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Le chant du cygne

Donnez votre jambe pour un bras

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Encore une histoire  d’aspirateurs à sueurs

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Un jour, il faudra abolir les guerres, car elle finiront par tuer quelqu’un qui est … vous. Mais en attendant, ceux qui travaillent dans les usines d’armement, vivent de la mort des autres. Comme s’ils avaient le choix. S’ils plantaient des choux et des tomates au même salaire, je pense que tout le monde déménagerait dans des serres.

Si les guerres avaient réglé des conflits, il n’y aurait plus de conflits…

Quand on dit que les djihadistes sont des extrémistes, on oublie que les hommes d’affaires, les politiciens, les accrocs de dieux, sont également des extrémistes. Mais ils ne savent pas la signification du mot.

L’armée canadienne est en plein recrutement. Ils disent qu’il n’y a pas seulement, dans l’armée, des soldats pour tuer:  » Nous avons 100 médecins », a déclamé le sergent recruteur. Je suppose qu’ils sont là pour vous guérir d’un rhume ou d’une grippe? Pas tout à fait… Ils sont là pour vous couper une jambe en charpie, écrabouillée par une bombe artisanale fabriquée avec un chaudron. Ah! Il y a également le métier de cuisinier. C’est un chaudron pour nourrir… Entre nourrir et mourir les lettres des mots s’entrecroisent.

L’armée compte également des comptables, des laveurs de vitres, des mécaniciens, et de beaux parleurs.

Finalement, l’armée, c’est bon. Surtout que l’on sait vraiment épargner: il y aura 100 médecins et 10 psychologues. S’ils ne meurent pas à la guerre, ils se tuent de stress pos traumatique.

Si vous regardez bien l’image d’Hitler saluant ses troupes, vous ne verrez pas de cuisinier, de mécaniciens, mais des humains en rang d’oignon.

Pour revenir à l’Histoire de ce monde, on peut calquer une une phrase célèbre de Kennedy:  » Ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais ce que vous pouvez faire pour votre pays »  Une phrase sans doute payée par un autre métier: écrivailleur de discours. Alors, demandez-vous comment un petit peintre a fait se lever tous les bras d’un peuple, même les souffrants de capsulite épaule , pour son projet de 1000 ans.

C’est ainsi que les guerres – en apparence « intelligentes » et nécessaires ne partent pas de la réflexion, mais de la génuflexion, d’un geste d’obéissance et de pouvoir en étendant une main ou une mainmise. C’était au temps du bras propagande ouverte et perceptible. On a presque évolué…

Comme le disait le sage: tout est lié . : un  cuisinier peut tuer en nourrissant un soldat tueur et un mécanicien un pilote bombardeur. Les physiciens ont compris qu’il n’y a pas de vide dans l’Univers.Mais ils n’ont pas encore compris que le  vide fait de brefs séjours, en fait à tous les quatre ou cinq ans, quand on vote.

Gaëtan Pelletier

 

La douleur du ciseau

Je n’ai eu qu’un seul neveu : le fils de mon frère, décédé à 52 ans. Ce fut la première personne que j’ai vue mourir devant mes yeux, dans une chambre d’hôpital. Nous étions, en apparence, complètement différents. Rien ne semblait nous lier, sinon la révolte intérieure  que chacun exprimait à sa manière. Mais nous nous aimions…

L’une des lois de la vie que l’on doit appliquer est la suivante : ne jamais juger. Juger c’est un acte fasciste. Car la compréhension de cette existence ne passe pas par la  si chère compréhension intellectuelle de notre ère, elle nous perce l’âme, nous la cloue.  Qui connaît réellement le « fonctionnement » de cette vie? Nous qui croyons « comprendre », que comprenons-nous?

La douleur, elle, nous apprend à comprendre. Et parfois, certains en ont toute leur vie.

Je me souviens qu’à dix ans, mes parents avaient une vie difficile. Autant matérielle que dans la dimension explosive des relations humaines où chacun est différent ou parfois semblable, mais exprimant à sa manière la similitude cachée.

Vivre est un acte héroïque. Chaque douleur nous sculpte, chaque attention aux détails de cette existence nous aide à comprendre un peu, dans un dessin embué le sens de cette vie.

Nous sommes tous pris avec le développement de nos âmes, les autres, mais tout cela à travers le prisme des sociétés qui parfois marquent au fer rouge le « citoyen ». Je déteste ce mot, car un citoyen n’est pas un humain, c’est une manière de compter un animal, une bête de somme.

L’intellect sépare. L’amour unit. Mais l’amour n’est pas qu’une émotion. Il est un effort d’abandon de soi et de sa perception de la Vie.

