J’ai rêvé d’un jour où l’humain serait sage au point de se glisser dans la beauté de la Terre. Les mains pleines des uns et des autres. Se portant, se transportant. Où chaque jour serait une porte d’amour comme on en voit en fixant des amants enlacés ou des regards rivés vers des yeux d’enfants.
À tricoter des fascinés.
Mais un jour, je me suis endormi aux grands hypnotiseurs. Pour me réveiller plus tard sans trop savoir ce que j’avais fait. Car au fond, écrire, analyser, bailler aux cerveaux n’est pas notre nature.
Il en est qui aiment leur auto… Mais leur auto ne peut les aimer. Alors et à l’or, le seul amour vivace est celui du respect de la différence, car la beauté ne peut pas être monochrome. La beauté est vivace. Parfois fugace. Mais si bellement efficace.
Écrire n’est pas changer le monde: c’est retrouver ce que nous étions avant la grande débâcle personnelle ou planétaire. Et écrire avec son âme, c’est ternir la main invisible des yeux et des âmes.
Pendant que les Hommes sont rivés aux machines, à la peur, « aux grand projets », à la fin de nos vies nous n’emporterons rien de tout cela. Peu importe l’arrivée du voyage.
On vient toujours au monde deux fois: en naissant et en cessant de croire aux balivernes terrestres. En étant soi. Le cerveau n’est qu’un malheureux filtre… On ne regarde jamais un enfant avec son cerveau: on le regarde avec amour, toujours fasciné par cette vie nouvelle arrivée ici.
Alors ce qui peut faire de nous une oeuvre « d’or » n’est pas la richesse amassée, c’est celle transmise en émotions.
Nous sommes profondément devenus schizoïdes: nous aimons mais nous calculons. Déchirés entre l’acier et la chair, le réel et la pub sociale des États.
Aimer ne se calcule pas, ni ne juge: il est un état second d’abandon total à la grande vérité qui nous est enfouie et barbouillée par les « décideurs » de « valeurs ».
Il faut donc soutenir l’autre comme un enfant. Et parfois être l’enfant de l’autre…
Il y a là une fissure difficile à classer: nous sommes nés pour créer, admirer la beauté de la nature, sauvegarder la différence des autres, mais pourtant, on nous a amenés à penser qu’il faut détruire l’autre, le soumettre, le pâlir, l’humilier pour réussir. Réussir quoi? Nous en sommes à réussir le plus grand échec de toute l’Histoire.
Comprenons que si l’économie est en faillite nous ne perdons pas seulement nos maisons, nos habitats, nos objets: nous somme ces objets. Nous sommes les valeurs auxquelles on nous a clouées à coups de pubs, de messages subliminaux, de torsion de réalité.
En amour devant les enfants à protéger… Pour en faire plus tard des soldats.
C’est bien là la grande illusion des amours enterrés sous le corps, puis sous le cimetière,et dans les yeux des autres.
C’est toute l’Histoire du « dieu » divisé…
On ne pourra réussir qu’en se taillant une école en soi, s’auto-éduquant, un peu rebelle…
Nous avons drôlement adhéré à une fabrique d’aveugles. Et la Vie est une oeuvre, comme les amours, les passions, l’invisible, et surtout l’essentiel.
Comment avons nous pu finir par croire que ce qui tue nous fait vivre?
Gaëtan Pelletier
9 janvier 2014