ont jamais été aussi fréquentées, y compris par des familles avec des enfants en bas âge, alors que les gouvernements demandent aux citoyens de faire toujours plus d’efforts pour renflouer les poches de ceux qui ont liquidé une part substantielle de nos avoirs collectifs et personnels. Des gens qui ont travaillé toute leur vie ne peuvent plus prendre leur retraite. Des salariés s’appauvrissent en travaillant. Chaque décennie, 300 000 de nos enfants vont à l’école pour y décrocher. Voilà le spectacle habituel de notre société québécoise.

En tant que collectivité, on doit donc sérieusement se poser cette question: se peut-il que la crise actuelle révèle cette vérité sur nos élites dirigeantes, à savoir qu’elles oeuvrent en temps normal, dans la complicité feutrée des cabinets ministériels et des conseils d’administration, avant tout pour leur propre profit et non pas pour notre bien collectif?

Danser aux fruits chakras

Sept chakras pour sept taux vibratoires, sept couleurs et sept fréquences, ou sept notes de musique

Je danse comme un fruit
Sur ton goûter délicat
Dans le silence des nuits
La chandelle d’un chakras
 
Comme la langue de la langue
Je suis l’air de lumière
Dans le noir qui me lange
La pantoufle du souffle d’un pas
 
Les petites feuilles d’automne
En triolets frileux,  toujours m’étonnent
Je danse comme un fruit
Sur ta tige soudée à ma tige
 
Les mots sont des pas, pas  las
La marche est l’escalier
Comme les amours à la chandelle
Qui valsent les murs des chairs désirées
 
Je danse comme un fruit
Sur une tige au vent et auvent
Toute fenêtre ouverte
Le cœur à l’air et l’air au cœur
Respirant
 
Gaëtan Pelletier
Circa 2010

Après les étoiles….

C’était une fille aux yeux doux

Pareils à son âme

Qui filait des couleurs, des remous

Des états qui pâment

Puis un soir j’ai frôlé sa chair, de mes doigts son rire

Ma montre s’est arrêtée, mon cœur me disait l’heure

C’était une fille aux mains d’âme

Pareille à se yeux

Elle tressait des lumières, des redoux

Des délires à tous vos vœux

 

Je l’ai aimée – comme on aime – quand le sang fait trois tours,  avant de penser. Je l’ai aimée comme on aime,  quand les sueurs sont des bains chauds dans les étangs muets

Un moment sans tic-tac. Un feu sans brûlure.

 

Et après le cours des ans, après que la vie enterra bien des ponts. Je pense l’avoir aimée… Aimée comme on aime quand le sang nous joue des tours.

Aux soirs d’été, je revois les étoiles, semblable à celles en nos corps, qui brasillent. C’est là qu’on regardait, après le chant des soupirs. Tranquilles, béats, comme si toute la vie nous était passés dessus.

Demain encore, je reverrai nos hier.

Il reste si peu d’heures pour retrouver les horloges des amours, le temps, la frilosité, la brise des souffles. Le feu.

Il reste peu de temps….

Si peu, si peu de temps…

J’ai le coeur en horloge

Les aiguilles me logent

Aux soirs d’été, je m’assois, dehors, fouillant le ciel, comme pour chercher à travers les étoiles ce petit feu de camp qui m’attise encore.

Gaëtan Pelletier

Saint-Pascal, Kamouraska

Les chevreuils qui ne sont pas toujours sur les pancartes…

Mon frère – amateur de Harley Davidson -, m’a raconté un jour qu’un orignal avait passé au dessus de sa moto pendant qu’il roulait sur une route où on indiquait par des pancartes la présence d’orignaux et de chevreuils…

J’en ai douté… Mais à voir cette petite vidéo, c’est fort possible

C'est la chance!  (38 photos)