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Ceux qui partant, ceux que l’on a aimé, nous ne savons pas où ils vont.

C’est la grande roue de la vie. Cette vie qui réussit par miracle à nous faire croire que nous sommes une éternité dans un petit véhicule de chair.

Il est des moments pour rire, d’autres pour pleurer. L’eau et le volcan. La tranquillité et l’assurance des matins tranquilles, des jours heureux.

Mais il y aussi cet inévitable « fin de vie ». Le plus étrange est cette illusion et cette possibilité de passer à travers tous les gens qui partent.

Rester n’est qu’un banc provisoire pris pour l’éternité.

C’est là un grand mystère de la Vie.

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Dominic a perdu sa mère. À travers cet écrit ( je l’ai laissé tel quel), ce petit messages sur Facebook, le dessin d’une âme comme devraient être toutes les âmes. Comme le sont les gens simples, et sans doute de grandes âmes cachées.

La douleur est un ciseau qui nous sculpte….

Dominicus Hrodbergan

« chaque jour quand je me lève, a chaque fois j’espère que cette journée est la bonne, la journée ou enfin j’accepte ta mort . mais ce n’est jamais le cas, le noir n’est jamais plus pale que la veille. ce qui me rend le plus triste, c’est tout le mal que la vie et moi t’avons fait . toi qui n’as jamais connu la paix, qui as souffert du jour de ta naissance jusqu’au jour ou faible, triste et seul tu as mis fin a ta vie de misère. toute ta vie tu as eter cette femme malade a qui la vie refusait le bonheur et pourtant tu tes battu durant toute ces années pour des miettes de bonheur. et moi qui croyais que tu étais égocentrique, toi qui même a travers ta souffrance tes donner le mal d’élever un enfant . je m’en veut a moi et au reste de ta famille, je nous en veut de ne t’avoir jamais compris et de ne t’avoir jamais donner l’amour que tu méritais et avais tant besoin …. j’en veut a ceux dans notre famille qui t’accusaient d’être en train de faire mourir ta mère, j’en veut a tout ceux qui ton laisser tomber, moi y compris…. ont as beau ce croire fort mais nous ne sommes rien si nous ne pouvons pas aider les moins chanceux qui nous entourent ….. toute ta vie tu cherchais l’amour, un peu de fierté et de reconnaissance a travers la honte et la souffrance de tes maladie. et maintenant tu n’est plus, je n’ais plus de mère . la dernière fois qu’ont c’est parler , avant de raccrocher le téléphone, tu me criais que tu m’aimais et que tu aimais mes fils et moi je te répondais froidement …. je vais devoir apprendre a me pardonner, ce que je vais tranquillement commencer a faire . maintenant que tes funérailles sont passer et que les hypocrite de ma famille ont terminer leurs petits show ridicule. le deuil c’est comme ca que ca s’appelle je crois la période ou nous réapprenons a vivre sans une personne qui nous étais essentiel . tu vivras maintenant dans les souvenirs des gens qui ton aimer même si présentement tout les beau souvenirs que j’ai de toi sont obscurci par la douleur de ta mort, je ne t’oublie pas et ne t’oublierez jamais, toi qui m’as donner la vie et m’as aimer de mon premier souffle jusqu’à ton dernier . je t’aime ma mère, aurevoir. »

Dominic

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Gaëtan Pelletier

24 avril 2013

Patrick Pelloux. On ne meurt qu’une fois et c’est pour si longtemps

Bernard GENSANE

Il ne faut pas mépriser la petite histoire quand elle renseigne sur la grande. On se souvient du livre fort utile de Jean-Louis Beaucarnot sur les origines, les parcours – souvent très surprenants – des hommes et femmes politiques français.

En racontant, d’une plume alerte et précise, les fins de vie d’une trentaine de personnalités diverses et variées (de Jésus à Fréhel en passant par les soldats morts sur les plages normandes le 6 juin 1944), le médecin urgentiste Patrick Pelloux nous en dit beaucoup sur l’histoire de la médecine française, européenne, sur leurs ratages systémiques, leur nullité historique par rapport à la médecine chinoise et même à la médecine de « bonne femme », c’est-à-dire de bona fama, de bonne renommée. Il fallait être vraiment nul pour soigner Beethoven, victime de saturnisme (plus de cent fois la dose normale), avec des médicaments et des ustensiles bourrés de plomb. Il fallait être sacrément nul, et un peu pervers, pour saigner à tout bout de champ (jusqu’à sectionner des tendons) des malades atteints d’un mauvais rhume ou d’une constipation. Décidément, notre civilisation a bien mal traité les vivants qui allaient mourir…

