Le réveil-oiseau ( Gaëtan Pelletier)

Enfants à flute

Je rêve de redevenir vieux et tranquille. Ridé comme un océan, mais l’esprit lisse comme un enfant qui joue de la flûte sans rêver d’être Mozart et enchanté.

Et j’y travaille, tout paresseux, et c’est bien ainsi. Hier, dans le jardin, les oiseaux cherchaient des vers comme des poètes affamés. Je les louchait, en souriant, parce qui donc aujourd’hui s’attarde aux oiseaux?   Les enfants vont sur le net pour les voir…

Les oiseaux poussent dans les arbres. Mon voisin a tellement d’arbres que le terrain sur lequel nous habitons est une sorte de banlieue. J’étais assis, au petit coin d’ombre, sur la marche que j’ai poli dix fois, toute égratignée. Un peu à l’image du monde: plus il en passe, plus il est éraflé.

En ce moment, la Terre a l’aire d’une tête de juive conduite dans un camp de concentration. On fera des tapis avec le poil!. J’ai vu tous les écrits savant du net. Enfin! Pas tous. Mais comme ils sont gémellaires, on finit par rendre sa lassitude et soupirer.

Je reviens aux oiseaux… Une fois le jardin arrosé, dans les minimes crevasses, dans les creux en bols, ils y ont trouvé une piscine. Je ne sais pas qui j’ai pu rendre heureux en ce monde, mais les oiseaux avaient l’air de se farcir de ce festin d’eau. Ils batifolaient, s’ébattaient, et dans cette belle frétillance, un mouvement si rapide, en ressortait une sorte d’aura d’eau Eldorado. L’eau est un trésor… Et nous sommes constitués d’au moins 70% d’eau. On peut donc servir à la fracturation du gaz de schiste…

Les oiseaux me reviennent.

Ce que je déteste des oiseaux est de les voir lever la tête et demander au ciel où se trouvent les vers, les graines, les pailles, alors que nous il nous faut calculer, embaucher une firme d’ingénieurs, la tête haute, casqués.

Le réveille-oiseau

oiseau

De temps en temps, j’écris la nuit. Les oiseaux me réveillent… Quand ils commencent à chanter, la fenêtre est ouverte, l’air entre, le rideau fait des flaques sonores sur l’encadrement. Les oiseaux me réveillent pour me dire que le temps d’écrire est terminé.

J’enlève mes ailes et je m’en vais sur mon oreiller sans plumes. Le petit cadran volant me dit d’aller au lit-nid.

« Dieu » leur a implanté une sorte d’instrument à vent dans la gorge… Je ne sais. Ils se parlent entre eux dans la forêt. Je me souviens d’un jour en Abitibi où je travaillais l’été et que le soir, après le travail, je sortais pour écouter les oiseaux.

Peu importe où ils meurent, leur génie est de transmettre le même langage pratique à travers les âges. Et c’est la raison pour laquelle ils sont toujours là.

Tandis que nous… On ne sait pas.

Gaëtan Pelletier

24 juillet 2013

P.S.: C’était écrit: « Entrez le titre ici ». Alors, entrez-le avant que quelqu’un le fasse pour vous.

Je dédie ce petit billet à mon cousin Jeannot qui nourrissait les oiseaux, tirait des érables l’eau à faire le sirop, fabriquait des escaliers et cultivait l’amour comme si c’était la nourriture la plus important du monde.  Également à mon frère Jacques, bien tatoué, révolté, de temps en temps drogué, comme s’il voulait voler…

Tout cela pour dire que les morts peuvent nourrir les vivants, et que les vivants peuvent nous apprendre que vivre dans la simplicité est transmettre un message simple.

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10 réponses à “Le réveil-oiseau ( Gaëtan Pelletier)

  1. J’ai aussi dans le jardin, l’arbre aux oiseaux, en hiver mangeoires et graines, en été nichoirs plein de vies.
    Mésanges, rouge-gorge, moineaux, un couple d’accenteurs mouchet, un troglodyte, merles, pies, et là-haut les buses et les corneilles, l’an dernier une sittelle (pas revue), un grimpereau (pas revu), une grive draine (pas revue), que du bonheur ailé.
    « Cette jolie idée de Saint-Pol Roux que les arbres échangent des oiseaux comme des paroles. » (Jules Renard)

  2. « Cette jolie idée de Saint-Pol Roux que les arbres échangent des oiseaux comme des paroles. » (Jules Renard). Ouah! C’est joli ça. Il existe un livre – dont j’ai oublié le titre – concernant le langage des arbres de par les racines.

  3. Peut-être s’agit-il de : « La vie secrète des arbres » de Peter Wohlleben
    https://www.babelio.com/livres/Wohlleben-La-vie-secrete-des-arbres/893486
    C’est un livre que je trouve passionnant.

  4. Oui! Exactement ça. J’avais oublié l’autre que je n’ai pas lu. L’homme et la nature, https://www.babelio.com/livres/Wohlleben-Lhomme-et-la-nature/1181432
    C’est un massacre sans retour dans plusieurs cas. On a découvert une belle mine d’or au Québec, au nord. Sauf qu’on risque de faire disparaître bien des « variétés: caribou et des oiseaux. https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/2022-12-28/especes-en-peril/une-mine-d-or-projetee-au-coeur-de-l-habitat-du-caribou.php?fbclid=IwAR052U8MeuGJRfzOb8XEm2xSsmykEBsczTZySIn9lPoPJ-dxow9C67OSXJ0

    Je ne sais si le lien apparaîtra.
    Mais la question est de savoir si l’humain choisira l’or ou la nature.

  5. Y a-t-il (malheureusement) un doute sur la réponse ?

  6. Il y a eu quelques refus depuis quelques années sur de « grands projets ». C’est mineur quand on regarde tous les « dossiers » de ce genre. On se dirait piégés… Comme détruire un village pour aller chercher la mine en dessous… Les citoyens ont un peu de pouvoir, je dis bien un peu, mais ça reste des cas isolés. Pour sauver la face de politiciens.

  7. Encore un très beau livre : « L’en vert de nos corps » de Christine Van Acker https://www.babelio.com/livres/Van-Acker-Len-vert-de-nos-corps/1242176

  8. Merci! Ça a l’ai assez singulier, beau et poétique. Je vais tenter de le trouver.

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