Jeu d’illusion

8119 (present)

Dans la cours de récré d’une école de riches, on peut parfois entendre des exclamations du style « son père c’est le président de telle société (qui fabrique du champagne) » ou de tel truc politique (qui passe à la télé).
Quand on est jeune on accorde d’instinct à cela une sorte d’estime, cela, pas le fait d’être le fils de, ça c’est de l’ordre mongolien, je veux dire le fait d’être une personnalité politique ou économique.
Non pas que ça l’inculque, mais ça l’exacerbe, le sous-jacent de cette exaltation dit explicitement que la société est un endroit paisible et ordonné, et que parmi tous les hommes certains se trouvent à des postes importants, sûrement en raison de leur intelligence on sait pas, mais en tous cas ça donne le sentiment qu’il y a un Haut et un Bas.

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Quand j’étais petit je suis allé rencontrer un gars qui s’appelait Charlélie Couture à Paris dans le 12ième à peu près, il m’avais expliqué l’envers du décors d’un de ses albums tourné autour du thème de Chicago. Il adorait cette ville parce que c’était toujours la deuxième en tout, il disait que les villes avaient leur sonorité, et qu’en quelque il s’agissait d’une tournure, et même mieux encore, que c’était comme une décoration à sa musique.
C’est là qu’on touche à l’essentiel de l’idée de cet article, une décoration. Dans le spectacle quand on passe derrière le rideau on découvre les ficelles mais mieux que ça, la mécanique, c’est à dire toute la partie bassement matérielle qui sert à produire des effets, qui eux-même, quand on ne sait pas comment ils sont fabriqués, font rêver.
Quand on sait comment c’est fabriqué ça perd déjà beaucoup de son intérêt.

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Quand on grandi dans la société on ne peut que constater que la posture tant louée par les gens au cerveau pas encore ou mal formé, de ceux qui sont « en haut » n’est rien d’autre qu’une impression irrationnelle, une sorte d’illusion, de poudre aux yeux, quand on voit comment ça se passe dans la réalité.
Ce ne sont pas des artistes, des génies, des gens qui réalisent leurs rêves et s’en donnent les moyens, des héros, ou des gens exemplaires, ce sont juste des gars au cerveau assez bas pour se contenter, dans la vie, de mettre en œuvre les tactiques qui permettent de générer de la thune.

Pour cela ils entrent dans un personnage, semi-mafieux, « vous pouvez regarder monsieur l’agent tout est clair », et dans ça tête il se dit « y’a intérêt à ce que tout soit clair, avec tous les crimes qu’il faut commettre pour en arriver là ». En fait tout est sombre.

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Il y a plein de mouvances dans la société, plein d’endroits, plein de mondes. Dans chacun d’eux il y a ses stars et son lot de rétrogrades qui empêchent les autres d’avancer.
Dans le champ artistique lui-même il y a plein de mouvances et de mondes, des modes, qui fonctionnent comme les thèmes de société, ce sont des courants, des aurores boréales spirituelles, et soudain plein de gens, par ce qu’on nomme la synchronicité à cause du mec qui a inventé ce mot, sont simultanément frappés d’une même envie, d’un même espoir, d’une même résistance, ou d’une même prise de conscience.
La façon dont cela se projette dans le temps affecte des gens plus ou moins tard ou tôt, et cela en raison du fait que dans le temps les choses doivent se faire sur le plan de la mécanique.
On entrevoit un joli dessein céleste et cosmique.

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Le commerce, les médias, la politique, c’est l’art de capter et utiliser ces courants auxquels ils ne participent pas, et qui ne les concernent pas, ne les touchent pas, auxquels ils sont irrémédiablement « étrangers » comme dirait Camus. Pour eux, ce sont des thèmes décoratifs.

Une chaîne de télé pour enfants n’est pas une chaîne de télé qui diffuse des programmes pour les enfants, dans un esprit paternel avec le désir d’instruire, c’est juste une boutique, un commerce, ayant opté pour cet habillage, afin de vendre exactement les mêmes choses que celles qui sont vendues sous l’effigie d’autres habillages. C’est la même usine, représentée par un hangar bétonné où circule un vent froid toute l’année, avec des cartons, des élévateurs, et des masses d’ordures accumulées sur toute la longueur.

Une boutique de luxe, un traiteur, un restaurant chinois, albanais, grec, auront tous les mêmes fournisseurs, les même ouvriers qui haïssent leur travail, qui sont esclaves de la société et obligés d’y faire le job qu’on leur demande, quel qu’il soit, en échange du droit de vivre.

Un politicien, quelle que soit l’une des deux seules uniques nuances constatables en politique (de droite, c’est à dire qui ramène tout à soi, ou de gauche, c’est à dire qui ne peut rien faire sans les autres – sachant que 90 des gens sont dans les deux cas) ne fait qu’utiliser tel un outil à molette réglable l’habillage, le couleur, l’humeur du temps, et ceci afin de faire un travail de fonctionnaire qui consiste à suivre les ordres et à bien savoir se taire, au point d’en oublier toute envie de penser par soi-même.

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L’ineptie de cette société factice qui simule le civisme et force le respect grâce aux armes mortelles ne fait que devenir plus probante jour après jours. Les gens qui veulent faire les choses, agir, réaliser le plus bel objectif d’une vie qui consiste à agir positivement sur son monde, sont les photons de ces aurores d’inspiration qui frappent les vrais gens normaux du monde réel, et en face d’eux, immanquablement, quelque chose leur revoie un écho de perroquet qui distord, dénature, détourne, utilise à ses propres fins les idées qui essaient d’être projetées dans les consciences.

La société du commerce, de la tactique du fric, produit l’inhumanité qui consiste à confier le soin à un politicien de venir nous expliquer ce qu’est une aurore boréale, dont la vue nous serait interdite.

De quoi cet article est-il l’habillage ?
Bein le seul moyen pour l’humanité de s’en sortir est de donner les moyens et donc le droit à ceux qui veulent vraiment agir positivement sur la société (et de les retirer des mains des usurpateurs spirituels).
Les gens peuvent égaler les politiciens, faire de meilleurs choix. Le public pourrait avoir la responsabilité des grandes firmes transnationales. Tout ça est rendu possible par l’époque et de ce fait, ne pas le faire constitue un préjudice au monde entier.

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