Alors, commençons par Jésus. Il y eut d’abord le supplice sur la croix de ce prédicateur gênant. Ce fut encore pire que ce que décrit Pelloux car les croix utilisées par les Romains à l’époque n’était pas en forme de t minuscule mais de T majuscule. De sorte que les condamnés ne pouvaient même pas poser contre le bois leur tête qui pendouillait instantanément. Les suppliciés mouraient asphyxiés, d’autant plus rapidement (mettons une heure ou deux), qu’ils ne pouvaient activer aucun muscle. Parfois – pas dans le cas de Jésus, sinon cela se serait su, depuis le temps – des soldats humanistes sectionnaient les jambes des suppliciés qui, dès lors, ne disposaient plus d’aucun point d’appui, ce qui accélérait l’étouffement. Et puis, il y eut la résurrection qui fait que, pour ceux qui y croient, Jésus s’est, au sens propre comme au figuré, envolé de son tombeau. Pelloux se montre circonspect et son récit n’est pas très ragoûtant : « En ce temps, tous les crucifiés étaient jetés dans une fosse commune ou laissés par terre. La décomposition, avec le climat chaud, était très rapide. En quelques jours, les bestioles nettoyaient le corps, et les restes partaient dans des ossuaires. […] rares étaient les crucifiés ensevelis, exceptés ceux qui avaient été remis à leur famille. Donc deux hypothèses : soit Jésus a été mis dans la fosse commune, soit dans un tombeau – mais lequel ? » Les textes sacrés nous disent que des femmes seraient allées acheter des aromates pour embaumer le corps. Pelloux en doute : « Personne n’aurait embaumé un mort dans son tombeau avec la décomposition déjà commencée ; surtout ce n’était pas dans les rites ou habitudes. Ce tombeau vide permet d’affirmer que Jésus s’est envolé. » Aujourd’hui encore, malgré bien des progrès, on ne sait pas réanimer un corps par asphyxie, douze heures après son décès. Reste la pari pascalien…

Des siècles durant, les pauvres n’eurent aucun accès à une médecine réservée aux riches. Au bout du compte, le résultat fut le même. Mais ce qui plaçait tous les individus sur un même pied d’égalité, c’était les épidémies, comme la peste, ou des microbes que l’on fut incapable de vaincre pendant des siècles, comme celui de la tuberculose. Charles IX, le fils de Catherine de Médicis, en mourut à vingt-quatre ans en présence d’Ambroise Paré qui n’en put mais. Pendant des siècles, médecins et chirurgiens (deux corporations totalement hostiles, comme l’explique Pelloux) furent incapables de comprendre ce qu’était une hémorragie interne. Le bisexuel Henri III, qui avait pourtant résisté à toutes les MST de la terre, mourut poignardé par un moine fou alors qu’il faisait caca, comme tous les matins, devant les dignitaires du royaume. Il se vida de son sang, comme un cochon égorgé, dans des douleurs atroces.

Alors qu’Henri IV était mort en quelques minutes, ce qu’endura Ravaillac, régicide fou, fut atroce. On transperça au fer rouge la main qui avait frappé. On enduisit la blessure de soufre et de poix. On lui arracha les tétons ; dans les plaies, le bourreau fit couler du plomb. On l’écartela. Le supplice dura deux heures. Des spectateurs arrachèrent des lambeaux de son corps en souvenir.

Théophraste Renaudot (du Grand Soir ?) décrivit par le menu la fin de Louis XIII. Une horreur. Il souffrait atrocement des hémorroïdes quand il fut atteint, selon ses médecins, d’une « combustion interne de l’estomac ». On le saigna tant et plus, on lui fit subir des lavements décapants qui entraînèrent des diarrhées de sang particulièrement odorantes. Par paquets, des vers de trente centimètres lui sortirent de l’anus, puis de la bouche. Ces ascaris finirent par perforer son côlon. On passe sur la tuberculose royale. Les médecins lui appliquèrent sur le ventre des vessies de porc remplies de lait chaud, ce qui le brûla atrocement. Dans une odeur effroyable, il communia pendant quatre heures, puis perdit la parole et l’ouïe avant d’être enfin délivré par la faucheuse égalisatrice.

Tuberculeux, lui aussi, Molière ne mourut pas sur scène, mais un peu plus tard le soir, victime d’une hémorragie interne, anémié, suffocant, crachant son sang. En 1792, ses restes furent mélangés à ceux de La Fontaine au cimetière du Père-Lachaise.

Comme son roi Louis XIV, Lully souffrait de diabète. La thèse de Pelloux selon laquelle le musicien aurait composé un Te Deum en l’honneur de la guérison de l’abcès anal du roi est très contestée. Ce qui ne l’est pas, en revanche, c’est que Lully s’est bel et bien planté son bâton de chef d’orchestre dans le pied, ce qui occasionna une très vilaine plaie que les médecins furent incapables de guérir. En trois jours, la gangrène envahit un corps que les Diafoirus saignèrent d’abondance, ce qui mit un terme à la vie de ce génie de cinquante-quatre ans.

Le roi-soleil souffrit toute sa vie. Il fut tant de fois pénétré par des clystères à lavement de taille variable, soixante ans durant, que son royal anus devint à la fois un objet de contemplation pour sa garde rapprochée et un siège de souffrances permanentes. Il était diabétique, puait de la bouche. Au lieu de lui arracher un chicot, un dentiste lui enleva une partie de la mâchoire : « au moindre liquide absorbé, tout refluait par le nez et la bouche ». Les grandes eaux de Versailles, en quelque sorte. Son calvaire dura trente ans. Mais, sexuellement, quelle santé ! Il souffrit également de la goutte, d’un érysipèle, d’une méningite. Il fut emporté par une gangrène généralisée à l’âge de soixante-seize ans.

Son arrière petit-fils maniaco-dépressif Louis XV fut tellement ravagé par la variole que sa peau ressemblait à « une sorte de lasagne géante » et qu’on ne l’autopsia pas par crainte d’une contamination. Les appartements royaux puèrent pendant des semaines après sa mort.

Nelson mourut de manière héroïque. Atteint d’une balle qui lui avait pulvérisé tout l’intérieur, il continua, en agonisant, de diriger la bataille de Trafalgar. On mit son cadavre dans un tonneau rempli d’alcool fort, ce qui n’empêcha pas une décomposition avancée.

Lors de la bataille de Waterloo, véritable boucherie napoléonienne, 40 000 hommes moururent, ainsi que 10 000 chevaux. L’empereur passa une bonne partie de cette journée le cul dans l’eau à cause d’une crise hémorroïdaire violente. Des montagnes de cadavres furent enterrées dans des fosses communes. Des milliers de morts furent dépouillés de leurs maigres avoirs, broyés, incinérés et finirent en engrais dans la morne plaine belge.

L’énorme Balzac souffrait d’hydropisie. Une bonne, bien couenneuse. Au milieu des graillons, tous les organes se nécrosèrent les uns après les autres. Quand il mourut, son visage était tellement décomposé, son nez étant affalé sur sa joue, que l’on ne put réaliser le masque mortuaire coutumier pour les célébrités de l’époque.

Épileptique, Flaubert mourut d’un AVC. On fabriqua pour ce géant un cercueil sur mesure … qui ne put entrer dans la fosse. Flaubert se retrouva tête en bas et bloqué. La maigre foule repartit, « abandonnant l’écrivain à son inhumation oblique ».

Alphonse Allais ne mourut pas d’un excès de calembours mais d’une méga phlébite. Ses médecins lui prescrivirent le repos, ce qui, évidemment, favorisa l’embolie.

Marie Curie mourut tellement irradiée qu’en 1995, au Panthéon, son cercueil fut placé dans une enveloppe de plomb car le radium est éternel.

Camille Claudel, qui n’était pas plus folle que vous et moi, fut enfermée dans un asile psychiatrique en 1913, sur l’ordre de son frère. Il lui rendit visite une fois par an pendant trente ans. Rodin, qui devait beaucoup à son ancienne égérie, fit comme si elle n’existait plus. Elle subit le régime alimentaire imposé par Pétain dans les HP (500 calories par jour) et mourut décharnée d’un arrêt cardiaque à soixante-dix-neuf ans. Son corps fut jeté dans une fosse commune. Antonin Artaud, qui mourut également dans des conditions effroyables en HP, pensait que « c’est par les médecins et non par les malades que la société a commencé ».

Patrick Pelloux consacre de très saisissantes pages aux morts d’Omaha Beach. Moins prenantes, toutefois, que celles écrites en l’honneur de Botul, l’auteur de La vie sexuelle d’Emmanuel Kant et de Landru, précurseur du féminisme) le philosophe préféré de B-H L.

Frappé par un AVC, Staline resta par terre pendant vingt heures sans bouger. Après le procès des blouses blanches, aucun de ses médecins n’osa entrer dans sa chambre de peur d’être accusé de l’avoir rendu malade. Son agonie dura trois jours de plus. Pas si malin que cela, le petit père des peuples…

Bernard Gensane

On ne meurt qu’une fois et c’est pour si longtemps – Les derniers jours des grands hommes. Paris : Robert Laffont, 2013.

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